Pièce de théâtre à titre évocateur, métaphorique troublante, Outrage à la Saint-Valentin est avant tout une œuvre très incitative. Elle met à nu les vices de notre société dans un style humoristique : harcèlement sexuel, avortement, trahison et injustice. Dans un amphithéâtre de l’Université de la ville d’Ehouzou, Bérika devient la proie de Domingo, son camarade de classe et de Chadius, son professeur de droit.
Domingo profite de la chaleur de la journée du 14 février pour prouver son amour à Bérika. Chadius quant à lui promet ciel et terre à Bérika si elle accepte ses avances. Ce dernier ne parvenant plus à retenir son souffle face à la beauté et surtout à la tenue vestimentaire de son étudiante. Un style qui met en relief le corps pur de la jeune fille.
Que faire devant ces situations déconcertantes et troublantes, surtout quand on est une fille engagée ? « Ne l’oubliez pas : Mélek est mon fiancé et je lui ai juré amour et fidélité ». Devant l’amour et la dignité, l’argent et les honneurs de ce monde, que faire ? Bérika se replie sur sa copine Tatiana, pour trouver des conseils pouvant lui permettre de mieux gérer sa situation.
Tatiana lui conseille d’accepter les avances de Chadius et tout le confort et les avantages dont elle bénéficierait. Cette dernière perçoit la vie dans l’amour et l’argent. Mélek, le fiancé de la belle Bétika, n’a rien et n’est qu’un poids pour elle. Cela porte à croire que le pauvre n’a pas droit à l’amour.
Bérika se rend accessible, ouvre les portes de sa maison, devant les multiples offres de Chadius. Selon elle, ses propos témoignent de la véracité de son amour à son égard. Hum ! Les femmes ! La nuit fut agréable entre les bras de Chadius. Plus tard, elle se rend compte qu’elle est enceinte. Elle a conçu mais Chadius luit fait savoir qu’il ne veut pas de cet enfant.
Comment comprendre que l’homme qui vous a chanté son amour hier, vous laisse tomber aujourd’hui devant le fruit de ce même amour ? Ah ! Les hommes ! Déconcertée devant le refus de Chadius d’endosser sa responsabilité, Bérika opte pour l’avortement sous la pression de ce dernier. Le pire est fait.
Mélek se rend compte du crime de l’amour de sa vie et se donne la mort ne pouvant supporter vivre sans elle. Face à ce double meurtre, la mère de Bétika ne comprend plus rien. Sa fille refuse son repas préféré. Elle s’informe de la situation et prend ses responsabilités : poursuivre et faire payer au coupable les malheurs de sa fille.
Ce qu’elle fait. Tous les coupables, y compris Chadius et son infirmière, sont enfermés. A travers cette trame, Augustin TOSSOU peint la fuite de responsabilité de plusieurs hommes en face de leurs actes. Avant lui, Jean PLIYA montre une situation pareille à travers monsieur Chadas dans La secrétaire particulière et Amadou Koné à travers Ebinto dans Les frasques d’Ebinto.
L’avortement est un acte qui désacralise la femme, source de vie. Et tous les responsables doivent en assumer les conséquences. Contrairement à certains parents qui abandonnent leurs enfants à la merci de la société, Azia nous donne un témoignage de vie. Et, elle atteste ainsi que la vie d’un enfant est sacrée.
Dans son livre, Outrage à la Saint-Valentin, Augustin TOSSOU traite fondamentalement de l’amour, l’argent et la mort. Il évoque aussi l’harcèlement sexuel en milieu scolaire, un phénomène qui empêche des milliers de jeunes de réaliser leurs ambitions académiques.
Il revient avec insistance sur le rapport entre l’amour et l’argent dans le quotidien des jeunes. A la lecture de son livre, une question peut hanter l’esprit des lecteurs. Est-il possible pour un jeune d’aujourd’hui, d’entamer une relation amoureuse, passer la Saint-Valentin, sans amour et argent ? Sinon, plus précisément, quel est le rôle de l’avoir au cœur de l’amour ?
AKAKPO K. PAUL : ÉTUDIANT EN SCIENCES DU LANGAGE ET DE LA COMMUNICATION À L’UNIVERSITÉ D’ABOMEY CALAVI