La poésie par définition est l’expression de l’âme, de la passion, du beau. De Ronsard à Hugo, cet art a pendant longtemps servi a dit les sentiments, à exprimer les émotions, à défendre les idéologies. Et c’est pour dire ses ressentis, dessiner la flamme qui brûle en lui que Eric-Amour AMAYIDI, enseignant de français dans les lycées et collèges du Bénin, nous pond Cœur câliné-Cœur calciné, une poésie parue en juillet 2023 chez Légende éditions. Subdivisé en deux parties lesquelles sont : Cœur câliné (Lettre à ma dulcinée) et Cœur calciné (Les complaintes d’une âme brisée) le recueil s’étend sur 92 pages. Sa dédicataire est une femme (Jéronime Chékété-Amayidi).
L’auteur a choisi le genre littéraire idéal pour faire couler les émotions qui emportent un cœur aimant et dans un second temps, la douleur que traverse un cœur déchiré. L’auteur a mis la femme au centre de ses écrits. La femme n’est d’ailleurs-t-elle pas la plus belle poésie qui puisse exister ? Elle est l’émotion, la sensualité, la douceur et en même temps la douleur façonnée depuis la nuit des temps pour gouverner le monde. La première de couverture du livre porte cette femme dans toute sa splendeur. Sur son visage à moitié voilé, un peu fade ou que dirais-je encore, rayonnante se cache un mystère. Et ce mystère, l’on le trouve entre les vers de l’Épisode 28 (Pages 59 et 60) et de la Lettre 10 grâce au génie du poète.
La première partie intitulée « Cœur câliné » projette le lecteur dans l’univers féérique d’un prince des tropiques éperdument amoureux de sa « dulcinée ». À travers chacune des lettres qui meublent cette partie, on peut lire la succession des brins d’amour qu’il porte en son for intérieur. Sous les feux intenses qu’attise le mythique Cupidon, il laisse libre cours à son cœur qui s’exprime, et ses doigts qui transcrivent les éloges de la bien-aimée, cette sa muse, cette fontaine à laquelle le poète s’abreuve sans modération.
C’est dimanche
Les sens de nous deux
S’éveillent à la brume matinale
Sur le lit dominical de ton corps
L’évangile de l’amour
Parle le même langage
Que le doux parfum de ta peau satinée
Et emmitonnée dans la couverture du désir… (Page 28)
La deuxième partie intitulée « Cœur calciné » est un hymne de réconfort dédié à Toutes les femmes qui un jour ont coulé les larmes du désespoir. Elle s’ouvre comme une rupture émotionnelle. Ici, les vers viennent renverser la saveur et la douceur présentes dans les vers de la première partie. Ici, l’auteur prend le cœur d’une femme-victime qui a goûté à l’amour et en est sortie le cœur en haillon. Vingt ans plus tard, cette victime trimballe sur un corps déchiré, un cœur fragmenté, entièrement réduit et dont les morceaux errent et peine à se recoller, à oublier les souvenirs de cette déception. Ce cœur désespéré a pour refrain Je ne suis même plus une femme. Le poète nous expose dix lettres faites de vers mélancoliques, de mots nostalgiques de cette victime. Des lettres-poèmes dans lesquelles on sent un cœur submergé par des douleurs. Une victime qui se fait voix des sans voix, la voix des femmes qui ont un jour aimé, mais en retour n’ont eux que leurs larmes pour pleurer les abus et douleurs qui leur ont été infligés
Eros
Enfin mon bourreau
Que ces vers qui pleurent ma douleur
Confient aux soins de l’éternité
Les larmes des femmes abusées et désabusées… (Page 86)
L’auteur a su donner de l’émotion au fil des épisodes et lettres qui font l’originalité de son recueil de poèmes. À travers Cœur câliné-cœur calciné, on se délecte du beau et du faux, du bonheur et du malheur, de l’espoir et du désespoir.
Anicette S. HOUNHATOHOU
(Farandoles Littéraires)
Une oeuvre merveilleuse . Bravo à l’auteur pour cette création.
Mes encouragements vont également à l’endroit de celle qui nous a permis de connaître ce joujou littéraire.
Merci !