Artisan dans l’ombre, très peu visible de par son rôle souterrain, l’éditeur est pour l’industrie du livre ce qu’une grande dame est pour un grand homme. Fin connaisseur du milieu littéraire et chef d’orchestre dans son domaine, l’éditeur donne sens et met en lumière un projet éditorial dont on ne retient que l’auteur à la fin.
Pourtant, pour prendre forme, un roman, un album ou un livre doit d’abord convaincre l’éditeur. Ce dernier suit toutes les étapes d’un projet éditorial, de la coordination d’une équipe à la création d’une nouvelle collection, de la découverte d’un auteur à la présentation du livre aux équipes commerciales.
Être éditeur, c’est permettre à un texte d’être publié et… lu ! Pour repérer les nouveaux talents parmi les nombreux manuscrits reçus, l’éditeur s’appuie sur un comité de lecture, qui effectue un premier tri. Parallèlement, il travaille avec des auteurs confirmés. Dans l’édition scolaire ou pratique, il recherche des auteurs spécialisés (psychologie, sport, cuisine…). Son rôle consiste aussi à étoffer les collections, en proposant de nouvelles idées, de nouveaux supports (numérique, multimédia…). En moyenne, 6 à 9 mois s’écoulent entre la première lecture d’un manuscrit et la parution d’un livre. Dans une petite structure, l’éditeur gère les relations avec les auteurs, signe les contrats, relit et corrige les ouvrages avant leur impression. Lorsqu’il travaille dans une grande maison, il coordonne une équipe de collaborateurs (secrétaire d’édition, correcteur…) et veille au respect du budget.
L’ éditeur ne perd jamais de vue les contraintes financières (droits d’auteur, coûts de fabrication, tirage, diffusion…). S’il se préoccupe de la qualité des ouvrages, il doit aussi, dans un secteur très concurrentiel, rendre des comptes et suivre les chiffres de vente.
L’éditeur possède une solide culture générale, ainsi que des qualités d’expression écrite et orale (rédaction, orthographe, grammaire, connaissance des règles typographiques…).
Intuitif et capable de « sentir l’air du temps », il possède le flair qui lui permettra de faire émerger un nouvel auteur au bon moment. Pour y parvenir, l’éditeur sait être à l’écoute des tendances et anticiper les attentes des lecteurs. L’éditeur est un véritable chef de projet qui sait faire collaborer auteurs, correcteurs, maquettistes et représentants de commerce autour d’un projet commun : un livre. Le goût pour le dialogue, l’écoute et le travail en équipe s’impose. Le métier d’éditeur s’apprend vraiment sur le terrain. Ce n’est qu’au bout de quelques années d’expérience au sein d’une maison d’édition qu’il est possible d’accéder aux responsabilités éditoriales.
L’amour du livre et des mots est un prérequis indispensable pour se tourner vers une carrière dans l’édition. Pour éditer des auteurs, il faut maîtriser le sujet dont on parle. Au-delà d’une excellente culture générale, l’éditeur doit être un fin connaisseur de littérature.
D’autre part, le métier d’éditeur laisse une large place au travail de prospection. A la recherche de la perle rare, il hume l’air du temps pour dénicher les grandes tendances de demain. L’éditeur doit avoir un coup d’avance et savoir décrypter les envies du lecteur. En plus de l’aspect artistique de son activité, ce professionnel de l’édition doit également faire preuve d’une grande rigueur et d’un sens de l’organisation développé pour maîtriser ses coûts d’édition et respecter les délais de parution.
A l’heure du numérique, l’éditeur doit se réinventer et proposer des contenus de qualité. La survie de l’édition du livre dépend de l’engagement de l’éditeur et de son sens d’ouverture. C’est une affaire de grands moyens et d’initiatives qui ne laisse aucune place à l’improvisation. Le contraire serait dévastateur et rendrait la lecture des livres indigeste. C’est là tout l’enjeu du métier d’éditeur ou de chef d’orchestre littéraire que nous saluons à travers cette Chronique.
✍️ *Didier Jaurès VOITAN, Documentaliste et Spécialiste des questions du livre et de la bibliothéconomie*