Beaucoup de livres et écrits paraissent chaque jour que Dieu fait. Jamais l’industrie du livre n’a connu une telle floraison. À longueur de journée, sur les places publiques, dans les librairies, dans les bibliothèques, dans la rue, à la télévision et sur d’autres canaux de communication, des milliers d’ouvrages nous effleurent la rétine et caressent nos tympans. Beaucoup d’écrits aux titres variés mais dont très peu retiennent l’attention.
Sans apprécier le contenu de ces parutions, un petit élément détermine la réussite et la résonance qu’aura un livre: le titre.
Le titre d’une œuvre est l’un des éléments les plus importants du paratexte d’un livre. Son choix doit être fait avec le plus grand soin et cela pour plusieurs raisons. En effet, le titre d’un livre a une fonction commerciale. Il joue en marketing un rôle essentiel dans la mesure où il peut accrocher un regard, retenir l’attention et même pousser une personne à acheter l’œuvre. Quand l’auteur est un formidable inconnu, quand son nom dans le champ littéraire n’est pas une référence, le titre doit être capable, par sa beauté, par sa charge émotionnelle donner envie au lecteur de tenter l’aventure de la lecture. Le titre établit donc un lien très fort entre le lecteur et le texte. Dans la plupart des cas, c’est le titre qui oblige une personne à lire ou non le roman par exemple.
Le professeur Pierre N’Da disait que le titre d’une œuvre est la clé de voûte qui amène le lecteur à pénétrer dans l’univers du livre sans l’avoir même ouvert. Ce qui signifie qu’il doit susciter l’intérêt et la curiosité, donner la première impulsion au lecteur revêche. Auprès du lecteur, le titre doit jouer un rôle de séducteur ; il doit fonctionner comme un texte publicitaire.
Si hier, les écrivains ne donnaient pas un grand intérêt à l’aspect commercial du titre, aujourd’hui il y a de profondes mutations dont il faut tenir compte. Les œuvres écrites foisonnent et le rythme de leur production donne au lecteur un large éventail de choix. Face à la diversité des outils de communication, de formation et de distraction, il n’est plus question de donner à une œuvre un titre « fantaisiste ».
Cependant, l’obsession de trouver un titre qui vend donne lieu à des dérives qui desservent la littérature. Il y a aujourd’hui des titres d’ouvrages littéraires sur le marché qui fonctionnent comme des titres de films hollywoodiens.
La fonction métaphorique et imagée du titre est malheureusement sacrifiée au profit de la seule fonction publicitaire et commerciale. Le souci de vendre un grand nombre de livres ne doit pas décharger l’écrivain de son statut d’artiste et de producteur de sens.
Cela est d’autant plus important que le titre n’est pas seulement l’intitulé d’une histoire. Il fait partie du livre et revêt une importance capitale dans toute étude. Les éplucheurs de textes ont compris depuis belle lurette, combien de fois, le titre est intéressant dans toute exégèse des œuvres littéraires. Porte d’entrée dans l’univers sémantique à découvrir, il offre des hypothèses de lecture en donnant un avant-goût du message ou de l’idéologie du livre.
En somme, Le choix d’un titre de livre n’est pas à négliger. Tout comme la première de couverture, il donne l’impulsion à votre histoire et possède le pouvoir de transmettre l’identité de votre livre tout en donnant aux lecteurs l’envie de se plonger dedans. Il faut donc susciter l’intérêt et marquer les esprits. Un titre banal tombe rapidement dans l’oubli.
Signé : Didier Jaurès VOITAN, Documentaliste & spécialiste du livre