Camille A. SEGNIGBINDE (CAS) est écrivain, journaliste professionnel et éditeur agréé. Il est directeur des Éditions Encres Universelles et président du conseil d’administration de l’ONG Écrivains Humanistes du Bénin. Il est aussi Secrétaire général de la Fédération Nationale du Livre du Bénin. Dans cette interview accordée à L’ivre Du Livre, il parle du paysage littéraire béninois et les efforts déployés pour promouvoir la lecture et l’écriture en Afrique.
LDL : Bonjour Camille A. SEGNIGBINDE, merci d’avoir répondu présent à notre invitation. Présentez-vous aux lecteurs.
CAS : Mon nom est SEGNIGBINDE Akotègnon Camille. Je suis béninois de nationalité, né à Cotonou en 1989. Écrivain, éditeur agréé, acteur culturel… je suis, depuis une dizaine d’années, un acteur très actif du sous-secteur du livre au Bénin. Cela s’illustre d’ailleurs par mon militantisme associatif dans ledit sous-secteur où je suis Président du Conseil d’Administration de l’association Ecrivain Humanistes du Bénin, Secrétaire Général de la Fédération Nationale du Livre (FENALI) du Bénin, membre du Conseil National des Organisations d’Artistes (CNOA), membre de l’Association Professionnelle des Editeurs de Livre du Bénin (APEL) et membre du comité d’organisation de plusieurs salons de livres nationaux et internationaux.
LDL : D’entrée, parlez-nous de la création des Éditions Encres Universelles et ce qui a motivé sa création ?
CAS : Les Éditions Encres Universelles est une maison d’édition généraliste qui a débuté timidement ses activités en 2019. Elle est le fruit de la volonté de l’association Ecrivains Humanistes du Bénin de disposer d’une maison d’édition pouvant prendre le relai de l’accompagnement des jeunes talents issus des différents programmes de ladite association dont le programme « Le livre contre les maux de la cité » qui est à sa 8e édition cette année, du programme « Conte-Moi l’Afrique »… Ces différentes initiatives visent donc à détecter de jeunes talents littéraires pouvant constituer la relève au Bénin en particulier, l’Afrique de l’ouest en particulier. Encres Universelles a donc pour mission initiale de donner la première chance aux bénéficiaires des initiatives de Ecrivains Humanistes de faire éditer leurs premiers livres à compte d’éditeur. Donc, la maison d’édition était jusqu’en juin 2021, l’un des programmes d’incubation littéraire de l’Association Ecrivains Humanistes du Bénin. Mais depuis juillet 2021, pour se conformer à la règlementation en termes d’exercice d’éditeur de livres au Bénin, Encres Universelles est devenue le département édition de l’industrie Culturelle et Créative dénommée Thruster Média Group S.A.S dont je suis le Président.
LDL : Vous avez coordonné et dirigé l’édition de plusieurs anthologies, telles que « Les dieux sont en colère » et « La mort est dans l’attente ». Quel était l’objectif derrière ces anthologies et quelles ont été les réactions des lecteurs et de la communauté littéraire ?
CAS : Oui, 2013, grâce aux programmes littéraires ouest-africains « Le Livre Contre les Maux de la Cité » et de « Conte-Moi l’Afrique », nous avons offerts aux lecteurs béninois, plusieurs anthologies dont, entre autres aussi, « Apparences« , « un rêve mal né« , « La colère des boun »… fruits de la créativité des meilleurs talents issus desdits programmes. L’objectif était donc de permettre à ces talents de se faire publier pour la première fois en attendant les œuvres individuelles pour lesquelles nous leur donnons également une chance avec les Editions Encres Universelles. Je crois que les lecteurs et la communauté littéraire béninois ont apprécié à juste valeur les talents des auteurs de ces anthologies qui constituent aujourd’hui la relève de la littérature béninoise. Nous travaillons à mieux faire tout en comptant justement sur les observations et recommandations de cette communauté.
LDL : Quels sont les critères de sélection des ouvrages que vous choisissez de publier ?
CAS : Les Editions Encres Universelles font trois types d’édition. L’édition à compte d’éditeur, mixte ou à compte d’auteur. Mais des trois, nous priorisons l’édition à compte d’éditeur. A cet effet, chaque année, nous lançons d’ailleurs un appel à textes. Et c’est là, toute la différence entre notre maison d’édition et les autres. Ce processus nous permet de trier les textes / tapuscrits qui ont de la valeur ajoutée et qui peuvent être publiés. Nous donnons la priorité à ceux qui n’ont jamais publié mais qui ont du talent. Ils sont prioritairement édités à compte d’éditeur. Pour le reste du temps, quand nous recevons les tapuscrits, nous les soumettons à notre comité de lecture qui en apprécie également la valeur ajoutée et nous encourage ou non à les éditer. Les auteurs peuvent être des auteurs confirmés ou non. A ce niveau, nous décidons aussi du type d’édition à proposer à l’auteur. En somme, même si nous portons un regard particulier aux écrivains débutants, nous accompagnons aussi les auteurs professionnels dans leurs projets.
LDL : Quels sont les défis auxquels vous êtes confrontés en tant qu’éditeur au Bénin et en Afrique ?
CAS : En Afrique de l’ouest, les réalités dans le secteur du livre sont presque identiques. Au Bénin, il se pose un réel problème de l’indisponibilité des compétences de la chaine de fabrication du livre. Nous avons très peu de correcteurs professionnels de livres, de graphistes professionnels pour les montages, d’imprimeurs compétents qui ont des compétences avérées dans la fabrication d’un livre. Pire, tout imprimeur s’autoproclame fabricant du livre. Il y a des types d’ouvrages quasi impossibles à fabriquer ici au Bénin. D’autres sont obligés de les faire imprimer depuis les pays de l’Asie où la qualité et le coût semblent plus convaincants. Ensuite, il faut évoquer les difficultés liées à la distribution. Nous disposons certainement des librairies. Mais les communes intérieures du pays ne sont pas desservies. On remarque également que ces librairies compte tenu des difficultés auxquelles elles sont aussi confrontées ne déploient pas les moyens nécessaires à la visibilité et à l’écoulement des œuvres. Et pour finir, il faut ajouter le problème de financement de ce sous-secteur de l’édition qui ne favorise pas l’édition à compte d’éditeur au profit des auteurs qui ont de la valeur ajoutée dans leur création.
LDL : Parlez-nous du programme « Le livre contre les maux de la cité » mis en œuvre par l’ONG Écrivains Humanistes du Bénin. En quoi consiste ce programme et quel impact a-t-il eu sur la société béninoise et africaine en général ?
CAS : Le programme « Le livre contre les maux de la cité » est un programme ouest africain qui prend en compte le Bénin, le Togo, le Niger, le Burkina-Faso et la Côte d’Ivoire pour les sept éditions passées. Nous pouvons l’élargir à d’autres pays au besoin. Il s’agit d’un programme littéraire fait d’ateliers et de concours littéraires, de nomination du jeune talent littéraire ouest africain de l’année avec le « Prix Ecrivains Humanistes » et de publication d’une anthologie regroupant les trois meilleurs talents de chaque pays cible. Ce programme débuté en 2013, a mobilisé plus de 1000 jeunes talents latents littéraires ouest africains dont au moins 200 au Bénin, avec à la clé 6 anthologies publiées, et une vingtaine de carrière littéraire lancée au Bénin et dans les autres pays cibles. Au Bénin, ce programme a permis à plusieurs jeunes auteurs que vous connaissez d’éclore et de se révéler. Au nombre desdits auteurs, figurent en bonne place, par exemple, Yves Biaou, Djamile Mama Gao, Erroce Yanclo, Mohamadou Kpaka, Viviane Djako… C’est la génération montante de la littérature béninoise. Nous avons le sentiment d’avoir accompli notre mission.
LDL : Quelle est votre perception des jeunes plumes africaines et de leur contribution à la littérature contemporaine ?
CAS : A un moment donné, nous avons eu peur, de ne pas avoir une relève littéraire de qualité en Afrique de l’ouest francophone notamment. Mais nous sommes très optimistes sur le sujet aujourd’hui. Vous savez ; vous en conviendrez avec nous, nous vivons le temps de l’Afrique parlant de la littérature. Les plus grandes distinctions littéraires à l’international sont attribuées à de jeunes auteurs africains depuis quelque temps. C’est un bon signe pour l’avenir. Les jeunes plumes africaines sont rebelles dans leur style d’écriture. Ils refusent de s’aligner sur les standards classiques pendant longtemps imposés par les aînés qui demeurent des références pour marquer à certains moments les démarcations entre les époques. Et c’est cela CREER. La littérature fait appel à la création. Et toute création se doit être libre et personnelle pour nourrir les débats. Les jeunes plumes africaines changent donc positivement le visage de la littérature africaine. Cela ne veut forcement pas dire qu’ils font mieux que la génération précédente. Mais cela veut dire qu’ils contribuent à l’évolution de la chose. L’Afrique a donc son mot à dire dans l’évolution de la littérature à l’échelle internationale. Et c’est tout à l’actif de ces jeunes plumes.
LDL : Comment encouragez-vous les jeunes auteurs à se lancer dans l’écriture et à publier leurs premières œuvres ?
CAS : Comme souligner plus haut, avec l’association Ecrivains Humanistes et les éditions Encres Universelles, nous disposons de plusieurs programmes à cet effet ainsi que des conditions souples d’édition. Il suffit de se rapprocher de nous.
LDL : Quels sont les objectifs et les réalisations de l’Association des Écrivains Humanistes du Bénin dont vous êtes le président du Conseil d’administration ?
CAS : L’ONG « Écrivains Humanistes (EH) du Bénin, est une association loi 1901 enregistrée à la préfecture de Cotonou (Bénin) en 2012 et publiée au journal officiel du 15 février 2015 à la page 157.
Elle a pour, entre autres, objectifs de promouvoir au Bénin et en Afrique, l’écriture, le livre et la lecture, et partant de cette dynamique, faire du livre un canal de promotion de la culture et du développement.
L’association Écrivains Humanistes du Bénin intervient dans les domaines de la promotion de l’écriture, du livre et de la lecture et de la médiation culturelle.
Sa mission est de faire de l’écriture, du livre et de la lecture, des outils et canaux de développement socio-culturel, reconnus comme tels, par tous et par toutes, et véritablement utilisés comme tels, au Bénin et en Afrique à travers diverses initiatives.
L’organisation qui totalise plus de dix ans d’expériences au service de la promotion de la littérature en particulier, et de la culture au Bénin en général, a pour vision d’être l’organisation leader du sous-secteur du livre au Bénin, en impactant, au moins d’ici 2025, directement et indirectement, 50 000 personnes à travers diverses actions.
Durant dix ans, l’organisation s’est activement investie pour la réalisation de sa mission en prenant plusieurs initiatives dont le programme littéraire « Le Livre Contre les maux de la cité » déroulé depuis 2013 ans avec plus de dix milles talents et acteurs de la chaîne du livre impactés au Bénin, au Togo, en Côte d’Ivoire et au Niger ; le programme « Conte-Moi l’Afrique » ; « les mercredis du livre à l’école »… et des microprojets dont des cafés littéraires, des tournées d’animation des espaces publics de lecture…, diverses initiatives de médiation culturelle sans oublier les initiatives de diplomatie culturelle dont des représentations du Bénin à des rencontres littéraires et culturelles en Afrique ou à l’international. Dernièrement, nous avons franchi élargi le champ d’action de l’organisation avec le projet « Mon Panégyrique, Mon Identité Culturelle » qui établit une passerelle entre la littérature et les arts de la scène avec la cocréation d’un spectacle et l’élaboration d’un répertoire de valorisation des panégyriques claniques du Bénin.
Membre occupant le poste du secrétariat général de la Fédération Nationale du Livre « FENALI » du Bénin, membre du Conseil National des Organisations d’Artistes (CNOA) du Bénin et de plusieurs réseaux culturels en Afrique et à l’international, Ecrivains Humanistes du Bénin est aujourd’hui l’une des organisations incontournables de la société civile de le chaine du livre au Bénin et en Afrique.
LDL : Pouvez-vous nous parler de votre propre expérience en tant qu’auteur, notamment de votre roman « Un si long voyage » publié aux éditions du Tamarin ?
CAS : L’une des raisons nous ayant poussé à créer l’association et la maison d’édition, est notre propre expérience. « Un si long voyage » a été écrit depuis la classe de la 3e. Nous avons passé dix années à chercher un éditeur. Et cette difficulté, plusieurs jeunes la rencontre même jusqu’aujourd’hui. Ces jeunes ont des talents et ont juste besoin d’être orientés et accompagnés. Nous n’avons pas fait trop de tapage autour de notre œuvre parce que nous avons promis aider le maximum de jeunes à éviter les pièges qui ont entravé notre épanouissement de jeune auteur. Depuis lors, nous avons mis en pause notre carrière d’écrivain pour se consacrer aux nombreuses initiatives pouvant aider les autres jeunes talents que nous rencontrons sur notre chemin. Cela dit, dans la sous-région ouest africaine francophone, nous ne sommes pas si inconnu en tant qu’auteur. Nous avons représenté depuis plusieurs années, le Bénin dans plusieurs rencontres littéraires (foires, salons, distinctions littéraires, colloques, conférences…). En somme, il y a encore du chemin à faire pour offrir un cadre propice à la création aux jeunes talents littéraires béninois. Quant à nous-mêmes, nous allons dépoussiérer nos tapuscrits et leur donner corps bientôt.
LDL : En tant que Secrétaire général de la Fédération Nationale du Livre du Bénin, comment percevez-vous l’engagement des politiques pour la promotion du livre depuis les années 1990 ?
CAS : Ce n’est qu’un secret de polichinelle pour tout acteur ou observateur du fonctionnement de la chaîne du livre au Bénin. Le livre demeure le parent pauvre de la culture. La part belle a été toujours faite aux autres disciplines artistiques. Cependant, il faut être objectif en constatant que les lignes ont bougé les trois dernières années à commencer par la structuration de la chaine avec la naissance des grandes associations professionnelles (les libraires, les éditeurs, les imprimeurs…). Et ceci, sans oublier la renaissance de la Bibliothèque Nationale du Bénin. Mais il en faut davantage en accélérant la professionnalisation des acteurs. Des initiatives sont attendues autant des décideurs politiques que des organisations professionnelles, elles-mêmes. Pour finir, la question du financement de la chaine demeure encore entière.
LDL : Que pensez-vous de l’initiative du Grand Prix Littéraire et du Salon National du Livre lancés en 2019 au Bénin ? Comment ces événements contribuent-ils à la promotion de la littérature et à la mise en valeur des auteurs béninois ?
CAS : Comme je l’ai souligné plus haut, des efforts sont consentis par les décideurs politiques pour améliorer les choses. Nous avons à travers ces initiatives citées, des rencontres annuelles durant lesquelles les acteurs se retrouvent. Elles permettent de suivre l’évolution de la création livresque dans le pays. Ce sont des vitrines à améliorer. Quand nous prenons le Grand Prix Littéraire, par exemple, nous pensons qu’il faut revenir à l’ancienne formule de distinction par genre littéraire avec à la clé, un super prix qui pourrait être attribué à la personne qui obtient la plus grande moyenne, toute catégorie confondue et qui sera donc le « Grand Prix Littéraire ». Cela stimule la création. Car, par expériences, nous estimons que cela relève d’une pure gymnastique que d’évaluer les œuvres de genres différents avec les mêmes critères. Par ailleurs, c’est aussi l’occasion de plaider le cas de la société civile littéraire. On ne saurait parler d’une chaine de livre dynamique sans parler des associations et ONG qui animent le secteur douze mois sur douze. Il faut créer un prix aussi pour elle. Vous le constaterez aisément, plusieurs auteurs assurant la relève littéraire de notre pays aujourd’hui sont les fruits des initiatives de révélations de talents de ces organisations. Malheureusement, leur mérite n’est pas reconnu à la plus grande rencontre annuelle de reconnaissance des contributions des acteurs du secteur du livre.
LDL : Le gouvernement béninois sous la rupture a entrepris des réformes dans différents secteurs dont celui de la culture avec la mise en place d’un compte spécial dénommé Fonds de Développement des Arts et de la Culture (FDAC). Pensez-vous que l’environnement littéraire va significativement s’améliorer avec cette réforme ?
CAS : Non. Je suis catégorique sur le sujet. Il y a des préalables à la création de ce fonds. Quand il y avait du gratuit (le Fonds des Arts et de la Culture), quelle amélioration avions nous enregistrée ? Il faut aller vers le vrai entrepreneuriat culturel avec des modèles économiques clairs pour le secteur. Ce fonds serait utile en ce moment.
LDL : Comment aidez-vous vos écrivains à se rapprocher de leurs lecteurs ?
CAS : Nous avons plusieurs initiatives qui vont des causeries littéraires aux dons d’ouvrages. En 2017, nous avions entamé une tournée dans les centres de lectures publics. Nous avions donc fait le tour du Bénin avec une écrivaine française et des auteurs béninois pour échanger avec les lecteurs à la base. Nous participons régulièrement également à des foires et salons à l’international avec les œuvres desdits auteurs…
LDL : Quid de la collaboration avec les libraires et autres acteurs de la diffusion des livres ?
CAS : Aujourd’hui, nous sommes tentés de dire que les libraires et autres acteurs de la diffusion ne sont pas encore à la hauteur de leur mission. Nous dénombrons à travers tout ce Bénin, à peine trois, à notre entendement, librairies accessibles et crédibles qui font des efforts pour accompagner le mouvement d’évolution de la chaine du livre dans notre pays. Elles sont en association et c’est le moment de revoir leur fonctionnement pour un partenariat gagnant-gagnant avec les éditeurs et organisations de la société civile du livre que nous sommes.
LDL : Que proposez-vous pour développer la ‘’diplomatie littéraire’’ au Bénin et en quoi cela profiterait à l’économie nationale ?
CAS : Nous nous définissons comme « diplomate littéraire » pour avoir positionné le Bénin dans plusieurs rencontres littéraires (foires et salons) en qualité de pays à l’honneur. En effet, il faut déjà que les décideurs politiques acceptent le livre comme faisant pleinement partie intégrante de la culture et des arts. Ainsi, ils pourront, accessoirement, inclure les écrivains et les livres béninois dans les différentes initiatives de promotion de la destination « Bénin ». Un livre peut servir de support de communication pour vendre les atouts d’un pays. A partir de ce moment, les retombées économiques ne sont plus à démontrer quand investisseurs, touristes, autres particuliers, désireux de découvrir le pays et y investir, s’amènent par curiosité après avoir lu des choses merveilleuses sur telle ou telle autre région pays.
LDL : Quels sont selon vous les maux qui minent le sous-secteur de l’édition au Bénin ?
CAS : Le sous-secteur de l’édition a connu un vrai essor ces trois dernières années avec la naissance de plusieurs maisons d’édition. Les promoteurs de ces maisons d’édition sont très ambitieux et c’est un atout. Cependant, il faut un encadrement et un suivi constant sur une certaine durée des acteurs de la chaine de l’édition. L’initiative peut venir des associations faitières comme de l’Etat. En effet, ledit sous-secteur souffle du manque de formation des imprimeurs (il ne suffit pas d’être imprimeur pour savoir fabriquer tout type d’ouvrage), le manque de collaboration et de partage d’expériences entre ceux qui ont l’occasion de voyager et de vivre d’autres expériences en matière éditoriale et ceux qui n’ont pas eu cette chance même s’il s’agit d’un terrain concurrentiel. La collaboration peut aller plus loin à travers des positionnements sur des marchés étrangers où tout le monde n’a pas encore les moyens d’aller, l’absence de circuit crédible de distribution : les acteurs de la distribution n’aident pas encore suffisamment (dans une démarche collaborative) les éditeurs pour l’écoulement de leur production….
LDL : Quelles pistes de solutions proposez-vous ?
CAS : Il faut déjà dynamiser les associations faitières et les doter de plans de travail qui accordent une attention particulière au renforcement des capacités des membres et l’accès aux marchés locaux et internationaux grâce à des partenariats avec des organisations et maisons d’éditions sœurs. Il faut également une police des pairs en vue de s’entraider dans l’amélioration de la qualité des productions. Mais avant, il y a un préalable : l’adoption par les décideurs politiques d’une politique nationale du livre qui situe clairement les rôles pour l’essor de l’ensemble du secteur du livre au Bénin.
LDL : Des manuscrits dans les tiroirs ?
CAS : Oui. Durant la décennie écoulée, je me suis mis réellement au service de l’éclosion de la relève littéraire au Bénin avec diverses initiatives de l’association Ecrivains Humanistes du Bénin. Je vais certes continué mais, il est temps pour moi de me concentrer également sur des projets personnels.
LDL : Des projets et des perspectives pour les Éditions Encres Universelles ?
CAS : Actuellement, nous travaillons sans tapage. Nous communiquons peu et participons peu aux évènements. C’est surtout pour murir et refléter ce professionnalisme que nous souhaitons pour notre sous-secteur d’édition. Nous continuons avec les anciennes initiatives de « coup de pouce » aux jeunes talents tout en finissant la mise en place de la logistique et l’opérationnalisation des nouveaux projets que vous aurez le temps de découvrir.
LDL : Quel message aimeriez-vous transmettre aux jeunes écrivains et aux passionnés de littérature au Bénin et en Afrique ?
CAS : Je dirai simplement que tout n’est pas perdu. Qu’il y a de l’espoir pour la littérature béninoise, africaine. Cependant, les jeunes écrivains ont le devoir de travailler davantage pour hisser très haut le flambeau du continent.
LDL : Merci !