À la croisée de plusieurs disciplines — biologie, journalisme, communication, littérature — Sakina Cylia Lateb incarne une figure plurielle et engagée du monde culturel africain contemporain. Écrivaine, formatrice, entrepreneure, elle est surtout la fondatrice et présidente de l’Union des Écrivaines Africaines (UEA), une structure internationale qui entend donner voix et visibilité aux femmes de lettres du continent et de la diaspora. À travers cette interview exclusive, elle revient sur son parcours singulier, les fondements et les ambitions de l’UEA, les défis actuels de la création littéraire, ainsi que son engagement en faveur d’une Afrique créative, solidaire et souveraine.

Présentation et parcours
LDL : Civilités madame Sakina Cylia Lateb, votre parcours est riche et pluriel, entre biologie, journalisme, communication et littérature. Qu’est-ce qui relie, selon vous, toutes ces facettes ?
SCL : Tout d’abord merci pour votre intérêt pour mon parcours professionnel et pour le clin d’œil à l’Union des Écrivaines Africaines. Je suis Sakina Cylia Lateb, écrivaine, présidente de l’Union des Écrivaines Africaines et fondatrice de l’agence de formation et d’accompagnement à la création d’entreprise : Talwith Mediacom. Je suis diplômée en biologie, en journalisme et en éducation spécialisée. J’ai fait mes études aux seins des universités algériennes et j’ai obtenu une bourse d’études, en 2015. Ainsi, j’ai poursuivi mes études en France. À ce propos, j’ai été diplômée du Centre de Formation et de Perfectionnement en Journalisme de Paris.

LDL : Y a-t-il un livre, une rencontre ou un moment décisif qui vous a orientée vers l’écriture et l’engagement culturel ?
SCL : J’ai toujours été une amoureuse du verbe et une passionnée de littératures. Avec les mots, il est possible de réparer les maux physiques et psychiques. Il est également possible de bâtir des ponts avec les écrits et de réconcilier les êtres.
LDL : Comment votre expérience de journaliste influence-t-elle votre regard sur la littérature africaine et le rôle des écrivaines aujourd’hui ?
SCL : La plume est un soft power puissant que nous pouvons utiliser à bon escient. Le journalisme peut faire changer l’ordre des choses s’il est utilisé de manière éthique et déontologique.

Présentation de l’Union des Écrivaines Africaines (UEA)
LDL : Vous êtes la présidente fondatrice de l’Union des Écrivaines Africaines (UEA), pouvez-vous nous raconter la genèse de cette union et nous dire à quel besoin ou à quelle urgence répond sa création ?
SCL : Après de nombreux voyages en Afrique, il m’a été agréable de constater que l’Africain en général et l’Africaine en particulier excellaient dans divers domaines artistiques, culturels et littéraires. Néanmoins, leurs activités n’étaient pas suffisamment mises en exergue. L’Union des Écrivaines Africaines a donc jailli des entrailles de ces disciplines littéraires, artistiques et culturelles, afin de les faire paraître au grand jour.

Objectifs et missions
LDL : Quels sont les objectifs principaux de l’UEA à court, moyen et long terme ? En quoi se distingue-t-elle des autres structures existantes ?
SCL : Les objectifs de l’UEA sont la mise en avant des œuvres africaines dans divers domaines, l’accompagnement des jeunes à la création d’entreprise ou de projets, pour qu’ils ne soient pas tentés par l’immigration clandestine, et l’accompagnement des femmes dans leur autonomisation. Dans le cas où les jeunes veulent immigrer, nous les accompagnons dans leurs entreprises, dans un cadre légal.
LDL : Quelle place occupe la promotion des œuvres féminines dans votre stratégie ?
SCL : L’UEA aide aussi les jeunes auteurs à se faire éditer et à s’insérer dans le domaine livresque. Nous intervenons également dans l’orientation des artistes pour l’obtention de la carte d’artisan et dans la réalisation de leurs projets. Tous les artistes, Hommes de culture et écrivains… sont les bienvenus parmi nous. Ensemble, nous sommes plus forts pour une Afrique prospère.
Membres et adhésion
LDL : Quelles sont les conditions d’adhésion à l’UEA ?
SCL : Pour adhérer à l’Union des Écrivaines Africaines, il est obligatoire de s’enregistrer au niveau de l’Office International des Droits d’Auteurs et des Droits Voisins. Les frais d’adhésion ne sont pas obligatoires. Cependant, si des mécènes et sponsors souhaitent contribuer, leurs aides sont bienvenues.

LDL : L’UEA est-elle ouverte uniquement aux écrivaines professionnelles ?
SCL : Tous les artistes, Hommes de Lettres et de Culture, débutants ou chevronnés sont admis. L’UEA est représentée dans le monde entier, avec un siège principal à Alger et des partenaires variés.
Gouvernance et fonctionnement
LDL : Comment l’UEA est-elle structurée ?
SCL : La maison mère se trouve à Alger, et obéit à la législation algérienne. C’est une structure avec un statut juridique d’entreprise. Le bureau principal et les partenaires dans le monde forment un groupement économique. Les décisions sont prises à Alger, de manière collégiale et démocratique.
Activités et actions concrètes
LDL : Quels types d’actions sont menées par l’UEA ?
SCL : L’UEA organise clubs de lecture, clubs d’écriture, théâtre, formations et séminaires. Elle publie en ligne via son site et ses réseaux sociaux.

LDL : Quelles seront les premières actions concrètes dans les prochains mois ?
SCL : Nos actions sont principalement humanitaires, philanthropiques et altruistes.
Réseaux et partenariats
LDL : Quels types de partenariats cherchez-vous à établir ?
SCL : Nous avons des collaborations dans des domaines économiques, culturels, éducatifs. Toutes les propositions à forte valeur ajoutée sont étudiées.
LDL : Quelle place pour les diasporas ?
SCL : La diaspora est pleinement active. Des hommages ont été rendus à Frantz Fanon et à la berbèrité récemment en Guyane Française.

Enjeux sociaux, politiques et culturels
LDL : L’UEA prend-elle position sur des questions sociétales ?
SCL : L’UEA défend la solidarité, l’égalité, la justice sociale, la liberté d’expression, la protection des minorités, l’environnement, etc.
LDL : Quelle est la place des langues africaines ?
SCL : L’une de nos missions principales est de mettre en valeur les cultures et langues africaines autochtones.
LDL : Comment intégrez-vous la diversité culturelle du continent ?
SCL : L’UEA incarne l’altermondialisme et la citoyenneté mondiale. Il n’y a ni sous-culture, ni superculture.

Appel et projection
LDL : Quel message adressez-vous aux écrivaines hésitantes ?
SCL : Il est important d’agir en collectifs pour porter haut les voix africaines.
LDL : Quels sont vos rêves pour l’UEA ?
SCL : Que l’UEA aide des millions d’Africains à s’épanouir et à ne plus risquer leur vie en mer.
LDL : Comment suivre l’UEA ?
SCL : Nous sommes présents sur le net, sur notre site et réseaux sociaux. Le numérique est intégré à nos actions.

LDL : Un mot-clé pour l’UEA ?
SCL : L’UEA est une fondation culturelle internationale déposée, au service de la valorisation de l’Afrique. Agissons ensemble pour une Afrique radieuse.
À l’issue de cet échange, une certitude s’impose : Sakina Cylia Lateb ne conçoit ni l’écriture ni l’action culturelle comme de simples pratiques, mais comme des leviers de transformation collective. En initiant l’Union des Écrivaines Africaines, elle trace un sillon fécond dans lequel se mêlent engagement littéraire, solidarité féminine et responsabilité sociale. À l’heure où les voix féminines se multiplient et se renforcent sur le continent, l’UEA se positionne comme un catalyseur d’énergies, un carrefour d’initiatives et un creuset d’actions concrètes. Son mot d’ordre résonne avec espoir et détermination : « Agissons ensemble pour une Afrique radieuse. »