Entretien CIDI Livres avec Ayi HILLAH autour de son livre  SAPIENTIA  »Quand la plume réenchante la vie » 
Entretien CIDI Livres avec Ayi HILLAH autour de son livre  SAPIENTIA  »Quand la plume réenchante la vie » 

Entretien CIDI Livres avec Ayi HILLAH autour de son livre  SAPIENTIA  »Quand la plume réenchante la vie » 

Rendez-vous littéraire CIDI Livres “les voix de la littérature africaine » L’écriture poétique d’Ayi Hillah, Quand la plume réenchante la vie 

Bonsoir mesdames et messieurs membres du forum de la CIDI Livres. C’est l’heure de notre entretien hebdomadaire  »les voix de la littérature africaine ». Pour ce numéro, nous allons nous intéresser à un auteur dont la plume réenchante la vie, Ayi Hillah, auteur de plusieurs ouvrages. Le livre qui nous réunit ce soir, c’est SAPIENTIA. 

Habib N’OUENI (CIDI Livres) : Bonsoir Ayiiii

Ayi HILLAH : Bonsoir Habib

(CIDI Livres) : Votre œuvre présente des aphorismes poétiques d’une grande profondeur. Comment définissez-vous le lien entre la poésie et la philosophie dans votre écriture, notamment en lien avec la tradition orale africaine ?

Ayi HILLAH : Ce n’est pas prétentieux de se dire philosophe dans la mesure où tout le monde l’est. Enfin, je le pense. En effet, j’ai un amour brûlant pour toutes les questions pouvant donner lieu à des réflexions rationnelles et critiques. Aussi, mon goût pour la poésie me pousse à essayer de rendre mon propos sensible et pénétrant, peu importe le genre littéraire, d’où l’amitié entre la philosophie et la poésie qui sont, rappelons-le, filles de la tradition orale africaine.

CIDI Livres : Vous écrivez : « L’importance d’un écrivain tient au consentement de ses lecteurs. » Comment percevez-vous ce consentement aujourd’hui dans un monde marqué par la transformation numérique, où la lecture prend de nouvelles formes ?

Ayi HILLAH : Oui, c’est vrai. Traditionnellement, l’importance d’un écrivain tient au consentement de ses lecteurs. Il ne peut en être autrement. Aucun écrivain ne peut être important sans l’accord de ses lecteurs. Je souligne ici la différence entre un écrivain important, c’est-à-dire un écrivain qui impacte positivement la vie de ses lecteurs, et un écrivain célèbre, entendu que la célébrité s’obtient facilement quand on a de l’entregent.

CIDI Livres : Un exemple classique d’écrivains rejetés par leur propre public ou ignorés de leur vivant, qui sont aujourd’hui considérés comme essentiels, est celui de Franz Kafka. De son vivant, ses œuvres étaient largement méconnues et il avait même demandé à son ami Max Brod de détruire tous ses écrits après sa mort. Pourtant, Brod a ignoré cette requête, permettant ainsi la publication de chefs-d’œuvre comme Le Procès et La Métamorphose. Aujourd’hui, Kafka est considéré comme l’un des écrivains les plus influents du XXe siècle, et son nom a même donné naissance à l’adjectif « kafkaïen » pour décrire des situations absurdes ou oppressantes.

Ne pensez-vous pas que l’importance d’un écrivain ne peut-elle pas, dans certains cas, dépasser le consentement de ses lecteurs ?

Ayi HILLAH : La critique littéraire ou philosophique de l’époque à laquelle nous appartenons peut nous rejeter. Mais, les lecteurs finissent toujours par nous réhabiliter

CIDI Livres : La métaphore de « la vie comme une érection matinale, imprévisible » interpelle par sa crudité. Que cherchiez-vous à exprimer à travers cette image singulière, et comment s’inscrit-elle dans la longue tradition littéraire de la transgression des tabous ?

Ayi HILLAH : (sourire) Transgression, tabou. Ce sont des mots qui me font toujours sourire. Crudité, dites-vous ? Je dirai plutôt réalisme ! Voyons, je ne situe nullement cette citation dans aucune tradition. Aussi, en l’écrivant, je n’avais pas l’idée de transgresser quoi que ce soit. La métaphore, par le biais de l’analogie, sert à transférer les choses dans le domaine de l’intelligible. Partant de ce postulat, j’ai juste mis en exergue l’impondérabilité de la vie en me servant des termes que vous jugez transgressifs. Ma liberté d’écrivain me le permet.

CIDI Livres : Vous parlez de réalisme et de liberté d’écrivain, mais dans quelle mesure une métaphore aussi crue, même réaliste, peut-elle réellement favoriser la compréhension de l’impondérabilité de la vie ? Ne craignez-vous pas que l’usage de termes si choquants détourne certains lecteurs de l’essentiel de votre message, ou que cela devienne une forme de transgression involontaire ? Ou encore pensez-vous que cette liberté d’expression, que vous revendiquez, est indispensable pour explorer pleinement les zones d’ombre de l’expérience humaine, au-delà des normes et des tabous établis ?

Ayi HILLAH : Pour qui est-elle crue ? Qui sait voir l’image au-delà de cette métaphore comprendra aisément le propos. Évidemment, on peut dire que c’est réservé à un public au-delà de 18 ans. Non, ne tournons pas autour du pot. Cherchons les images, et voyons ce que veut dire le texte

CIDI Livres : Dans votre texte, on retrouve une réflexion sur l’amitié, que vous qualifiez de « délice ». Comment cette conception de l’amitié se compare-t-elle à celle que l’on trouve dans des œuvres comme L’aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane ou Le monde s’effondre de Chinua Achebe ?

Ayi HILLAH : J’aime L’aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane, mais j’ai une préférence pour Le monde s’effondre de Chinua Albert Achebe. Pour montrer ce en quoi l’amitié est un délice, prenons l’exemple d’Obierika et d’Okonkwo au village d’Umuofia. Dans une salve d’armes aux funérailles d’Ezeudu, le fusil d’Okonkwo explose accidentellement et tue le fils du défunt qui dansait avec ses frères. Okonkwo et sa famille sont envoyés en exil pendant sept ans pour apaiser les dieux qu’il a offensés.

Après son départ, sa demeure fut brûlée et détruite, non pas par haine, mais pour laver le péché qui avait été commis. Obierika s’occupera de ses domaines champêtres pendant son exil, soit sept bonnes années, et l’aidera à son retour à reconstruire sa maison. N’est-elle pas belle l’amitié ? N’est-ce pas un délice ?

Vous évoquez souvent la thématique de l’amour, que vous liez à l’existence humaine. Comment l’approche de l’amour dans vos aphorismes se distingue-t-elle de celle que l’on retrouve chez des écrivains africains tels que Mariama Bâ dans Une si longue lettre ? 

Parmi les thématiques abordées dans Une si longue lettre, il me semble, et je pense avoir de bons souvenirs, que l’amour n’occupe pas une place majeure. Il est plutôt question de féminitude (statut des femmes africaines) de polygamie, de tradition, de veuvage et de douleurs. Dans ce roman, ce qui pourrait ressembler à l’amour c’est l’amitié, en témoigne l’échange épistolaire entre Ramatoulaye et Aïssatou. Pour revenir à mon livre, le terme amour revêt plusieurs significations. Tantôt c’est la somme des grands sentiments que sont la solidarité, l’empathie, la générosité… Par moments, quand je dis amour, je fais allusion à la confrontation de deux épidermes dont sont témoins les alcôves silencieuses où les amants s’unissent pour se perdre. L’amour, Gustave Flaubert vous dira que c’est un mot élastique. Très élastique.

CIDI Livres : Vous décrivez l’amitié d’Obierika et Okonkwo comme un ‘délice’, mais ne pourrait-on pas aussi y voir une forme de tragédie, dans laquelle l’amitié se heurte aux lois impitoyables de la communauté et aux normes sociales ? Si Obierika est prêt à soutenir Okonkwo en prenant soin de ses terres, pourquoi, selon vous, n’intervient-il pas davantage pour l’empêcher de s’enfoncer dans la violence et le désespoir ? L’amitié ne devrait-elle pas aussi encourager à prévenir la chute de l’autre ?

Ayi HILLAH : On peut bien aimer les nôtres, les comprendre, leur vouer un amour indéfectible, mais force est de constater qu’on ne peut pas changer les gens. Nous sommes ce que nous sommes. Ceux qu’on aime, retenez-le, on prie en silence pour qu’ils soient parfaits. Et puis, pour tous ceux qui ont lu Achebe, il faut sacrément être fort pour influencer Okonkwo. N’êtes-vous pas d’accord avec moi ?

CIDI Livres : Vous affirmez : « La vie est un voyage. L’amour en est le chemin. » Cette phrase fait écho à la quête existentielle de personnages dans des romans comme Le vieux nègre et la médaille de Ferdinand Oyono. En quoi la notion de voyage, au sens métaphorique, structure-t-elle votre pensée littéraire ?

Ayi HILLAH  : Le voyage. En effet, pour moi, la vie est un voyage. Nous ne sommes jamais sur place. Même dans son lit, sur sa terrasse, dans son bureau, nous sommes en perpétuel déplacement. Pour revenir à la question, je préfère m’attaque à sa dernière partie, afin de passer sous silence le cas de Méka qui est le seul voyage physique dont je me souviens dans Le vieux nègre et la médaille. Voyez-vous, la vie est un voyage, une course dans laquelle nous sommes impliqués et de laquelle nous ne sortirons jamais vivants. Pour être sincère, c’est une condamnation à mort. Le tout s’articule autour du temps qui est nôtre ; dérisoire, éphémère, défini. Pour cela, en plus d’être un observateur de la vie intellectuelle et politique de mon époque, je fais l’effort d’être un messager à travers mes livres. Messager, bien entendu, du temps qui m’est imparti, et que j’effeuille page à page.

CIDI Livres : Votre aphorisme « La poésie a ceci de charmant qu’elle donne au poète un beau visage » suggère une idéalisation du poète. Comment définissez-vous le rôle du poète dans la société africaine contemporaine, à l’instar d’un Léopold Sédar Senghor, qui voyait le poète comme un guide spirituel ?

Ayi HILLAH : Senghor, oui, le vieux Senghor. Remarquez qu’il n’était pas à une contradiction près, le vieux Senghor 😁. Il était poète lui-même, ce n’est un secret pour personne. Pour revenir à la question, Non, je n’idéalise pas du tout le poète. Au contraire, je cherche à montrer les mains sales dans les gants blancs ou les visages hideux sous les masques. Au-delà de la beauté du texte peuvent se cacher les verrues de l’auteur. La poésie a ceci de charmant qu’elle donne au poète un beau visage, mais… Quant à l’idée de Senghor, je réponds que tous les poètes ne sont pas Rabindranath Tagore. Et voilà une belle rime : Senghor/Tagore (rire).

CIDI Livres : 😂😂😂😂en effet, belle rime

Ayi HILLAH : Une question que tout le monde peut se poser au sujet de cette affirmation de Senghor est la suivante : était-il un guide spirituel, lui-même ?

CIDI Livres : Vous parlez de la vie comme d’une « fille aux seins lourds, fière et hautaine. » Comment cette personnification s’inscrit-elle dans la tradition africaine de l’anthropomorphisme que l’on retrouve chez des écrivains comme Ahmadou Kourouma dans Les soleils des indépendances ?

Ayi HILLAH : Pour être honnête, je ne cherchais que la formule. C’est la métaphore qui m’a conduit à l’anthropomorphisme. Cela dit, il n’y a pas que chez les écrivains comme Kourouma qu’on le trouve. Toute la tradition africaine en regorge. Dans les nombreuses croyances religieuses et surtout la mythologie, nous donnons aux divinités des apparences ou des valeurs humaines. Et ces divinités s’expriment à travers des caractéristiques humaines comme la jalousie, la tristesse ou l’amour. Dans les contes également, l’araignée, le lièvre, le lion et j’en passe, sont des personnages à qui nous donnons volontiers des apparences ou des valeurs humaines.

CIDI Livres : Vous mentionnez « La vie ressemble parfois à une fille aux seins lourds, fière et hautaine. » Cette phrase peut être vue comme une allusion aux tensions entre tradition et modernité en Afrique. Comment traitez-vous cette dualité dans vos écrits, et quelles influences percevez-vous des œuvres comme L’étrange destin de Wangrin d’Amadou Hampâté Bâ sur cette thématique ?

Ayi HILLAH : Ah oui. La vie, les filles aux seins lourds. Comme je les aime, toutes les deux 😁. Avouons aussi qu’elles sont, et la vie et les filles aux seins lourds, très parfois hautaines, pour ne pas dire capricieuses.  Très honnêtement, je ne vois pas le rapport entre ma citation et la tradition, ni avec la modernité. Toutefois, le thème m’intéresse beaucoup, et je crois l’avoir développé dans L’ombre des beaux jours. J’espère pouvoir en parler davantage dans mes prochaines publications comme Amadou Hampaté Ba qui, pour n’avoir fait que cela, a fait de cette thématique l’œuvre d’une vie.

CIDI Livres : Vous écrivez : « Indignez-vous face à l’injustice. » Quelle place l’engagement social et politique occupe-t-il dans votre écriture, en particulier par rapport aux écrivains africains qui ont utilisé leur plume comme arme de combat, tels que Mongo Beti ou Ousmane Sembène ?

Ayi HILLAH : Question très intéressante à laquelle je ne me déroberai pour rien au monde. Il est vrai que les préoccupations politiques m’intéressent beaucoup, même si j’en parle très peu par rapport à Sembène Ousmane ou Mongo Béti. Attention, j’ai quand-même écrit Il s’appelait Mouammar, un livre très courageux sur l’assassinat de Mouammar Kadhafi. Est mon ennemi l’homme qui vit de l’accaparement des biens publics, qui lutte que pour des positions, des médailles, des chaires, qui met l’argent au dessus des valeurs humaines, et cela se voit dans ma prose (romans, récits, nouvelles). 

CIDI Livres : Votre réflexion sur la souffrance humaine, que vous qualifiez parfois « d’illusion », soulève des questions sur la condition humaine. Quelle est la nature de la souffrance dans votre œuvre, et comment s’articule-t-elle avec des œuvres africaines marquées par l’expérience coloniale, comme Les bouts de bois de Dieu de Sembène Ousmane ? 

Ayi HILLAH : Oui, la souffrance humaine ou ce que nous appelons ainsi est parfois une illusion dans le sens où nous croyons souffrir alors que ce n’est pas le cas. La moindre contrariété, le moindre petit échec, l’écueil le plus insignifiant est assimilé à la souffrance. Ce qui précède n’a rien à voir avec la souffrance des peuples africaines due à la colonisation qui a décimé le continent noir, l’a asservi, martyrisé, brutalisé, pillé, et maintenu jusqu’à nos jours dans la servitude. 

CIDI Livres : Vous affirmez que « certains rêves resteront ce qu’ils sont, quelque chose d’insaisissable. » Comment le thème du rêve se juxtapose-t-il à celui de la réalité dans votre œuvre, et quel rôle joue-t-il dans la formation de l’identité, comme on le voit dans des romans comme Murambi, le livre des ossements de Boubacar Boris Diop ? 

Ayi HILLAH : Dans mes livres, la frontière entre le rêve et la réalité est très infime. Elle est, pour certains de mes personnages, à peine marquée. Je souligne qu’elle n’est point imprécise. Elle est plutôt fragile. Il suffit d’une légère poussée, d’une douce pression pour que la barrière s’écroule. Ceux qui le savent apprennent à marcher avec précaution pour ne pas confondre leurs rêves à la réalité.

CIDI Livres : Dans vos aphorismes, la nature semble souvent faire écho aux émotions humaines. Comment cette relation homme-nature, souvent centrale dans la littérature africaine, se retrouve-t-elle dans votre œuvre, en comparaison avec des auteurs tels que Camara Laye dans L’enfant noir ?

Ayi HILLAH : Le bon vieux Camara. Je pense que l’homme est lié à la nature comme la tortue est liée à sa carapace. Quant à moi, homme parmi les hommes, la description que je fais de la nature dans mes livres est une des plus vivantes. Cela s’entend. On ne peut pas se dire poète et ne pas célébrer la nature. Pour faire le parallèle entre Camara Laye et ma modeste personne, je dirai que je vois beaucoup de ressemblances. Ceux qui ont lu mes livres L’exotique et L’ombre des beaux jours l’attesteront. Ces trois livres ont beaucoup de points communs en ce qui concerne la relation entre l’homme et la nature.

Ayi HILLAH : À la métaphore de la tortue et sa carapace, je peux substituer une autre qui pourrait sembler crue, mais, je m’abstiens. 😁

INTERVENTION DES MEMBRES DU FORUM 

CIDI Livres : Les membres du forum peuvent poser leurs questions s’ils en ont. A présent, je laisse les membres poser leurs questions

Ayi HILLAH : Je suis à leur disposition 🙏🏼

Intervenant 1 (Victor GUEZO) : Bonsoir à vous et à tous. Félicitations à vous et à notre cher invité pour la ponctualité et surtout pour votre profonde connaissance de la littérature africaine. 

Mes questions :

  1. Que notre invité veuille bien se présenter. 
  2. Une explication du titre de l’œuvre.

Merci à vous et bonne soirée.

Ayi HILLAH : Merci beaucoup, très cher. Je suis Ayi HILLAH, Togolais de père, et Dahomeyen de mère. Écrivain (poète, auteur de récits, romancier, épistolaire, aphoriste et nouvelliste). Je suis, comme vous tous ici, critique littéraire. Auteur d’une douzaine de livres, Sapientia est mon tout dernier. #Sapientia est un recueil d’aphorismes empreints de « sagesse », enfin, je le pense, d’où le titre Sapientia qui signifie Sagesse. Dans la vie, puisqu’il faut la gagner autrement, je suis Interprète et Médiateur social à la Croix-Rouge de Belgique où je vis depuis 21 ans.

Intervenant 1 : Encore félicitations à vous, cher invité ! Un écrivain accompli ! Excusez -moi de connaître votre âge. Ensuite, veuillez nous expliquer le genre <<aphorisme>> dans lequel vous vous illustrez et l’accueil que le public réserve à vos œuvres. Merci bien. 

Ayi HILLAH : Merci beaucoup, très cher. L’aphorisme est un bref énoncé résumant un savoir. 

Ayi HILLAH : Un exemple d’aphorisme

Ayi HILLAH : Voilà quelques aphorismes extraits de Sapientia

Ayi HILLAH : Je ne fais jamais mystère de mon âge. La preuve est qu’il est sur Google 😁. J’ai 48 ans bien sonnés.

Intervenant 2 : Le procès qu’on fait souvent à la poésie, au-delà de son charme, c’est d’être souvent inaccessible au grand public. La priorité que vous lui donnez dans vos œuvres ne réduit-elle pas leurs impacts dans la société ? Ou alors doit-on dire que votre plume s’adresse à un public préférentiel notamment l’élite ?

Intervenant 2 : Je remercie l’invité et salue la clarté de ses réponses. J’ai deux questions à lui adresser. On remarque au fil des réponses que vous proposez une forte influence des aînés sur votre écriture. Toute écriture est une destitution de l’institution en vue d’une restitution a-t-on coutume de dire. L’intertextualité donne du charme à l’écriture et montre le niveau de culture de l’écrivain. Mais je remarque qu’au-delà de cet aspect, tout vous ramène à la tradition orale. Simple effet de mode à notre époque où la revendication du moi culturel est de plus en plus forte ? Ou bien, s’agit-il d’un projet esthétique qui singularise votre écriture ? Le procès qu’on fait souvent à la poésie, au-delà de son charme, c’est d’être souvent inaccessible au grand public. La priorité que vous lui donnez dans  vos œuvres ne réduit-elle pas leurs impacts dans la société ? Ou alors doit-on dire que votre plume s’adresse à un public préférentiel notamment l’élite ? Enfin, un bonus ! Vos œuvres, où sont-elles disponibles ?

Ayi HILLAH : Ce procès, très cher Eric, est un faux procès. Nous avons tous lu les plus grands poètes que sont Hugo, Rimbaud et j’en passe. Sont-ils plus hermétiques que Hesse ?  Je parle de Hermann Hesse. En ce qui concerne la deuxième partie de votre question, je fais de mon mieux pour rendre mon écriture accessible à tout le monde. 

À Lomé, oui. Je fais de mon mieux pour envoyer des stocks dès que possible. C’est plutôt le contraire, très cher. Il est bien vrai, fils du Togo et du Bénin, je suis très attaché à mes racines, mais la tradition orale n’est pas mon credo en tant qu’écrivain. Ce sont plutôt les questions auxquelles j’étais soumis qui m’ont fait prendre ce chemin. 

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