JEUNESSE ET RÉSEAUX SOCIAUX : quelle est la place des livres de nos jours ?
JEUNESSE ET RÉSEAUX SOCIAUX : quelle est la place des livres de nos jours ?

JEUNESSE ET RÉSEAUX SOCIAUX : quelle est la place des livres de nos jours ?

Le vingt unième siècle est un siècle qui a été marqué par une effervescence de progrès techniques, scientifiques. Mais plus encore une période de naissance des nouvelles technologies. C’est un siècle qui, comparé aux autres a évolué à une vitesse éclaire, élevant ainsi l’homme au rang d’être avancé. Il a attribué à l’homme un statut de « demi-dieu ». 

Le vingt unième siècle a connu un accroissement de progrès impressionnants quel qu’en soit le domaine. Cela se remarque sur l’invention des vaccins, les outils numériques et techniques qui sont hautement sophistiqués comparativement à ceux des siècles antérieurs. Avec les nouvelles sciences ou sciences dites modernes, les hommes sont parvenus à mieux dompter la nature. 

Et en être comme le disait Descartes les maîtres et possesseurs. Cependant, d’autant que ces progrès scientifiques et techniques suscitent l’admiration de plus d’un, ils sont également le cimetière où s’enterrent la dignité. Le respect ou toutes autres valeurs morales distinguant l’être humain des autres êtres est aussi passé au cimetière. Et plus encore, le loisir de lire. 

jeunesse et réseaux sociaux tic

Il faut reconnaître que la science est un outil essentiel ou du moins indispensable à l’homme. Mais elle est aussi la cause de la servitude volontaire pour employer les mots de Michel de Montaigne. A ce titre, nous nous interrogerons  sur la question des NTIC notamment les réseaux sociaux, et leur influence sur la lecture. 

Il est de notoriété qu’avec les réseaux comme : Facebook, Instagram, Snapchat, Whatsapp pour ne citer que ceux-là les hommes arrivent à communiquer aisément. Ils parviennent à faire passer des informations d’un bout à l’autre de la terre faisant ainsi du monde un village planétaire. 

Mais de plus en plus, les réseaux sociaux sont les principales sources de la débauche, de l’abandon des livres et de la dépravation de nos mœurs. Ils sont loin de satisfaire des besoins de communication, de visibilité de marchés ou autre. Quel usage les jeunes gens font-ils des réseaux sociaux ? 

Les livres ont-ils toujours leur place dans un monde pris à l’assaut des nouvelles technologies? Avec les scandales sexuels, les vols ou toute autre usage inconscient des réseaux sociaux, quel avenir pour la descendance ? 

De la dépendance aux réseaux sociaux à l’abandon des livres

Les nouvelles technologies de l’information et de la communication, ont envahi le quotidien des hommes. Elles occupent de plus en plus une place importante dans leurs vies. Leur utilité n’est plus à démontrer. Car elles concourent à la satisfaction de leur besoin, notamment celui de distraction et de relaxation. 

Il faut souligner qu’avec les crises économiques, sanitaires, ou sécuritaires, elles constituent un refuge. Un moyen par lequel l’on échappe aux difficultés présentes pour retrouver quelques grains de tranquillités. Mais malgré ce caractère palliatif des technologies de l’information et des communications, elles ne résolvent pas néanmoins les problèmes des hommes. Mieux, elles les exposent encore plus à la solitude et réduisent paradoxalement le recours aux livres. 

Des analyses ont montré que les réseaux sociaux sont les causes de la solitude ou parfois même de la faible estime de soi. Plusieurs jeunes pensent que leur valeur, leur beauté ou leur intelligence s’évaluent au nombre de likes et réactions qu’ils ont sur ces réseaux. Cet état de chose contribue à accroître leur dépendance vis-à-vis des réseaux sociaux. 

Les différents complexes naissent de la dépendance aux autres. Si physiquement nous sommes interconnectés les uns aux autres, numériquement nous le sommes encore plus. Puisque les médias sociaux agissent plus vite sur nos émotions ainsi que nos perceptions. La dépendance qui naît des réseaux sociaux ou de communications n’est pas seulement émotionnelle mais aussi intellectuelle. 

Grâce à Google, YouTube pour n’en citer que ceux-là les apprenants et autres ne trouvent plus du plaisir à faire des efforts intellectuels. Cette dépendance intellectuelle aux réseaux sociaux s’explique également par le fait que les livres sont de plus en plus banalisés. Bon nombre de jeunes gens s’adonnent rarement à la lecture. 

Ce constat apparaît même de façon flagrante à travers les différentes abréviations. Il se fait remarquer aussi par les fautes fréquentes d’orthographe, de grammaire et de conjugaison contenues dans la plupart des messages de certains jeunes. En d’autres termes, les jeunes sont dépendants intellectuellement que émotionnellement des réseaux sociaux.

jeunesse tik tok et livres

De l’incompréhension ou du mauvais usage des réseaux sociaux

Si les réseaux sociaux favorisent la communication entre les hommes, ils sont aussi destinés à d’autres usages. C’est le cas de la vente, la promotion des entreprises, la publicité, pourquoi pas la lecture et autres. Mais une question se pose : A quoi servent réellement les réseaux sociaux ?

C’est une question qui étonnera certains mais nous pensons qu’il est essentiel de se poser un nombre donné de questions. Eh bien, pourquoi devons-nous nous poser cette question ? Vu les différents dérapages ou pratiques immorales auxquelles s’adonnent les jeunes aujourd’hui avec les réseaux sociaux, cette question trouve tout son sens. 

Depuis quelques années, un nouveau réseau a vu le jour. Il s’agit de Tik Tok. C’est un réseau qui permet de chatter mais aussi de faire des vidéos promotrices pour des entreprises et autres. Cependant certains utilisateurs de ce réseau s’adonnent à plusieurs pratiques déviantes telles que : des vidéos exhibant leur nudité, des vidéos pornographiques et tout autre contenu nuisible. 

Malheureusement les jeunes filles et jeunes garçons africains s’adonnent à ces pratiques ignorant tout de leurs mœurs. Ils sacrifient ainsi leur éducation à travers des actes puérils et délaissent les livres. Pourtant plusieurs de ceux qui s’y adonnent le font par suivisme ou par mauvaises influences. Aujourd’hui par l’intermédiaire des réseaux sociaux, les adolescents et enfants ont accès à des contenus obscènes. 

Mieux, ils découvrent les vérités ou les sujets que leurs parents n’osent pas aborder avec eux ou qu’ils considèrent comme tabous. De plus en plus de jeunes envahissent les réseaux sociaux à l’insu de leur parent. Ils créent des vidéos ou contenus à l’exemple de leur aîné qui ne sont pas destinés à leur donner le bon exemple.  

Cet état de chose contribue à élargir le rang des « mauvais utilisateurs » des réseaux sociaux ou celui de ceux qui ne savent pas à quoi ils sont destinés, réduisant ainsi l’effectif des jeunes dans les bibliothèques. 

De l’imitation forcée des occidentaux 

L’une des raisons du mauvais usage des réseaux sociaux est due à l’imitation forcée des occidentaux par les africains. Le monde, devenu un village planétaire, a provoqué une cohabitation des différentes cultures. Mieux l’influence d’une culture sur une autre. À travers, les réseaux sociaux et autres, les jeunes sont souvent influencés par les stars françaises, américaines…, les acteurs cinématographiques et bien d’autres. 

Les jeunes séduits par l’habillement ou les comportements de ces stars choisissent de les imiter sans pour autant penser aux répercussions que cela peut avoir sur leur personnalité. Depuis fort longtemps la jeunesse a une croyance limitée. Pour elle, la réussite se limite à de belles voitures, de belles chaussures et avoir une belle maison. Aussi se dénuder sur les réseaux sociaux, être entouré de plusieurs femmes etc… 

La richesse matérielle est plus importante pour elle que celle intellectuelle. La jeunesse ignore les raisons qui poussent les stars à se comporter de telles ou telles autres manières. Et d’ailleurs peu importe les raisons, les jeunes ne se demandent pas si leurs actions sont en conformité avec la réalité de leur milieu. 

Autrement dit, ils copient bêtement le style de vie ou les comportements de leurs stars préférés qui souvent sont en déphasage avec leur culture. Or, ces stars-là ont parfois une culture littéraire de plus qu’eux, même si ce n’est pas eux tous. L’ethos et les bonnes mœurs sont ainsi banalisées ou considérées comme rétrogrades. 

Aujourd’hui on rencontre fréquemment de jeunes filles et de jeunes hommes dont les styles vestimentaires ne correspondent pas à ceux de leur milieu. Que ce soit des destroys, des mini- jupes, des collants ou tout autre style vestimentaire dévoilant certaines parties de leurs corps. Et ils sont heureux de s’y exhiber alléguant que c’est à la mode. 

Ce qu’il faudrait que la jeunesse comprenne est que personne n’est contre le progrès, le développement ou la mode. Mais il faut plutôt qu’elle s’adapte aux nouvelles tendances tout en restant fidèle à l’ethos. 

jeunesse et facebook livre

Quel héritage, quel exemple pour la descendance ?

Après les analyses précédentes, il urge de se demander, de s’interroger sur les conséquences que les mauvaises pratiques d’aujourd’hui peuvent avoir sur les générations futures. Comment repenser l’avenir au vue des comportements de la jeunesse d’aujourd’hui ? Comment les jeunes d’aujourd’hui comptent-ils éduquer leurs enfants ? Quelle est la place du livre aujourd’hui ? Que sera le monde d’après ? 

Ces interrogations ne constituent qu’une infirme partie des interrogations que suscite la question du mauvais usage des réseaux sociaux et de l’abandon de la lecture. De nombreux jeunes ignorent que les conséquences de leurs actes perdurent et qu’il est préférable d’agir convenablement et conformément aux règles morales. 

On se demande par exemple : Comment une jeune fille qui se montre en tenue d’Ève sur les réseaux sociaux peut-elle parler de l’importance de la préservation de son corps à sa fille ? Comment un jeune homme qui s’habille les dessous dehors peut-il dire à son fils de s’habiller convenablement ? 

En d’autres termes, la question qui se pose est celle de l’éducation des générations futures. Sachant très bien qu’avant d’éduquer il faut être un modèle. Les générations futures seront-elles nourries à la source des valeurs morales et éthiques, à l’inépuisable source des livres ? Comme le dit John Locke dans Quelques pensées sur l’éducation, les enfants doivent être éduqués suivant l’exemple. 

Au vu de l’exemple que donnent certains jeunes à leurs frères ou sœurs, le siècle d’après ne sera-t-il pas pire si rien n’est fait ? On se demande si les réseaux sociaux n’annihileront pas les livres. Mieux que soit le monde si la jeunesse ne prend pas conscience de ses  déviances, de ses erreurs et corrige le tir ? 

Autant de questions qui suscitent méditations et réflexions. Pour finir, il est important que la jeunesse sache utiliser les médias sociaux et repense à l’usage qu’elle doit en faire. Aucun pays n’est à l’abri des progrès de la science et des nouvelles technologies de l’information et des communications. 

Cependant, il serait plus profitable de faire bon usage de ces outils. Cela pour préserver la dignité de chacun et œuvrer en vue d’être une source d’inspiration pour les générations futures. Pour un développement durable et pour une bonne formation et construction de l’homme il faut avant tout une éducation de qualité. 

Et on ne peut parler d’une bonne éducation sans les livres ou la pratique de la lecture : les livres sont d’excellents professeurs. Et on ne peut non plus parler des livres sans faire mention des éducateurs. 

Comme le dit Emmanuel Kant : « L’homme ne peut devenir homme que par l’éducation. Il n’est que ce qu’elle fait. Il est à remarquer qu’il ne peut recevoir cette éducation que d’autres hommes qui l’aient également reçue

Régis Mahougnon HANTAN est poète, écrivain, slameur, musicien et chroniqueur à L’ivre Du Livre. Il est philosophe de formation à l’UAC (Université d’ Abomey-Calavi).    

Articles Similaires
Salon national du Livre 2024 : La Fête du livre au Bénin !

Cotonou s'apprête à accueillir, du 20 au 23 novembre 2024, l’édition tant attendue du Salon national du Livre. Un événement  Lire plus

Espéran PADONOU, directeur de la Fondation Vallet  : 4 choses à savoir sur cet « enfant du miracle »

La valeur d’un soldat se mesure au nombre de cicatrices sur son corps. Cela se vérifie si bien lorsqu’on passe Lire plus

Le professionnel de l’information, dans le processus de prise de décision organisationnelle
Le professionnel de l'information, dans le processus de prise de décision organisationnelle

Au cœur des défis managériaux d'une entreprise, d'une structure ou d'une organisation, se trouve le processus de prise de décisions. Lire plus

La bibliothèque et les centres de documentation à l’ère de l’intelligence artificielle : un mariage parfait ou un danger imminent ? 

Concept jusqu'ici complexe voire abstrait pour beaucoup, l'intelligence artificielle (IA) continue inlassablement sa conquête de tous les domaines du savoir. Lire plus

L’importance de l’investissement politique dans les bibliothèques
L'importance de l'investissement politique dans les bibliothèques

Loin d'être perçues comme  simple lieu de conservation de livres, les bibliothèques sont de véritables espaces de vie au sein Lire plus

La médiation numérique : l’avenir du livre ? 

Un jour, dans mes envolées documentaires, je découvris fortuitement, un ouvrage aux allures révolutionnaires qui comme une prophétie écrite révèle Lire plus

Redéfinition du rôle de l’archiviste au Bénin : quels enjeux ? 
Redéfinition du rôle de l'archiviste au Bénin : quels enjeux ? 

Redéfinir le rôle de l'archiviste au Bénin c’est avant tout dépasser les stéréotypes de la manutention pour une reconnaissance de Lire plus

Plongez les enfants dans la Magie de Noël grâce aux documents Audiovisuels

La magie de Noël s'opère très souvent en faisant adhérer les enfants à travers les traditions, les contes, les histoires Lire plus

La Bibliothèque Nationale du Bénin face au défi du dépôt légal
La Bibliothèque Nationale du Bénin face au défi du dépôt légal

L'industrie du livre est en plein essor au Bénin depuis la libéralisation de la parole consolidée par la Conférence des Lire plus

La chronique littéraire de Didier Jaurès VOÏTAN La fête de la Parole !

 Si elle n'existait pas il fallait l'inventer. Je l'ai découverte en 2016.  On était à la 6ème édition. Dès lors, Lire plus

2 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Share via
Copy link