Qu’il meurt, ce Léon
Qu’il meurt, ce Léon

Qu’il meurt, ce Léon

Le crépuscule se creusait. Le ciel limpide vira peu à peu d’un rouge sombre de vieille plaie au noir d’encre, et les premières étoiles parurent, la lune émergea à demi et Léon assis sur ce vieux banc de parc verdoyant, piaffait d’impatience. Il y était depuis plus de deux heures et craignait y rester jusqu’au plus noir de la nuit. Une chose qu’il tenait en horreur : se priver de l’extrême bonheur d’un lit bien chaud. Pourtant ce soir il le devait.

Peut-être par curiosité ou par devoir de vérité envers la jeune populace de Cotonou. Sa carrière de reporter l’exigeait et par honneur il devait s’y soumettre. Les doux caresses du vent l’incitait à s’allonger mais impossible. Par-delà ses rides marquant l’assoupissement se percevait en lui quelque chose d’autre, quelque chose de bien plus grave, de quasi palpable : une tension nerveuse qui menaçait d’avoisiner la peur. Les ténèbres avaient, ce soir, une espèce d’âpreté qui vous hérissait le poil. Et ce quartier malfamé empli de mufles n’y résolvait rien. Il y pensait puis arrêta d’y penser surpris par cette silhouette qui au loin l’épiait.

Placide, d’un regard feignant l’assurance, il s’informa au près de lui une fois qu’il s’approchât « Serpent » marmonna t-il ; « sournois » lui répondit l’autre. C’était un code, une sorte de langage secret pouvant faciliter voire assurer la discussion. Fallait être sûr de l’identité du correspondant.

« Les informations vites ! De mon temps, vous en avez assez volé » s’enquilla t-il d’une voix que la peur avait rendu isolante. C’était justifié. Les événements qui s’en suivirent lui trouvèrent raison. A l’inconnu s’ajouta un deuxième . Ses vêtements étaient de couleur sombre et d’un goût parfait. Il portait une casquette. « Voulez-vous que je vous apporte des bières , demanda t-il ironiquement, nous devons y aller ».

« Y aller mais où ? » demanda Léon .

Le deuxième longtemps tranquille laissa place à un sinistre rire narquois. Sans pouvoir rien discerner de son visage sous la casquette, Léon devina un regard où flambait le meurtre. Une seconde, il redouta qu’il ne tirât l’arme perceptible qui était dans l’interstice séparant son bas ventre de sa ceinture. Il savait sans savoir. Ce soir pourrait bien-être son dernier.

Il paraît que face à la mort, l’on aperçoit toute notre vie défilée sous nos yeux. Léon, lui, n’eut droit à des brides de souvenirs. Le premier remontait à cette matinée d’automne où il fît la rencontre de Dame Catherine. Il venait de voir Roger, son chef reporter et s’apprêtait à aller tenir une importante réunion quand, l’un des vigiles de la boîte l’apostropha. Il était question d’une inconnue qui était dans son bureau et voulait s’entretenir avec lui et avec lui seulement. Un coup d’œil à sa montre lui prouva qu’il fallait bientôt commencer la réunion. Il décida donc de passer devant son bureau sans s’arrêter. La dame se douta-t-elle de cette fuite ? Ses souliers craquèrent-ils ? Peu importe; ce qu’il y a de certain, c’est qu’au moment où il passa devant son bureau, la porte s’ouvrit.

Drame, complot, corruption, meurtre, terrorisme, tant de calamité pour un aussi petit pays. L’histoire de la dame lui plu et il optât pour une suite approfondie. La morte tragique de cette dernière quelques jours après et l’appel anonyme d’un inconnu criant avoir des informations, ne renforcèrent que sa détermination. Tout en lui, lui criait méfiance mais il avait une sorte de démangeaisons qui l’incitait à aller voir et écouter cet homme.

Et le voilà ici. Au milieu de deux hommes prêts à l’occire à la moindre occasion. L’heureux chance voulu qu’il y ait des policiers rodant dans les environs. On ne sut exactement ce qui poussa ces derniers à entamer la conversation mais une chose était sûre, des coups de feu se firent entendre, quelques minutes plus tard. Dans le feu de l’action, notre as médiatique réussit à s’enfuir et à garder le numéro de l’automobile destinée à l’amener à la potence.

Une fois chez lui, médusé fut-il par cette scène macabre qui s’offrait à ses yeux bientôt en larmes. Sa femme Cati venait de mourir. Tout était calculé. La vue d’une lettre sur leur lit confirma ses doutes. On voulait faire passer sa mort à lui pour le suicide classique de celui qui venait de tuer sa femme. Hélas, il vécut contrairement à sa compagne. En lui, plus qu’une solution, plus qu’une voix à emprunter, celle de la vengeance. Il était bien décidé à rétablir la vérité et à faire libre expression de sa douleur à ceux qui bientôt, lui donnèrent un visage.

Y parviendra t-il ?

A suivre….

Mr_Chnel

Né d’honnête amour, dans la belle ville de Cotonou au Bénin, Richenel K. AVOLONTO est ce jeune écrivain de 20 ans qui fait frémir les lèvres de tous les lecteurs.  Benjamin, d’une fratrie de trois enfants, il a su dès son obtention du Baccalauréat en 2020 faire aiguiser sa plume pour la plus grande de ses passion, l’écriture. Étudiant en troisième de droit a l’UAC, il est cet humble ambitieux qui compte bouleverser le monde littéraire de par ses écrits. Est-ce là le Steve Jobs de la littérature ou un nième écrivain arpentant les rues du monde ? Pour le savoir, nulle autre option que de le lire.

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