Le recueil de poèmes de 125 pages de l’auteur camerounais Yvan Junior Akeh a été présenté au public le 19 août 2023. A l’occasion de ce lancement, Serthy Ayissi, auteur et éditeur, pose un diagnostic interne et externe de l’ouvrage. Lisez sa note de lecture pour comprendre davantage cette production littéraire du jeune écrivain.
Structure externe
Dans la nuée, le ciel s’épaissit. Le frissonnement de l’air laisse passer la bise d’un élan ; une apparition diurne est gênée par le dessin d’une ombre qui courre sur le sol, il se pose, ce pan. La première de couverture du recueil de poèmes de l’auteur Yvan Junior est un festival de couleurs. Une marque de la diversité.
Cette couverture attrayante de par ses vives couleurs est la marque des visions caléidoscopiques qui seraient consignées dans les pages du recueil. Ce bleu de gentillesse, ce vert de persévérance, ce jaune de richesse, ce noir d’élégance. Ce florilège est l’apanage d’un recueil qui s’annonce plein de surprises et de rebondissements.
A mon avis, la couverture ne laisse personne indifférent car elle est attrayante et représente un bijou de beauté animalier, le pan.
Structure interne
En tournant les pages de ce recueil, l’on est saisi par les senteurs boisées de ses vers. La disposition des strophes montrent la liberté, une envie de s’envoler. S’envoler avec les idées du poète qui nous balade dans ses rêves de liberté. En effet, le poète se veut libre, libre de par ses vers autant de par ses dires :
« Je volerai comme un oiseau » (P. 47) ; « Une seule vie ne suffira jamais pour combler le flambeau d’illumination de ces milliers d’années ».
On comprend que l’auteur a soif de vie, de joie, d’amour. Il montre les « mélancolies » de ses jours à travers ses mélodies. Dans ses peines, il se lamente pour montrer son amour, sa voix scande le mal aimé :
« Un amour nouveau pour assoupir mon âme vaincue ».
Je pense que le poète souffre de ses chagrins et utilise sa harpe comme catharsie, ce moyen thérapeutique de guérir de ses maux par l’écriture. Un courage de parler de soi avec panache « comme ce roi que je fus ». L’auteur de mélancolie montre la profondeur de sa tristesse à travers des poèmes tels que :
« je voudrais qu’on me lise » ; « Gloire du monde » ; « Chant d’âme triste » mais surtout « Les cendres du cancer » à travers quoi il montre l’horreur du cancer et les profondeurs du désarroi de ses victimes.
Mais un autre poème me poussa à me questionner sur la portée de la tristesse de ce poète des temps modernes, c’est le message contenu dans l’ultime poème : « Chant dernier d’adieu ». A travers ce pléonasme, que veut montrer l’écrivain ? Voudrait il montrer combien la mort fait souffrir ?
Chant dernier d’adieu au lieu de chant d’adieu ; comme si on mourrait plusieurs fois, comme si aimer quelqu’un pouvait nous conduire à le voir mourir à chaque fois que malheur arrive. Pour moi, Yvan Junior Akeh a su montrer, autant que quiconque, le poids de la tristesse lorsqu’on aime. Eh oui, il est un grand amoureux, notre poète.
Il le montre à suffisance lorsqu’il affirme : « Si je pouvais être passionné// Ressentir en son sang frémir le cosmos des êtres aimés// La passion de l’amour briller comme une si grande merveille ». Par son si, il montre son vouloir et donc sa pensée.
Il est par ailleurs intéressant de noter que le poète subit des influences des poètes du surréalisme tels que Baudelaire ou Apollinaire comme le montre les poèmes : « Rhénane 1904 » ; « Guillaume Apollinaire » ; « Charles Baudelaire ». Son style ressemble à un hommage à ces derniers et montre la forte coloration occidentale de sa plume :
« automne, hivers, printemps etc. »
Pour tout dire, le recueil de poésie Mélancolie est un florilège de poèmes où des thèmes comme la tristesse, l’amour malheureux, le pittoresque de la nature sont mis en relief. Quelques coquilles çà et là sont à déplorer quoiqu’elles n’entachent pas la qualité remarquable des textes.
Les textes fortement imagés, sont par le rythme et les allitérations, la marque d’une envie de martèlement. L’auteur veut au-delà de tout, donner de l’espoir car tout n’est pas que mélancolie mais aussi espoir tel que le souligne le poème « Que ton combat soit éternel ». Le poète souligne l’idéal de l’être qui ne doit pas baisser les bras et vivre l’espérance de ses amours particulières.
Serthy Ayissi, auteur et éditeur.
Références du livre
Titre : Mélancolie
Auteur : Yvan Junior Akeh
Éditeur : Les éditions du Printemps
Volume : 125 pages dont 74 poèmes
Ping :Portrait de Sindji Maxime HOUESSOU - L'ivre Du Livre