Un piège sans fin de Olympe Bhêly Quenum (OB-Q) : Une existence de fer
Un piège sans fin de Olympe Bhêly Quenum (OB-Q) : Une existence de fer

Un piège sans fin de Olympe Bhêly Quenum (OB-Q) : Une existence de fer

Pour le compte de cette chronique hebdomadaire autour du livre, nous vous ferons découvrir une œuvre bien connue de la littérature béninoise. L’une des œuvres les plus lues de notre patrimoine livresque. Cette œuvre précède le chant du lac précédemment chroniqué ici. Il s’agit de Un piège sans fin écrit par Olympe Bhêly QUENUM et publié aux éditions Présence africaine en 1960.

un piège sans fin de Olympe Bhêly QUENUM 

Bref aperçu du livre un piège sans fin de Olympe Bhêly QUENUM 

La vie, série d’absurdités sans nom, confère aux bonnes idées une illusion d’optique faite de préjugés engendrés par la bêtise humaine. Elle est par ailleurs une « sale invention d’Allah » (65) où le néant semble être la seule chose qui existe parce que omniprésente. Par ce titre dramatique relevant d’une intrigue tragique, O.B-Q expose dans un registre soutenu mais accessible les mésaventures d’un héros hyper sensible.

L’œuvre est publiée en cette année là même où les pays africains en majorité accèdent à l’indépendance. Elle, l’œuvre un piège sans fin, met en lumière de façon méticuleuse les péripéties de la vie humaine. Elle laisse voir les souffrances de Ahouna ainsi que celles de son père notamment. 

Le livre Un piège sans fin évoque le champ dévasté par des insectes de Ahouna et la contrainte aux travaux forcés du père. Il traite également de la spirale de situations à laquelle ce personnage, un peul du nord Dahomey, est confronté. Difficultés accentuées après son union avec la fille de Fanikata.

Analyse du livre Un piège sans fin

Ce sont autant de péripéties qui conduiront vers un piège sans fin. On y Remarque également le brassage corsé du monde noir avec celui occidental. L’union refutée de Tertulien (homme blanc) avec Anatou, la fille de Bakary, battu à mort par un homme blanc. Les austerités de l’homme noir lui même, Bakary livré aux travaux forcés parce que jaloux de ses exploits. 

De la douceur qu’incarne l’âme du nègre, la musique, marqué par la presence du Kpété de Bossou, originaire du Sud Dahomey. L’auteur montre ainsi un brassage congénital entre les habitants du Dahomey d’alors actuel Bénin qui résiste malgré tout à leur différends ethniques. 

Un piège sans fin évoque l’amour dans son sens général. Celui maternel, ressenti par la mère de Ahouna à ses enfants, agapè, de Camara et son beau frère Ahouna, réciproquement maître. 

Ahouna, le héros de la production tant littéraire que sociologique d’O.B-Q se laisse broyer. Autant par la cruauté que l’absurdité dont est fait ce monde. Tout ceci au coeur d’une existence où prime : 

  • l’amour, 
  • le travail, 
  • l’affection, 
  • la compréhension, 
  • le soutien (aide), bref l’hospitalité sans contrepartie,  

Sensible jusqu’au psychisme, d’ailleurs, le narrateur lui-même, ne l’a-t-il pas désigné comme étant un « monstre psychologique ». 

Compréhension du personnage principal : Ahouna 

Ahouna subira les pires épreuves de la vie. Il comprendra et connaîtra alors bien de choses des horribles événements qui se sont succédé. Il aura un aperçu sur les dimensions insoupçonnables de cette vie à l’apparence douce et sereine à l’instar d’un fleuve. 

Un fleuve qui pourtant, dans ses profondeurs imperceptibles, cache des mystères atroces. La vie en elle-même, est un piège qui ne s’estompera qu’au dernier jour. Quel que soit le lieu vers lequel le héros se dirige en essayant d’échapper à son destin : la vie pour lui n’est qu’un piège sans fin.

La majeure et meilleure partie de ses temps, avant ou après le décès de son père, il fut en contact avec la nature. Il se retrouvait sur le mont Kiniba, emporté par sa belle poésie et jouant son kpété ainsi que son tôba. C’est par ailleurs là qu’il fera la connaissance de son âme sœur. 

Elle est également celle qui devrait lui révéler réellement ce qu’il était : un monstre psychologique. 

« Tout homme a au fond de ses yeux pour qu’elle en émerge à un certains instant de son existence et se rende visible à tout le monde, la meilleur photographie de la personne qui lui a fait le plus de bien ou le plus de mal, ou de celle qu’il a rendue la plus heureuse ou la plus malheureuse » p.123-124. 

Traduisant ainsi le malheur que cet amour a causé à Ahouna. 

Avis et étude narratologique du livre de Olympe Bhêly QUENUM 

L’oeuvre d’OBQ évoque outre les activités champêtres et de pâturages, l’hospitalité, l’amitié, les préjugés qu’ont les gens du nord de ceux du sud. Un fait qui se manifeste toujours, elle parle aussi de la domination occidentale sur les cultures africaines, la supériorité de l’homme blanc. Dans Un piège sans fin, OB-Q fait voir aussi la pénible vie des bagnards ainsi que les difficultés de la vie conjugale. 

En tout, l’œuvre sociologique d’OBQ touche aux mœurs de la société qui traversent des générations. Bien qu’elle soit des classiques, elle évoque des problèmes qui aujourd’hui revêtent une très grande importance. En substance, l’œuvre d’OBQ est un miroir où les différentes cultures se mirent, un réservoir où ils s’abreuvent. 

Du nord au sud passant par le centre, l’auteur y a fait part de sa connaissance de la terre natale. Ses amours, ses couleurs, ses tendresses mais également ses misères, ses pièges qui une fois au prise semble sans fin. Du nord au Sud Dahomey actuel Bénin, O.B-Q traîne le lecteur vers des lieux bien connus. 

Parakou, Bohicon, Abomey, Cotonou et bien d’autres lieux. Quoique l’intrigue fictive, l’espace décrit par l’auteur dans un récit tantôt itératif tantôt accélératif est bien identifiable, Houénou le narrateur principal du récit dans une focalisation omnisciente adopte une position intra-diégétique et hétérodiégétique à l’instar d’Ahouna et même de Camara qui aussi ont été objet de certains récits. 

Gervais DASSI 

Chroniqueur littéraire à L’ivre Du Livre


Références  

Œuvre : Un piège sans fin (284) ; Auteur : Olympe Bhêly Quenum ; Editions : Présence Africaine (1960)

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