Interview avec l’écrivaine Congolaise (RDC) Tegra Yav 
Interview avec l’écrivaine Congolaise (RDC) Tegra Yav 

Interview avec l’écrivaine Congolaise (RDC) Tegra Yav 

«Le plus grand investissement que l’Afrique peut faire c’est la bonne éducation de sa jeunesse»

Tegra Yav est une écrivaine congolaise (RDC) auteure de deux livres L’ENFANT ET L’ÉCOLE publié en 2014 alors qu’elle n’avait que 13 ans et de LA JEUNESSE FACE AUX PROUESSES TECHNOLOGIQUES. Dans cet entretien elle parle de son attachement pour l’éducation des enfants et des jeunes africains.   

LDL : Bonjour Tegra Yav

Vous êtes écrivaine et auteure de deux ouvrages. Pouvez-vous vous présenter davantage à nos lecteurs ? 

TY : Je suis écrivaine et j’ai deux livres à mon actif. Mes deux ouvrages sont L’enfant et l’école et la jeunesse face aux prouesses technologiques. L’ENFANT ET L’ÉCOLE est un essai à caractère sociopolitique et culturel qui défend le respect de droit de l’enfant et de la jeune-fille, écrit depuis 2012, ce premier livre a été publié en 2014. C’est un essai qui interpelle le gouvernement et les parents pour tout ce qui concerne le bien-être de l’enfant et de la jeune fille. Et lutte contre toute forme de discrimination : 

-Mariage précoce ;

-Les enfants de la rue ;

-Enfants soldats ;

-Les travaux de mineurs etc.

LA JEUNESSE FACE AUX PROUESSES TECHNOLOGIQUES est un essai également. Il met en question l’usage de la technologie et surtout des réseaux sociaux par les jeunes, publié en 2016, ce deuxième livre va paraître d’ici mi-août. Ce livre est également une lutte pour une jeunesse responsable qui doit arrêter d’utiliser les réseaux sociaux à tort et à travers et comprendre l’apport positif de la technologie dans la société.  

Vous avez fait votre premier pas dans l’univers des lettres en 2014 avec votre livre L’enfant et l’école. Vous avez à l’époque 13 ans. Qu’est-ce qu’un adolescent, comme vous, avait besoin d’exprimer ? 

C’était un cri d’alarme au gouvernement de mon pays, pour défendre les enfants de mon âge qui n’allaient pas à l’école alors que l’éducation de la jeunesse est la clé fondamentale du développement d’un peuple.

Votre livre “L’enfant et l’école” est un essai à caractère sociopolitique et culturel qui défend le respect de droit de l’enfant et de la jeune fille ? Pensez-vous que les droits de ces créatures innocentes sont vraiment bafoués dans votre pays le Congo et par extension en Afrique et dans le monde ? Si oui, qu’est-ce qui vous le fait penser ? 

TY : Exactement un essai à caractère sociopolitique et culturel. Oui, beaucoup d’enfants ne jouissent pas équitablement de leurs droits comme il faut et outre cela, ils subissent des tortures en tout genre, ils sont faibles et n’ont aucune idée de comment ils peuvent s’exprimer pour faire écouter leurs voix.

J’ai passé et je passe encore la majeure partie de mon temps avec ces enfants, j’essaie de les comprendre et de me mettre dans leur peau. Croyez-moi, plusieurs phénomènes prennent de plus en plus de l’ampleur dans ma ville lubumbashi (RDC) des phénomènes telles que : 

  • Les enfants de la rue ;
  • Les travaux forcés des enfants ;
  • Le mariage précoce ;
  • Les enfants abandonnés etc.

Après la publication de votre livre, avez-vous remarqué des changements de comportements en ce qui concerne le respect de droit de l’enfant et de la jeune fille ?

TY : Oui, aujourd’hui c’est pas seulement ma lutte mais c’est devenu la lutte de tout un peuple et je crois qu’ensemble avec les gens qui me suivent derrière on va bannir totalement ces phénomènes et ainsi beaucoup d’enfants vont jouir équitablement de leurs droits.

Qu’est-ce qu’on ressent en étant la plus jeune écrivaine de son pays à l’époque ? Avez-vous fait objet de critique ou d’appréciation pour cela ? Si oui, comment l’avez-vous vécu ? 

TY : C’est la plus grande fierté que l’on peut ressentir et c’est le moment j’ai vite compris que je devrais marquer mon temps et montrer aux yeux de tout le monde que les enfants africains sont tout aussi plus intelligents que ceux de l’occident. 

C’est quelque-chose qui a changé ma vie dès le jour où les médias ont commencé à m’approcher et c’était juste incroyable et ça continue de l’être d’ailleurs. Une fierté pour tout un pays je dirai. 

Vous êtes foncièrement engagé pour la défense des droits des enfants ? Qu’est-ce qui vous inspire cela ? 

TY : Oui c’est ma plus grande lutte, quoi que je fasse ça reste ma priorité je me bats et je me battrai pour défendre leur cause et je sais que l’avenir de l’Afrique est garantie par l’éducation de sa jeunesse.

Je veux voir un nouveau continent africain, un continent qui sera reconstruit par des jeunes bâtisseurs.

Pouvez-vous nous parler de votre amour pour la lecture et comment cela a influencé votre parcours d’écrivaine ?

TY : Comme on dit souvent avant d’être un grand écrivain il faut être un grand lecteur, la lecture est très importante pour tout écrivain, celle-ci m’a permis de beaucoup apprendre et de voir le monde de ma façon étant jeune écrivain, je me suis beaucoup plus inspiré de plusieurs écrivains dans le monde qui ont influencé ma carrière, ma lutte et ma vision de l’Afrique de demain

Dans votre seconde parution, vous parlez de la jeunesse face aux prouesses technologiques, Comment est-ce que vous vous êtes intéressée à l’éducation des enfants et des jeunes, et en quoi est-ce une priorité pour vous ?

TY : Je me suis intéressé à des enfants parce que moi-même j’étais enfant et je suis jeune.  Chaque être humain fut enfant et l’éducation des enfants est très importante pour leurs épanouissement dans la société. Un enfant qui est bien éduqué est très différent de celui qui n’en est pas et quand plusieurs enfants ou jeunes grandissent sans éducation, c’est un énorme danger pour la communauté d’où je me suis mis à lutter pour la bonne éducation des enfants et le bon développement de la jeunesse qui est l’avenir de l’Afrique de demain.

C’est une priorité pour moi parce que, hier j’étais enfant, et aujourd’hui je suis jeune. J’aimerai que la jeunesse africaine comprenne qu’elle est une valeur sûre pour son continent(Afrique). Le plus grand investissement que l’Afrique peut faire, c’est la bonne éducation de sa jeunesse. 

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées lors de la publication et de la promotion de vos œuvres en tant qu’écrivaine congolaise ? 

TY : La plus grande difficulté pour moi était celle de trouver une bonne maison d’édition.

Comment pensez-vous que la lecture peut contribuer à l’éducation et au développement des enfants en République Démocratique du Congo (RDC) ?

TY : La lecture est très importante dans l’éducation et le développement de chaque enfant. Et je considère ça comme étant un outil indispensable pour la formation des enfants et le progrès de l’humanité. Un enfant qui reçoit une très bonne éducation, sera beaucoup plus épanoui dans la société que celui qui n’a pas reçu une bonne éducation. 

Comment l’écriture a-t-elle changé votre vie personnelle et professionnelle ?

TY : L’écriture est très importante dans ma vie, grâce à elle je sais écrire et chaque jour qui passe je me perfectionne plus dans le domaine, j’apprends des nouvelles choses et je communique ma passion avec la communauté.

Vous êtes aujourd’hui attaché au bien-être des enfants et des filles en particulier. Pour vous quelle est la véritable place de la femme dans la société congolaise et par extension africaine ?   

TY : La parité est loin d’être mise en pratique dans mon pays mais aussi en Afrique. De nombreuses femmes n’ont pas le droit d’exprimer librement leurs opinions dans la société.

Pouvez-vous nous parler brièvement de votre parcours scolaire et de l’effet qu’il a eu sur votre vie en tant que passionné de lecture et de l’écriture ? 

TY : J’ai fait des études commerciales mais j’étais tout autant passionné par l’écriture dès mon enfance. Grâce à l’écriture je suis celle que je suis aujourd’hui et je ne le regrette pas.

Un mot pour terminer cet entretien et où acheter vos livres

TY : L’Afrique doit investir dans l’éducation de sa jeunesse pour assurer son avenir et la jeunesse doit comprendre qu’elle est une valeur ajoutée pour son continent, et elle doit se battre pour le développement de ce dernier.

Mes livres sont disponibles à la maison d’édition Talenta et à la bibliothèque nationale du Congo de Lubumbashi.

Merci !

Carine DJEGUI

Propos recueillis par Carine DJEGUI.  

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