Il était une fois, dans un village, vivait un roi humble et généreux à nulle autre pareille. Celui-ci ne vécut pas longtemps, car il décéda trop tôt à la suite d’une courte maladie mystérieuse. Après les cérémonies de son enterrement vint le moment de choisir son successeur.
Très rapidement, les initiés furent appelés à l’action pour désigner son remplaçant. Cela se fit par la consultation de l’oracle. Le défunt roi avait trois princes, parmi lesquels, celui que l’oracle aura choisi, obtiendra le privilège de succéder au roi.
Les trois princes du roi, OBARAKA, GBOLAGADE, et N’POU N’POU, furent rassemblés autour d’un baobab où aura lieu la consultation. Il s’agissait d’un géant arbre qui trônait à l’entrée du village, enroulé d’un pagne blanc. Après la consultation à tour de rôle par les initiés, le prince N’POU N’POU fut désigné comme le successeur du roi.
Pour son accession au trône de son père, selon la tradition, il devra entrer dans une chambre sacrée située au cœur du palais pour y chercher la couronne.
Cette couronne est de nature à différencier le roi des autres chefs traditionnels. S’il entre et sort avec succès de la chambre sacrée, il sera officiellement élu comme le roi de tout le village. En ce moment, il obtiendra le pourvoir de vie et de mort sur ses concitoyens et sur tout son royaume. Les adeptes de Fâ lui donnèrent cinq jours pour se préparer physiquement, mentalement et mystiquement.
Le jour fixé arriva. Ce fut une aube nouvelle pour un réveil pas comme les autres. Les premiers chants du coq réveillèrent les ménagères qui se mirent à piler le mil servant à préparer le premier déjeuner de la journée. Les coups de pilon réveillèrent les initiés et qui se mirent à faire les offrandes matinales aux divinités qui assurèrent la protection du village.
Les voix humaines, mêlées aux cris d’animaux, commençaient à se faire entendre. Le bruit s’amplifiait au fur et à mesure que s’élevait le soleil.
Le prince, le prochain roi, se positionna devant la chambre sacrée pour aller y chercher sa couronne. Les initiés prononcèrent des paroles magiques sur sa tête pour le bénir et le protéger contre tout mal ou effet de mort. Très courageux, N’POU N’POU entra dans la chambre sacrée, quelques instants après, il poussa un cri lugubre, fort, tenace, semblable à celui d’une personne en agonie.
Des minutes passèrent, des heures passèrent, et une journée passa sans le retour de N’POU N’POU, dont le décès fut découvert.
Après sa mort, les adeptes de Fâ se précipitèrent à faire des sacrifices pour solliciter la clémence des mânes des ancêtres pour que le même scénario ne se produise pas avec les deux autres princes.
Quand vint le moment de désigner le successeur du roi, les mêmes cérémonies furent effectuées. Cette fois-ci, ce fut OBAGADE. Le prochain roi entra dans la chambre sacrée et connut le même sort que son frère.
L’oracle ne révélait pas non la cause de ces morts mystérieuses auxquelles les princes du roi faisaient face. Les initiés n’eurent rien pu faire pour contrer ce mauvais sort. Un jour, l’unique prince du roi qui restait méditait silencieusement les précautions qu’il pouvait prendre pour ne pas subir le même sort que ses autres frères désormais défunts.
Il réfléchit jusqu’à prendre une décision forte. OBARAKA, pour voir clair, décida seul d’aller vérifier la cause de cette nébuleuse chez Tchoukaoura, un autre prêtre du Fâ d’un village environnant. Après les salutations et les révérences, il exposa son problème, Tchoukaoura s’enquit de la situation et consulta.
L’oracle révéla une situation rocambolesque. Tchoukaoura dit « mon fils, ce que je vois est assez étrange. Mais rien de nouveau sous le soleil, tes autres frères qui ont rendu l’âme une fois entrée dans la chambre sacrée sont tous innocents. La réalité est que vos initiés, les adeptes de Fâ qui vous poussent à entrer dans cette chambre sont d’une nervosité légendaire et d’une cruauté extrême.
Ce sont eux qui ont orchestré la mort de tes deux frères. Pour bien t’éclairer, ils ont inventé un fétiche, disposé à l’intérieur de cette chambre sacrée, quiconque entre là-bas verra sa vie ôtée. L’ennemi n’est jamais loin de soi mon fils. Maintenant que tout est clair, je vais te remettre un objet dont tu vas te munir et qui assurera ta protection une fois dans la chambre sacrée »
OBARAKA, très fier et heureux, remercia Tchoukaoura pour les merveilleuses révélations et surtout pour son professionnalisme. Il rentra dans son village, se présenta aussitôt devant la chambre sacrée, les initiés se mirent derrière comme d’habitude pour l’accompagner avec des propos rassurants. OBARAKA entra et chercha la couronne et sortit avec succès.
Les initiés, très stupéfaits, ne sachant plus quoi faire ou dire, restèrent bouche bée pendant un bon moment avant de féliciter OBARAKA pour sa réussite inopinée. Le lendemain, OBARAKA s’installa sur son trône du roi. Les cérémonies de la remise de la couronne eurent lieu dans la quiétude. Les pouvoirs du royaume étaient désormais entre ses mains.
C’est alors que OBARAKA ordonna à ses gardes la mise aux arrêts de ces prétendants prêts du Fâ. Il les présenta à tout le village comme étant les vrais coupables de la mort de ses frères. Il exposa les stratégies qu’ils ont utilisées pour accomplir leur sale besogne. Les deux initiés furent arrêtés et subirent le sort qu’ils méritaient.
Moralité : L’ennemi n’est jamais loin de soi. Un individu ne sera jamais capable de détruire ce qu’il ne sait pas.
AKAKPO K. Paul, Étudiant en Sciences du Langage et de la Communication
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“ L’ennemi ne peut détruire ce dont il n’a connaissance. ” Merci pour cette belle leçon.