CASTELLA  AYILO, UNE LANTERNE SUR LES SOMBRES SENTIERS DE L’EXISTENCE ET DE L’HUMANISME.
CASTELLA AYILO, UNE LANTERNE SUR LES SOMBRES SENTIERS DE L’EXISTENCE ET DE L’HUMANISME.

CASTELLA AYILO, UNE LANTERNE SUR LES SOMBRES SENTIERS DE L’EXISTENCE ET DE L’HUMANISME.

Il est de ces êtres qui s’accrochent à leurs rêves et qui tiennent jusqu’au bout et ceux qui s’y accrochent sans véritablement tenir pendant longtemps. Castella  Woêkédjéa AYILO est une « jusqu’auboutiste ». Elle fait partie des premiers. Malgré les tumultes et orages qu’elle a traversée au cours de son existence, elle a toujours tenue bon, toujours été fidèle à sa personne et à ses convictions. Publié en 2025 aux Éditions Wéziza à Cotonou, l’ouvrage Castella AYILO, L’artiste au destin de roseau, retrace le parcours d’une grande cantatrice et brave femme que le monde n’aie jamais connu. Sur 146 pages, Castella Woêkédjéa AYILO retrace son parcours : ses réussites, ses leçons apprises à l’école de la vie, mais aussi et surtout son expérience de l’humain cet être ondoyant comme le disait Michel de Montaigne. Que cache ce visage de femme si paisible et si souriant qu’on contemple sur la première de couverture ?

I- PRÉSENTATION DE LA COUVERTURE.

L’ouvrage Castella AYILO, L’artiste au destin de roseau, se dévoile à travers une couverture blanche mêlant le noir, l’orange, le jaune et le bleu, formant ainsi un panorama de couleurs. Sur la première de couverture elle est là, souriante, luisante, éclatante : Castella AYILO apparait dans toute sa splendeur avec une discrète signature de son sourire. Le foulard jaune esthétiquement noué sur sa tête, est révélateur. Le jaune évoque une révélation, une annonciation, un signe avant-coureur d’une victoire qui se matérialise à l’horizon. L’expression du visage de l’artiste, exprime la joie mais aussi une farouche détermination, un grand espoir dans le futur. En un mot, son visage illustre qu’elle ne perd pas de vue son objectif. Et que dire de cette main délicatement posé sous le menton, et de cet index qui semble porté le poids de toute la tête, si ce n’est le gage d’une acceptation de soi et d’une confiance sans pareille en ses capacités ! C’est sous cette image de l’artiste si révélatrice et évocatrice qu’apparait l’intitulé de l’œuvre signé en noir. Le blanc de la couverture, exprime la lucidité, la grandeur d’une vision, d’une vie qui n’a pas toujours été rose. Une vie que rehausse la couleur noir pour signifier les périodes troubles de l’existence de l’artiste. La quatrième de couverture, nous donne un bref aperçu de cette œuvre autobiographique, le tout mis en évidence par une sublime image de la diva étant dans son élément.

Castella AYILO, L’artiste au destin de roseau, voilà bien un titre qui en dit long. Un titre qui détient dans ses tréfonds, une kyrielle de mystères qui ont jalonné l’existence d’une créature exceptionnelle. Le roseau, ou encore le Phragmite australis, cette petite plante qui semble si fragile, cette plante qui sait s’adapter au gré du vent, cette plante qui se plie sans jamais se briser, représente ici un destin de guerrière. Oui une existence marquée par toutes les vicissitudes, l’existence de Castella AYILO cette femme qui s’est adaptée au vent et qui a su l’utiliser en sa faveur.

II- RÉSUMÉ DE L’OUVRAGE.

Castella AYILO, L’artiste au destin de roseau, est une œuvre autobiographique subdivisée en quatre différents chapitres. Les trois premiers chapitres comportent le récit de l’enfance de l’auteure, son parcours (professionnel et musical) et enfin le quatrième et dernier chapitre, est un ensemble de témoignages sur l’artiste.

Dans le premier chapitre intitulé : Á l’ombre d’une éducation familiale et religieuse, Castella AYILO raconte son enfance, son cursus scolaire ainsi que ses différentes expériences qui en disent long sur le caractère et la nature de l’homme. Née le dimanche 24 janvier 1954 à Lomé au Togo, Castella est le fruit de l’union entre AYILO Ayayi Samuel, et  Delphine Ehui DEKPOH. Elle occupe la troisième place dans une fratrie de huit enfants. Fille d’un grand bijoutier, Castella a vécu dans une famille où la culture des valeurs éthiques, morales et humanitaires occupe une grande place. Elle fit ses premiers pas à l’école laïque urbaine centre de Cotonou en 1959 où elle obtient brillamment son CEP avec une bourse. Le 13 Septembre 1966, elle fut classée avec deux de ses amies à l’école Sainte Jeanne d’Arc d’Abomey. Elle débarqua donc à Abomey où elle poursuit ses études secondaires. Castella était une brillante élève qui était toujours parmi les premières. Elle était consciente de ses origines et déterminée à atteindre l’excellence. Cependant dès la classe de quatrième, elle reçut un violent choc émotionnel qui troubla sa quiétude mentale. Grâce à sa tante Léocadie et le docteur GOUDJO, Castella retrouva sa santé. Elle reçut son baptême et sa première communion en classe de troisième et passa infructueusement son Brevet à deux reprises. Après l’obtention de son probatoire en première, Castella dû revenir à Cotonou faute de Terminale scientifique à Sainte Jeanne d’Arc d’Abomey.  Malheureusement Cotonou ne sera pas non plus sa terre d’accueil. Après une tentative infructueuse d’inscription au Lycée Coulibaly de Cotonou, Castella mit le cap sur le Lycée Béhanzin de Porto-Novo.  Compte tenu des conditions de vie chez sa tante Dekpoh Léocadie, Castella tombait régulièrement malade. Le scénario de la quatrième reprit et elle dû mettre fin à son cursus scolaire. Elle fut sauvée de justesse par son cousin Lawson Joseph. Castella bien qu’étant chrétienne, elle très attachée à ses valeurs traditionnelles, héritage de son feu père. Les aléas de l’existence l’ayant poussée à faire le tour des différentes formes croyances, elle parvint à la certitude de l’omnipotence de Dieu et se consacra à lui uniquement tout en continuant de participer uniquement au volet culturel de la tradition. Castella a été déçue par sa sœur et sa propre fille en qui elle avait placées certaines attentes.

Dans le deuxième chapitre intitulé : Ce que la vie m’a appris, Castella AYILO apparait sous son jour de combattante, de femme guerrière. Sinon, comment peut-on appeler une femme que rien n’a réussi à briser ? Ni la mort de sa mère survenue à une période trouble de sa vie, ni l’irresponsabilité et les vices de son époux, ni les manigances et coup bas de ses supérieurs hiérarchiques et employeurs, ne l’ont poussé à jeter l’éponge. Mère célibataire ayant à charge trois enfants, enseignante, secrétaire, bar woman, parfois et active participante de la vie politique de son pays, Castella AYILO est un super héros qui a de multiples costumes. Allant de façon aléatoire, de la mort de sa mère en décembre 1981, de sa séparation avec son époux la même année et la mort de celui-ci. De sa soutenance en décembre 1987, de sa lutte contre sa maladie en 1988, de son inscription à l’université en 1984, de sa reprise de fonction en 1995 après la longue période de sa maladie, en passant par sa reconnaissance en tant qu’agent modèle en 2003. Et enfin à son militantantisme dans la grève de 1968, Castella AYILO n’a rien d’une femme ordinaire, elle est une survivante, une vainqueure, une leader, une agoodjié qui à aucun moment n’a courbée l’échine, ni devant les difficultés, ni devant les vices du système administratif de son pays.

La musique et moi, c’est ainsi que sonne le troisième chapitre de cette autobiographie. Castella y dévoile à la face du monde, sa passion pour la musique à laquelle elle déclare sa flamme. Dès son jeune âge, Castella devint membre de la chorale de l’église protestante Béthel de Guinkomey qu’elle intégra grâce à son père. De ses débuts jusqu’à la sortie de son premier album en 2003, Castella avait travaillé avec de nombreux groupes musicaux. Du duo Rossignol Castella y Miguel à un orchestre proprement dit, en passant par Black Santiago et bien d’autres, Castella était depuis le début, une véritable star. Ayant sorti son premier album avec Perpétue DAGBETO, album enregistré par le grand Nel Oliver, Castella enchainait ses morceaux jusqu’à la nomination de l’un de ces derniers au Marché International du Disque et de l’Édition Musicale. Son second album fut lancé en août 2005. Quelques jours avant le lancement de cet album sa moto fut volée et le lendemain du lancement, elle s’offrit un véhicule. Castella fit de nombreux voyages grâce à la musique notamment un voyage en Corée du Sud.  Comment Castella AYILO a-t-elle pu surmonter le drame du 07 janvier 2012 et bien d’autres obstacles qui se sont dressés sur son parcours musical ?

Dans le dernier chapitre intitulé Témoignages, ils ont été nombreux à rendre hommage, à louer et à affirmer à haute voix que Castella AYILO est bien cette star, cette héroïne, cette agoodjié, cette mère, ce modèle, cette combattante, cette femme rigoureuse et travailleuse comme l’illustre son parcours.

III- CASTELLA AYILO OU L’AGOODJIÉ CONTEMPORAINE ?

« Le plus important n’est pas ce qui nous arrive mais la rage avec laquelle nous faisons face aux événements. » écrit Castella AYILO à la page 68 de son autobiographie. Cette affirmation qui parait si simple est d’une extrême complexité puisqu’il s’agit d’une vérité qui est devenue une certitude pour l’auteure après des années d’apprentissage à l’école de la vie. Puisqu’on échoue jamais à cette école ; on apprend toujours. Grand Corps Malade disait qu’: «  à l’école de la vie, tout s’apprend tout s’enseigne ». Et c’est bien fort de cela que Castella AYILO, cette femme qui aurait dû rester à terre après ses nombreuses chutes et rechutes, a su se relever témoignant ainsi de toute sa bravoure et résilience face à l’adversité.  Après sa brillante réussite au CEP, Castella commença le lycée jusqu’en classe de 3ème où sa résilience fut mise à l’épreuve. Elève brillante, elle échoua au Brevet lors de la session normale. Cela ne refroidit nullement son ardeur. Elle tenta encore de le décrocher au second tour et ce fut pareil. On pourrait se demander : comment a-t-elle pu avoir le courage de continuer les classes malgré ses deux échecs successifs ? Justement parce que comme elle l’a écrit à la page 25 : « Je savais d’où je venais et où j’allais. ». Cette affirmation témoigne de toute sa détermination et de toute sa confiance en ses capacités de réussite.  Castella AYILO n’est pas née lionne, mais ce sont les épreuves et expériences de la vie qui ont contribué à forger ce caractère, cette image qu’elle possède. Il est important de souligner qu’après sa maladie et ses nombreuses rechutes, Castella a décidé de poursuivre ses études. Cette-fois ci, elle n’a pas pu s’inscrire en Terminale D au lycée Coulibaly de Cotonou. Sa prochaine tentative au lycée Béhanzin de Porto-Novo, fut la bonne et cela illustre pleinement le fait que les fruits de la persévérance finissent toujours par payer comme le disait le célèbre cinéaste et philosophe sino-américain Bruce Lee.  Á chaque étape de sa vie, Castella AYILO a eu droit à composer les épreuves les plus ardues de l’existence. Épreuves face auxquelles elle n’a jamais passé son tour. Dans cette autobiographie où elle livre son parcours, Castella a été confrontée à des difficultés autant sur le plan professionnel que sur le plan humanitaire. L’expérience qu’elle a eue avec sa sœur jumelle, n’a fait que l’aider à grandir davantage. Elle n’a pas hésité à toujours faire passer l’intérêt des autres avant ses intérêts propres, et comme elle le dit dans le livre, elle a souvent été payée en monnaie de singe. Ce n’est pas pour autant qu’elle a arrêté de faire le bien et d’ailleurs elle l’affirme à la page 118 : « Personnellement en ce qui me concerne, l’intérêt général est mon leitmotiv. Je fais les choses pour que tout le monde puisse en bénéficier. J’ai toujours pensé à ma famille avant tout. ».

Soulignons que Castella AYILO est un véritable exemple pour les jeunes d’aujourd’hui et les générations à venir car à travers son parcours, elle leur permet de prendre conscience de la nécessité de persévérer. Sa rigueur dans le travail et sa nette distinction entre vie professionnelle et vie privée, sont des lanternes qui éclaireront de nombreux jeunes. Á travers son parcours professionnel et tous les maux dont elle a été victime en tant que femme fonctionnaire et employée, elle démontre que rien ne peut fléchir la volonté d’une femme qui sait ce qu’elle veut et qui ne cède pour aucune raison à la facilité. On lit la valeur qu’elle accorde à ses principes dans ses propos à la page 73 de son autobiographie lorsqu’elle fut harceler par son patron au moment où elle était en fonction à l’Hôtel du Port. Des propos qui montrent qu’une femme qui est profondément ancrée dans ses principes et qui possède une grande vision doit s’attendre à tout. Elle écrit : « C’est ainsi que je fus compressé tout simplement parce que j’avais refusé d’aller dans leur lit. ».

IV- CASTELLA AYILO, UNE MUSICIENNE DANS L’ÂME OU QUAND L’ART SAUVE.

Castella et la musique forment une forte et intense union. Une union éprouvée par des orages et des tumultes. L’artiste était une diva dans l’âme qui au fil de son existence, s’est dévoilée, s’est révélée au monde. Elle était depuis son enfance bercée par la musique. En effet, dès son plus jeune âge, son père décela en elle, des graines d’une célèbre cantatrice. Il a nourrit cette graine jusqu’à ce qu’elle devienne une plante et plus tard un arbre dont une foultitude bénéficie de l’ombre. Castella AYILO parlant de son père, écrit à la page 93 : « Lorsque je le suivais pour les cultes, il a décelé en moi un talent musical. ». Cette passion qu’elle éprouvait pour la musique, n’a en réalité cessé de croitre et c’est cela même qui lui permit de savoir qu’elle était dans son élément, sur sa véritable voie. S’étant inscrite à la fois au Club de musique et de théâtre lorsqu’elle était encore au collège Sainte Jeanne d’Arc d’Abomey, Castella avait une attirance plus particulière pour la musique. Elle confesse toujours à la page 93 : «  La musique prit le dessus. ».

Il est important de notifier que la musique pour Castella AYILO, est plus qu’une porte de sortie, elle est un talent, un don inné, une force dont elle a reconnue l’efficacité et la force à de nombreuses occasions de son existence. Le parcours de Castella confirme l’idée selon laquelle une valeur ajoutée, un complément est toujours utile dans certaines occasions. Son parcours nous sert ici de feuille de route, de lanterne au sein de nos expériences de vies individuelles. La musique n’est pas uniquement pour Castella AYILO une passion, un don mais aussi une carte favorite qu’elle sait sortir pour retourner les situations et reprendre les rênes de sa vie lorsque les flots de l’existence semblent l’envoyer ballotée dans les vagues du désespoir. Elle nous donne la preuve que l’art est capable de sauver si on y fait recours. La musique a été son véritable sauveur et ce, même étant malade, la musique a été pour elle source de guérison. Elle écrit à la page 71 : « Je puis dire que si j’ai pu tenir et sortir la tête de l’eau, c’est bien à cause de la musique. Elle m’a vraiment aidé à me remettre et à tenir pendant les quatre années de maladie. ». En un mot, la musique et Castella AYILO, une longue et tumultueuse histoire de cœurs, une intense histoire d’amour.

CONCLUSION

L’ouvrage Castella AYILO, L’artiste au destin de roseau, plus qu’un simple ouvrage, est un miroir qui révèle le caractère multidimensionnel de l’humain. Il nous montre que l’humain est capable d’accomplir bien qu’il ne le pense, qu’il possède au fond de lui cette flamme qu’il ne doit jamais laisser s’éteindre : la flamme de la persévérance. Celle-ci repose à son tour sur une kyrielle de qualités telles que : la clarté de la vision, le travail, la détermination, le courage, la confiance en soi et la foi. Castella AYILO telle une intarissable source de sagesses et d’amour, a su livré avec délicatesse et réalisme les fondamentaux d’une existence active. Une existence responsable et pleinement consciente au cours de laquelle l’être prend en main sa destinée et la façonne tel un potier face à l’argile.

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