Dring….Dring (sonnerie de portable)
Léon émergea difficilement de son sommeil. À vrai dire, il ne peut en être autrement vu la manière dont il a besogné hier soir sur sa mission en cours. Cette dernière, bien que n’étant pas officielle, se révèlera comme un véritable scoop. Sans aucun doute, c’est le coup de boost dont sa jeune carrière a besoin. Léon est un jeune reporter qui travaille pour un quotidien indépendant. Sorti fraîchement d’une université de la place, il a su, grâce à son courage, son intelligence et son envie de gravir les échelons, se faire une place au sein de ce quotidien reconnu comme étant l’un des meilleurs du pays.
La tête en feu et la bouche pâteuse, Léon essaya tant bien que mal d’attraper son mobile sur la table de nuit. Ne pouvant y arriver, il actionna l’interrupteur situé juste au dessus de son lit. La lumière eut pour effet de lui éclairer les idées. Un coup sur son réveil et il constata qu’il était 1h du matin.
-Qui peut bien l’appeler à cette heure ? Se questionna-t-il
Le numéro inconnu affiché sur son support connecté ne fera que décupler sa peur. Pourtant, une voix intérieure le pousse à répondre.
-Allô, c’est qui ?
-Un homme avec une voix de stentor lui répliqua aussitôt. Ne coupez pas ! Vous ne me connaissez pas, mais je vous prie de m’écouter attentivement. Je sais que vous travaillez actuellement sur un complot qui implique des hommes d’Etat corrompus et des trafiquants d’armes. J’avais moi-même creusé le sujet et j’ai présentement en ma possession des documents qui peuvent vous être d’une grande utilité. Étant donné le courage et l’ambition dont vous faites preuve, je ne doute pas que vous en fassiez bon usage. Si vous êtes intéressé, je vous envoie mon adresse par message. Surtout, je dois vous rencontrer au plus tard à 4h. En réalité, je dois quitter incessamment le pays. Des hommes liés à cette affaire sont sur ma trace. À bientôt !
L’homme derrière le combiné débita tout cela d’un trait. Comme s’il l’avait appris par cœur.
Léon s’assît lourdement sur le bord de son lit, la tête entre les mains. Là, il faudra faire le choix de la raison.
-Faut-il y aller ? S’interrogea t-il. De nombreuses questions lui trottèrent par la tête. Doit-il appeler la police ? Cette personne veut-elle vraiment l’aider ? Comment a-t-elle su qu’il travaillait sur un tel projet ?
Au vu des éléments glanés ça et là, il se dit qu’il était assez avancé dans cette affaire. Cette rencontre lui permettra sûrement de trouver réponse à ces autres questions. Au même moment, son portable émit un bip. C’est un message. L’ouverture de ce dernier acheva de le décider. Il se rendra bel et bien sur les lieux.
Léon ne prit pas le temps de prendre une douche. Il se vêtit simplement d’un jean et d’un tee-shirt. Rapidement, il dévala les escaliers de son appartement situé au troisième étage d’un joli immeuble, elle même à Aidjèdo. Le temps s’ouvrir le garage et de se mettre au volant de sa 4*4 et il était presque 2h du matin. Il renseigna l’adresse GPS à lui envoyer par l’anonyme. Celle-ci indiqua un quartier mal famé de Cotonou : Zongo. Ce dernier était bien connu pour abriter un nombre important de ghettos. Mais à cette étape, rien n’était plus important pour Léon que de rentrer en possession de ces documents compromettants. 15 minutes de route plus tard et il s’engagea sur un chemin sinueux et caillouteux. Nul doute que cette partie de la ville était un véritable contraste par rapport aux quartiers plus cosy. Des maisons en chaumières, d’autres en terre cuite… Bref, un tableau digne d’un décor flippant. Partout, c’était l’odeur de la misère, du vol et du rançonnement. Léon remercia le ciel de n’être pas venu dans la journée. Ça aurait été le monde dans un autre monde. Ne pouvant plus continuer vu l’état du sentier, il laissa son véhicule dans une allée déserte. Le silence, presque pesant, avait envahi les lieux. Quelques fois, au loin, les cris des oiseaux rappelaient qu’on était encore sur la terre. Pour ne pas se perdre, il renseigna à nouveau le GPS dans son portable. Cette fois-ci, il indiqua un entrepôt situé juste à proximité.
-Je suis arrivé. Pensa-t-il.
Il fila rapidement et le voilà au devant de l’entrepôt
-Que doit-il faire ?
Il décida de rappeler le numéro qui l’avait appelé. Seulement, c’est un grand silence qu’il eut en réponse. L’anonyme, vu la situation, a sûrement dû quitter le pays. Il ne pouvait en être autrement selon Léon.
Ce sont ces pensées qui lui passaient par la tête lorsqu’il vit deux hommes assez baraqués venir de loin. Sans aucun doute, ce n’est pas ce à quoi il s’attendait. Pourtant, il ne prit pas peur. Les deux avançaient rapidement, l’un avec une torche, l’autre avec un objet qu’il ne distingua que trop tard : un pistolet. Le temps de placer un mot qu’une balle siffla à côté de son oreille (…)
Cédric DJAGBA. Titulaire d’une licence en Philosophie (FASHS-UAC). Étudiant inscrit en 3e Année de Droit Privé à la FADESP-UAC.
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