Croyez-vous en un dieu ? Ou devrais-je dire aux dieux divinatoires ? Peu importe ! Je sais déjà que j’aurai des réponses hypocrites, rire. En parcourant les pages du roman « Un os dans la gorge des dieux » de Gaston Zossou, j’ai été sidéré, épaté. Je ne voulais même pas que la lecture s’achève. Malgré une dévoration traînante, j’ai fini par atteindre la dernière page.

Dès le début, l’auteur expose les différentes perceptions des dieux selon les religions , en passant par le catholicisme, le protestantisme et les évangélistes. Mais c’est avec Shango, le dieu du tonnerre et de la foudre, que tout commence réellement.
Avez-vous déjà assisté à la fête du dieu Shango ? Cette célébration annuelle est un moment clé où l’un des prêtres est choisi pour incarner le dieu. Lors de cette cérémonie, alors que la foule était en pleine attente, un jeune prêtre se détacha soudainement et brandit la hache de Shango : il venait d’être désigné comme l’élu. Dès lors, Shango prit possession de son corps. Sa voix devint caverneuse, et la terreur s’installa parmi les spectateurs. Tous s’inclinèrent en signe de respect… Tous, sauf un homme : Tadjin.
Tadjin, ou plutôt So-Glo, était un initié du culte de Shango. Mais lorsqu’il tenta de s’intégrer au panthéon des prêtres, il fut rejeté avec mépris. Il en conçut une rancune tenace et défia ouvertement le dieu. Outrés, les dignitaires de Shango cherchèrent par tous les moyens à se débarrasser de lui. Malheureusement, tous leurs stratagèmes échouèrent. Tadjin possédait une ceinture mystique qui le protégeait de toute attaque.
Face à cet échec, les prêtres de Shango décidèrent de s’allier à une autre divinité : Ogou, le dieu du fer et de la guerre. Ils se rendirent chez ses adorateurs pour implorer son aide. Ogou, connu pour sa puissance destructrice, était leur dernier espoir. Mais lorsque les prêtres d’Ogou invoquèrent leur dieu, il resta silencieux. Rien ne se produisit. L’attente se transforma en honte, et le chef du culte d’Ogou, incapable de supporter l’humiliation, se donna la mort en se pendant.
Trois ans passèrent. Trois ans de honte pour les adorateurs de Shango. Trois ans où Tadjin défiait leur divinité sans être inquiété. Jusqu’au jour où ils trouvèrent la faille : « la femme ».
Ne dit-on pas qu’une femme peut faire chuter un homme, aussi fort soit-il ? L’histoire de Samson et Dalila en est l’exemple parfait. Un homme peut être invincible, il peut défier dieux et esprits , mais face à une femme, il peut tout perdre. Les prêtres de Shango décidèrent alors d’utiliser cette arme redoutable.
Ils se rendirent dans une maison close et négocièrent avec la patronne, qui leur envoya l’une de ses plus belles filles. Son rôle était simple : séduire Tadjin, le piéger et lui faire abandonner son amulette de protection.
La jeune femme, habile comédienne, se présenta chez Tadjin en pleurs, simulant la détresse. Elle prétendit être pourchassée par les prêtres de Shango et implora son aide. Touché, Tadjin la recueillit. Séduit, il céda. Et dans l’extase du plaisir, il commit l’irréparable : il remit lui-même son amulette à la jeune femme.
Désormais vulnérable, Tadjin ne se doutait pas que son destin était scellé. Le lendemain, alors qu’il partait en forêt pour confectionner une nouvelle amulette, le ciel s’assombrit brusquement. Une tempête éclata. Avant même qu’il ne comprenne ce qui lui arrivait, un éclair fendit le ciel et s’abattit sur lui. Tadjin mourut, frappé de plein fouet par Shango.
Les prêtres exultèrent. Enfin, leur dieu s’était vengé. Mais leur triomphe fut de courte durée. Une silhouette surgit dans la foule. Un fantôme ? Non, c’était Ogou. Humilié par son échec passé, il déchaîna sa propre colère et se mit à décimer tout sur son passage. Sa fureur ne s’apaisa qu’aux portes de l’église catholique, à quelques mètres des lieux du drame.
Œuvre : Un os dans la gorge des dieux
Auteur : Gaston ZOSSOU
Édition : Savanes du continent
Présentateur : Dieudonné Kayossi Kodukpè ABILE
Une oeuvre à l’intrigue intrigante et révélatrice de la puissance des dieux du panthéon béninois !