Une ambiance majestueuse accompagnée des danses des strip-teaseuses sur scènes se faisait remarquer de l’autre coin de la rue, dans l’un des restaurants les plus visités. L’intérieur était équipé d’une scène sur laquelle les jeunes demoiselles, à moitié nues, offraient une danse pour pouvoir se procurer de l’argent.

Soudain, deux grosses voitures noires s’arrêtèrent devant le restaurant. Cinq hommes sortirent, l’un d’eux se précipita et ouvrit la porte. Un homme, cheveux soigneusement bien coiffés, lunettes aux yeux, ses doigts ornés des bagues prestigieuses, vertu d’un costume sur mesure avec des chaînes en or, en sortit. À peine avait-il mis le premier pied sur terre que tout le monde baissa la tête. Il sortit, ajusta sa veste et prit le chemin du restaurant.
Cet homme n’était rien d’autre que le grand parrain, Don Vincenzo, connu pour sa force et pour sa capacité à faire de ses ennemis un serpillière, nul n’oserait l’affronter. C’était plus qu’un monstre. Son sourire, rarement vu, ne sortait que quand il était sur le point de commettre un acte ignoble.
Dès son entrée, tout ce qui se trouvait là se prosternait. Un homme du restaurant se précipita vers lui.
— Monsieur, soyez le bienvenu, ils vous attendent de l’autre côté.
L’homme hocha la tête et prit une autre direction du restaurant, il marcha dans le couloir, accompagné de ses hommes jusqu’à s’arrêter devant une porte devant laquelle deux hommes, chacun gardant un pistolet se trouvait là. Il se prosternait devant Don Vincenzo. Puis l’un d’eux s’empressa d’ouvrir la porte.
À l’intérieur, cinq personnes se trouvaient autour d’une grande table. À la vue du parrain, ils se levèrent tous et le saluèrent.
— Vous pouvez vous asseoir, ordonna-t-il en s’asseyant. Alors ? Comment vont les choses ? Qu’avez-vous fait de ce jeune avocat ?
Lucas, un homme puissant du cercle, un narcotrafiquant, se redressa sur son siège.
— Il est actuellement sous contrôle, répondit-il.
— Sous contrôle ? Qu’avez-vous fait exactement.
— Nous l’avons piégé, répondit Pablo.
Pablo était un amateur de jeu, doté d’un casino, il l’utilisait pour soutirer de l’argent à ses joueurs afin de les mettre à sa merci. Maître du jeu, truquer une machine était pour lui un jeu d’enfant.
La réunion se poursuivit dans une ambiance rythmée par les sons qui venait de l’autre côté.
— Je suis si fier de l’entendre, cet homme a osé me menacer, moi, le plus puissant de tous.
— Il n’oserait plus le faire, rassura Élise.
Élise ? C’était la propriétaire du dit restaurant, elle exploitait les filles comme si ces dernières étaient une poupée.
— J’espère que vous n’aviez pas laissé de trace ?
— Aucune trace, vous pouvez en être sûr et certain. Actuellement même, toutes les preuves lui tomberont déçues.
Le parrain fit un signe à l’un de ses hommes qui se précipita vers lui avec une petite mallette à la main. Dès que le coffre fut ouvert, il saisit la grande cigarette qui s’y trouvait à l’intérieur et le mit à sa bouche. Lucas se pencha vers lui et alluma son briquet.
— Merci ! Brian, dis-moi, quand est-il de tes armes ? Ils sont à quel niveau ?
Brian, était l’homme le plus timide du cercle. Il ne parlait pas beaucoup, pour lui, les actions étaient plus importantes que les mots. Il était le trafiquant d’armes le plus célèbre du pays. Ancien militaire, renvoyé pour avoir abusé d’une cuisinière, il avait gardé contact avec tous ces hommes qui pouvaient lui en procurer des armes. Aucune arme n’échappait à son contrôle. Les armes étaient comme un bijou. Il respira d’un coup, s’ajusta dans son siège.
— Mes armes seront là demain, j’ai eu mes gars de Russie au téléphone, vous pouvez être tranquille.
— Très bien, parlant de l’avocat. Quel sort l’avez-vous réservé ? Le tout ne suffira pas de le piéger. Connaissant ce guignol, il montera jusqu’à moi ou il finira par s’en sortir.
— Jamais, lança une voix rauque.
C’était le deuxième monstre du groupe, Maurice, tuer pour lui n’était qu’un jeu d’enfant, il pouvait tuer n’importe qui à n’importe où et à n’importe quel moment.
— Comment ça jamais ? s’enquit le parrain.
— Nous avons bien organisé les choses et personne, n’oserait le sauver.
— Comment l’avez-vous piégé ? Que s’est-il passé ?
— Nous l’avons atteint grâce à sa secrétaire, répondit Maurice, elle nous a aidées avec des informations. Et c’est là que nous avons fait le nécessaire. À l’heure qu’il est, la police serait en train de lui montrer des preuves irréfutables de son crime.
— Qui s’occupe de l’affaire ? demanda le parrain.
— Ceux qui s’occupent de son affaire sont sous contrôle, ils ne feront rien de stupide.
— Je n’attends rien que des bonnes nouvelles de votre part, que cet homme sache qu’on ne s’amuse pas avec n’importe qui. Il aurait dû s’abstenir et non mettre ses nez dans nos affaires.
— Nous allons faire de lui une bouchée, rassura Maurice.
— J’ai hâte de voir ça et, n’oubliez pas de m’appeler si jamais vous remarquez que ce n’est plus à votre contrôle. Ou, mettez-le en état de nuire.
Sur ces mots, le parrain se leva, ouvrit la bouche et fit sortir une grande fumée. Il hocha la tête et prit la sortie. La réunion était terminée.
La porte de la salle interrogatoire s’ouvrit sur une jeune femme, dossier à la main, elle entra, faisait clignoter ses talons pointus sur le sol. Soulevant la tête vers cette dernière, un sourire noir se dessina sur les lèvres de Raymond, il l’avait reconnu, c’était l’inspectrice Lola de la police criminelle, une compétente qui ne laissait rien échapper sa vigilance. Elle tira la chaise et s’assit.
— Monsieur Raymond, qui l’aurait cru ? demanda-t-elle en posant ses deux mains sur la table, qui aurait cru qu’un jour, vous serez là, sur ce siège ?
— J’ai besoin d’un avocat !
— Je sais que vous aviez besoin d’un avocat, mais pas maintenant.
— Comment pas maintenant ? Vous ne pouvez pas me priver de ce droit comme tous les autres. D’ailleurs, depuis hier, on me refuse de passer un coup de fil. Pourquoi donc ? Qu’ai-je fait ?
Lola tourna la tête dans tous les sens comme si elle cherchait quelque chose.
— La question, est-ce pour moi ou pour quelqu’un d’autre ?
— Inspectrice, y a-t-il quelqu’un d’autre ici ? Dans cette pièce ?
— Vous me demandez quelque chose dont vous avez déjà idée ? Vous n’avez pas changé du tout. Qui oserait défendre un avocat qui a assassiné son collègue ?
— Je n’oserais jamais tuer mon associé. Ça serait une erreur.
— Qu’est-ce qu’un homme ne ferait pas pour le pouvoir ?
— De quoi parlez-vous au juste ?
— Vous voulez que je vous rafraîchisse la mémoire ?
— Je ne vous suis pas du tout.
— Commençons par le début, il y a quelques jours, votre cabinet a remporté un procès qui aurait apporté une masse de blé. Votre patron a dit qu’il aimerait grader quelqu’un d’entre vous les deux. Histoire de vous récompenser. Cet homme qui a été retrouvé mort dans votre coffre. Comment il s’appelle déjà ? Rodrigo, n’est-ce pas ?
— Je ne ferai jamais quelque chose pour nuire à mon ami.
— Quelqu’un que vous avez menacé de mort ? Et qui a été retrouvé mort dans votre voiture deux jours plus tard ? Ou quelqu’un d’autre ?
— Écoutez, c’était un malentendu.
— Pour l’avoir tué ou pour avoir essayé d’emmener le corps à quelques parts, loin des regards ?
— J’ai besoin d’un avocat, je ne dirai plus quelque chose.
Après s’être levée, Lola ouvrit la porte et glissa quelques paroles au policier qui veillait sur eux. Ce dernier hocha la tête et partit. Lola referma la porte et se retourna vers Raymond.
— Vous aurez le coup de fil dans quelques minutes.
— Je vous attends.
Au même moment, la porte s’ouvrit lentement sur le policier. Lola se leva, prit le téléphone et le remercia.
— Vous avez cinq minutes, pas plus.
Raymond saisit le téléphone, pianota le clavier et porta le téléphone à son oreille gauche. Lola se leva et commença par faire les allers et retours, regardant son hôte.
À suivre…
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