L’Homme Moïse et la religion monothéiste de Sigmund Freud
L’Homme Moïse et la religion monothéiste de Sigmund Freud

L’Homme Moïse et la religion monothéiste de Sigmund Freud

Qui était Moïse ? La mort de Moïse, l’égyptien n’est-elle pas un meurtre ?  Comment devient-on un grand homme ? Sigmund Freud, à travers son œuvre l’homme Moïse et la religion monothéiste, nous ramène dans les traces de l’histoire de la religion monothéiste, de l’origine de l’antisémitisme, et fait une analogie entre le culte juifs et  la psychopathologie chez l’enfant et l’adulte.

Comme il le dit lui-même, dans les lignes à la découverte de l’histoire, « la difficulté n’est pas d’exécuter le crime, mais d’en éliminer les traces. » Traces qu’il tente de retrouver et d’analyser dans les dimensions les plus profondes de développement de l’histoire de la religion monothéiste. Sur 282 pages, Sigmund Freud, à travers son ouvrage l’Homme Moïse et la religion monothéiste publié aux Éditions Petite Biblio Payot ( PBP ) nous renvoie aux origines du monothéisme chrétien. 

ANALYSE DE L’ŒUVRE L’HOMME MOÏSE ET LA RELIGION MONOTHEISTE 

À travers l’analyse de l’histoire, Freud nous montre que les phénomènes religieux ne sont compréhensibles que grâce au modèle des symptômes névrotiques qui nous sont familiers chez l’individu. Ils agissent sur les hommes par la force de leur teneur historique. Dans l’histoire, c’est avec Amenhotep IV un jeune pharaon de l’empire de l’Égypte, qu’est apparue la notion de dieu unique.

Ce dernier à travers le pressentiment d’une connaissance scientifique acquise ultérieurement, voir à travers le soleil la manifestation d’un Être suprême. C’est avec lui qu’on eût la première religion monothéiste pure. Toutefois, c’est avec Moïse que les juifs eurent la représentation du dieu unique. Autrement dit, le monothéisme juif est un produit du monothéisme égyptien.

Dans son analyse, Freud montre que le silence qu’il a eue dans l’histoire de la religion monothéiste juif est comparable à une période de latence où il eut une névrose traumatique. Il explique que les personnes ayant vécues avec les Egyptiens finirent par se confondre avec eux, quand les Égyptiens mirent terme à la vie de leur législateur Moïse. 

Les Egyptiens dans leur envie de réécrire l’histoire, ont fait une  falsification de celle-ci pour faire disparaître le sort qu’ils avaient réservé à Moïse. Cependant la tradition contient toujours la véritable histoire que semblent déformés les écrits. La religion monothéiste Aton qu’avait apportée Moïse fut rejetée par les juifs. Mais cette religion monothéiste mosaïque n’a pas disparu puisqu’elle est ressuscitée dans le concept du dieu Yahvé. Ce fait de l’histoire relève cependant de la psychologie de masse.

Dans une confrontation des traumatismes et des rites religieux, Freud illustre que les totems familiaux ainsi que l’établissement des règles familiales correspondent aux éléments du culte chrétien. Selon Freud, l’idée délirante recèle un fragment de vérité, ce qui justifierait également le fait que les dogmes religieux portent en eux le caractère de symptômes psychotiques. 

Il montre cela à travers les pharaons, qui, les premiers à installer une religion monothéiste, on assisté à un déracinement du culte monothéiste. Les juifs se sont emparés du monothéisme égyptien et  se sont érigés en race choisie. Ainsi l’histoire du monothéisme est comparable à un traumatisme névrotique. 

Sigmund Freud nous apprend à travers cette œuvre que le monothéisme chrétien est héritier du rite totémique. La religion chrétienne s’est développée en opposition au judaïsme ( prédominance du fils sur le père ). Où le christianisme, explique Freud dans sa tentative de démarcation, logea sous un voile transparent les figures de divinités polythéistes.

CRITIQUE DE L’ŒUVRE MOISE ET LA RELIGION MONOTHEISTE

L’œuvre, l’homme Moïse et la religion monothéiste  est une œuvre majeure qui constitue le fondement de toute la pensée de Freud. Freud, en se mettant dans une posture d’analyste de l’histoire, lève le voile sur ce qu’est l’origine de la religion monothéiste. Il nous embarque à travers son œuvre, à faire un voyage de confrontation éternelle entre deux peuples principaux : les juifs et les Egyptiens. 

Étant entendu que les Israélites sont une part des Égyptiens sauvés par Moïse. Freud nous montre comment Moïse est devenu le père de la religion monothéiste, mais aussi que la terre de naissance du monothéisme est l’Égypte, bien qu’étant un empire polythéiste. L’art avec lequel il raconte l’histoire et fait la description des différentes figures est classique et esthétique. 

Toutefois, l’ouvrage est écrit dans un style hermétique, et est destiné à un public réduit. La syntaxe et l’usage des mots est relatif à un cadre psychanalytique. La lecture de cet ouvrage demande au lecteur un pré-requis fondamental pouvant servir de propédeutique à la compréhension. Cet ouvrage peut également sembler, à première vue, être un cimetière pour  la foi des croyants et d’un nombre donné de croyances religieuses monothéistes.

Notons également cependant que l’auteur dans son œuvre s’est pour la majeure partie fondé sur des hypothèses et  des conjectures. Et cela malgré le fait qu’il appelle parfois au renfort d’autres auteurs qui ont déjà été sur le terrain sur lequel il s’aventure. Le constat qui saute à l’œil dans l’œuvre est que le sujet est abordé dans le but de donner du poids à des thèses psychanalytiques. 

Et comme on le remarque d’ailleurs, c’est un ouvrage qui constitue le socle de sa pensée. Donc il est à la quête d’éléments pouvant lui permettre d’asseoir correctement sa pensée. Aussi, trouvons-nous une forme d’exagération ou du moins de dogmatisme à ramener les moments de l’histoire aux traumatismes névrotiques. Le connaissant psychanalyste et fondateur de la théorie sexuelle de l’enfant, il tente de concilier toutes les facettes de l’histoire aux pulsions sexuelles.

Retenons que l’analyse de cet ouvrage fondamentale nous a permis d’aiguiser encore plus nos connaissances sur les notions relatives au monothéisme chrétien et surtout aux cultes de l’Égypte antique. Nous avons également découvert l’origine de l’antisémitisme et de la haine de soi.

AVIS SUR LE LIVRE L’HOMME MOÏSE ET LA RELIGION MONOTHEISTE 

L’origine de la religion monothéiste est souvent associée à Moïse, qui est considéré comme le père. La naissance du monothéisme renvoie à la quête de l’origine de son supposé père fondateur : Moïse. Le culte des dieux dans l’ancienne Égypte et le culte monothéiste semblent se confondre. Si d’une part, l’Égypte est caractérisée par le culte polythéiste, on retrouve également au sein de cette même Égypte, le monothéisme. 

Cette dernière est source de discorde entre les différents successeurs au trône. Chaque dirigeant érige son propre culte des dieux. Cependant, une grande interrogation se pose: la religion monothéiste mosaïque n’est-elle pas une transposition du culte d’Aton, d’Iknaton ?  Le peuple d’Israël dont Moïse en est le libérateur de la tyrannie du pharaon n’est-il pas  une race choisie sur l’unique critère de la circoncision ? 

BREF APERÇU SUR L’AUTEUR

Sigmund Freud, né le 6 mai 1856 à Freiberg (Empire d’Autriche) et mort le 23 septembre 1939 à Londres, est un neurologue autrichien, fondateur de la psychanalyse.

Régis Mahougnon HANTAN

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