Kant sans kantisme de Gérard Lebrun
Kant sans kantisme de Gérard Lebrun

Kant sans kantisme de Gérard Lebrun

La philosophie kantienne ou encore le kantisme est l’une des plus grandes philosophies qui a marqué l’histoire de la philosophie moderne et pourquoi pas de toute la philosophie en générale. Ce système de pensée qu’est le kantisme est aussi riche, passionnant que sombre. Tout en s’inspirant de la philosophie antique, il sort des sentiers battus par celle-ci afin de redéfinir avec une approche critique les problèmes conceptuels quotidiens qui naissent au centre même de la pensée scientifique et philosophique. Les doctrines ou systèmes de pensées philosophiques, sont pour Gérard Lebrun autant d’artifices qui assombrissent et empêchent le lecteur de comprendre la quintessence et l’essence même de la pensée des philosophes. S’accentuant particulièrement sur le philosophe de L’Aufklarung, Emmanuel Kant et sa doctrine, Gérard Lebrun montre que c’est en dehors des systèmes de pensées dans lesquelles l’on plonge souvent les plus grands penseurs, que la force et l’intemporalité de leur pensée se révèlent. Il explique à la page 7 de son ouvrage Kant sans kantisme que : « une pensée est vive lorsqu’on la pousse à ses limites, quand on en retrouve le cheminement singulier, quand on entend ses questions inouïes.». Ceci étant donc dit, les doctrines philosophiques que sont : le platonisme, l’empirisme, le rationalisme, le kantisme et bien d’autres, sont autant d’éléments dont le lecteur contemporain devrait se méfier. Pour comprendre un auteur selon Lebrun, il faudrait outrepasser le cadre des systèmes et des doctrines qui circonscrivent les véritables points de dénouements de la pensée de celui-ci. L’histoire de la pensée philosophique ou celle des concepts ne donnent qu’une fausse réalité de ce qu’est en vérité la véritable pensée d’un auteur. Et d’ailleurs Lebrun nous dit à la page 10 du même ouvrage qu’il faudrait : « Qu’on lise, et on verra qu’un philosophe est toujours plus riche, passionnant, inventif, créateur, dépaysant, hésitant, troublant et même troublé, qu’on ne le dit, qu’on ne le croit, que l’histoire de la philosophie ne le fige. ».

Gérard Lebrun dans cet ouvrage Kant sans kantisme, oppose Kant à la doctrine du kantisme montrant ainsi par-là l’impossibilité de réduire dans une doctrine la vaste entreprise et le plus grand accomplissement d’un véritable homme de la pensée : Emmanuel Kant. En un mot, la lecture d’un philosophe n’a rien à voir avec la philosophie qu’on retient de lui. La lecture d’un philosophe devrait être un pur moment de plaisir au cours duquel, le lecteur va à la rencontre de l’auteur lui-même sans se limiter aux soi-disant doctrines ou systèmes d’où émanerait sa philosophie. Car on peut lire à la page 12 de l’œuvre que : « Lebrun lisait Kant pour le plaisir. Un plaisir exigeant, certes. » mais il est surtout « Attentif aux réglages les plus minutieux, aux ruptures de ton, aux remaniements des concepts, aux ruses de Kant. ». Gérard Lebrun dans son ouvrage Kant sans kantisme, nous invite à un plongeon dans les fondements et l’immense richesse de l’entreprise kantienne. Subdivisé en quatre différentes parties, cet ouvrage embarque les lecteurs de Kant dans la réalité de ce qu’est Kant : un Kant dépossédé de tous les artifices de son système et de ses doctrines que le « kantisme scolaire », c’est-à-dire la philosophie de Kant telle enseignée dans les lycées et universités a tenté de nous faire avaler sans nous faire toucher du doigt Kant de plus près.

La genèse de l’entreprise kantienne : Kant et la théorie de la connaissance

Dans la première partie intitulée « Kant au seuil de sa pensée », Gérard Lebrun montre à travers Hume et la ruse de Kant, De l’erreur à l’aliénation, Le rôle de l’espace dans la pensée kantienne et en fin L’approfondissement de la Dissertation de 1770 dans la Critique de la raison pure, la genèse ou encore les prémisses de ce qui deviendra plus tard le criticisme kantien. En effet dans Hume et la ruse de Kant, Lebrun nous explique comment Kant un enseignant de métaphysique découvrit à travers la pensée de Hume l’insuffisance et l’impossibilité de sonder la métaphysique juste par la raison. Hume défendait qu’il était impossible pour l’homme de connaître le suprasensible à travers sa théorie de cause à effet. Lebrun explique que

« Hume n’était qu’un antimétaphysicien et non un critique de la métaphysique. »p.34.

Kant quant à lui était parti pour démontrer la possibilité de connaître le suprasensible et c’est d’ailleurs sur cette idée que se dresse toute l’architecture de sa pensée. Lebrun affirme à la page 35 :

« Kant ne défend la science en tant que pratique rationnelle que pour en faire ressortir les droits de la raison en général, et notamment le droit de penser sinon de connaît le suprasensible. ».

Lebrun explique ensuite dans De l’erreur à l’aliénation que « le faux ne doit plus être recherché dans les apparences facilement corrigibles de la vie quotidienne, mais dans l’Apparence autrement enracinée qui porte le métaphysicien à décider sans même se demander quels sont les titres. »p.48. Autrement dit, le combat contre la fausseté est un combat qui devrait se mener à l’intérieur même des jugements et de la pensée et non à l’extérieur dans le monde réel. Lebrun souligne que l’espace et le temps jouent un important rôle dans la pensée kantienne puisqu’ils désignent dans la CRP, la sensibilité comme source de connaissance. Lebrun explique ici comment Kant à travers la Dissertation de 1770 s’opposa à la métaphysique que prônait Leibniz. Ce dernier soutenait que l’étendue est un phénomène. Pour lui,

« toute la continuité est une chose idéale. ».

Kant, explique Lebrun s’oppose à cette idée qui constitue d’ailleurs le fondement de sa doctrine de l’espace. Il dit à la page 56 :

« La doctrine kantienne de l’espace naît quand Kant se demande pourquoi Leibniz ne pourrait pas avoir raison, et non parce que Kant aurait décidé que Leibniz avait tort.».

Lebrun démontre qu’il est absurde de considérer ce qui nous semble impossible comme contradictoire puisque l’impossibilité que nous voyons n’est qu’un produit de notre esprit et non la réalité de l’objet lui-même. En effet, ce qui semble impossible pour notre esprit, ne l’est pas dans la réalité. Il s’agit d’un défaut de notre esprit dans la représentation du réel. Lebrun affirme à la page 58 qu’:

« Il est faux de décider automatiquement qu’une notion est absurde parce que nous ne pouvons la construire ou la représenter dans l’intuition. ».

La science ne peut être soumise au jugement de la métaphysique car

« le métaphysicien n’a sur le savant qu’un seul privilège : l’absence de scrupules. ».p.62.

La science n’a en réalité aucun rapport avec la métaphysique et celle-ci se fonde sur des objets qui ne sont pas déterminables dans la dimension spatio-temporelle. Dans la dernière section de cette première partie, Lebrun explique que la CRP (Critique de la raison pure), n’est qu’un prolongement de la Dissertation de 1770. Dans cette dernière, Kant avait annoncé les prémices de ce que sera la division entre phénomène et noumène. Les phénomènes sont dans l’ordre du sensible, du connaissable, du réel. Quant aux noumènes, ils sont inconnaissables. Lebrun explique à la page 80 que :

« Kant a perdu toute illusion relativement au « monde enchanté » des métaphysiciens, et qu’il n’y a de connaissance rationnelle (a priori) licite qu’à propos des phénomènes… ».

Soulignons aussi le fait que Lebrun soutient dans cette première partie que de la Dissertation de 1770 à la CRP, il n’y a eu aucune différence puisque la CRP n’est qu’un prolongement de la Dissertation de 1770. Bien que Kant dans la CRP ait opéré un changement considérable, il n’en demeure pas moins qu’il a évolué sur la même trajectoire. Il faut lire à la page 90 : « De la Dissertation à la Critique, « évolution » ne veut donc certainement pas dire changement de direction. Il n’y eut pas, malgré l’apparence, de réhabilitation de la « sensitivo cognitio », mais ce qui est tout différent une dévaluation vertigineuse de la theoria, qu’atteste justement la confrontation perpétuelle du phénomène à l’en soi. ».

Les limites de la raison pure : entre noumènes et phénomènes

Ensuite dans la deuxième partie intitulée « Repérages dans la raison pure », Lebrun explique dans L’aporétique de la chose en soi, comment Kant oppose les concepts purs qui se limitent au sensible et les concepts purs qui sont indépendants face au sensible. D’un premier point de vue, Lebrun nous apprend à la page 101 que : « la présence des choses en soi accuse la spécificité ontologique du phénomène, et parfois même son inconsistance (nur Erscheinung). ». D’autre part, à travers la « Déduction transcendantale », Kant nous montre que ce sont les concepts purs qui transforment « l’apparaître en objet en les déterminant par rapport à un objet en général ». p.102. Selon Lebrun à la page 114 de son ouvrage, Kant nous apprend que

« l’égarement de la métaphysique provient de l’universalisation irréfléchie des conditions de la connaissance sensible ».

Autrement dit, les métaphysiciens parlent du phénomène (phaenomenon) comme s’il s’agissait du noumène. Il faut dire que la distinction de la chose en soi et du phénomène constitue la clé d’accès à la division de la philosophie qu’opèrent Kant, c’est-à-dire la philosophie théorique et la philosophie pratique. Dans L’antinomie et son contenu, Lebrun à travers La logique de Hegel montre que le philosophe Hegel n’a pas pu relever le défi lancé par Kant. Celui de prouver la fausseté de son développement sur les antinomies de la raison pure. Bien au contraire, Lebrun nous apprend que Hegel a survolé par-dessus l’essence même des antinomies kantiennes et au pire des cas les ont ridiculisées. Lebrun affirme à la page 141 : « Hegel, remarquons-le, ne le fait même pas s’écrouler. C’est bien pis : il le ridiculise. ». Lebrun explique que dans le but de démontrer la fausseté des quatre antinomies énumérées par Kant, les dogmatiques sans le savoir tombent dans leur propre piège. Mieux, ils resserrent eux-mêmes l’étau de leur condamnation. Lebrun cite Kant dans la CRP qui affirme à la page 1357 :

« La preuve apagogique est la véritable illusion qui a toujours abusé ceux qui admirent la solidité de nos raisonneurs dogmatiques. ».

Kant a fait preuve d’une grande habileté en énonçant ces preuves de l’antinomie à travers « L’Antithétique ». Lebrun explique à la page 146 de l’ouvrage que L’Antithétique :

« est construite de façon que le métaphysicien, finalement, ne puisse esquiver le choix suivant : ou bien l’entrechoquement sans fin de réfutations réciproques toujours réussies, ou bien la certitude soulageante, apportée par la Critique, qu’il n’y avait pas lieu, ici, de prétendre prouver. ».

Le fondement de l’unité de la pensée de Kant : à la découverte de la raison pure pratique et de l’art.

En plus dans la troisième partie intitulée « L’unité retrouvée de la troisième Critique », Lebrun montre à travers la Critique du jugement, l’unité de l’entreprise kantienne. Dans la CJ ou encore CFJ, Kant nous dit que Lebrun montre l’union de la raison pure pratique. Il affirme d’ailleurs à la page 169 :

« L’examen de la raison pure pratique avait montré comment celle-ci fournit une législation à notre faculté de désirer. ».

Kant a fait de la CFJ, le terrain d’un mélange de jugements à savoir le jugement esthétique et le jugement de finalité. Le jugement esthétique est un jugement dont l’unique principe déterminant est subjectif contrairement au jugement de finalité qui loin d’être une simple maxime de la raison est un jugement qui comme le dit Lebrun, « ne saurait absolument pas être transformé en une assertion théorique. ». p.175. Le but final de la nature est donné par la raison. Celle-ci à travers le concept de la moralité permet à l’homme de prendre conscience qu’il est en lui-même une finalité à part entière et c’est là qu’on aperçoit la dimension pratique de la raison pure. Lebrun affirme à la page 182 de l’œuvre Kant sans kantisme que :

« C’est la raison pratique qui nous donne l’idée d’un but final. ».

La faculté de juger constitue le point de rencontre entre la raison pure et la raison pratique. À travers la raison pure pratique, l’homme reconnaît en lui une destination suprasensible par le biais de la morale. Gérard Lebrun explique à la page 191 de son ouvrage que :

« Si la faculté de juger est bien un pont lancé entre la raison théorique et la raison pratique, c’est essentiellement parce qu’elle aide la raison pratique à construire l’idée de Dieu qui est indispensable à l’exercice de celle-ci. ».

Kant expliquait dans la CRPr (Critique de la raison pratique) et bien avant dans les FMM (Fondements de la métaphysique des mœurs) que ce n’est qu’à travers l’idée de supposition de l’existence d’un Être suprême que la moralité aurait toute son acception. Lebrun affirme plus loin à la page 193 que : « La faculté de juger offre donc avant tout à la raison pratique les éléments pour l’affirmation de l’existence d’une Providence. » Or il est souvent entendu que celle-ci (la CFJ) « affirme souvent que la seule explication naturelle est mécaniste. ». Cette idée relègue d’ailleurs toute hypothèse d’existence d’une Providence au second rang. Dans la deuxième section de cette troisième partie, Lebrun parle de « La troisième Critique ou la théologie retrouvée ». À ce niveau l’auteur explique que c’est à travers la troisième Critique que Kant pose la théologie physique comme une propédeutique à la théologie. Pour approfondir son explication, Lebrun part de la division entre phusis et théos. Mieux de la division entre le sensible et le suprasensible. Dans la quête vers la fin ultime, une simple explication ne peut mener à une réponse définitive puisque comme le rappelle Lebrun, Hegel nous apprend qu’une réponse naturelle fait toujours naître un nouveau pourquoi. Lebrun affirme à la page 216 :

« il serait contradictoire qu’une explication de type naturel fournit une réponse ultime, car une explication naturelle laisse toujours en suspens un nouveau « pourquoi ? ». ».

Gérard Lebrun explique dans « Œuvre d’art ou œuvre de l’art » que Kant accorde une priorité à la beauté naturelle. Les œuvres naturelles et les œuvres artistiques donnent naissance à une opposition en philosophie de l’art à savoir l’opposition entre l’artificiel et l’artistique. Lebrun démontre que Kant dans la CFJ notamment dans les paragraphes consacrés à l’art a pris le soin de redéfinir le concept de l’art. Cette redéfinition laisse l’impression qu’il a voulu introduire une réforme dans la notion d’art. La CFJ a permis d’opérer une distinction entre le bel art et les autres arts. Lebrun affirme à la page 255 que :

« C’est avec la Critique que le bel-art est détaché essentiellement des autres arts, notamment des « arts esthétiques », et qu’est légitimée la dissociation de l’artisan et de l’artiste : la Critique, là encore, marque donc le tournant décisif. ».

Téléologie et histoire

Enfin dans la quatrième partie intitulée « La « morale » de l’histoire », Gérard Lebrun parle d’une téléologie pour l’histoire. À travers Idée d’une histoire universelle du point de vue pragmatique de Kant, Lebrun montre l’importance que Kant accorde à l’histoire et son rôle dans la détermination du règne des fins. Dans la téléologie, Kant montre que la nature fonctionne sur le principe selon lequel tout à sa fin. Ce principe est valable pour tout existant. Lebrun fonde son analyse sur le concept de « fil conducteur » de Kant qu’il définit à la page 261 comme :

« une règle qui garantira un caractère systématique à une exposition ou à une recension. ».

La théorie kantienne des races est essentiellement en communion avec l’Idée d’une histoire universelle. Grâce à cette dernière, le genre humain est pensé comme un tout unifié. Kant affirme à la page 8 de Différentes races humaines que :

« Issus d’une même souche, les hommes appartiennent non seulement à un seul et même genre, mais aussi à une même famille. ».

La téléologie nous dit Lebrun n’est plus fondée sur l’idée d’une quelconque cause suprême mais elle cesse plutôt de se réfugier sous la théologie. Il écrit à la page 288 de Kant sans kantisme :

« En vérité, le rôle de la téléologie n’est plus de corroborer quelque thèse théologique que ce soit. La téléologie ne fait plus que « préparer » à une théologie non spéculative. Elle a cessé d’être servante de la théologie. ».

Moralité et Finalité

Gérard Lebrun dans la toute dernière partie de son ouvrage Kant sans kantisme, nous présente la morale kantienne. Il y fait une eschatologie pour la morale kantienne. C’est-à-dire qu’il fait une étude de la morale kantienne comme fin dernière de l’homme. Lebrun commence l’analyse de cette dernière partie par un exposé des Fondements de la métaphysique des mœurs (FMM). Le concept du règne des fins qui apparaît dans les FMM, est présenté ici par Lebrun comme une conséquence du principe de l’autonomie. Lebrun explique d’une part que l’autonomie nous rapproche de la liberté. Liberté entendue ici comme la « détermination de la volonté par la loi » p.297. Mieux, l’autonomie rapproche le sujet de la liberté lorsqu’il prend conscience ou encore reconnaît qu’il est lui-même le législateur de la loi à laquelle il se soumet. D’autre part, contrairement à l’impératif, l’autonomie nous rapproche de l’essence même de la liberté. Gérard Lebrun affirme à la page 289 que :

« L’autonomie, au contraire, est le premier énoncé qui permet de donner à ma maxime un sens positif et c’est là précisément ce que va rendre sensible le concept de « règne des fins » ».

Selon la troisième dimension qui caractérise la formule de l’autonomie, l’action par devoir n’est pas une uniquement vue comme telle. Bien au contraire, il s’agit aussi de l’accomplissement d’un projet. Gérard Lebrun explique à la page 303 que :

« agir par devoir, ce sera aussi prétendre réaliser quelque chose. ».

Les différentes maximes de la raison pure pratique, permettent selon Lebrun, à l’homme de vivre la moralité. La morale kantienne est un lieu de transcendance qui permet au sujet d’apprendre à se surpasser et plus encore à se reconnaître une dignité suprasensible. C’est là que se trouve le véritable fondement de l’autonomie kantienne selon Lebrun. Il affirme aux pages 312 et 313 de son ouvrage que :

« Le sujet qui n’aurait pas foi dans le suprasensible ne serait pas capable de se poser comme autonome : son autonomie, il ne ferait que la rêver, puisque le règne des fins ne serait pour lui qu’un fantasme. ».

L’Histoire kantienne est ce qui constitue, selon Gérard Lebrun, l’eschatologie pour la morale. Cette eschatologie n’a rien à voir avec la croyance car elle est plutôt « une représentation si vraisemblable, si « raisonnable », qu’elle peut aisément passer pour fondée « scientifiquement », et ce trait de l’Histoire ainsi conçue un thème idéologique par excellence : postulation appelée par la pratique, mais subrepticement convertie en un « savoir ». ».p.329.

Il est important de retenir au terme de cette présentation que Gérard Lebrun à travers son ouvrage Kant sans kantisme, défend une idée principale : celle de l’irréductibilité d’un philosophe à une doctrine philosophique. Lebrun pense que les lecteurs des œuvres philosophiques devraient apprendre à se débarrasser du cocon des systèmes et doctrines afin d’aller eux-mêmes à la rencontre de l’auteur dans son originalité et sa complexité. Il est tout de même absurde selon Lebrun de continuer à dire après tant de siècles que l’on appartient à une doctrine philosophique ou système spécifique. La lecture d’un philosophe devrait être, selon lui, un moment de pures découvertes au cours duquel le lecteur se laisse transporter dans la quintessence de la pensée même de l’auteur. Pour notre part, nous pensons qu’un auteur est irréductible à un système ou à une doctrine et qu’il est difficile de véritablement le caser. Nous nous référons ici à l’allégorie hégélienne de l’oiseau de Minerve.

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2 commentaires

  1. Thierry

    J’ai aimé cet article;mais il faut faire remarquer que l’auteur est plutôt un disciple de Kant lorsqu’il affirme que la morale kantienne est l’eschatologie de toute morale.

    En tout cas c’est son avis.

    Je pense que c’est une façon de voir et elle ne doit pas être érigée en règle générale

  2. HANTAN Régis M.

    Oui c’est une remarque tout à fait pertinente. Cependant c’est plutôt
    la conception kantienne de l’histoire que Lebrun considère ici comme une eschatologie de la morale en générale. Cette eschatologie n’a dit-il aucun rapport avec la croyance. Elle est plutôt une représentation scientifique ( un postulat) qui est considéré comme un savoir.

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