Entretien avec Essomé Essomé André Théophile alias Majêk Makép poète, écrivain et théoricien camerounais 
Entretien avec Essomé Essomé André Théophile alias Majêk Makép poète, écrivain et théoricien camerounais 

Entretien avec Essomé Essomé André Théophile alias Majêk Makép poète, écrivain et théoricien camerounais 

« Il revient donc à éduquer et à sensibiliser la société, des jeunes aux adultes, à la culture de la lecture, car il y a tout dans les livres.»

Majêk Makép est poète et écrivain camerounais originaire de Ndobian dans le canton diɓóm, arrondissement du Nord-Makombè, département du Nkam, région (province) du Littoral. Il est aussi théoricien (fondateur du Maképisme), essayiste, romancier et scénariste. Il est auteur de plusieurs livres dont Précis du Maképisme/Essai de théorisation d’un courant littéraire, Universalité réconciliée (poésie) et L’École d’abord, le mariage après (roman). Il est journaliste de formation et fait preuve de beaucoup de créativité et d’innovations dans ses écrits.

Entretien avec Essomé André Théphile alias Majêk Makép poète, écrivain et théoricien camerounais 

LDL : Bonjour Majêk Makép. Nous sommes heureux de vous recevoir sur notre plateforme livresque. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

MM : Mon patronyme est Essomé Essomé André Théophile. Je suis de la tribu diɓóm, originaire de Ndobian, chef-lieu de l’arrondissement du Nord-Makombè, dans le département du Nkam (Cf. « La route du Nkam », poésie, P. 47 in Universalité réconciliée), région (province) du Littoral au Cameroun. Mais j’ai passé une bonne partie de mon enfance à Madip (Cf. « Madip, te souviens-tu ? », poésie, P. 55 in Universalité réconciliée), un village pionnier de l’arrondissement de Nkondjock toujours dans le département du Nkam, avant de partir de là pour des raisons d’école. Mes parents (Essomé David Défoulabert et Ngon Bernadette, paix à leur âme !) s’étaient alors installés à Madip où ils cultivaient la terre. Je suis donc fils d’agriculteurs.

Je suis journaliste de formation de la 37ème promotion (2006-2009) de l’École supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (Esstic) de l’Université de Yaoundé II. J’ai pratiqué le métier au Cameroun et à l’étranger, gravissant presque tous les échelons : stagiaire, reporter, grand reporter, envoyé spécial, chef de rubriques, rédacteur-en-chef, secrétaire de rédaction.

En tant qu’écrivain, mon nom de plume est Majêk Makép qui fait l’objet d’une littérature dans Précis du Maképime/Essai de théorisation d’un courant littéraire. Je suis auteur de trois livres individuels. Il s’agit de Précis du Maképisme/Essai de théorisation d’un courant littéraire (Éditions Universitaires Européennes, Allemagne, septembre 2020) ; Universalité réconciliée (poésie, Les Éditions Ntsame, Libreville-Gabon, décembre 2020) et L’École d’abord, le mariage après (roman, Éditions Muse, Paris, août 2021). Je suis donc, comme vous pouvez le constater, théoricien-fondateur d’un courant littéraire et de pensée, essayiste, poète et romancier. Je suis initiateur de projets littéraires au niveau africain qui pourront paraître dans les prochains mois, si Dieu le veut. En bref, voilà ce que je peux dire de ma modeste personne.

LDL : Dans votre livre Précis du Maképisme/Essai de théorisation d’un courant littéraire, vous évoquez l’absence de courants littéraires et de pensée de nos jours. Pouvez-vous nous expliquer comment le Maképisme se positionne par rapport aux autres courants littéraires ?

MM : Il faut partir de la définition. Et dans l’introduction de l’ouvrage, « le Maképisme est défini – à première vue – comme un courant littéraire et artistique fondé par Majêk Makép pour scruter de nouveaux horizons, vivifier et tenir plus allumée la flamme de la littérature et de l’art. C’est en plus un mouvement et une école en ceci qu’il apporte une offre riche et pluridisciplinaire qui mérite d’être portée[…] par des hommes et femmes de lettres et des arts du monde. C’est aussi une philosophie, une idéologie et une discipline qui ambitionnent de marquer notre siècle dont d’énormes défis nous interpellent ».

Mais c’est au niveau du contexte d’émergence du Maképisme (Chapitre I) qu’il faut commencer à voir le positionnement de ce courant de pensée. « Le Maképisme naît dans un contexte influencé ou dominé par les Technologies de l’information et de la communication, une panacée du 21è siècle. Et comme la littérature est fille de son temps, il est un devoir pour les auteurs d’arrimer leurs œuvres à la civilisation de ce siècle ».

Nous parlons alors ici des fondements technologiques où le Maképisme compare la littérature à une tablette multimédias. Aujourd’hui, tous les médias sont compilés dans une seule tablette portative. Sur les fondements littéraires et artistiques, le Maképisme opère un décloisonnement entre les genres littéraires et artistiques et les courants de pensée au nom donc de la globalisation, de village planétaire qui est la donne de ce siècle. C’est ainsi que le Maképisme conçoit « la littérature comme un océan sur lequel sont jetés des navires, qui sont des genres littéraires, dont la boussole est le courant littéraire ». Quant au roman, il est n’est plus un simple genre littéraire, mais une autoroute, une plateforme de conciliation de tous les genres littéraires et artistiques. La poésie ne s’écarte pas trop de cette définition du roman. Et L’École d’abord, le mariage après est le roman école du Maképisme romanesque. De même que Universalité réconciliée est un recueil école du Maképisme poétique.

Précis du Maképisme/Essai de théorisation d’un courant littéraire  Majêk Makep

LDL : Comment décrivez-vous la vision et les principes fondamentaux du Maképisme en tant que courant littéraire ?

MM : La vision du Maképisme est celle de l’universalité. Cette universalité qu’il faut appréhender sur le champ de la créativité par la mutualisation des genres artistiques et de courants, afin de donner à la littérature toute la force pour contribuer à l’humanisation et à la pacification de la vie. Si vous avez bien écouté et lu quelques poèmes d’Universalité réconciliée, vous vous êtes rendu compte que les différents genres et courants littéraires et artistiques s’imbriquent et se mutualisent pour un objectif commun. C’est le cas dans « La destinée ou la coupe du journaliste », où le poème recourt à un refrain d’Alpha Blondy dans « Journalistes en danger » pour décrier le mal-être des journalistes et hommes de médias dans le monde, mais aussi de demander justice à ceux qui en ont la charge :

« Au claire de la lune

Mon ami Zongo

Refuse de bâillonner sa plume

Au Burkina Faso

Et Zongo est mort brûlé par le feu

Que justice soit faite pour l’amour de Dieu ! » (P.98).

Le poète s’appuie sur ce refrain pour donner de la force à son poème. C’est par ce refrain qu’il attaque le poème. Dans « Holy Mandela », quand le poète a dit:

But have they only thought

That the most legendary prisoner in the world saved lives

To millions of South Africans stopping an eternal war?” (P.115),

il enchaîne en invoquant Johnny Clegg :

Asimbonanga

Asimbonang’ umandela thina

Laph’ekhona, Laph’ehleli’ khona” (P.115).

Ceci est un refrain en zoulou. Et ça nous permet de nous replonger dans l’histoire de l’apartheid en Afrique du Sud et de visualiser l’homme appelé Nelson Mandela. Parce que la littérature et l’art doivent continuer à jouer le rôle à eux originellement dévolu. C’est le rôle de la pacification, de l’humanisation de la vie que j’ai évoqué précédemment. Continuer à donner à la littérature et à l’art leur fonction de divination.

Les principes fondamentaux, ce que j’appelle les fondements du Maképisme dans Précis du Maképisme/Essai de théorisation d’un courant littéraire, nous avons les fondements technologiques, les fondements littéraires et artistiques. Et ici nous avons des articulations telles que le roman maképiste ; l’essai et le théâtre ; l’art plastique ; le Maképisme : un courant philosophique ; le Maképisme : une idéologie et une discipline. En tant qu’école, le livre présente les thématiques sur lesquelles travaille le Maképisme ; l’esthétique du Maképisme ; les procédés d’écriture ; les personnages et les référents spatio-temporels ; le code ; les tons et les registras littéraires ; les dérivations du Maképisme (les classes grammaticales, les valeurs lexicales, les définitions). Voilà grosso modo présentées les grandes lignes qui fondent le Maképisme. Parce qu’il s’agit d’une école, ne l’oubliez pas.

LDL : Qu’est-ce qui a motivé votre démarche de théorisation d’un courant littéraire ?

MM : C’est le contexte actuel. « La littérature est fille de son temps » ne l’oubliez jamais. On ne peut pas écrire au 21è siècle comme on écrivait au 17è siècle. Et l’histoire de la littérature, de l’art et de la philosophie a toujours été l’histoire de courants de pensée. Pourquoi vouloir que cela ne soit pas le cas au 21è siècle ? J’ai la chance d’appartenir à deux siècles : le 20è et le 21è. Il y a donc un regard de manière diachronique, que je porte sur la vie (d’ici et d’ailleurs) sur une longue durée et dont les mouvements m’ont déterminé à mettre sur pied le Maképisme. Il s’agit pour moi, comme dit (si j’ai bonne mémoire) le philosophe gréco-romain de l’Antiquité tardive, le néoplatonicien Plotin, de retrouver l’un qui meut le multiple aujourd’hui. Nous sommes au 21è siècle, et ce sont les TIC qui mouvementent le monde.

Mais je dois vous dire que c’est quand j’accède au second cycle au lycée que je commence à me poser un tas de questions. En fait, j’ai fait la série littéraire, ce qu’on appelle au Cameroun, la « série A ». En classe de 2nde A4 allemand (au Lycée de Kékem, dans le département du Haut-Nkam, région de l’Ouest) en 1996, nous avions les œuvres, les livres de littérature française au programme, et cela vaut pour les classes suivantes, à savoir Première et Terminale. Et la chance ou la malchance, c’est selon, que nous avions, c’est qu’au programme, nous avions des œuvres (romans, poésie, théâtre, contes ou fables, philosophie) des auteurs français et africains. Mais ma curiosité s’arrêta sur deux niveaux : d’un côté, dans les auteurs français, il y a ce qu’on appelle les courants et écoles littéraires et de pensée. Tout est régi par le respect des normes éditées par les différents courants littéraires et de pensée. C’est soit on appartient au classicisme, soit au romantisme, soit au naturalisme, soit au réalisme, soit au symbolisme, soit au dadaïsme, soit au surréalisme, soit au parnasse, soit au positivisme, soit à l’idéalisme, soit au socratique, soit au positivisme, soit au stoïcisme, soit au Narcissisme, soit à l’épicurisme, soit au nihilisme, etc., etc. Il n’y pas d’écrivains et d’artistes en dehors de ces cadres conceptuels-là, ces moules-là. Et ceci permettait aux élèves que nous étions d’apprécier la vision du monde des différents auteurs et l’apport, l’impact ou l’influence des différents courants ou écoles littéraires et de pensée dans l’histoire et le monde.

Pour bien vous faire comprendre l’importance des courants ou écoles littéraires et de pensée, j’ouvre une parenthèse par l’exemple suivant. En 2000, je suis en classe de terminale A4 (cours du soir) au Collège adventiste du 7è jour, à Yaoundé ; et un jour, notre professeur de littérature nous donne des devoirs. L’exercice que je prends est la dissertation dont le sujet est : « Paul Eluard déclare : « Le poète est celui qui inspire et non celui qui est inspiré », discutez cette assertion à la lumière des œuvres lues ou au programme. J’obtins la note de 12,5/20, la première parmi les élèves qui avaient pris ce sujet. Après, l’enseignant m’approcha et me dit que si j’avais situé mon devoir sur le courant de pensée de Paul Eluard, il m’aurait donné même 16/20. Et Paul Eluard est un surréaliste. Donc la pensée de Paul Eluard dans ce sujet est celle des surréalistes. Ce sont des gens qui se prennent pour des omniscients et des omnipotents. Un poète d’un autre courant littéraire comme le classicisme ou l’idéalisme ne tiendra jamais un tel discours. (Fermons la parenthèse).

Mais d’un autre côté dans les œuvres des auteurs africains, il n’y avait rien de tout cela. On était seulement écrivain. Alors, je me demandais « pourquoi ? ». Pourquoi en Afrique c’est trop désordonné dans l’esprit des écrivains ? Les penseurs africains sont donc incapables d’impacter le monde ? Cette question ne m’a plus quitté pendant tout mon cursus scolaire jusqu’à l’université. En passant, j’ai fait les lettres bilingues à l’Université de Yaoundé I avant de la quitter deux ans après (2001-2003) !…

C’est vrai, nous sommes à une époque (en Afrique comme en Occident), où la norme et la tradition n’ont plus de place. Mais sans vision et sans direction, où peut-on aller ? Comment se démarque-t-on ? Et que peut-on produire de pérenne et d’utile pour la société et la science ? Est-il même concevable que les hommes de l’esprit (écrivains, artistes) soient des êtres sans orientation, sans projet pour la mission qui est la leur ? Le paysage littéraire est devenu un univers des « générations spontanées » (CF. Précis du Maképisme/Essai de théorisation d’un courant littéraire). Il fallait donc un courant de pensée, une école pour redorer le blason de la littérature. Avec le Maképisme, c’est le temps de la pensée responsable.

J’allais oublier : pour votre information le Prix Goncourt 2021, le Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, pour son roman La plus secrète mémoire des hommes, est un maképiste. Le Prix Nobel de littérature 2021, Abdulrazak Gurnah, Britannique d’origine tanzanienne (auteur de Je suis Zanzibar), est un maképiste. Vous pouvez vérifier. Et il y a beaucoup de maképistes dans le monde qui s’ignorent.

Donc en matière d’analyse – des œuvres littéraires – que j’ai mentionnée ci-dessus, Précis du Maképisme/Essai de théorisation d’un courant littéraire prescrit : « Dorénavant, l’exercice consistera, pour les critiques littéraires et journalistes culturels, de lire d’abord les œuvres ou les ouvrages sous l’angle d’école ou de courant littéraire, artistique ou philosophique. Au cas où ce résultat ne sera pas obtenu, il est bien certain que les productions seront classées au rang des œuvres bâtardes. » Le Maképisme vient opérer une rupture avec ce qui était déjà sclérosé pour ouvrir de nouveaux horizons à la littérature. Il faut donner de nouvelles grilles d’analyse à la littérature.  

LDL : Votre roman L’École d’abord, le mariage après explore donc les questions de l’éducation et du mariage précoce. Quelle est votre intention derrière cette histoire et quel message souhaitez-vous transmettre aux lecteurs ?

MM : L’École d’abord, le mariage après est une histoire réellement vécue au Cameroun. On me l’a racontée en moins de 60 secondes. Il s’agissait de l’histoire d’un homme, un conducteur de taxi, qui travaille en journée cette semaine et la nuit,  l’autre semaine. À un moment, les voisins lui rapportent que pendant qu’il va travailler la nuit, sa femme aussi sort et ne rentre à la maison qu’avant l’aube. Mais, le monsieur, qui aimait trop sa femme (une très belle femme. Il est dit, dans le roman, qu’elle était le spécimen de la beauté féminine) et croyait en la fidélité de celle-ci, ne voulait pas croire à ce que lui rapportaient les voisins. Mais puisqu’on dit : « Quatre-vingt-dix-neuf jours pour le voleur, un seul pour le patron », l’homme va personnellement prendre sa femme main dans le sac en bordure de route en pleins ébats avec son amant autour de 4h GMT. Le taxi que l’amant stoppe est celui du mari de la femme. Mais, en dépit de ce qu’il avait personnellement pris sa femme en flagrant d’élit d’adultère sur ce trottoir en face de l’Hôtel Beau séjour de Ndokoti à Douala, il la traitait toujours avec égard et même plus qu’avant. Il avait même pris l’habitude de doubler l’argent de ration. Seulement, il ne mangeait plus les repas que faisait sa femme. Or, la femme se sentant coupable, elle ne va pas supporter de rester au foyer et regarder en face l’homme qu’elle a trahi. D’où son départ de la maison une nuit, lorsque le mari était au travail.

L’intention, me demandez-vous. Vu les qualités de l’homme, c’est remettre cette histoire au goût du jour qui m’a semblé sortir de l’ordinaire, lorsque nous voyons ce qui se passe dans les couples de nos jours encore suite à un fait d’adultère et d’infidélité. On enregistre toujours des cas de meurtres passionnels (féminicide), des suicides, des divorces avec tout ce que cela entraîne comme psychoses et traumatismes chez les enfants et la société. Et évidemment, montrer comment nos traditions et cultures participent à la cohésion pacifique, à l’harmonie de la vie ; la place de la parole dans la vie. Ceci s’est démontré lors des assises à Ndobian pour ramener les deux personnes ensemble.

Quant au message que je transmets, c’est celui de la résolution pacifique d’une situation comme celle de l’adultère et de l’infidélité. Mais aussi dire aux jeunes filles, que les parents donnent précocement en mariage contre leur volonté, alors qu’elles ne demandent qu’à aller à l’école et réaliser leurs rêves, que la vie ne se termine pas avec le mariage. Que même dans le foyer conjugal, la femme peut continuer à aller à l’école et atteindre son objectif. L’école occupe une place centrale et irremplaçable dans la vie. Autre message, c’est celui de l’amour, du dialogue, de l’entente, la recherche de l’intérêt commun et général dans le couple.

Mais cette histoire m’a surtout permis d’implémenter la théorie du Maképisme romanesque à travers ce livre. Montrer comment le roman doit s’écrire dans le siècle qui est le nôtre. Avec L’École d’abord, le mariage après, vous avez donc le Maképisme romanesque entre vos mains.

L’École d’abord, le mariage après Majêk Makep

LDL : Pouvez-vous nous parler du personnage principal de votre roman L’École d’abord, le mariage après et sa relation avec Nd k N Rose ?

MM : Je vous félicite d’avoir posé cette question ! Elle me permet de rectifier une faute d’orthographe sur le nom que vous évoquez. Il ne s’écrit pas Nd k N Rose, mais comme ceci : Ndɔkɔ́n Rose. Cela peut être dû au fait que les machines de l’éditeur (Éditions Muse, Paris) ne reconnaissent pas les caractères spéciaux de l’alphabet des langues africaines, notamment bantues. Et Ndɔkɔ́n est écrit en diɓoɓóm, ma langue maternelle, qui est la langue du peuple diɓóm. Les Français écrivent ce nom ainsi : Ndokon. Mais ici encore, il y a toujours faute, parce qu’écrit comme ça, ne donne pas l’intonation appropriée. Il pourrait alors s’écrire comme ceci : Ndôkôn. Ce serait excusable.

Alors pour revenir à la question posée, le personnage principal de L’École d’abord, le mariage après s’appelle Kollò Clément (le français écrit Kollo). C’est un adolescent, qui quitte son village natal (Ndobian) à 14 ans pour la capitale économique, Douala, où il y a une grande communauté diɓóm et beaucoup de jeunes qui ont vite abandonné l’école pour le commerce, parce que, comme disent-ils, le commerce est plus rentable, plus souple, plus sécurisant que les coups, la bastonnade que les fouettards enseignants infligent à leurs élèves. Son frère aîné « Tonton Soko » (comme il l’appelle) va l’inscrire dans un collège de la place, mais Kollò va très vite laisser le chemin de l’école pour aider ses frères du village à écouler leurs marchandises au marché. Service dont il reçoit des gratifications pécuniaires à la fin des journées, et tout cela à l’insu de son frère aîné et tuteur, qui croyait, malheureusement, que Kollò allait à l’école. Et la rétribution que lui font ses amis et frères du village va finalement le rendre autonome et il finira par se mettre à son propre compte, construire sa maison et épouser (mariage coutumier ou traditionnel) Ndɔkɔ́n Rose, alors que celle-ci, à 14 ans, passait en classe de 3ème, étant la première de sa classe.

Les relations de Kollò Clément avec Ndɔkɔ́n Rose. Suite à l’infidélité due au fait qu’elle a été prise en flagrant délit d’adultère par Kollò (lors d’une nuit de travail en taxi), alors qu’elle était en pleins ébats avec M’yong, un greffier au Tribunal et le meilleur ami de Kollò, en bordure de la route, elle ne va pas endurer cette honte. Elle va donc partir du foyer conjugal pour se retirer dans la maison familiale à Ndobian. Mais entre Kollò Clément et Ndɔkɔ́n Rose, c’est pratiquement deux mondes diamétralement opposés. Et Ndɔkɔ́n, malgré le fait qu’elle ait été donnée en mariage contre son gré par son père, n’a pas enterré son rêve de poursuivre ses études et atteindre son objectif : devenir une intellectuelle (elle aime la littérature, elle aime lire), comme ces femmes de la ville qui travaillent dans l’administration, la magistrature, etc., et être dignement utile à son pays ; à contrario, Kollò n’aime pas l’école. Il est un conducteur de taxi qui travaille la journée et la nuit de manière variable. Et ses conversations avec Ndɔkɔ́n sur le retour à l’école (puisqu’on lui avait dit que même après les classes, l’école continue) sont toujours remises à demain. 

Chez ses parents à Ndobian, Ndɔkɔ́n Rose jure ne plus retourner au foyer conjugal « chez cet homme, ce manger-coucher, qui, de surcroît, ne boit pas et ne fume non plus ». L’histoire tend à s’arrêter là. On est comme dans une impasse. C’est le poème « À ma Rose » sous la forme épistolaire, que Kollò envoie à Ndɔkɔ́n, qui la fait revenir sur sa décision, En effet, elle ne reconnaît plus l’homme qu’elle a connu pendant les cinq ans qu’ils ont passés ensemble sous le même toit à Douala. En fait, Kollò a trouvé la meilleure astuce. Il sait que sa femme aime la littérature, la poésie. Alors qu’il rangeait le lit pour dormir un après-midi, il trouva un papier sous l’oreiller. Il le prit, le déplia, le lut et réalisa qu’il s’agissait d’un poème même comme il ne portait pas le nom de son auteur. Il commença alors à soupçonner sa femme, mais sans lui en parler. Et pour Ndɔkɔ́n, recevoir un poème signé de Clément Kollò, relevait d’un rêve, d’une hallucination. Elle a finalement trouvé l’homme qu’elle cherche depuis 5 ans.

La vie du jeune couple va repartir de plus belle. Ils vont se marier, avoir des enfants et Ndɔkɔ́n va reprendre le chemin de l’école jusqu’à l’obtention du Baccalauréat, puis son travail d’infirmière diplômée de l’État suite à un concours lancé par le gouvernement. Elle va même s’inscrire à une université aux États-Unis d’Amérique où elle fera des cours par correspondance pour devenir médecin. Et pour tout couronner, elle va publier son premier roman  Le Cœur d’une misérable, créer et être à la tête d’une ONG internationale dénommée L’École d’abord, le mariage après. Laquelle aura la noble mission de défendre la cause et les droits de la jeune fille, militer pour l’éducation et l’école de la jeune fille aussi loin qu’elle aimerait poursuivre ses études. Car pour Ndɔkɔ́n Rose, le mariage n’est pas une fin en soi. Voilà ce que je peux en quelques lignes dire sur les relations entre les personnages de ce roman maképiste de 212 pages. En résumé, c’est la poésie qui sauve la vie de couple Kollò et Ndɔkɔ́n.

LDL : En tant que journaliste de formation, comment votre expérience influence-t-elle votre approche d’écrivain ?

MM : Je dis toujours que le journalisme m’a beaucoup apporté dans ma carrière de poète, d’écrivain, aussi bien pour les contenus (actualité) que pour le style. Et cela parce que je me sens au centre de l’univers. Vous constaterez que beaucoup de poèmes d’Universalité réconciliée se nourrissent de l’actualité. Vous avez le cas dans « Marc-Vivien Foé », « Holy Mandela », « Lettre d’un enfant soldat », « Les Prix Nobel de la paix », « La destinée ou la coupe du journaliste », etc. ce sont des sources documentaires que j’offre à la société ou que je laisse à la postérité mais moulées dans le genre poétique.

Sur le plan du style, vous constaterez que je traite mes poèmes comme on traite des articles de presse.Un soin, un travail sérieux est mis sur l’attaque. Parce que je dis qu’il faut être saisissant dès l’entame du poème, comme en musique aussi. Vous voyez ! Une bonne musique vous soulève du sol dans les premières secondes. C’est pendant ces premières secondes que vous décidez si vous devez vous lever et aller chercher la partenaire qui vous convient pour le genre de musique que le DJ vous a balancée sur les platines ou si ça ne vaut même pas la peine de vous lever. Et le même soin est mis sur la chute. Ce n’est pas parce que le poète a donné tout le meilleur de lui à l’attaque et au corps du poème que la chute doit se terminer de manière poussive. Non ! Lisez les poèmes « La destinée ou la coupe du journaliste », « Holy Mandela », « Requiescat in pace », « La route du Nkam », « À qui le tort ? », « Madip, te souviens-tu ? », « Makombè, quelle horreur ! », « Madagascar », « Les patriotes », « Odile », etc.

Les titres sont aussi très percutants. Les journalistes ont ce génie d’être très originaux et captivants dans la titraille de leurs articles : « À qui le tort ? », « Lettre d’un enfant soldat », « Holy Mandela », « Nothing », « L’Afrique de toujours », « Les mots qui enchantent », « Les Prix Nobel de la paix », « Mirabelle, tu seras toujours mon amour », « Une surprise surprenante », « La destinée ou la coupe du journaliste ». Ce sont des titres qui ne vous laissent pas passer. Ils vous incitent à entrer dans le poème.

Majêk Makep le journaliste

LDL : Votre recueil de poèmes Universalité réconciliée aborde des thèmes tels que la justice, les droits de l’homme et la mémoire, entre autres. Pouvez-vous nous parler de l’importance de ces sujets dans votre écriture ?

MM : Ce sont des notions au cœur de la littérature maképiste. Les écrivains et les artistes doivent être des artisans de paix. Et on ne peut pas parler de paix sans parler de la justice et des droits de l’homme, d’amour. Précis du Maképisme, Essai de théorisation d’un courant littéraire appelle les artistes, les écrivains comme étant des « oints de Dieu » pour continuer et parachever l’œuvre créatrice. Dieu est le Premier Artiste, le Premier Créateur. Après, il a créé les hommes et a fait certains artistes et créateurs au second degré pour continuer son œuvre.

Dans Universalité réconciliée (P.7), l’épigraphe est la définition du philosophe Socrate du poète : « À propos des poètes, ce n’est pas grâce à leur savoir qu’ils composent leurs œuvres, mais grâce à un don naturel et à une inspiration divine comparable à celle des prophètes et des devins » (Cf. Platon in Apologie de Socrate). Moi, je me retrouve foncièrement dans cette définition qui date de quatre ou cinq siècles avant Jésus-Christ. Je me retrouve parce que ma conviction est qu’on ne devient pas poète, mais on naît poète.

Je vais vous raconter une anecdote. En 2018, j’ai été sollicité par l’écrivaine malienne Aïcha Diarra pour participer à une œuvre collective (anthologie), parce qu’une fillette albinos de 5 ans du nom de Ramata Diarra avait été arrachée nuitamment derrière sa mère alors qu’elles dormaient, par les personnes mal intentionnées. Vous savez qu’au Mali, les albinos n’ont pas droit à la vie. On les tue et  prend des organes essentiels pour des pratiques ésotériques à des fins de puissance, de succès politique, d’enrichissement, etc. Alors, le poème que j’envoie a pour titre « Si seulement ». Et comme la politesse le demande lors de l’envoi des courriels (par mail), j’ai donc écrit un court texte pour indiquer à Aïcha Diarra de veuillez recevoir mon poème. Elle m’a répondu : « Monsieur, vous n’êtes pas poète, vous êtes né poète ! ». Et ce court texte, qui accompagnait mon poème, a servi de dédicace de ce volumineux livre de 200 poèmes.

Quand j’ai reçu ce retour de Aïcha Diarra, j’ai pensé à la révélation que la Déesse grecque, la Pythie, fit à Socrate selon laquelle, il est l’homme le plus sage. Sans me prévaloir de quelque titre que ce soit, j’ai pris cette anecdote pour vous montrer le regard que la société pose sur nous en tant qu’artistes, poètes et écrivains. C’est généralement la société qui vous révèle ce que vous êtes à partir de ce que vous lui offrez. 

Je dis donc, que s’il y a un poète qui ne se reconnaît pas dans la définition socratique du poète, c’est qu’il y a un problème. Il doit se poser des questions dans le sens de sa position dans cet art qu’est la poésie. On naît poète, on ne le devient pas. Par contre, on peut devenir romancier, dramaturge, musicien, etc.

Universalité réconciliée de Majêk Makep

LDL : Comment envisagez-vous le rôle de la littérature, de l’art et de la philosophie dans la société contemporaine ?

MM : Pour que la littérature, l’art et la philosophie jouent pleinement leur rôle qu’ils ont joué en des temps mémoriaux, il faut que la société intègre la littérature, l’art et la philosophie dans sa vie quotidienne. Sinon, comment voulez-vous que ces disciplines jouent pleinement leur rôle si la société n’en a que dalle ? Il est généralement dit que « Si on veut cacher quelque chose à un Noir, il faut le mettre dans un livre », je ne pense pas que cette assertion soit battue totalement en brèche en ce siècle, où la vie des gens se résume aux Smartphones, téléphones androïdes. Il revient donc à éduquer et à sensibiliser la société, des jeunes aux adultes, à la culture de la lecture, car il y a tout dans les livres. Cela signifie aussi que les écrivains et artistes ont des engagements factuels dans la société et envers la société. Ça peut passer par les concours de déclamation poétique, de lectures avec des gratifications en livres.

D’un autre côté aussi, il y a un grand travail à faire de la part des artistes et écrivains. L’on ne sait plus où ils veulent conduire la société. Prenez le cas de la musique dite urbaine notamment en Afrique aujourd’hui. Parfois, je me dis qu’on doit redéfinir la musique, car les mélomanes perdent de plus en plus le goût à la musique. À notre époque, la musique était un art où chaque artiste trouvait son rôle sur les différents instruments qui composent un orchestre. Et l’histoire a fait des monuments à la guitare basse, solo, rythmique, la batterie, l’orgue ou le piano, le saxophone, la flûte, etc. Aujourd’hui, tout est à l’intérieur d’un ordinateur, qui est devenu la boîte à tout faire. On n’a donc plus besoin des écoles de musique. La starmania a pris le dessus sur l’artiste. L’artiste est mort !

Au niveau de la littérature et plus particulièrement de la poésie, le même problème se fait observer. Le travail d’artiste n’y est plus. L’on ne considère d’ailleurs plus la poésie comme un art, par conséquent, la composition n’a plus sa place. On se contente de verser les mots sur du papier et le tour est joué ; on se bat à trouver un éditeur plus ou moins aussi aventurier (je dirais plutôt un commerçant) ou même un imprimeur ; et on a le titre de poète. La poésie est un art de composition. Et dans le mot composition, il y a tout. Le roman, la nouvelle, le théâtre restent encore à l’abri de toute cette mésaventure qui s’est abattue sur la poésie depuis la fin du 20è siècle. On ne se lève pas un beau matin et l’on devient romancier ou dramaturge ou nouvelliste ou même conteur. Je me rappelle une réponse qu’avait donnée Amadou Hampâté Bâ, quand on lui avait demandé pourquoi il n’écrivait pas les romans. Il avait répondu que pour écrire un roman, il faut avoir le souffle long. Comment voulez-vous que la société accorde une place de choix à nos œuvres aujourd’hui ? La société doit se retrouver dans ce que les œuvres de l’esprit lui donnent. Le Maképisme appelle à un retour à l’orthodoxie, à la science littéraire, bref, à l’école. Et Précis du Maképime/Essai de théorisation d’un courant littéraire prescrit dans ce sens qu’à partir de ce moment, les sujets sur la littérature et l’art ne doivent être débattus qu’au sein des courants et écoles littéraires, artistiques et de pensée.

Universalité réconciliée lancement du livre

LDL : Comment votre œuvre Universalité réconciliée contribue-t-elle à la promotion de la fraternité et l’harmonie entre les peuples ?

MM : « Me voici tard venu

Après la Fifa

Après la mairie de Lyon

Après la Communauté urbaine de Yaoundé

Après la mairie d’Akonolinga

Après France football

Je viens enfin, Frère !

Me reconnaîtras-tu, Vivien ?

Qu’y a-t-il entre un homme de pelouse et un homme de muse ?

Tu veux que je te dise ?

C’est l’Universalité qui nous lie, toi et moi

Aux grandes Âmes, l’Universalité reconnaissante » (Marc-Vivien Foé, Pp. 94-95 in Universalité réconciliée)

J’ai pris cet extrait pour illustration. Appelons-nous tout simplement mais franchement, sincèrement Frères et agissons comme tels sans barrière d’aucune nature que ce soit.

Mais je pense que c’est à ces peuples qu’il faut poser la question. C’est eux qui ont ce qu’on appelle la réception des œuvres de l’esprit. Est-ce qu’en lisant un poème ou le roman de Majêk Makép, ils se sentent concernés, interpellés ? C’est à eux d’y répondre. Sinon, des retours qui me viennent de ceux qui ont pu lire Universalité réconciliée, je peux dire que l’œuvre produit des effets. Un samedi matin d’avril 2021, vers 9 heures au Cameroun et 8 heures GMT, sur un forum WhatsApp, une dame m’avait écrit : « Théo (diminutif de Théophile, c’est ainsi qu’elle aime m’appeler, Ndlr), je me suis réveillée ce matin et j’ai pris ton livre pour lire. J’ai lu « Les patriotes ». Oh ! ça fend le cœur ! Tu as une plume, Théo ! » Voilà donc une dame qui a acheté mon livre Universalité réconciliée et est contente de le lire, mais, lorsqu’elle tombe sur un poème (peut-être pour la première fois qu’elle ouvrait ce livre), c’est plutôt les larmes qu’elle coule en début de journée. J’imagine comment cette dame a passé toute sa journée ce samedi-là !

Majêk Makep et son public

Un autre exemple, mais cette fois, concernant un de mes poèmes écrits en Le diɓoɓóm (ma langue maternelle) et intitulé « Tiɓón kilԑm» (la hanche du cerceau, cet outil fait de la nervure de la palme avec lequel on grimpe le palmier). À un jeune doctorant en géographie que j’avais demandé de dire ce poème, il m’a confessé qu’il ne pouvait, parce que ce poème lui rappelle la vie à côté de son défunt père. Celui-ci le réveillait à 4 heures GMT pour aller avec lui en brousse ramener le vin de palme pour vendre au village. Ce qui lui donnait de l’argent pour envoyer les enfants à l’école. En brousse, il s’asseyait quelque part et regardait son père grimer le palmier avec tout le bruit que produit « Chakát, chôkôt ! Chakát, chôkôt ! Chakát, chôkôt ! », du pied du palmier au sommet. Et donc, lorsqu’il est en face de ce poème, qui reprend l’onomatopée du « Chakát, chôkôt ! Chakát, chôkôt ! Chakát, chôkôt ! », il se revoit dans ce village de brousse avec son père et il commence à pleurer. Je vous annonce que le poème « Tiɓón kilԑm » fait partie des poèmes de l’anthologie de poésie en langues africaines dont la parution est imminente. Et chaque poème de cette anthologie est illustré soit par une photo (cas de « Tiɓón kilԑm ») soit par un dessin, soit par une peinture.

Alors, face à tous ces témoignages, je me pose la question comment feront les lecteurs lorsqu’ils auront le roman L’École d’abord, le mariage après entre leurs mains ?

J’ajoute, vous renvoyant dans Universalité réconciliée, lire le poème « Lettre d’un enfant soldat », « Holy Mandela », « Les Prix Nobel de la paix », « Marc-Vivien Foé », « La destinée ou la coupe du journaliste », « Pour que règne la paix », etc. Anne Cillon Perri a même pris « Pour que règne la paix » comme poème phare dans la préface qu’il a signée (P.14). Je terminerai en disant qu’Universalité réconciliée contribue à la promotion de la fraternité et l’harmonie entre les peuples par les valeurs qu’il défend et véhicule, les valeurs regroupées autour du concept d’universalité.

Majêk Makep et son public au lancement de ses livres au Cameroun

LDL : En tant que poète et écrivain, pensez-vous qu’il soit possible d’utiliser l’art pour résoudre les conflits dans le monde ?

MM : Dans Ainsi philosophait Amélie Nothomb (Mariane Chaillem, Albin Michel, février 2019), Amélie déclare : « Un livre peut changer une vie. Il peut même la sauver ». Dans ces propos, se trouve toute la place du livre dans la société. Majêk Makép ne déroge pas à cette fonction de l’écrivain. Que l’on prenne L’École d’abord, le mariage après, Précis du Maképisme/Essai de théorisation d’un courant littéraire, Universalité réconciliée, la place du livre, de l’art et de la littérature est promue. Lorsque vous lirez les poèmes « Lettre d’un enfant soldat », « Les Prix Nobel de la paix », « Crédo pour l’humanité », et j’en passe, c’est de l’art comme outil d’instauration de la paix, de la fraternité et de l’amour qu’il est question.

Et vous vous en doutez. En 2020, en plein ravage du Covid-19, où tous les secteurs d’activités dans le monde étaient paralysés, seul le secteur culturel et artistique poussait encore quelques pulsations. Et l’Unesco avait alors saisi cette opportunité pour faire face au marasme que faisait subir le Covid-19 au monde. Elle avait, par conséquent, mis à l’honneur, des conférences virtuelles appelées visioconférences réunissant les ministres en charge des arts et de la culture membres de ladite institution onusienne. J’avais, en ma qualité de journaliste, couvert deux de ces visioconférences au cabinet du ministre camerounais des Arts et de la culture à Yaoundé. Il était question, pour chaque ministre, de présenter l’état des lieux des méthodes et stratégies mises sur pied par le gouvernement de son pays pour faire face au Covid-19. Et dans l’ensemble, ce sont les artistes et hommes de culture qui s’ingéniaient : qui, dans la pharmacopée africaine (cas de la potion de Mgr Samuel Kléda ;« Ngul be tara » (la force des ancêtres) du nom du produit mis sur pied par un couple à Yaoundé) ; qui, dans la couture pour la confection des masques à partir des étoffes à la portée de tout Camerounais, parce que les masques importés de Chine coûtaient les yeux de la tête ; qui par la fabrication des gels hydroalcooliques à base des produits locaux ; qui par des sketches, des musiques et des poèmes (j’avais été sollicité pour participer dans un projet d’anthologie à Yaoundé) pour sensibiliser la populations à respecter les mesures barrières ; etc.

Et j’avais nourri l’espoir que quand les hommes auront remporté la victoire de la guerre contre le Covid-19 (je fais référence à une écrivaine camerounaise du nom de Patricia Noumi, qui avait commis une nouvelle bilingue intitulée Covid 19 contre humains/Troisième guerre mondiale, Éditions Mili, mars 2020, Yaoundé), enfin, ce serait aussi la victoire des artistes et hommes de culture d’Afrique sur la misère qu’ils endurent. Parce que, l’Unesco, ayant vu ce que ces femmes et hommes travailleurs de l’esprit, ont fait pour l’humanité, l’Unesco les sublimera et leurs arts avec. Mais c’était trop rêver ; c’était sans compter avec l’exploitation dont les artistes et hommes de culture font l’objet dans le monde. Après le Covid-19, les artistes et hommes de culture sont retombés dans leur train quotidien de misérables ! J’ai évoqué ce cas de la fonction des artistes lors du Covid-19 dans Précis du Maképisme, Essai de théorisation d’un courant littéraire

Majêk Makep au lancement de son livre

LDL : Quels sont les défis auxquels vous êtes confronté en tant qu’écrivain et comment les surmontez-vous ?

MM : Les défis sont multiples. Il y a ceux liés à la publication de mes œuvres. Vous avez bien constaté que tous mes livres sont publiés dans les maisons d’édition à l’étranger (Europe et Afrique) et pas chez moi au Cameroun. Chez moi, au Cameroun, l’édition ne se fait pas à compte d’éditeur ; elle se fait soit à compte d’auteur soit à compte mixte, c’est-à-dire que l’auteur apporte 50% et l’éditeur 50% du coût de la fabrication du livre. Donc, au Cameroun, les pauvres ne peuvent pas publier leurs livres.

À ce défi s’ajoute celui du rapatriement de mes livres au Cameroun. Il me le faut pour les mettre à la disposition du public. Quant aux libraires au Cameroun, ils ne commandent pas des livres de l’étranger à des prix dépassant 10.000 FCFA(environ 15 €, 18 $) du prix de vente. Vous avez dû vous rendre compte que mes livres coûtent trop chers : 39,90 € (26.000 FCFA) pour Précis du Maképisme/Essai de théorisation d’un courant littéraire (Editions Universitaires Européennes, Allemagne, 2020) et 48,90 € (36.000 FCFA) pour L’École d’abord, le mariage après (Éditions Muse, Paris, 2021). Mais elles font des rabais allant même jusqu’à 40%. Il y a quelques jours, mes éditeurs européens m’ont écrit pour me demander ce que je propose pour le marketing numérique de mes livres. Parmi les propositions, je leur ai dit de faire en sorte que les livres soient plus proches des publics (consommateurs) d’Afrique.

Un autre défi, et le plus préoccupant, est celui lié à la subsistance. Chaque jour, il faut satisfaire les besoins du ventre. Ce qui fait que le temps consacré à cette fin est plus important que celui consacré à la recherche, à la lecture, à l’écriture. La société n’a toujours pas encore compris le rôle et la place de l’écrivain. Le sport (football, boxe, etc.) a résolu ce problème. La détection des talents se fait à leurs plus bas âges. Et lorsqu’ils sont détectés, ils sont mis là où il faut, ils sont suivis, ils sont entretenus pour donner des résultats à la hauteur des attentes le moment venu (cas du professionnalisme). L’on estime que taper dans le ballon ou courir sur une piste ou cogner sur des gens c’est plus rentable que écrire des livres.

À un certain niveau de la vie de l’écrivain, on a la vie réglée comme l’horloge. On ne s’appartient plus. La vie est régie par les recherches, les lectures, l’écriture, les rencontres, les dédicaces, les colloques, les conférences, les voyages, les événements extra littéraires (cinéma, compétitions sportives, concerts de musique, théâtre, etc. parce que l’écrivain doit se cultiver), passages dans les médias (cas qui nous concerne ici). L’écrivain devient alors comme un bien universel.

Comment est-ce que je les surmonte ? Moi, en toute chose, face à toute situation, je dis toujours « Tout est à Dieu ! ». C’est mon carburant, c’est ma force.

Majêk Makep au lancement de son livre au Cameroun

LDL : Comment votre origine camerounaise et votre expérience personnelle influencent-elles votre écriture ?

MM : Naturellement. L’écriture de tout écrivain est influencée par le bagage, l’héritage qu’il transporte avec lui.  Si je me réfère au Dictionnaire Larousse encyclopédie pour tous, l’expérience c’est la « connaissance acquise par une longue pratique jointe à l’observation ». Sur le plan philosophique, c’est « un ensemble des phénomènes connus par l’esprit ».

Majêk Makép n’en fait pas exception. L’École d’abord, le mariage après est riche en expériences d’origine camerounaise du romancier. Kollò Clément, sur la route de Ndobian, où son beau-père, Masa Mankoñ, l’appelle de toute urgence s’il tient encore à écouter sa voix, est en peine. Les pieds droit et gauche qu’il cogne contre les cailloux de Madip à Ndobian, relèvent de la prémonition sur ce qui l’attend au village. « L’état de la maladie de Masa Mankoñ est-il inespéré ? Le décès d’un être cher l’attend-t-il à Ndobian ? » sont autant de questions qu’il se pose dans cette après-midi sous un soleil accablant. Parce que chez les diɓóm, heurter un pied contre un caillou ou une souche est révélateur d’un événement malheureux ou heureux selon que c’est le pied droit ou gauche. Et à chaque fois que Kollò heurte son pied contre un caillou, Komba lui souhaite : « Remarquez bien ce pied que vous avez cogné. Et que la terre de vos aïeux vous soit accueillante ! ». N’est-ce pas ironique, voire sadique, lorsqu’on sait la douleur qui tenaille Kollò ?

L'école d'abord, le mariage après de Théphile Essome Essome

De même, une autre lecture d’expérience dans le roman est dévoilée par Masa Mankoñ. Un lundi du mois d’octobre, il voit apparaître sa fille Ndɔkɔ́n. Or, le mois d’octobre, comme les autres mois de l’année, notamment juillet, août et septembre, sont des mois où la Makombè atteint son paroxysme en termes de crue. Et Ndɔkɔ́n va leur dire qu’elle a été répudiée du foyer conjugal pour rien par Kollò. «Pour rien, il te répudie ? », demanda Masa Mankoñ. « Oui ! », répondit Ndɔkɔ́n. Mais étant donné que Masa Mankoñ n’avait reçu aucune lettre de son gendre, des doutes subsistaient dans sa tête. Ajoutées à cela, de fréquentes vibrations de sa peau (appelées « ngám », c’est-à-dire araignée en diɓoɓóm) aux bras, à l’œil, aux fesses, aux lèvres, dans la paume de la main, aux doigts, le renseignaient sur une situation louche. Ce qui ne le laissa plus indifférent et en paix. Il va alors rédiger la lettre sur sa supposée maladie et envoyer à Kollò. C’est lorsque Kollò va arriver à Ndobian et que lors des assises de crise avec les notables sur ce qu’il y a eu entre lui et sa femme, que la vérité éclatera. Le départ de Ndɔkɔ́n du foyer conjugal était dû à son adultère d’avec M’yong Narcisse. Voilà deux cas d’expérience parmi tant d’autres que le romancier a utilisés pour enseigner que chez les Diɓóm l’Homme communique avec la nature et son corps. Ce qui participe de l’enseignement du philosophe Socrate lorsqu’il dit : « Homme, connais-toi, toi-même ».

Et sur le plan purement personnel, il y a déjà mon nom Majêk Makép qui est source d’influence de mon écriture. C’est sous ce nom que le monde me connaît en tant qu’écrivain, en tant qu’artiste. C’est avec ce nom que je vais au rendez-vous du donner et du recevoir. Majêk, en diɓoɓóm (langue parlée par le peuple diɓóm, dans le canton hyponyme, arrondissement du Nord-Makombè, département du Nkam, région du Littoral) signifie ou renvoie à tout ce qui est gastronomie. C’est par ce nom que ma maman, Ngon Bernadette (paix à son âme !), m’appelait. Ça intriguait mes camarades qui pensaient que j’étais trop gourmand, que j’aimais trop manger. Moi non plus, je ne sais pas si je mangeais trop dans mon enfance. Mais je sais juste qu’une mère ne peut donner que ce qui est bon, meilleur à son enfant. Et en greffant Majêk à mon nom de plume, je rend un vibrant hommage à ma maman et lui dis qu’elle ne croyait pas si bien faire en m’appelant Majêk. Et dans Précis du Maképisme/Essai de théorisation d’un courant littéraire, je dis qu’ « à la place de la gourmandise alimentaire, je suis devenu friand en tout ce qui est nourriture de l’esprit aujourd’hui ».

Quatrième de couverture

Quant à Makép, il est le nom d’éloge et d’honorabilité de tous ceux qui se nomment Essomé chez les diɓóm. Chez ce peuple, chaque nom a un second nom qui caractérise l’individu, qui est son éloge, son titre d’honorabilité. Et c’est de Makép que le courant littéraire et de pensée tire son nom : le Maképisme. Mais c’est plus profond que ça. Et si on était sur le plan ésotérique ou mystique, Makép serait l’égrégore du Maképisme.

LDL : Quelles sont vos sources d’inspiration lors de la création de vos œuvres littéraires et poétiques ?

MM : Lowé Tchuisseu, le journaliste qui a modéré la première séance de dédicace d’Universalité réconciliée, le 9 mars dernier, au Musée national à Yaoundé, m’a posé la question de savoir « Pourquoi je suis devenu poète ? ». Je lui ai répondu que je suis devenu poète parce que vous êtes-là, parce que le monde existe. Et à vous aujourd’hui, je réponds ici que tout est source d’inspiration pour le poète que je suis. Un abus de pouvoir « À qui le tort ? », les phénomènes atmosphériques « Le soleil et la pluie », un élément de la nature « Makombè, quelle horreur ! », les inégalités sociales et la mal gouvernance ou la souffrance « La route du Nkam », un voyage « Voyage supplicié », le mépris des droits de l’homme « La destinée ou la coupe du journaliste », un événement traumatisant ou le destin « Marc-Vivien Foé », « Emmanuel Keki Manyo », le sentiment, la passion « Odile », « Pour te faire un poème », « L’inconnue », l’amour d’une mère « Hymne à maman », l’irresponsabilité du père «  Lettre à papa », la déception, le crime « Requiescat in pace », la soif de la paix ou de la coexistence pacifique « Les Prix Noble de la paix », « Pour que règne la paix », une vision « Holy Mandela », un principe ou une idéologie « Crédo pour l’humanité », une déception « Une surprise surprenante », etc. Donc contrairement à Paul Eluard qui clame que « Le poète est celui qui inspire et non celui qui est inspiré », Majêke Makép dit que tout l’inspire.  

LDL : Comment décrivez-vous votre processus créatif lors de l’écriture d’un livre ou d’un poème ?

MM : Avant d’entrer dans le vif de votre question, je dis que mon écriture se réclame du Maképisme. C’est une écriture caractérisée par un éclectisme et un hybridisme conceptuels et de manière automatique. Donc retenez déjà cela pour comprendre le style maképiste. Quand vous aurez intégré cela, chaque fois que vous serez en face d’une œuvre d’un maképiste, c’est sous l’angle de l’éclectisme et de l’hybridisme que vous devez chercher à voir comment cela se manifeste dans l’œuvre. Je fais cet éclairci parce que le Maképisme n’est pas encore bien connu, sinon, je vous aurais répondu trivialement qu’«On ne peut pas se placer à la fenêtre et se voir passer dans la rue » (rire). Quand j’écris, j’écris pour tous les genres littéraires et artistiques. J’écris pour le conteur, le musicologue, le peintre, le caricaturiste, le dramaturge (la scène), le journaliste, l’audiovisuel, l’architecte, l’homme politique, le paysagiste, la photographe, l’environnement, le développement durable, le patrimoine, l’homme des sciences, etc. L’éclectisme et l’hybridisme sont l’âme du Maképisme.

Maintenant, sur le processus créatif, tout dépend du genre littéraire sur lequel je travaille. La poésie est un genre d’exposition. On expose un sujet, une situation, qui est à la base du projet de création. Qu’est-ce que je veux en faire ? Quels messages je veux passer ? Quels effets je veux susciter chez le lecteur ? Est-ce que je veux susciter de l’admiration, de l’empathie, la prise de conscience, communiquer un projet, susciter l’adhésion  et comment je vais m’y prendre ? Ici, on parlera moins ou rarement de l’objectif ou du résultat à atteindre que de l’effet. Si vous avez lu ou écouté quelques poèmes d’Universalité réconciliée, vous vous êtes rendu compte que la poésie maképiste est essentiellement communicative. Et à juste titre, parce que nous sommes au siècle de la communication. Elle est toujours orientée vers l’autre, autrui. Ce sont des poèmes construits sur le schéma des échanges entre le poète et l’autre. Vous le verrez dans «Madip, te souviens-tu ? », « Marc-Vivien Foé », « Emmanuel Keki Manyo », « Holy Mandela », « Odile », « Mirabelle, tu seras toujours mon amour », « Les mots qui enchantent », « Le soleil et la pluie », « Makombè, quelle horreur ! », « La route du Nkam », « Madagascar », etc. En fait pour Majêk Makép, tout ce qui existe est alter égo.

Et comme le précise Précis du Maképisme/Essai de théorisation d’un courant littéraire, la philosophie maképiste donne âme aux universaux, parce que Majêke Makép est habité par le principe que la vie n’est possible que par la participation de tous les éléments qui constituent l’univers. Il m’arrive souvent de demander à quelqu’un en quoi est-ce qu’il croit qu’il est plus utile à la vie qu’une abeille ?

Je conçois d’abord la poésie comme un art. Un plan est établi. Il faut alors trouver des ingrédients pour agrémenter la composition. Ça peut chercher dans la musique, la chanson, la danse, le journalisme, la caricature, la versification, le dialogue, la tradition orale, la prose, le théâtre. Ça peut même chercher dans le fantastique, le grotesque, le comique, le vide, le regard. Ça peut emprunter dans les langues maternelles ou toutes autres langues conventionnelles. Mais tout cela pour véhiculer les émotions et susciter l’effet escompté. Généralement, mon style poétique est la scénarisation des histoires. 

LDL : Quels sont vos projets futurs en tant qu’écrivain et artiste engagé ?

MM : Je parlerai ici de deux projets les plus pressants qui me tiennent à cœur. Il s’agit de la tournée nationale de dédicace de mes livres et le projet de création littéraire et artistique dont je tais encore le nom. La tournée me conduira dans quatre régions du Cameroun, à savoir le Littoral, l’Ouest, le Centre et l’Adamaoua, pour pratiquement une douzaine d’escales dans les établissements scolaires et centres culturels. Mais il faut que je sois en possession de tous mes livres. Jusqu’ici, il n’y a qu’Universalité réconciliée, qui est en circulation au Cameroun. Les deux autres : Précis du Maképisme/Essai de théorisation d’un courant littéraire et L’École d’abord, le mariage après sont encore en Europe. Et même Universalité réconciliée doit faire l’objet d’une seconde édition, car les exemplaires, que j’ai à ma disposition, sont insuffisants. Donc faire venir tous ces livres au Cameroun demande de l’argent. Le devis estimatif me situe à environ 5.000.000 de FCFA.

J’envisage aussi une tournée internationale de dédicace. Il y a des pays en Afrique centrale, de l’Ouest et du Sud qui aimeraient bien m’avoir chez eux. Le Gabon, le Congo (Brazzaville), la RD Congo, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Burundi et l’Afrique du Sud sont sur la liste. En Europe de l’Est (France, Allemagne, Belgique), les pays de l’Europe du Sud-Est et même la Russie sont visés. Donc même 30 millions d’exemplaires pour couvrir tout ce périple ne suffirait pas.

Et n’eût été le Covid-19, j’aurai déjà fait une tournée en Europe, notamment en Allemagne, en France et en Belgique. Il y a des Africains de la diaspora qui m’invitaient pour donner des conférences sur le Maképisme et sur mes œuvres (mon écriture). Je ne sais pas si, avec la réouverture des frontières, signe du retour des activités, ils vont relancer le projet. J’attends ! J’étais même sur la liste des écrivains africains pour l’obtention d’une bourse dans une académie en Europe. Parce que mon livre Précis du Makpképisme/Essai de théorisation d’un courant littéraire rentre dans le domaine de la recherche et donc de la science. D’ailleurs, les Editions Universitaires Européennes l’ont classé dans la catégorie Langue et science littéraire. Vous avez dû le savoir quand vous êtes allée sur Google. Il y a quand-même quelque chose de nouveau et de révolutionnaire que j’apporte en littérature.

makep

S’agissant du projet de création artistique et littéraire, c’est un concept que j’ai élaboré et qui consistera en un lancement, en début de chaque rentrée scolaire (octobre) d’un concours multidisciplinaire dans les établissements secondaires du département du Nkam. Les disciplines concernées seront : la poésie, la nouvelle, le conte, le dessin, la peinture , la photographie, l’art culinaire, l’artisanat, la couture. Les résultats seront donnés en février ou mars de l’année suivante. Il y aura beaucoup de prix et de lots à gagner par les élèves méritants. Et les meilleures œuvres vont faire l’objet de publications dans des livres. J’ambitionne par là mettre l’art et la littérature au centre du développement. Ce sera une opportunité à saisir par les mairies du Nkam (Yabassi, Yingui, Nkondjock et le Nord-Makombè). Vous savez, le département du Nkam est le plus lésé en termes de créativité et de culture au Cameroun. Rares sont les établissements scolaires qui ont  des bibliothèques. Et aucune mairie n’a de bibliothèque, pourtant ce pays est entré dans la décentralisation ou la régionalisation depuis 2013. Mais quelle mairie connait même les compétences qui sont les siennes ? Un des objectifs du projet sera donc de doter les établissements scolaires et les maires de livres. Nous aurons besoin de mécènes, de sponsors et de partenaires pour atteindre ces objectifs. Parce que tout le monde y gagne.

LDL : En tant que théoricien littéraire, quelles sont les perspectives que vous envisagez pour l’évolution de la littérature camerounaise et africaine ?

MM : J’ai envie de vous demander s’il existe la littérature camerounaise et africaine. Si oui, comment la reconnaît-on ? Quelles sont ses caractéristiques ? Sur le forum WhatsApp des poètes d’Afrique et même d’ailleurs, La Ronde des poètes, où ce sujet a été posé pour débat, en juin dernier, j’ai demandé de prendre deux poèmes de deux poètes d’Afrique : un Béninois et un Camerounais, et supprimer les noms de leurs auteurs, puis demander à quelqu’un de dire lequel est un poème camerounaise et lequel est béninois. Aucun membre du forum ne m’a répondu. J’ai encore pris un autre cas. Le romancier X est Camerounais et vit en Allemagne. Il commet un roman en allemand dont les personnages et les espaces ont des noms camerounais. Ce romancier X fait-il la littérature camerounaise, africaine ? Ici aussi, personne ne m’a répondu. 

Ce qui est fait et qui s’est toujours fait au Cameroun et en Afrique, c’est de la littérature française ou en français, la littérature anglaise ou en anglais, la littérature espagnole ou en espagnol, la littérature portugaise ou en portugais. Il n’y a pas de littérature camerounaise, il n’y a pas de littérature africaine, du moins au sud du Sahara que je connais plus ou moins bien. Il parait qu’en Afrique du Nord, les choses vont plutôt mieux.

Et si vous me demandez mes perspectives, eh bien ! Elles sont à trouver dans le Maképisme dans son volet de la création de la littérature africaine. Il faut que les langues africaines s’écrivent, qu’elles s’enseignent dans les établissements scolaires, qu’elles se parlent dans les administrations, qu’elles soient officialisées, que les hymnes nationaux africains soient exclusivement chantés dans les langues africaines.

Pour donc revenir à votre question, je dirais que je ne me suis pas seulement arrêté à la théorisation d’un courant littéraire et de pensée. De manière pratique, j’ai initié deux projets de publication des anthologies en langues africaines. Il s‘agit précisément de la publication de l’anthologie de poésie en langues africaines et de la publication de l’anthologie de contes en langues africaines. Le manuscrit, mieux la maquette du premier, est déjà entre les mains d’un éditeur camerounais depuis la fin de décembre 2022. Il regroupe douze poètes (deux femmes et dix hommes) de trois pays (Cameroun, République démocratique du Congo et Togo) pour neuf langues : diɓoɓóm (Cameroun), éwé (Togo), ewondo (Cameroun), ikpɔsɔ(Togo), nugunu (Cameroun), tem (Togo), tshiluba(République démocratique du Congo), tuki (Cameroun) et waci(Togo). Ce projet contient deux ouvrages : le livre physique (avec une grande partie en langues africaines et une autre en français) et un livre audio uniquement en langues africaines. Et le second projet est encore au niveau de la réception des participations. Il concerne exclusivement les écrivains de la CEEAC (Communauté économique des États de l’Afrique centrale, puisqu’il est né dans le forum à eux dédié en 2022).Et, des informations qui nous viennent de la secrétaire du Comité de pilotage dudit projet, la Congolaise  (de Brazzaville) Aline Lonzanyabika, on enregistre les langues telles que diɓoɓóm, kirundi, lingala, kikongo, kiswahili. On n’écarte pas la possibilité d’avoir le fang, le kinyarwanda et bien d’autres langues encore. Ce projet suit la même configuration que celui de l’anthologie de poésie en langues africaines. La présentation de ces livres aux publics fera l’objet de grandes fêtes à l’échelle africaine.

un jeune lors de la prése,tation du livre de Makêj Makep

Au niveau du Cameroun, je travaille ardemment, depuis quatre ans déjà, dans les projets de publication des ouvrages en langues diɓoɓóm qui est la langue du parlée par le peuple diɓóm. Il y a donc la publication d’un recueil de poèmes en diɓoɓóm, la publication du dictionnaire encyclopédie diɓoɓóm-français, livre de conjugaison en diɓoɓóm. Donc l’avenir de la littérature en Afrique est aux langues africaines. Dans Précis du Maképisme/Essai de théorisation d’un courant littéraire, je projette que d’ici l’an 2100, l’Afrique se soit appropriée son éducation et son école. Et s’approprier son éducation et son école veut dire que l’école doit être pensée, conçue et enseignée dans les langues africaines. Nous prévoyons déposer sur la table de l’Union africaine un document technique sur le projet de valorisation et de sauvegarde des langues africaines. Le document est déjà fin prêt et ce n’est qu’une question de temps. 

Le combat que je mène ici en Afrique avec quelques poètes et écrivains africains n’est pas seulement un réveil isolé, propre à l’Afrique. En France également, il y a tout un réveil pour les langues dites régionales ou minoritaires. Vous avez peut-être entendu parler de la Loi Molac, du nom de ce député (Paul Molac) qui a déposé, en 2021, une loi à l’Assemblée nationale en faveur de l’enseignement immersif. Elle plaide pour que les cours soient donnés en français et en langue maternelle de la localité concernée. Que les élèves obtiennent leur Baccalauréat en leurs langues. C’est ainsi que les élites (dont le plus incisif est Michel Feltin-Palas) de ces langues se battent pour que leurs langues soient enseignées dans les écoles. Il s’agit du breton, de l’occitan,du bernais, du basque, etc.Parce que, ce que beaucoup d’Africains ne savent pas, c’est que les langues régionales ou minoritaires de France ont subi (au profit de la langue de Paris : le français) le même sort (d’aucuns l’appellent « génocide culturel ») que les langues africaines sous la colonisation française. Donc si les Africains et leurs dirigeants (ceux-ci s’y plaisent bien, d’ailleurs)continuent à dormir, ils ne se réveilleront jamais sur cette question. Les langues des colons vont continuer à être privilégiées en Afrique aussi longtemps que la terre sera terre.

LDL : Comment votre engagement citoyen se manifeste-t-il à travers votre écriture ?

MM : On a qu’à lire mes livres pour voir comment je prends part à l’amélioration des conditions existentielles des semblables et à la création des possibilités pour l’avènement d’un monde plus humain, je dirais même pour la réalisation d’un univers angélique, paradisiaque. Si vous entrez dans Universalité réconciliée, vous trouverez des titres tels que «Tentation», «Ce monde incompris», «La route du Nkam», «Lettre d’un enfant soldat», «Makombè, quelle horreur !», «À qui le tort ?», «L’Afrique de toujours», «Crédo pour l’humanité», «La destinée ou la coupe du journaliste», «Les Prix Nobel de la paix», «Holy Mandela», etc. Ce sont tous des poèmes qui ont un rapport direct avec la société et l’humanité. Majêk Makép refuse de voguer sur les nuages pour rester ancré sur le réel, afin d’élever l’Homme vers le sublime et la plénitude. Il fait d’ailleurs ce serment dans «La destinée ou la coupe du journaliste» (Pp. 97-100), lorsqu’il déclare : «Et la bande à Beling-Nkoumba/M’appelle Étoile/Étoile, Étoile, moi, Étoile !/Quoi ?!/M’absorber dans l’opaque constellation des nuées/Alors que sur la terre se gausse l’obscurité asphyxiante/Et que là sévissent de sanglantes luttes égoïstes ?/Ah ! Non !/Scintillantes Étoiles/Je vous réponds : Non !».

Maintenant, dans la vie quotidienne, il y a cette transmission que j’opère vers les jeunes. Le 6 avril 2023, j’ai organisé le concours de déclamation poétique(couplé à la cérémonie de dédicace d’Universalité réconciliée) en direction des élèves du Collège d’enseignement secondaire de Ndotto Kwakwack, un village de l’arrondissement du Nord-Makombè département du Nkam, région du Littoral. C’est pour la première fois que cet arrondissement enclavé assistait à un exercice de ce genre. Il y a des élèves qui ont remporté sept livres, six livres, cinq livres, quatre livres, etc. (dans les genres roman, poésie, nouvelle, fable, essai) et de nombreux autres lots constitués de fournitures scolaires. Parce que j’ai conscience que le livre est encore un objet de luxe chez beaucoup de parents. Alors, il ne fallait pas seulement aller vendre mon livre, mais en faire bénéficier aussi aux élèves, nos enfants. D’où ce concours de déclamation poétique.

LDL : Pensez-vous que les écrivains et les artistes ont une responsabilité particulière envers la société ?

MM : C’est d’ailleurs le leitmotiv du Maképisme. Et je rejoins ici, le Pr. Jacques Fame Ndongo, ministre camerounais de l’Enseignement supérieur, qui a bien traité de la question de la responsabilité des artistes, mais sous le vocable de « pouvoir » dans son ouvrage. Il indique : « Enfin, il existe aussi, de toute  évidence, un pouvoir socioculturel qu’ont si bien exercé en des temps anciens ou récents, les Socrate, Platon, Aristote (…), Shakespeare, Molière, Corneille, La Fontaine, (…), Descartes, Spinoza, Emmanuel Kant, (…), Victor Hugo, Goethe, Balzac, Zola, (…), Newton, Les Frères Lumières, Karl Marx, Einstein, Jean Pierre Sartre, (…), Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Cheikh Anta Diop, Elvis Presley, Les Beatles, Pélé, etc. (…) On tendance aujourd’hui à sous-estimer ce redoutable pouvoir, au regard de la toute-puissance du pouvoir technico-économique et de la prépondérance du pouvoir politico-administratif » (Médias et enjeux des pouvoirs/Essai sur le vouloir-faire, le savoir-faire et le pouvoir-faire, P.27, Presses Universitaires de Yaoundé, 2006, cité dans Précis du Maképisme/Essai de théorisation d’un courant littéraire).

Ce qui précède est un appel aux écrivains et artistes à prendre conscience de leurs responsabilités sur la marche du monde. J’ai souvent fait le reproche à mes confrères et consœurs que ce soit de l’Afrique centrale que de l’Ouest. Je leur dis que nous, écrivains et artistes, ne sommes pas différents des dirigeants à qui nous reprochons quotidiennement leurs faiblesses ou impairs dans la gestion des hommes et des biens. Et comme je le relève dans Précis du Maképisme/Essai de théorisation d’un courant littéraire, au regard de l’actualité d’ici et d’ailleurs, on a envie de se demander s’il y a encore des philosophes aujourd’hui dans le monde. « Le XXIe siècle interpelle les écrivains et les artistes, écrivons-nous. Ceux-ci doivent reconquérir le pouvoir qui est le leur». Ils sont ce que nous appelons « les oints de Dieux ». Toutefois, les responsabilités sont partagées, car on peut se demander si la société accorde encore de l’importance aux productions des écrivains et artistes ?

lesjeunes camerounais lors du lancement des livres de Majêk Makep

LDL : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes écrivains et artistes qui souhaitent s’engager socialement à travers leur travail ?

MM : Est-ce que j’aurais vraiment un conseil à donner aux jeunes écrivains ? Je ne sais dans quels domaines socialement parlant les jeunes écrivains et artistes aimeraient s’engager. Mais tout dépendra de leurs aspirations et vision et surtout de l’héritage qu’ils accumuleront durant leur carrière d’écrivains ou d’artistes, je dirais de créateurs. Comment entendent-ils impacter leur société ? C’est la question centrale si tant est que le contexte social, culturel et économique le leur permet ! Pour cela, ils doivent bien s’armer culturellement, artistiquement et intellectuellement. Ceci passe donc inéluctablement par la lecture, l’observatoire et l’écoute. Mais vous pouvez bien avoir la volonté de transformer positivement votre environnement, mais les pesanteurs de toutes sortes vous empêchent.

D’un autre côté, et comme j’ai dit plus haut, et c’est peut-être là que je vais vous décevoir, dans Précis du Maképisme/Essai de théorisation d’un courant littéraire, il est écrit que dorénavant, les problématiques sur l’art, la littérature et la philosophie ne doivent être débattues qu’au sein des écoles ou courants littéraires et de pensée.  Pour une bonne raison que sans vision, sans idéologie, on ne peut impacter le monde. Car parler d’une école ou d’un courant littéraire, c’est parler d’une vision, d’une idéologie et d’une discipline. C’est à partir d’un courant de pensée qu’on cerne l’individu et le catégorise. Le Maképisme pense donc qu’en littérature, c’est comme en religion, en politique. En religion, on est soit de l’Eglise catholique, soit de l’Eglise protestante, soit musulman. Et en politique, on est soit de la droite, soit de la gauche, soit du centre, soit de l’opposition, soit du parti au pouvoir, soit conservateur, soit républicain, soit démocrate.

LDL : Comment voyez-vous l’avenir de la littérature et de l’art en Afrique et quelle est votre contribution à cette évolution ?

MM : Je crois savoir que cette question est déjà répondue plus haut. Toutefois, j’apprécie la pertinence de votre question : « l’avenir de la littérature (…) en Afrique », parce que j’aurais été très embarrassé si vous l’aviez formulée « l’avenir de la littérature (…) africaine ». Donc littérature en Afrique convient bien à ma conception de la chose plutôt que la littérature africaine. Pour répondre à votre question,  la littérature africaine est à créer. Même si des livres écrits par les africains sortent de presse chaque jour, la littérature africaine n’existe pas encore, du moins pour l’Afrique subsaharienne que je connais plus ou moins bien (une fois de plus). On ne peut pas parler de littérature africaine simplement parce que les Africains, qui sont allés à l’école du Blanc, écrivent en français, en anglais, en espagnol, en portugais, en arabe, etc. C’est une aberration.

Majêk Makep

Ma contribution à cette évolution – avez-vous demandé- se trouve bien dans mon engagement et mon positionnement littéraires. Dans Précis du Maképisme/Essai de théorisation d’un courant littéraire, au chapitre 3 portant sur « Le Maképisme est une école », je parle du code. J’y relève que « la problématique du code a longtemps nourri les débats entre intellectuels africains. Selon les États, seuls le français, l’anglais, l’espagnol, le portugais, l’arabe ont jusqu’ici entretenu la communication à l’oralité, mais beaucoup plus, sinon strictement à l’écrit dans les pays anciennement colonisés. (…) Si dans les années mil neuf cent cinquante, mil neuf cent soixante, mil neuf cent soixante-dix et plus, le combat mené par certains panafricains ou panafricanistes, dont le Sénégalais Cheikh Anta Diop, en faveur de la nécessité d’officialiser les langues africaines dans l’administration comme dans le système éducatif est resté lettres mortes, le XXIe siècle et la mondialisation avec son slogan de « village planétaire » aidant, qu’il soit opportun sinon un impératif catégorique de corriger cet accident de l’histoire en valorisant, en officialisant les langues africaines ».

LDL : Merci à vous!


Propos recueillis par Ruth AMOUSSOUGA.

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