Le peuple xwéda accorde un intérêt particulier à la cohésion du groupe et est animé d’un esprit de paix. Leur hymne intitulé “L’unité xwéda” l’annonce d’ailleurs clairement : se respecter, et considérer l’autre dans sa différence, soigne la fraternité. Dans ce livre, la passionnée de recherches en anthropologie et en histoire, Micheline ADJOVI explore la mémoire du souverain Daath Kpa-sê, roi fondateur de Gléxwé et grande figure de la résistance à la traite négrière.
Vivant précédemment sur le plateau Adja, le peuple xwéda a collégialement quitté ce lieu pour fonder vers la fin du XIV ème siècle son royaume dans une zone hydrographique. Il s’est fait sous la conduite de leur guide et doyen d’âge, Ahoho Gandjê Matou Alin, nom fort de pouvoir du premier roi.
Un nom dont la signification est : “Je suis la précieuse nacre perlière difficile à être transformée en un outil usuel”.
Quel est aujourd’hui l’étendue de ce royaume ? Comment a-t-il évolué au fil du temps ? Quels sont les souverains qui se sont succédés à sa tête ?
Pour répondre, l’autrice retourne aux origines même de ce peuple en émettant plusieurs hypothèses. La première part d’une dimension holistique, du nom, étroitement liée à la culture qui l’a généré. Elle fait remarquer que étymologiquement le nom Xwéda signifie Xwé = soleil et Dà = Au loin.
Considéré ensemble cela donne littéralement “Nous venons d’un lointain pays du Soleil levant”. À travers cette décomposition syntaxique, l’autrice suppose que les Xwéda ne sont pas originaires du territoire qui les abrite actuellement.
Cela l’amène à poser une deuxième hypothèse. Ce peuple serait venu d’un pays oriental comme l’Égypte, l’Inde, les Perses, la Grèce, la Rome, Ilé Ifè… En écartant ce dernier, la passionnée de recherche s’interroge sur lequel de ces pays.
La troisième hypothèse trouve ses origines dans les odes et panégyriques de la lignée, en hommage à Daath Kpa-sê, deuxième roi. Celui-ci montre clairement qu’elle est l’hôte des Adja. Quel serait alors l’origine du peuple xwéda du sud Bénin ?
L’univers et l’individu sont des créatures de la Divinité suprême, enseigne la science initiatique xwéda. Ce peuple a recours au langage analogique et symbolique pour expliquer le mécanisme et le fonctionnement de la loi et des principes en présence dans l’univers et dans l’individu.
Pour les xwéda, la création est la manifestation du Verbe, des Mots sacrés… Leur Aïeul considère d’ailleurs le Verbe comme un moyen adéquat, durable et pérenne pour comprendre la genèse de la création et ainsi parvenir à la résolution des équations existentielles.
Pour les xwéda chaque nombre, pris isolément, a un sens et représente une figure géométrique qui véhicule une idée. Le nombre un (01) qui correspond au point au milieu du cercle représente le pouvoir. C’est en effet, seulement à partir du centre du cercle que l’on appréhende la totalité.
Pour ce peuple, la vie et toutes ses manifestations ont pris origine à partir d’un seul point (Ké) Kether; la couronne royale, l’essence de la vie. Le nombre deux (02) symbolisant le bipolarisme universel est représenté par deux segments de droites verticales chez les xwéda. Le feu va de pair avec l’eau son opposé et sa compagne.
Ces deux éléments avec l’air forment un ternaire ou une triade supérieure symbolisé par un triangle équilatéral. Celui-ci est attribué à la Divinité suprême, gouvernant tout ce qui existe.
Le carré rappelle la création et symbolise le quaternaire. La kabbale xwéda instruit qu’en Daath s’unissent pour la première fois les quatre (04) éléments : le feu, l’air, l’eau et la terre. Ce qui fait de ce souverain le premier carrefour et le premier aimant quadripolaire, le véritable premier enfant divin : l’âme cosmique.
La loi, l’ordre, la justice et la réalisation comme ce quaternaire de la tradition xwéda sont les quatre (04) concepts d’importance dans la gestion efficace et efficiente d’une communauté viable et pérenne.
Dans la tradition xwéda, l’enfant consacré et divinisé se voit directement imprimé dans la chair sept (07) figures géométriques. Outre cela, à la naissance il doit passer trois (03) rituels initiatiques : celui de la lune, du soleil et de la terre.
Le dernier est particulièrement utile car l’agriculture est une activité sacrée et prodigieuse en pays xwéda. Mais c’est aussi un moyen de célébrer et de sublimer la Mère nourricière.
Chez les Xwéda, un arbre de vie représente la création, manifestée au moyen d’un schéma à l’aspect d’un arbre classique. Il est créé par les ancêtres pour appréhender les Émanations et les Lois universelles. L’arbre de vie xwéda est composé de trois (03) grands piliers symbolisant trois (03) éléments de la nature; le Feu, l’Air et l’Eau.
Ces piliers se développent en dix (10) principales Émanations correspondant aux dix (10) premiers nombre.
En plus de ces Émanations de base, s’ajoute une autre très capitale dans la tradition : Daath. Celui-ci fondateur de Gléxwé représente une figure divinisée. D’ailleurs, tous les souverains que ce peuple a connus, à commencer par Daath Kpa-Sê lui-même, ont fait précéder leur nom de Daath.
L’être humain étant la réplique exacte du schéma cosmique, il s’ensuit que dans son organisme circulent les mêmes énergies que celles qui animent l’espace cosmique mais à une intensité moindre p.59.
Micheline Adjovi, une femme de lettres, passionnée de recherches à la plume délectable et riche. Elle laisse à la postérité un livre, Daath Kpa-Sê, d’une profondeur culturelle et d’une rigueur scientifique incontestable. A travers ode populaire, panégyrique, fait historique et ressources documentaires Micheline Adjovi a plongé dans l’histoire de Gléxwé plus précisément du peuple xwéda.
Cette passionnée d’histoire et de recherche à la plume dense et fournie, fait découvrir la terre sacrée de la cité mémorielle à trois noms : Ouidah, Gléxwé et Kpassê. Elle rappelle dans la dernière partie de son livre l’origine des xwéda, leurs valeurs sociales ainsi que le souvenir de la traite négrière.
Elle nous apprend que le critère d’appartenance et de regroupement de la communauté xwéda a évolué de la filiation à l’initiation. Le pouvoir politique au sein de cette communauté est resté uniquement dans les mains de la lignée royale des zanxwêmon Bô Agbodjê.
Mais avant d’établir une telle organisation sociale à Gléxwé, les xwéda étaient restés à khemenou (Hemopolis) une ville de l’ancienne Egypte où le dieu Thot était révéré.
Ils se sont sentis menacés sur leur territoire d’origine suite à l’assaut déstabilisateur des Assyriens en 663 avant J.-C et à la conquête de l’Egypte en 525 avant J.-C par le roi Perse, Cambyse II. Ils ont précisément quitté l’Egypte antique au VIè siècle suite à la cruelle et sanglante répression des romains, sous Justinien 1er entre 527 et 565.
Ils ont fait exil par le Sud au VIè siècle pour s’établir en Afrique de l’ouest. La riche végétation dont bénéficie cette dernière renferme un écosystème pourvoyeur de serpents et du Python royal, en particulier. Ils se sont notamment installés sur le plateau de Tado situé sur les bords du fleuve Couffo, au Centre-Est de l’actuel Togo où ils ont fait une halte de plusieurs lunes.
En 1382, le prince kpassè sous le nom fort de Daath Kpa-Sê est investi roi après la mort du patriarche Ahoho Gandjè Matun Alin. Et comme l’enseigne la sagesse, il fut l’homme qui s’ouvre aux puissants courants de l’Esprit et devient une bénédiction pour sa communauté et pour tous ceux qui l’approchent.
Références :
Livre : DAATH KPA-SÊ, roi xwéda fondateur de Gléxwé et grande figure de la résistance à la traite négrière
Auteur : Micheline ADJOVI
Pages : 113.
Une histoire aussi riche que intéressante. Il est important que nous prenons de plus en plus connaissance de nos origines, de notre histoire afin de savoir qui nous sommes.
Une histoire aussi riche que intéressante. Il est important que nous prenions de plus en plus connaissance de nos origines, de notre histoire afin de savoir qui nous sommes.