Quand la mémoire culturelle éclaire la vision politique et l’exigence de paix
La République démocratique du Congo fait aujourd’hui face à des défis multiples, dont les guerres persistantes à l’Est constituent l’une des expressions les plus douloureuses. Pour comprendre la posture que le pays peut et doit adopter, il est nécessaire de remonter à des référents plus profonds, où la culture, la pensée et la vision politique se rejoignent. C’est dans cette perspective que l’histoire des Bakwa Tshishimbula, le déboulonnage selon Félix Tshisekedi Tshilombo et la position de la RDC face aux conflits à l’Est trouvent une lecture cohérente.
Bakwa Tshishimbula : une histoire du déracinement nécessaire
L’histoire des Bakwa Tshishimbula selon Pierre NGINDU Kabitanga est plongée dans une conception ancienne de l’ordre et du déséquilibre. Le terme Tshishimbula provient du verbe Kushimbula, qui signifie déraciner, arracher, voire faire écrouler ce qui s’est profondément enraciné. Il ne s’agit pas d’un acte de destruction aveugle, mais d’un mécanisme réfléchi visant le rétablissement de l’équilibre.
Dans cette tradition, le déracinement intervient lorsque l’ordre est rompu, à l’image de la nécessité de rétablir l’harmonie entre le cerveau et le cervelet. Les Bakwa Tshishimbula incarnent ainsi une mission : enlever ce qui empêche la vie collective de fonctionner normalement. Le Tshishimbula devient alors un principe de correction, transmis comme une sagesse culturelle.
Le déboulonnage selon Félix Tshisekedi Tshilombo
Cette logique ancienne trouve une expression contemporaine dans la pensée politique de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Le texte rappelle que l’expression « déboulonnage » est apparue publiquement « en une période trouble du début de son régime politique ». Mais surtout, elle est définie comme « un procédé dans un processus de déracinement ».
Selon cette approche, le déboulonnage ne concerne « non seulement un monument, mais aussi et surtout un système politique antérieur » qui « tentait de se pérenniser ». Il s’agit donc d’un acte de rupture avec un ordre ancien, devenu incompatible avec le nouveau courant politique défini comme étant « l’État de droit ».
Le texte va jusqu’à donner à cette vision une portée spirituelle, présentant l’État de droit comme correspondant « spirituellement parlant, au millénium ou le règne de mille ans, d’après les promesses divines ». Le déboulonnage apparaît ainsi comme un passage nécessaire entre l’obscurité et la lumière, entre un système enraciné et un ordre nouveau.
Ngindu Kabitanga Pierre est l’un des ceux qui ont la conviction que » les ténèbres ne régneront pas pour toujours » parole qui avait marqué la fin de l’allocution du Président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo lors de son discours sur l’État de la nation devant les Députés et Sénateurs réunis en Congrès au Palais du peuple le lundi 08 Décembre 2025.
La position de la RDC face aux guerres à l’Est
À la lumière de cette double lecture culturelle et politique de MUNKAMBA , la guerre à l’Est de la RDC ne peut être réduite à une simple question militaire. Elle est le symptôme d’un système enraciné de violence, nourri par des intérêts économiques, des complicités régionales et l’érosion de l’autorité de l’État.
La position que la RDC peut adopter s’inscrit alors dans une logique de déboulonnage du système de la guerre. Il ne s’agit pas seulement de combattre des groupes armés, mais de déraciner les mécanismes qui permettent à l’insécurité de se reproduire : impunité, exploitation illicite des ressources, instrumentalisation des communautés.Dans cette perspective, l’État de droit devient la ligne de front principale. La protection des civils, la justice pour les victimes, la responsabilisation des acteurs internes et externes, ainsi qu’une diplomatie ferme constituent les piliers de cette posture. La RDC est appelée à refuser les solutions superficielles et à inscrire la paix dans la durée.
Une continuité entre mémoire, vision et action
De Bakwa Tshishimbula au déboulonnage présidentiel, une même logique se dessine : aucune paix durable n’est possible sans déracinement profond des causes du désordre. La guerre à l’Est n’est pas une fatalité, mais le produit d’un système qui peut et doit être arraché.
Ainsi, la position de la RDC face aux conflits armés s’inscrit dans une continuité historique et intellectuelle : déboulonner pour rétablir l’équilibre, déraciner pour reconstruire, et faire triompher l’État de droit afin que, enfin, les ténèbres ne règnent plus.
Fiston Axel ILUNGA Kabasele, Représentant de l’ivre du livre-RDC
