Le 26 novembre 2025, une fuite d’eau détectée en soirée a inondé une salle de la bibliothèque des Antiquités égyptiennes, située dans le pavillon Mollien du musée du Louvre. Cet incident a détérioré entre 300 et 400 ouvrages, révélant une nouvelle fois la vétusté des installations du musée parisien malgré des alertes internes répétées. Quelques semaines seulement après le cambriolage du 19 octobre, le Louvre fait face à un nouveau dysfonctionnement majeur.
Une fuite d’eau évitable ?
Selon les premières constatations, la fuite provient du réseau hydraulique qui alimente les systèmes de chauffage et de ventilation. Celui-ci, déclaré « en obsolescence totale », est coupé depuis plusieurs mois et doit être entièrement remplacé à partir de septembre 2026. La fuite serait due à l’ouverture par erreur d’une vanne, entraînant la rupture d’une canalisation au plafond.
Découverte à 20h45, l’inondation a touché une salle abritant des ouvrages précieux pour les chercheurs :
- revues d’égyptologie,
- documents scientifiques,
- périodiques,
- manuscrits de référence, dont certains dotés de reliures anciennes.
Le musée a refusé de commenter publiquement cet incident.
Entre 300 et 400 ouvrages touchés
Francis Steinbock, administrateur général adjoint du Louvre, a confirmé que 300 à 400 ouvrages datant des XIXᵉ et XXᵉ siècles ont été endommagés. Il précise cependant qu’aucun ouvrage patrimonial n’est concerné, qu’il n’y aurait « pas de pertes irrémédiables » et que les volumes seront sécherisés puis confiés à un relieur pour restauration.
Pour autant, plusieurs spécialistes expriment des inquiétudes. Le professeur égyptien Reda Sayed Ahmed rappelle que ces ouvrages constituent des sources de recherche principales, et que leur restauration pourrait n’être que partielle.
L’égyptologue Ossama El-Hariry a signalé qu’un exemplaire du monumental Description de l’Égypte, œuvre majeure issue de l’expédition de Napoléon, se trouvait peut-être dans la salle touchée — information qui n’a pas été confirmée par le musée.
Le Département des Antiquités égyptiennes : un des plus riches au monde
Le Département des Antiquités égyptiennes du Louvre est l’un des plus importants hors d’Égypte, aux côtés de ceux de Turin, Berlin, Londres, New York et Boston. Il compte :
- 6 000 œuvres exposées, couvrant 5 000 ans d’histoire,
- 78 000 œuvres enregistrées pour la documentation scientifique.
Parmi les pièces les plus emblématiques figurent le Scribe assis, le Scribe accroupi, le Sphinx de Tanis, les statues de Ramsès II, d’Akhénaton, d’Amenhotep, des sarcophages, des momies, des stèles, des papyrus, et des objets de la vie quotidienne. Les salles dédiées à l’Égypte romaine et copte présentent près de 800 pièces majeures.
La bibliothèque sinistrée, intégrée au département, constitue un centre de documentation spécialisé, utilisé quotidiennement par des chercheurs français et internationaux.
Un incident révélateur d’un malaise structurel
Le réseau hydraulique responsable du sinistre doit être remplacé dans le cadre de gros travaux programmés. « Nous allons renforcer les sécurités pour éviter toute erreur humaine », assure Francis Steinbock, qualifiant la situation d’« extrêmement regrettable ». Une enquête interne est en cours.
Pour financer ces modernisations, le conseil d’administration du Louvre a validé une hausse de 45% du prix d’entrée pour les visiteurs extra-européens à partir de 2026.
En 2024, le Louvre a accueilli 8,7 millions de visiteurs, dont 69% d’étrangers, confirmant son statut de musée le plus visité au monde.
Réactions en Égypte
Jusqu’à présent, aucune autorité égyptienne, y compris le ministère du Tourisme et des Antiquités, n’a réagi officiellement. L’incident a toutefois suscité une large couverture médiatique en Égypte, où les inquiétudes portent sur l’intégrité des œuvres et documents liés au patrimoine pharaonique conservés au Louvre.
Vous aimez cet article ? Contribuez à notre mission en cliquant sur ce lien. Chaque geste compte 🙏
➡️ Soutenir L’ivre Du Livre
