Alain Mabanckou parcourt la société pour en faire sortir les réalités. Ses écrits ne laissent personne indifférent. Son livre Petit piment est un grand chef-d’œuvre qu’il nous laisse. Comme à son habitude, sa narration, ses récits sont attachés à sa terre natale le Congo. L’allusion loin d’être des faits qui révèlent le vécu de cette communauté est aussi celle de l’Afrique en générale.
L’ouvrage Petit piment fait vivre un fait de société récurrent qui, même s’il se situe dans une période révolutionnaire, est d’actualité. Le principal protagoniste Moïse dit petit piment nous conte sans ambages son quotidien tout en y ajoutant ceux de son entourage. Il est écrit en 308 pages et édité aux éditions du Seuil dans la collection fiction. Il parut en 2015 et réédité à Paris à Points en 2017.
Résumé de l’ouvrage ‘’Petit piment‘’ d’Alain Mabanckou
Moïse est un orphelin qui dès sa naissance a été déposé à l’orphelinat de Loango. C’est dans cet orphelinat qu’il passa son enfance sous l’influence d’un directeur, Dieudonné Nagoulmoumako. Celui-ci est régionaliste et voyait en Moïse l’enfant à abattre puisqu’il n’est pas du même milieu que lui.
Grâce au prêtre Moupelo, Moïse dit petit piment fut baptisé et suivit l’éducation comme tous les autres enfants. Il se fait remarquer par son intelligence et sa fertile mémoire à restituer le discours fait par le directeur ou le président de la République. Il se lia d’amitié avec Bonaventure qui, contrairement à lui, est un bavard.
C’est à cause de Bonaventure que le surnom ‘’Petit piment » lui fut attribué. En effet, les jumeaux Songi-songi et Tala-tala ont cherché noise à Bonaventure. Pour le venger, Moïse a mis assez de piment dans le repas des jumeaux. Une fois le repas consommé par les jumeaux, ils commencèrent la dysenterie et ça a failli leur coûter la vie.
Cependant, les jumeaux Songi-songi et Tala-tala ayant le don des visions, ont su que c’est lui. Cet épisode passé, Moïse devint l’ami des jumeaux par contrainte car il connaissait la force de frappe des jumeaux qui peut être fatale. Ainsi, firent-ils un plan d’évasion pour quitter l’orphelinat alors que Moïse n’avait que treize ans.
Il fit le plan en commun accord avec le gardien Petit Vimba avec la bénédiction du vieux Koukouba. A ce dernier, les jumeaux rendirent un service afin que leur évasion soit effective. C’est une fois évadés que les jumeaux et Moïse fondèrent leur gang à Pointe Noire.
Dans cette ville, les jumeaux s’imposèrent aux autres à cause de leur attitude mesquine et machiavélique. C’est dans cette même équipe que les jumeaux nommèrent petit piment, Moïse. Mais, le destin va tourner en faveur de ce petit piment qui au lieu d’en profiter va encore le gâcher. Que deviendra Petit piment à Pointe Noire ? Qui est Maman Fiat 500 ? Son rôle dans gang va-t-il le conduire en prison ?
Analyse de l’ouvrage ‘’Petit piment‘’ d’Alain Mabanckou
On ne parlera plus de talent, mais plutôt de perspicacité parlant du style d’écriture de Alain Mabanckou. Il décrit et restitue les faits de société dans ses livres en y ajoutant un humour particulier. Avec sa plume, il arrive à crever l’abcès qui ne cesse de grandir dans nos communautés africaines.
C’est avec cette même dextérité que Alain Mabanckou nous narre le récit de Petit piment. La lecture du roman montre déjà la période dans laquelle se situent les faits. Ce qui va sans dire que c’est la période après les indépendances en Afrique noire, soit dans les années 60.
De prime abord, l’auteur nous plonge dans un univers d’orphelinat où Moïse dit petit piment passe son enfance. Une enfance en compagnie d’un prêtre Moupelo qui par son cours de catéchisme donnait l’affection aux enfants. Une affection qui les a manqués à leur naissance.
Ce qui montre l’importance d’un foyer pour un enfant surtout pour son éducation. En Afrique cet état de chose est pris au sérieux. Car, c’est l’affection familiale qui donne plus d’épanouissement à l’enfant. « Papa Moupelo, le prêtre de l’orphelinat de Loango. . . » P.18.
De plus, dans son récit, Mabanckou décrit une société africaine en prise aux problèmes d’éducation familiale. Dans cette société, végètent des enfants qui par manque des soins familiaux et en l’absence des parents se retrouvent dans la rue. « Nous dormions dans le grand marché de Pointe Noire. . . » P.17.
Mieux, sa description ne s’arrête pas à la condition dans laquelle vivent ces enfants. Mais, les attitudes qu’ils adoptent. Puisque le manque de suivi et d’éducation scrupuleuses peut faire d’un enfant un récalcitrant ou une brebis galeuse dans la société. Et dans la société africaine, ces genres d’enfants courent les routes.
Leurs nombres ne cessent de s’agrandir ; en nos sociétés dont le sous-développement est un souci majeur. « Plus tard, lorsqu’il abandonna l’école, il s’échappa du domicile parental. » P.176. Ce qui rend cette œuvre plus saisissante est la manière dont Petit piment restitue l’histoire de chaque personnage. La façon dont il évoque chacun d’eux et comment il les combinait avec la sienne.
Enfin, Mabanckou nous parle d’un fait qui souvent ne se ressent pas trop dans nos sociétés africaines, mais assez répandu en occident. Il s’agit de la perte de mémoire. Ce qui a conduit le protagoniste à se référer à la médecine occidentale, mais aussi à celle traditionnelle qui sont restées vaines et impuissantes.
« Je reconnais que vous me prenez de court, j’avoue que je n’y ai jamais songé. . . » P268.
Thématiques principales abordées dans l’œuvre
*Régionalisme : Ici, l’auteur nous montre comment les peuples africains privilégient leur intérêt. De ce fait, les partis politiques en pouvoir se donne tous les moyens pour se maintenir, mais aussi placer les personnes de même enfance qu’eux à la tête des grandes institutions « Ce n’était pas donné à n’importe qui de devenir un des dirigeants d’une section …..» p.53.
*Enfants de rue : Mabanckou aborde cette thématique tout en montrant le cercle vicieux dans lequel vivent les enfants qui sont prêts à tout pour avoir ce qu’ils veulent. Il montre que ces enfants, pour la plupart, font le choix de vivre cette vie d’errance tout en abandonnant les foyers dans lesquels ils ont été placés.
*La prostitution : Sans aller par deux chemins, Mabanckou parle de la prostitution comme un métier très rentable et satisfaisante. Car étant le plus vieux métier du monde, des femmes en ont fait une activité à fort revenu. Puisque tout le monde est servi selon ses moyens. Mieux, des autorités politiques et autres y trouvent leur compte. « Mon petit piment, tous les hommes qui n’ont lue dans leur lit. . . » P.203
Avis critique de l’ouvrage ‘’Petit piment‘’ d’Alain Mabanckou
La lecture de cette œuvre a été passionnante. Car, elle est fluide, le rythme est souple, moins de description. Un vocabulaire assez simple et compréhensible.
Cependant, l’abondance des expressions gênent un tout petit peu la compréhension de certains passages. L’abondance ou la répétition à n’en point finir des noms retarde la lecture.
Thierry HOUNYE chroniqueur à L’ivre Du livre. Il est philosophe de formation à l’UAC ( Université d’Abomey-Calavi ).