Le prix Goncourt 2024 a été attribué ce lundi 04 novembre au restaurant Drouant au romancier franco-algérien Kamel Daoud pour son roman Houris édité chez Gallimard. Il succède ainsi à Jean-Baptiste Andrea lauréat de l’édition 2023 pour son livre Veiller sur elle. Le Prix Goncourt est le plus ancien et le plus prestigieux prix littéraires en France.
A Six voix, contre deux pour Hélène Gaudy, une pour Gaël Faye, lauréat du Renaudot, et une pour Sandrine Collette, l’académie Goncourt fait lauréat l’œuvre d’un auteur qui tombe sous le coup de la loi dans son pays. En effet, le roman Houris choisi par l’académie comme Prix Goncourt 2024 au premier tour évoque la guerre civile de 1992-2002. Or une loi votée en Algérie interdit formellement la publication de tout ouvrage qui évoque la période de « la décennie noire ».
C’est ce livre censuré en Algérie et interdit d’exposition au salon d’Alger 2024, qui a été présenté depuis les premières sélections comme grand favori du plus prestigieux prix littéraire en France. Son auteur, Kamel Daoud, est un ancien journaliste franco-algérien de 54 ans. En octobre dernier, le livre avait obtenu le prix landernau des lecteurs.
Le président de l’Académie Goncourt, l’écrivain Philippe Claudel a salué “un livre où le lyrisme le dispute au tragique, et qui donne voix aux souffrances liées à une période noire de l’Algérie, celle des femmes en particulier. Ce roman montre combien la littérature, dans sa haute liberté d’auscultation du réel, sa densité émotionnelle, trace aux côtés du récit historique d’un peuple, un autre chemin de mémoire”.
Publié chez Gallimard, Houris de Kamel Daoud désigne dans la foi musulmane les jeunes filles promises au paradis. Il s’agit donc d’un roman sombre sur le destin d’une jeune femme, Aube, rendue muette le 31 décembre 1999, date à laquelle sa gorge fut tranchée. Kamel Daoud a choisi une femme comme narratrice. Mais curieusement l’intrigue se situe d’abord en Oran, cette ville où il a été journaliste pendant la “décennie noire” puis ensuite dans le désert algérien. “Quand j’ai suivi la guerre civile en tant que journaliste, j’avais plein de matière en plus que je ne mettais pas dans mes articles. Mon livre, c’est entre autres choses cette matière en plus” confie l’auteur au magazine Transfuge début octobre.
Premier Goncourt décerné sous la présidence de Philippe Claudel, le Goncourt 2024 – le 122e – a été remis conformément à la tradition au restaurant Drouant dans le quartier de l’Opéra, à Paris exactement à l’heure du déjeuner. C’est une fierté pour cet auteur d’inscrire son nom au palmarès de cette prestigieuse récompense, faisant de lui le premier écrivain algérien à décrocher le prix.
Bien que le Goncourt n’est récompensé que d’un chèque de dix euros, que les vainqueurs choisissent traditionnellement d’encadrer, il permet notamment de vendre des centaines de milliers d’exemplaires du livre récompensé. De nombreux lecteurs, ont la curiosité de découvrir l’ouvrage lauréat ouvrant ainsi la voie à de nombreuses traductions à travers le monde.