La religion est l’opium du peuple, est la formule la plus rarement formulée mais qui sera la plus répétée, la plus exploitée et la plus déformée. Elle ressort de la situation socio-économique allemande des années 1840 et succède à la réforme de Luther opérée le 31 octobre 1517. Le livre écrit par Karl Marx et qui a pour titre l’opium du peuple est un véritable discours philosophique sur les croyances humaines. Il a été publié aux éditions Mille et une nuits et couvre 62 pages.
Le récit de Karl Marx
Dans le récit de Karl Marx sur la religion, il ressort clairement une trilogie qui fonde son analyse. Celle Ciel – Théologie – Religion dans le domaine de la foi qui s’apparente à la trilogie Terre – Philosophie – Politique dans la vie réelle. L’œuvre remet en cause la situation socio-politique allemande contemporaine dans l’optique de participer à l’émancipation du peuple de Marx.
L’auteur attribue dans son ouvrage l’immobilisme allemand à son enracinement chrétien. Pour lui, “la religion freine d’autant plus la libération et l’autonomie des hommes qu’elle maintient dans un état de sujétion perpétuelle vis-à-vis de Dieu”. Paradoxalement, Marx remarque que c’est l’homme qui fait la religion, ce n’est pas l’inverse.
L’aliénation de l’homme par la religion
Cela l’amène à se demander : <<si la religion aliène l’humanité, cette aliénation n’est-elle pas une forme d’auto-aliénation ?>>. La religion amène en effet, l’homme à chercher une consolation dans l’au-delà. L’homme allemand est victime de la “situation aberrante”, engendrée par l’évolution historique et politique de la société.
Cette évolution a créé un monde absurde et injuste que la religion tente de remédier après en avoir été l’instigateur. Ce qui le pousse à se faire une fausse idée du monde réel ainsi que de lui-même. Il souffre et s’invente Dieu afin d’apaiser sa souffrance. Malheureusement, cette quête crée un cortège de misère qui lui permet de s’accepter et de finir par accepter l’injustice sociale.
L’analyse du livre
L’analyse de Marx sur le caractère opium de la religion fait suite à celle de Kant dans la note ‘’religion dans les limites de la simple raison’’ et de Feuerbach. Elle propose “d’abolir la religion en tant que bonheur illusoire” p.51. Marx précise d’ailleurs que ce n’est pas la religion en elle-même qui fait l’objet de critique mais plutôt la société.
Cette dernière faisant le lit à l’illusion ne conçoit plus la religion comme des médications pour “masquer la douleur sans jamais en soigner la source”. Par analogie à la médecine, Marx fait remarquer que la religion ainsi considérée fait que la maladie gagne du terrain. Cela jusqu’à l’issue fatale sans même que le malade s’en rende compte.
Se passer de la religion fera que le monde suffirait alors au bonheur réel de l’homme. Mais attention ! Pour se passer de la religion, il faut une transformation radicale de la société. Sinon, la cruauté et la souffrance évolueront de manière ascendante. C’est surtout à la puissance politique prise par la religion au fil du temps que Marx s’en prend.
Il pense que cela fait le nid à l’injustice et donc qu’il faudra y mettre un terme. Il ne s’agit surtout pas de la religion en elle-même. Marx s’attaque plus dans son ouvrage à l’aliénation sociale, politique et économique. La Réforme de Luther est l’un des modèles que l’auteur pense être plus bénéfique pour la transcendance.
Celle-ci s’attaque par la force à la racine de l’injustice sociale et participe activement à l’émancipation humaine. Elle amène l’homme à devenir l’être suprême qu’il est censé être.
Livre : L’opium du peuple
Auteur : Karl Marx
Éditions : Mille et une nuits
Année de parution :
Gervais DAG