Cotonou, le 9 octobre 200
RUE DE L’ESPOIR
POUR SAMUEL, MON AMI SAMUEL
Samuel, Samuel, mon ami Samuel
Je t’adresse ce petit poème
Avec beaucoup de tendresse
Si tes yeux le trouvent
Mon cœur le saura
On a été lié comme l’amour et la haine
Lié comme les maillons d’une même chaîne
On a été jeune et vieux en même temps
Jeune pour les parents
Vieux pour les autres enfants
Tellement anciens qu’on les a foutu la trouille
Deux vraies andouilles avec de grosses couilles
Quand j’y allais, tu me suivais
Quand tu y allais, pour moi c’était fait
Bagarreurs, turbulents
Tueurs d’oiseaux
Assassineurs de margouillats
Rebelles dans la peau
Samuel, Samuel, mon ami Samuel
Je t’adresse ce poème
Petit comme nous à la traîne
Si tes mains le touchent
Mon cœur le saura
Tu m’as appris à lancer plus loin que mon ombre
Je t’ai appris à grimper plus haut que le cocotier
Tu m’as fait goûter à la viande de chien
Pour y renoncer, je me suis donné un mal de chien
On a péché ensemble
Dehors, il a fait chaud
On a pêché ensemble
Les crabes, les lézardes
On a pourchassé ensemble
Les rats, les canards sauvages
On a bien rigolé ensemble
Pour un ballon même en citron
Qui de la bande ne rentrait pas tard
Tu a été meilleur que moi en tout
Je l’ai su lorsque j’ai fait mieux que toi pour tout
Samuel, Samuel, mon ami Samuel
Je t’adresse ce poème
Pour ne pas te dire que je t’aime
Si quelqu’un m’écoute
N’est-ce pas un signe qu’on se reverra
On a chacun pris sa route, bon gré malgré
Le temps n’étant pas notre allié
On aurait dû s’en méfier
Laisse moi te dire ce poème en route
Je sais que la route c’est ton sac à dos, mon émoi et tous nos doutes
Trente ans de kilomètres et d’expérience
Où es-tu passé cher camarade de l’enfance
Tu m’as appris à transgresser nos totems
Je t’ai appris à faire la paix avec toi-même
Tu m’as aimé comme un ami
Ami on l’était déjà, je t’ai admiré à la folie
On a été costauds et peinards
Jusqu’à ce que la maturité nous rattrape
Et que plus jamais le nom Hindémè
Ne rime plus avec grève et école buissonnière
Je te souhaite cette quantité de bonheur
Que ton dos pourra porter
N’oublie pas d’en donner un peu
Au groupe B, école Quartier
Notre amitié ne vaut t-elle pas de l’or
Mes hommages aux camarades qui sont déjà morts
On dit des larmes qu’elles sont les mots de l’âme
Moi je nous pleure avec le cœur
Gamin, tu m’aurais crié dessus :
-Un garçon ne doit jamais avoir peur
Samuel, Samuel, mon ami Samuel
YAYA ONKA LE SLAMTICIEN