Janas, petit garçon, à l’image d’un Safou, comme la plupart des garçons de son âge, a les bonnes manières en horreur. Pure insouciance ou naïveté de la vie, sans doute. Dans ce récit court mais percutant à l’allure d’un échange, Grégoire Folly, entraîne le lecteur dans les méandres de l’éducation traditionnelle.
L’histoire s’ouvre sur la séance de correction que maman Janas inflige à ce dernier pour son indiscipline notoire à l’égard des personnes âgées. Une séance qui était devenue presque une routine vu le caractère plus ou moins rebelle du jeune garçon, un récaltricitant en nature. Si pour le voisinage qui connaît bien les agissements du petit garçon, cette correction est bien méritée, ce n’est pas vraiment le cas de Mâ, sa grand-mère.
En bonne mère, et surtout pétri de sagesse, Mâ alla à la rescousse de son petit-fils. Elle le sauva des férules rageuses de sa mère. Cette dernière n’en pouvait plus des écarts de comportements de son fils. Elle ne parvenait plus à digérer ce manque de courtoisie et plus particulièrement l’agissement qui lui valut la répression en cours. Un agissement qui semble être de trop, excessif pour la mère.
Lorsque Mâ sauva Janas de la colère de sa mère, elle lui demanda avant tout propos ce qu’il avait mangé. Se rendant compte de son état, elle lui offrit de quoi manger pour calmer sa terrible faim. Mais avant que le petit ne consomme son repas, il avait l’obligation d’avouer à Mâ sa faute. Faute grave commise sur Kpézia, un vieillard vivant en retrait du village.
Qu’en est-il vraiment ? Quelle faute pourrait bien commettre le petit garçon pour susciter autant le courroux de sa mère et amener Mâ à se muer en, historienne, gardienne de la mémoire ?
Consciente de la gravité de son acte, Mâ se mit à compter au petit Garçon ce que fut la vie de ce vieillard. Elle mit un accent sur les dures épreuves qu’il avait traversées. Elle évoqua notamment le conflit qui l’opposa à ses frères du village pour un lopin de terre et de comment il avait triomphé.
Un triomphe qui n’est pas sans conséquence sur la suite de sa vie. Il sera en effet enrôlé pour participer à la guerre aux côtés des flansés (français) pour combattre les zalimands (allemands). Kpézia aurait même tué Hiter p.37, montrant ainsi son efficacité et son dévouement à se battre pour une raison qu’il ignorait sans doute.
Un événement qui laissera une marque indélébile sur sa vie !
A travers ce très riche et dense récit, l’auteur s’intéresse d’abord à l’éducation des enfants. La figure de Mâ et de la mère de Janas en sont des évocations majeures. Si la première opte pour une approche d’écoute et d’enseignement par appel aux émotions, la seconde choisit la plus simple mais facile voie, celle de la brutalité, de la violence.
Cette voie avait-elle vraiment d’effet ? Pourquoi n’empêche-t-elle pas Janas de récidiver ?
L’approche de Mâ aurait-elle vraiment des résultats significatifs sur le petit garçon ? Les questions posées par Janas à la page 41 et sa promesse à Mâ permet de répondre plus aisémenet à cette interrogation. L’enfant éprouve un regret pour son acte.
Mais au-delà de l’éducation qui est sans doute la thématique centrale, Grégoire interpelle aussi sur la Guerre et ses conséquences désastreuses.
Une œuvre à lire d’un trait et sans regret.
Le Garçon Safou de Grégoire Folly est publié aux éditions Légende en 2023.