La rose de Blida : Mohammed Moulessehoul (Yasmina Khadra)
La rose de Blida : Mohammed Moulessehoul (Yasmina Khadra)

La rose de Blida : Mohammed Moulessehoul (Yasmina Khadra)

La nostalgie de l’enfance fait partie des grands sujets d’écriture. Elle constitue le sujet à partir duquel, l’auteur entre en contact avec ses souvenirs mais aussi se connecte avec les lecteurs de toutes les époques. Publié en 2006 aux Éditions Après la Lune,  La rose de Blida est un court récit écrit par Mohammed Moulessehoul plus connu sous le pseudonyme de Yasmina Kahdra. Sur 65 pages, l’auteur nous conte son adolescence ainsi que ses aventures juvéniles. 

La rose de Blida : Mohammed Moulessehoul (Yasmina Khadra)

Présentation de la couverture de l’ouvrage La rose de Blida : Mohammed Moulessehoul et impressions

L’ouvrage se présente sur un fond obscur lumineux témoignant de l’aube. La première de couverture nous dévoile d’abord le nom de la collection de laquelle est issue l’œuvre. Juste à gauche du nom de l’œuvre et de celui de l’auteur se trouve une sculpture de femme en maillot de bain. 

Une image du feu arrière d’un véhicule, occupe le centre de la couverture encadré par un cadre blanc. Le titre du récit apparaît juste au bas de la première de couverture précédé de la maison d’édition. 

L’image de la première de couverture peut donner à croire au lecteur qu’il s’agit d’une intrigue captivante; le tout suscitant curiosité et envie de lire. Le titre La rose de Blida fait penser à une intrigue amoureuse au chœur d’un décor pittoresque. 

Résumé de l’œuvre La rose de Blida de Yasmina Khadra

Yasmina Khadra, nous conte son adolescence ainsi que les désirs qui ont orné cette période juvénile de sa vie. Placé dans une école de sous-officier de police par son père, Moulessehoul fut relâché après avoir purgé quelques semaines de peine. À sa sortie, il fut subjugué par la silhouette d’une mystérieuse dame qui depuis lors hantait ses pensées. 

Il cherchera par tous les moyens à rencontrer cette étrangère qui fit tant d’effets sur sa petite personne. Sollicitant d’abord l’aide du planton de l’école, il fut aidé par 53, l’un de ses amis et réussit à avoir quelques renseignements sur la mystérieuse femme. 53 fit comprendre à Moulessehoul que cette dame s’appelait Hawa Sidi Tami et avait un fils dans le camp. Ce dernier s’appelait Fouad. 

Moulessehoul noua très rapidement d’amitié avec le jeune garçon afin de se rapprocher de la mère de celui-ci. Fouad écrivit des lettres qu’il remit à Moulessehoul afin qu’il puisse les remettre à sa mère à Blida. Il sera sur le point de rencontrer pour de vrai cette dernière quand il découvrit que le Capitaine et la mère de Fouad étaient amants. 

Le lendemain de cette découverte, il fut convoqué par le capitaine et fut battu. Son amitié avec Fouad reçut un coup et cela encore plus quand celui-ci changea d’école. Comment Moulessehoul s’est-il senti après cette séparation ? Que se passera-t-il après sa sortie de la prison de correction ? 

Analyse et avis sur l’ouvrage La rose de Blida de Yasmina Khadra

L’enfance est souvent caractérisée par une grande naïveté. Les enfants à cette étape de leur vie ignorent réellement les conséquences de leurs actes et ne perdent pas de temps à réfléchir. Par sa propre histoire, Yasmina Khadra nous montre l’évolution psychologique mais également psychique de l’adolescent. À force d’être toujours derrière les enfants comme une mère poule, les parents empêchent les enfants de pleinement se découvrir. 

Il nous montre également que chaque parent à le souci de construire un meilleur avenir pour son enfant. Et ceci malgré la résistance ou le refus de ce dernier. Les personnages de Fouad et Moulessehoul en sont la parfaite illustration.

<< Jamais je n’avais réussi à me faire à l’idée que mon père, en me ravissant à ma mère et ma famille, pensât exclusivement à mon bien.>> p. 18. 

Plus loin Fouad exprime son regret quand il découvre que sa mère ne lui avait conté que des fariboles sur l’école :

<< Ma mère doit savoir qu’elle m’a menti, que cette école est triste à mourir. >> p.39 

Yasmina Khadra nous peint dans ce récit autobiographique les troubles ainsi que les maux dont souffre un adolescent quand il prétend aimer quelqu’un. Mieux, il nous fait à travers son histoire, l’illustration de l’univers dans lequel vit quotidiennement un adolescent en mal d’amour. Le personnage de 53 consolant son ami Moulessehoul, cherchant à vivre ses fantasmes nous montre une partie de ces maux :

<< Bon sang ! Tu l’as à peine entrevue ! Tu peux pas tomber amoureux d’une femme que tu n’as même pas eu le temps de regarder de près. >> p.23

Quand tout enfant prend contact avec le milieu scolaire, il est souvent animé par le désir de faire fausse route, de revenir sur ses pas. Il se sent esseulé et cherche à tout prix à revenir vers ses parents. La solitude qui habite l’enfant n’a d’égale que lui-même. L’enfant loin de ses parents, est quotidiennement animé par le désir de vivre auprès de ceux-ci. Les propos de Fouad questionnant Moulessehoul témoignent de cette immense solitude : 

<< C’est vrai qu’il faut attendre des mois avant de pouvoir rentrer chez soi ? >> p.34 

Loin d’être une fiction, Yasmina Khadra nous conte dans son récit les tourments des adolescents qui cherchent à mieux vivre et qui n’arrivent pas à comprendre les desseins des adultes. La vie en famille permet à l’enfant de se sentir en sûreté. L’enfant a parfois besoin de la présence de ses deux parents afin de s’épanouir, et de faire éclore ses potentiels.  Yasmina Khadra nous montre la douleur de l’enfant dès que ses parents sont divisés ou n’arrivent plus à s’entendre.  Le personnage de Fouad en est l’exemple quand Moulessehoul l’interrogea à propos de son père :

<< Non…il est vivant. Il vit en France avec une autre femme.>> p.34 

L’intrigue de Yasmina Khadra est bien accrochante bien que la chute laisse un goût d’inachevé. À travers les pages, l’auteur cherche à dialoguer avec le lecteur. Mieux, l’auteur cherche à placer le lecteur comme un témoin oculaire des différentes scènes que décrit sa plume. Le caractère autobiographique de l’œuvre permet au lecteur de sentir son auteur de plus près. 

L’usage du pronom personnel « je » crée une familiarité entre l’œuvre et le lecteur, mieux entre l’auteur et le lecteur permettant ainsi à chacun de s’identifier l’un à l’autre. Ce rapprochement est également très enrichissant pour le lecteur qui ne restera plus jamais étranger face à certains événements de sa vie. 

L’ouvrage est subdivisé en quatre (04) chapitres bien structurés. Ce qui offre une lecture fluide et captivante. Les descriptions de l’auteur sont d’autant plus profondes qu’elles introduisent le lecteur dans les profondeurs de l’histoire. Le lecteur n’est plus un simple observateur mais prend activement part aux épisodes se succédant pages après pages. L’ouvrage est accessible à tous et écrit dans un langage accessible à tous, dans un registre courant. 

Notons cependant que les différentes scènes de violences telles que les sanctions infligées aux élèves sous-officiers peuvent heurter la sensibilité des jeunes lecteurs. 

Les différentes thématiques abordées dans l’œuvre

L’adolescence : À travers ce thème qui est d’ailleurs le thème central, Yasmina Khadra dévoile quelques réalités de cette période du développement de tout être vivant. L’adolescence est la période des vices, de l’insouciance et des erreurs. L’auteur à travers ses personnages principaux que sont Fouad et Moulessehoul nous en dit long sur ce thème.

La solitude : Il précède celui de l’adolescence. La solitude selon Yasmina Khadra, est le quotidien de l’adolescent qui fréquente l’école puisque celui-ci se sent esseulé et loin de ses parents. Il cherche à combler le vide de ses parents dans la quête de nouveaux amis. Fouad est celui qui a le plus illustré ce thème. 

L’amour : C’est dans ce thème que réside la force de toute l’œuvre. Elle est présente dans chaque chapitre et sur toutes les pages. Ce thème, malgré sa multidimensionnalité, constitue le nœud central sur lequel l’auteur a noué son intrigue. On la retrouve dans le personnage de 53 qui soutient inlassablement Moulessehoul. Moulessehoul illustre également ce thème à travers son amour juvénile. 

La rose de Blida : Mohammed Moulessehoul (Yasmina Khadra)

Bref aperçu sur l’auteur

De son vrai nom Mohammed Moulessehoul, Yasmina Kahdra est un écrivain Algérien qui a choisi une identité féminine pour publier ses œuvres. Ex-officier dans l’armée algérienne et écrivain, il est né le 10 janvier 1955 à Kenadsa en Algérie. Auteur de célèbres ouvrages, il a remporté de grands prix tels que: Prix Goncourt des lycéens ; Prix des libraires (2006); et bien d’autres. 

Bibliographie 

Sa riche bibliographie est composé des œuvres telles : 

  • Les Agneaux du Seigneur ;
  • L’Écrivain ;
  • L’imposture des mots ;
  • La Rose de Blida ;
  • Cousine K ;
  • Les Enquêtes du Commissaire Llob…

Régis Mahougnon HANTAN est poète slameur, écrivain flûtiste, rédacteur web et chroniqueur littéraire à L’ivre du livre. Il est également philosophe de formation à l’université d’Abomey Calavi ( UAC ).

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