Ka Kidi est une production scripturale de Johannès Anatole appartenant au grand genre narratif : la nouvelle. Elle s’étend sur 125 pages, structurée en sept nouvelles dont : Ka Kidi ; Akoba ; Avant qu’elle ne parte ; Mea culpa ; Moi, la fille exemplaire ?; Axôsu kpo Axôsi et enfin Albert comme dans un rêve.
Intérêt du recueil de nouvelles Ka Kidi de Johanès Anatole
L’ensemble de ces nouvelles nous peint l’image d’un monde, d’un pays où végètent la perfidie, la cybercriminalité et son lot de dysphasie morale chez ses amateurs. Elles traitent aussi de l’amour maternel, le regret, les déviances sexuelles juvéniles, les injustices scolaires. Les magouilles et supercheries politiques font aussi partie des thèmes principaux qu’aborde Johanès Anatole dans ce livre.
L’auteur trouve son ipséité dans son style rédactionnel qui installe le lectorat dans un réalisme. L’auteur à travers son œuvre insiste sur l’influence des songes, rêves, cauchemars sur l’existence humaine. Dans chacune de ses histoires, il met en exergue la dimension préventive d’un quelconque danger, d’une mise en garde par ces différents assemblages subconscients.
Résumé des nouvelles du livre Ka Kidi de Johannès Anatole
Le livre de l’auteur béninois Johannès Anatole est un recueil de 7 nouvelles portant sur une diversité de thèmes. Ils vont des supercheries politiques aux multiples voies possibles pour libérer l’Afrique sans s’impliquer politiquement.
Bref aperçu du contenu de Ka Kidi
La nouvelle éponyme de ce recueil Ka Kidi qui signifie ‘’L’immortel’’ en langue mooré, relate les rêves inachevés d’un homme :
- intègre,
- ambitieux,
- probe,
- pétulant.
Ils apparaîssent dans le sommeil de son ami devenu son frère responsable de son assassinat.
En effet, Sanka et Kompa étaient de très bons amis. Que dis-je ! Ils étaient des frères, des confidents et étaient inséparables. Étant contre les injustices, les discriminations et les supercheries du gouvernement, Sanka avec l’aide de son ami frère Kompa, montèrent un coup d’État. Sanka devient alors le président.
Il rebaptisa le nom du pays en Bouquinafaso, affirma son panafricanisme et réduisa les injustices. Son règne promettait une meilleure vie aux hommes intègres qu’il dirigeait. Au plus grand désarroi, la Flanse s’allia au dirigeant de Yamsokro et son ami intime. Il fut assassiné par ces derniers sous le regard froid et le coup de Jarnac de son Yao (frère en Moore).
Ces faits relatés par l’auteur renvoient à une morne réalité : la mort de l’ancien président du Burkina Faso, Thomas Sankara. Selon les informations ce dernier est assassiné par son frère siamois Blaise Compaoré. Même si l’on constate une légère nuance au niveau du nom et l’orthographe des personnages, des pays et villes.
Akoba nouvelle de Ka Kidi de Johannès Anatole
La deuxième nouvelle, Akoba comme son titre l’indique, nous narre l’histoire d’un jeune homme qui fut arrêté par la police. Il s’agit d’une arrestation d’un fait dont il est innocent. Étudiant débrouillard, Nougnon réussissait difficilement à joindre les deux bouts. Nonobstant sa misérable condition de vie, il espérait un futur meilleur en s’adonnant plus au travail contrairement à son colocataire Nouk.
Ils rencontrèrent à l’une de leur sortie du cours l’un de leur camarade d’amphi Hitler, absentéiste. Celui-ci avait l’air pimpant et donnait l’impression d’avoir réussi sa vie. Il leur donna rendez-vous dans le but de leur livrer le secret de la réussite. Il s’agissait en effet d’un métier qui exigeait la maîtrise du clavier : la cybercriminalité.
Ensemble, les deux promirent à leur compère de réfléchir à la proposition et lui revenir le lendemain. Pendant cette nuit Nougnon fit un cauchemar dans lequel il voyait Nouk sacrifié au fétiche Kinninssi par Hitler. Réveillé en sursaut, il se rendit compte que Nouk n’était plus là.
Illico presto, il avertit la police du danger que court son cher ami qui serait probablement chez Hitler. Parviendra-t-il à sauver son ami ?
Axôsu kpo Axôsi
Mais que diriez-vous donc de Axôsu kpo Axôsi ?
Une histoire qui traduit la réalité que vit la majorité des étudiants et élèves dans nos différents lieux de savoir et d’apprentissages. En effet, Axôsu est un jeune étudiant à la grande université doté d’une intelligence hors pair. Ce qui lui coûtera son rêve de devenir un haut cadre de son pays fut son amour pour la fée de son amphi : Axôsi.
Elle était convoitée par la majorité de leurs professeurs. Axôsi énamourée de Axôsu réfute toutes les avances venant de ses supérieurs. Ceux-ci en retour posa Axôsu face à un ultimatum qu’il repoussa au nom de l’amour. Il en paya le prix et se tourna vers la terre car la terre ne ment pas dit-on.
Albert comme dans un rêve
Je m’en voudrais de ne pas vous faire une esquisse sur Albert comme dans un rêve, qui marque la fin de ce passionnant recueil. On va ici à la rencontre d’un monsieur ambitieux, entrepreneur qui est parti de zéro pour devenir héros. Irrité par la mauvaise gouvernance de son pays, il décida de se lancer dans la politique.
Il prit cette décision dans l’optique d’être à sa tête et le révolutionner de mille manières. C’est ce geste qui faillit lui coûter la vie lors d’un meeting. C’est triste qu’en Afrique, on immole les brebis de la providence… Bonnement navrant ! Albert aura la chance d’être repris par l’ancêtre étant dans son état subconscient.
Il eut une nouvelle chance de revenir à la vie pour transformer l’Afrique sans s’impliquer dans la politique. Cette histoire trace aux jeunes les multiples voies à suivre pour libérer l’Afrique excepté la politique.
Avis sur l’oeuvre de Johannès Anatole
L’écrivain fait usage de canons esthétiques pour avoir un ensemble cohérent doté de beauté. Ainsi, Johannès Anatole dans son œuvre a fait usage de plusieurs figures de rhétoriques. Parmi celles-ci se trouvent : l’analogie, l’anaphore, la périphrase, la métaphore, l’hyperbole pour ne citer que celles-là.
Au-delà de tout, il urge de retenir que cette œuvre est une véritable satire car elle traduit l’existence humaine, toutes les questions auxquelles nous nous confrontons quotidiennement.
Ka Kidi est une œuvre qui promeut la langue nationale de par le nom de certains personnages, du titre de certaines histoires. Pour finir, un délice insatiable auquel j’invite tout le monde à déguster.
Salomé Houénafa KOHOUGBLA