Entretien avec Roméo Jérémie Babalao, jeune écrivain béninois
Entretien avec Roméo Jérémie Babalao, jeune écrivain béninois

Entretien avec Roméo Jérémie Babalao, jeune écrivain béninois

«[..] Écrire une œuvre, c’est dire haut ce que l’on ressent intérieurement »

Roméo Jérémie Babalao est originaire de la commune de Dassa-Zoumé dans le département des Collines. Titulaire d’une licence en Lettres Modernes, Option Littérature Générale obtenue à l’Université de Parakou son fort amour pour les lettres, la littérature l’a déjà conduit à réaliser plus d’une œuvre. Dans cette interview, il nous plonge dans l’univers de ces livres et bien d’autres.

LDL : Nous allons nous entretenir avec vous sur votre passion pour les lettres. Vous êtes l’auteur du livre « Fœtus…Cul rouge » paru chez « Les Éditions du Printemps » en 2022. Dans ce roman vous parlez des issues d’un 25 décembre hors pair vécu par deux adolescents. Qu’est-ce qui vous a inspiré cette histoire ?

RJB : L’inspiration m’est venue alors que j’étais encore étudiant en troisième année d’étude à l’Université. L’avortement clandestin étant une pratique récurrente au Bénin, de surcroît pour les étudiantes qui ne voudraient pas très tôt perdre leurs jours de jeunes filles. C’était un cas qui m’a particulièrement marqué. Ainsi, j’ai décidé tout simplement de me pencher sur le sujet sans l’aborder directement dans les premières pages de ce livre.

Le roman s’est achevé sur une note très funeste, le suicide de Asséréhou ce personnage étrange que rencontra le narrateur principal au lendemain de Noël. Pourquoi avez-vous choisi de laisser le lecteur sur une telle note ?

RJB : Laisser le lecteur sur une note triste, c’est mon choix. Si c’était au début de l’histoire, certains lecteurs ne pourraient peut-être pas continuer la lecture de ce roman. Vous savez, notre monde est aujourd’hui rempli de beaucoup de vices et de déviances. Et avant le suicide de Asséréhou, il faut évoquer la mort froide de Suzanne, l’innocente victime qui, par le passé avait partagé de bons moments avec Asséréhou. Comme pour dire que ce suicide pourrait se justifier par une vengeance orchestrée dans l’ombre par l’âme de Suzanne.

Dans votre œuvre, vous parlez de déception amoureuse et de l’IVG, pourquoi avez-vous préféré ce thème dans votre production ?

RJB : J’ai préféré aborder ce thème puisque, de plus en plus, le fléau prend de l’ampleur au sein de la couche juvénile au Bénin et même dans toute l’Afrique. On ne mesure plus les conséquences. Il y a de quoi donc tirer la sonnette d’alarme. Lorsqu’on se livre à des parties intimes sans prendre certaines précautions, on ne peut espérer autres choses que des grossesses. Mais si cela survient, il faille l’entretenir plutôt que d’opter pour l’avortement.

L’histoire que vous racontez est-elle une expérience personnelle vécue ou le fruit de votre imagination ?

RJB : Non. Personnellement, je n’ai pas vécu l’expérience. C’est vrai qu’aujourd’hui, tout se passe dans notre entourage. Et c’est le cas que j’ai évoqué un peu plus haut. Toutefois, il y a eu une dose de fiction.

Votre deuxième livre est en cours d’édition. Traite-t-il de la même thématique ? Sinon, à quoi vos lecteurs doivent s’attendre prochainement ?

RJB : Mon deuxième roman est pratiquement disponible. Là, ce n’est pas le même thème abordé mais, les lecteurs peuvent toujours s’attendre à une histoire couverte d’un sentiment de tristesse. AU CARREFOUR DE NOS ROUTES…, c’est le titre. Ce roman aborde la vie dans tous ses compartiments. Dans ce roman à l’allure d’une autobiographie, c’est l’histoire très touchante et emplie de compassion du héros qui est retracée. D’une vie conjugale regrettable, il a surmonté toutes les épreuves pour se faire un nom dans sa carrière professionnelle. Malheur du sort, il loupe la seule occasion d’aller à la rencontre de son bonheur.

En moins de deux ans, vous êtes en train de publier deux livres. Où puisez-vous toutes ces inspirations ?

RJB : Il faut dire que ces deux livres ont été déjà écrits à 90% durant mes années d’études à l’université. Je n’ai fait que de les habiller avant de les envoyer pour l’édition. L’inspiration me vient tout simplement de mes quotidiens. Soit lors de mes promenades, soit au cours de mes voyages, soit après des moments de réflexions profondes sur certaines réalités que je vis.

Parlant de l’édition, avez-vous rencontré des difficultés particulières lors de l’édition de vos deux livres ? Si oui, ont-elles émoussé votre ardeur en tant qu’écrivain ?

RJB : Les difficultés, ça n’en manque jamais. Et en tant qu’humain, j’ai toujours ma manière à moi de trouver de solutions à mes problèmes. L’édition de ces deux romans était un défi. C’est pour cela que j’ai mis toute mon énergie pour réaliser ce rêve d’être écrivain. La grosse difficulté est liée aux moyens financiers.

Que dites-vous des maisons d’édition sur le territoire béninois ?

RJB : Les maisons d’édition au Bénin… Il faut d’abord reconnaître que nous avons de potentiels en la matière. Au nombre des meilleures maisons d’édition en Afrique, on retrouve Les Éditions Savane du continent et bien d’autres qui font la fierté de notre pays et qui ont édité de grands livres. Mais dans le même temps, il y en a, de groupes de jeunes qui manquent parfois une certaine expérience, qui publient tout ce qui leur tombe sur la main, sans tenir compte de la qualité. C’est un peu dommage.

Avez-vous des mécènes qui vous accompagnent pour la publication de vos livres ?

RJB : Pour le moment, je n’ai pas encore de mécène qui m’accompagne. Peut-être que cela va arriver, je ne sais pas encore.

Que pensez-vous du mécénat dans notre pays le Bénin ?

RJB : Le mécénat au Bénin, je crois que la réalité est là. Personne ne veut s’afficher pour vous accompagner dans ce domaine puisqu’on ne voit pas immédiatement ce qu’on pourrait gagner en retour. Et personnellement, je n’aime pas compter sur une force extérieure. J’aime plus faire avec la mienne.

Le marché du livre au Bénin connaît des dizaines de parutions chaque année face à un public qui semble accorder peu d’intérêt aux livres. Comment arrivez-vous à écouler vos ouvrages ?

RJB : Ce n’est pas facile de vendre ses livres au Bénin. Il faut vraiment être un combattant. Parfois on est obligé de forcer la main à certaines personnes pour acheter nos productions. Il y a encore peu de gens qui lisent. Eh bien, il ne peut en être autrement pour l’achat des œuvres littéraires.

Bénéficiez-vous d’accompagnement particulier de la part des maisons d’édition auprès desquelles vous publiez ou de tout autre acteur de la chaîne du livre ?

RJB : Jusqu’à présent je suis toujours porté par la maison d’édition qui me produit. Pas que je me fasse éditer gratuitement mais je parle plutôt de la stratégie que nous mettons en place pour communiquer autour de mes œuvres littéraires. Nous sommes toujours en contact permanent. Il en est de même pour les acteurs du livre qui ne cessent de nous encourager. Et c’est le moment pour moi de saluer le travail que vous faites.

Dites-nous, comment est né votre amour pour la littérature ?

RJB : Mon amour pour la littérature est né au cours secondaire avec la lecture et l’étude des œuvres au programme. C’est à partir de ce moment que j’ai eu la passion de lire et d’écrire. Par la suite, elle s’est intensifiée au fil des ans.

Depuis quand avez-vous commencé à écrire ?

RJB : J’ai commencé à écrire mes premiers textes en 2019. J’étais en deuxième année d’étude en Lettres Modernes à l’Université de Parakou.

Écrire une œuvre signifie quoi pour vous ?

RJB : Écrire une œuvre, c’est la plus belle manière pour Jérémie, autrefois timide, de dire haut ce qu’il ressent intérieurement.

Quels sont les aînés, écrivains et autres acteurs du livre, qui vous inspirent ?

RJB : Ah. Ils sont nombreux, ces aînés qui m’ont plus inspiré. À commencer par le patriarche Olympe Bhêly Quenum, Ahmadou Kourouma, Alain Mabanckou, Albert Camus, etc.

Quels sont vos autres projets d’écriture ?

RJB : Pour l’heure, je continue toujours d’écrire des textes littéraires. Au moment où ces textes seront achevés, ils seront publiés. Mais, je ne suis pas dans une course ou dans un challenge de publier une vingtaine ou une trentaine d’ouvrages. Si cela arrivait, d’accord.

Un mot à l’endroit de ceux qui nous lisent.

RJB : Je les remercie pour l’attention et pour le sacrifice consenti pour nous suivre jusqu’ici. Je profiterai de cette occasion qui m’est offerte pour rappeler que pour entrer en contact de mes ouvrages, il suffit juste de m’écrire directement ou de contacter la plateforme livresque L’ivre du livre. 

Merci pour votre disponibilité 

RJB : Merci !

Propos recueillis par Mahussé Barnabé AÏSSI (Coll.)

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4 commentaires

  1. Valdo WANFONDE

    C’est un réel plaisir de vous lire jusqu’à la fin de l’entretien. Je souhaite plein succès au jeune écrivain Jérémie. Je suis sidéré de sa plume. Bravo et félicitations !!

  2. Ping :Vient de paraître : DASSA ET MES ANNÉES COLLÉGIENNES de François Sourou Okioh - L'ivre Du Livre

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