AAGAN : ABDEL HAKIM LALEYE
AAGAN : ABDEL HAKIM LALEYE

AAGAN : ABDEL HAKIM LALEYE

L’écrivain Béninois ABDEL HAKIM LALÈYÈ, nous  amène dans un monde qui paraît moins étrange avec son ouvrage  «Aagan». Ce voyage de 179 pages est guidé par l’initié et publié chez Laha Editions en 2014. Le récit se passe dans une famille royale où se développent la haine, la méchanceté, la jalousie. 

AGAAN : ABDEL HAKIM LALEYE

Résumé du livre Aagan de Abdel Hakim Lalèyè 

L’histoire se déroule dans une cité appelée  Ilé ATCHE, une ville aux confins de toutes les religions : musulmane, chrétienne et vodou… Le roi de cette cité, Baalè Adigoun, un jour,  fit un songe prémonitoire mais stupéfiant, il sollicita donc au palais OLUFADE, le prètre fâ,  pour lui rendre clair ce mystérieux rêve. 

Le songe du roi et son assassinat

Un songe qui, d’ailleurs, était un signe annonciateur d’un désastre, lui révéla l’homme du fâ. Olufade fit une semonce au roi de faire très attention à ses proches et surtout ne jamais fait confiance à personne. En effet, il y avait  un ressentiment tenace, une querelle  entre Baalè adigoun et Aralamo, anciens amis désormais devenus ennemis pour une raison bien déterminée.

Aralamo, interdisait et condamnait furieusement la relation de sa fille OJUOLA avec ADEYEMI le fils de Baalè. Celui-ci va jusqu’à affirmer que  «…Mon enfant qui fréquente mes ennemis me trahira un jour…» p.35. En cachette, Adéogoun, le jeune frère du roi entretenait une bonne relation avec ARALAMO, l’ennemi principal du roi. 

Adéogoun est obnubilé par le poste du roi, et voulait à tout prix devenir chef et diriger la communauté. Il a donc su mettre en exercice toutes les dispositions pour attaquer son grand frère dans l’invisible et réussit à l’éliminer « …le Baalè ne pouvait plus répondre, il avait déjà franchi la porte qui mène dans l’au-delà… » p.53.

L’usurpation du trône par Adéogoun 

Le chef Adigoun est mort sous le choc d’envoûtement commandité par son jeune frère. Après son décès les cérémonies eurent lieu  selon la tradition. Quand vint le moment de désigner un autre chef, les deux ennemis du défunt roi allèrent voir leur charlatan Abese, une personne aux yeux concupiscents.

Ce dernier a un désir effréné et obsessionnel pour l’argent «…Abese changea d’expression, il avait les yeux concupiscents, il les posa sur l’argent avec une envie d’y plonger les mains ou de s’y baigner… » p.66. L’objet  de leur visite était de tout mettre en place pour que le fâ ne désigne pas ADEYEMI, fils du roi défunt comme le successeur d’Adigoun.

Cependant, après la consultation faite par le prètre OLUFADE, c’est bien sûr Adeyemi qui fut choisi. D’autres notables manifestèrent leurs désaccords en particulier Abese et contestèrent la décision du fâ. N’est-il pas évident de respecter la décision du Fâ  pour sauvegarder la paix et la quiétude dans la cité ? Les notables réussiront-ils à inclure une décision contraire à celle du Fà ?

la descente de l’enfant venu d’Europe et le drame final 

Après la prise du pouvoir d’Adéogoun, son fils ADEJO, est venu de l’Europe pour assister aux cérémonies d’investiture de son père. L’arrivée du nouveau prince va changer beaucoup de choses, car il profita de l’absence d’ADEYEMI lorsqu’il s’est rendu à la jungle pour violer sa fiancée OJUOLA avec la complicité de sa sœur ADETOUN. 

De cet acte, le suicide d’OJUOLA, s’en est résulté. Dès le retour d’ADEYEMI de la forêt, il fut accueilli avec  tapis rouge parce qu’il réussit à ramener Aagan, le maître des revenants et des egungun au couvent. L’ouvrage s’achève par la mort collective du chef ADEOGOUN et de son fils ADEJO pour avoir commis un sacrilège. 

Avis sur l’ouvrage Aagan 

Comme l’indique déjà le nom des personnages  et celui des lieux : ITA OWO, ILE ATCHE… Il est clair que  l’action s’est généralement déroulée en milieu Yorouba. Cet ouvrage vise à exposer les réalités et les caractères sacrés  de la culture egungun, d’origine yorouba, qui rend hommage aux morts. Le fâ est aussi sollicité dans ce livre.

Le Fâ est une science divinatoire qui permet de déterminer plus facilement les causes, les conséquences, et les palliatifs. Tout ceci dans l’optique de résoudre un problème donné. La décision qui résulte de sa consultation est pour la plupart la meilleure « ifa a dit qu’aussi longtemps que le ciel sépare la terre, sa prescription ne changera jamais… ». 

Le livre Aagan de Abdel Hakim Lalèyè s’étend sur 179 pages. Bien que son volume soit relativement court, il est écrit dans un registre soutenu, ce qui peut complexifier la compréhension. L’ouvrage relate de nombreux événements pathétiques, qui touchent tout lecteur sensible.  Le thème majeur de ce livre est la mort.

Les thèmes principaux développés dans le livre  

Dans sa production littéraire, Aagan, Abdel HAKIM Lalèyè traite de nombreux thèmes dont la tradition, qui est le thème principal. Celle-ci se matérialise par la sortie des revenants, les caractères sacrés des egungun, la consultation d’ifa et d’autres cérémonies traditionnelles. Outre ce thème, l’auteur tourne ses récits autour de la mort marquée par le passage de vie à trépas de Baalè ADIGOUN.

Une mort qui est ici commandité par son jeune frère ADEOGOUN. Dans ce même registre, il y a aussi la fin malheureuse du roi ADEOGOUN son fils ADEJO après avoir porté les vêtements d’egungun. La mort d’OJUOLA, après le viol commis par Adejo renvoie à la thématique de la mort et du viol à la fois. 

Le viol est SURTOUT réprésenté ici par le mode opératoire utilisé par ADEJO pour droguer la jeune fille OJUOLA. Ce qui lui permit de réussir à entretenir des relations sexuelles, contre gré,  avec elle après l’avoir réduite à l’impuissance. Abdel Hakim Lalèyè a aussi, accessoirement, évoqué les thèmes comme la cupidité, la méchanceté, la haine et la  jalousie.    

Etudes des personnages 

Baalè ADIGOUN : C’est lui le chef d’ILE ATCHE,  père d’ADEYEMI et d’ADESEWA, il fit un rêve prémonitoire. Le fâ traduit ce rêve comme signe annonciateur de sa mort, quelques jours après, il meurt sous le choc d’envoûtement.                                       

ADEYEMI : c’est le prince du chef ADIGOUN, dont sa fiancée est OJUOLA. Le héros du culte Aagan, il a subi beaucoup d’atrocités après la mort de son père mais il a connu une fin heureuse, car il a été finalement désigné chef d’ILE ATCHE. 

OJUOLA : fille d’ARALAMO et d’ASABI. Elle est la fiancée d’ADEYEMI. Mais elle s’est donné la mort après avoir été violée par ADEJO, demi-frère de son fiancé ADEYEMI. 

ARALAMO : Il est le mari d’ASABI et père d’OJUOLA. Ami intime d’ADEOGOUN, il développe une sorte de méchanceté gratuite, il est très haineux, et complice de la mort de Baale ADIGOUN. 

ASABI : une femme soumise, elle est la femme d’ARALAMO, mère d’OJUOLA, elle soutenait la relation de sa fille avec ADEYEMI.  

ADEOGOUN : le jeune frère de Baale ADIGOUN, il est l’ami intime d’ARALAMO, il réussit à éliminer son grand frère  à l’aide des sortilèges pour récupérer sa place du chef, il est mort avec  son fils ADEJO dans le couvent après avoir commis un grandissime crime. 

ADEJO : fils d’ADEOGOUN, il est venu de l’Europe pour assister à l’investiture de son père, très peu poli et croyant tout permis,  il drogue la fiancée de son demi-frère et la viole ensuite. Il meurt lorsqu’il transgresse les lois du couvent en portant les habits d’egungun.  

Les personnages secondaires du livre sont  : ALAPINI ;  ABESE ;  ADETOUN ; OLUFADE…

L’évolution des actions de cet ouvrage crée du suspens au lecteur dont il faut aller jusqu’à la dernière page pour tout découvrir. C’est un ouvrage digne d’intérêt dans la mesure où ça éclaire singulièrement sur les caractères sacrés du culte egungun et leur vocation dans la société africaine.
Paul AKAKPO : étudiant en science du langage et de la communication  

Articles Similaires
Bienfaits et dangers de la sexualité de Félicien K. Sossou 

« Tout homme qui ne peut pas contrôler son sexe ne peut pas contrôler sa vie.» C'est avec une telle Lire plus

La Françafrique dans Ils savent que je sais tout de Robert Bourgi : quelles leçons pour l’Africain d’aujourd’hui ?

              La Françafrique est un concept aussi vieux que la colonisation. Ce néologisme dont la paternité a été pendant longtemps attribué Lire plus

DAATH KPA-SÊ, roi xwéda fondateur de Gléxwé et grande figure de la résistance à la traite négrière : Micheline ADJOVI 

Le peuple xwéda accorde un intérêt particulier à la cohésion du groupe et est animé d'un esprit de paix. Leur Lire plus

« En compagnie des hommes » de Véronique Tadjo : Une plongée poignante dans les méandres de l’âme humaine 

Dans son œuvre marquante En compagnie des hommes, de Véronique Tadjo offre une réflexion profonde et saisissante sur les effets Lire plus

Le temps (qui passe) de Etienne Klein 

Le temps, passe-t-il ? Est-il vrai qu’il s’égrène chaque seconde, minutes et heures qui s’écoule ? C’est la préoccupation principale Lire plus

L’origine des conflits dans Ces prisons où nous choisissons de vivre de Doris Lessing : pour une réflexion sur l’origine des conflits au XXIème siècle

Depuis des siècles, les conflits vont de plus en plus croissant dans nos sociétés. La domination et l’asservissement des peuples Lire plus

Réussir grâce à son intuition de Béatrice Millêtre 

Vous est-il déjà arrivé de trouver une solution magique à un problème qui vous dérange  depuis un moment ? Vous Lire plus

40 ans de prison ou 5 ans de travail forcé de Maxime Victor 

99 % des entrepreneurs qui se sont lancés en affaires ont fait faillite. Il reste uniquement 1 % sur le Lire plus

L’Alphabet du vodun d’Esckil Gbétchédi Agbo   

« L’homme est un être culturel par nature parce qu’il est un être naturel par culture. » dixit le philosophe Lire plus

2 commentaires

  1. Ping :Le plaisir ne saurait attendre : Tishani DOSHI - L'ivre Du Livre

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Share via
Copy link