Interview avec Neïssa Therry – Une voix littéraire d’Haïti sur Wattpad
Interview avec Neïssa Therry – Une voix littéraire d’Haïti sur Wattpad

Interview avec Neïssa Therry – Une voix littéraire d’Haïti sur Wattpad

Étudiante passionnée et autrice engagée, Neïssa Therry fait partie de cette nouvelle génération qui explore l’écriture librement grâce aux plateformes numériques comme Wattpad. Dans cet entretien, elle nous ouvre les portes de son univers, entre passion, discipline et créativité. Une voix jeune, lucide et inspirante à découvrir.

Présentation

LDL : Peux-tu te présenter à nos lecteurs ? Qui est Neïssa Therry, en quelques mots ?

NT : Je suis Néïssa Therry Midi plus communément connu sous le nom de Theyssa Books ou Theyssa,  j’ai 20 ans. Je suis secrétaire (diplôme en cours), j’ai étudié au collège Saint François d’Assise et j’ai terminé mes études classiques à l’institution Notre-Dame de Lourdes. J’écris depuis l’âge de 11 ans, je suis polyvalente, hyperactive, multitâche et je suis accro à l’écriture. J’écris principalement des drames,sur le meurtres et le viol. Je suis aussi passionnée par l’astronomie, amatrice de géologie et d’architecture, et je m’intéresse aussi au spiritisme ainsi qu’à la culture Haïtienne principalement le vodou traditionnelle. J’adore explorer le ciel, la Terre, les mystères de l’esprit et les traditions de chez nous  apprendre un peu de tout, c’est mon grand plaisir, je suis philanthrope, apprenant perpétuelle et  autodidacte.

Entre tes études et ton activité d’autrice sur Wattpad, comment décrirais-tu ton univers personnel et créatif ?


Un univers festif, et à la fois sombre. Privée de lumière et en même temps éclairée, c’est une sorte de dualité entre les ténèbres de ma plume et de la lumière de mes idées. Je m’inspire de tous, tout le passionne et j’aime apprendre. Mon univers est une grande bibliothèque rempli de savoir et de connaissances à ne plus finir.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer dans l’écriture, et pourquoi avoir choisi Wattpad comme plateforme ?


J’ai eu beaucoup de motivation, des encouragements et je sentais que c’était une vocation. J’ai longtemps hésité à publier mes écrits, redoutant le rejet de ma plume mais à mon grand étonnement les gens semblent plutôt apprécier mon univers sombre dépourvu d’amour et de scènes glamour. J’ai choisi Wattpad comme ça, j’avais l’application, je lisais plusieurs livres sur la plateforme par semaine en même temps et j’ai décidé de poster mes brouillons. Et de là, ma plume à traverser l’océan pour atterrir sur le sol d’Haïti, de l’Afrique, des Arabes et bien d’autres. Wattpad m’a permis de m’élever. De croire en mes rêves et de progresser. De suivre la voie qui m’était destinée. Si j’ai un conseil à donner à tous les débutants dans le monde de l’écriture, c’est de commencer avec la plateforme Wattpad et de se pousser afin de ne pas rester dans l’ombre.

Mon processus d’écriture

LDL : Comment se déroule une séance d’écriture pour toi ? As-tu des rituels, un moment préféré dans la journée ?


NT : Pour moi, j’écris en faisant de la musique, j’écris quand ça ne va pas. J’écris tout le temps, je n’ai pas vraiment de rituel parce que j’écris de manière assez, on va dire, spontanée. J’écris la nuit entre… Avant, j’écrivais la nuit entre dix-neuf heures et deux heures du matin, ou parfois quatorze heures du matin, alors que j’ai cours à six heures, sept heures. Je ne dormais pas vraiment. Depuis Cosmopolis, je n’ai pas vraiment dormi parce que j’écris beaucoup. Même mes lecteurs me disent que mes textes affluent. J’écris beaucoup et ils ont beaucoup de chapitres à rattraper parce que je publie presque tous les jours. Parce que tous les jours, je publie un nouveau chapitre. Tous les mois, parce que tous les mois, je publie une nouvelle histoire. Donc c’est comme ça. J’écris de cette façon. J’écris avec la musique. J’essaie aussi, à travers mes expériences acquises, de partager mes connaissances avec mes confrères, des jeunes hommes comme moi qui débutent et qui rêvent de devenir de grands écrivains, de grandes écrivaines. J’adore ça. Aussi, je les aide à publier, je leur donne des conseils. Je suis toujours là à l’écoute. Je fais des recherches, je lis et les histoires des autres m’inspirent pour écrire aussi davantage, pour améliorer mes histoires. Je mélange les univers que je lis, je mélange les différents genres. J’écris comme ça vient. Je laisse mon cerveau, je laisse mon imagination parler et j’écris.

Écris-tu de manière spontanée ou suis-tu un plan structuré ?


Pour les plans du futur, j’ai fait mes plans sur papier, mais parfois je préfère les garder dans ma tête. Je pense que c’est plus facile pour moi, mais quand je sens que ça devient difficile pour moi de tout gérer, je mets ça à l’écrit, je mets un plan en place, je résume tous les chapitres que j’ai à écrire. J’essaie parfois de suivre, mais mes plans à la lettre. Mais c’est assez difficile pour moi et donc je préfère écrire de manière spontanée comme ça. Si je fais aussi des plans, la plupart du temps c’est pour différentes histoires. Je fais aussi des plans d’histoires que je n’ai jamais écrites, que je n’ai même pas commencé à écrire, que je n’ai pas commencé à publier. Un livre que je voudrais décrire qui s’intitule… J’ai oublié le nom, mais ça s’appelle Suppression Menace Invisible. C’est un mauvais. Suppression Menace Invisible, c’est le prochain titre du livre que je comptais vraiment publier au grand public et aussi de commercialiser. Je compte commercialiser ce livre parce que j’ai adoré l’intrigue, j’aime aussi la façon dont j’ai rédigé le plan, mais je n’ai jamais eu le temps vraiment de tout commencer à écrire l’histoire.

Quelle place occupent les émotions ou les souvenirs dans ton processus créatif ?


Mon souvenir et mes émotions, on va dire que c’est… Je vais dire que c’est un truc qui est écrit. Et que ma mère, mon imagination ajoute ce qui manque et fait le reste. Ok, j’utilise la plupart du temps mes souvenirs. Mes souvenirs, mes émotions, je les combine et j’en fais des histoires, je les raconte. Je raconte mes souvenirs à ma manière.

Wattpad est un espace très interactif. Comment cette plateforme influence-t-elle ta façon d’écrire ou de structurer tes histoires ?


Avec la plateforme, je peux situer mes histoires. Je peux choisir… Je peux écrire mes chapitres à l’avance et choisir dans quel ordre les poster. Je peux aussi accompagner des mots clés à mes histoires pour cibler les lecteurs que je veux attirer, que je veux visiter. Aussi, je peux choisir quelle langue… Je choisis la langue dans laquelle je veux poster. J’écris même si j’écris parfois un peu en anglais. Je… aussi, je peux choisir le droit d’auteur, de choisir de publier mon œuvre avec le droit d’auteur ou pas. La plateforme est assez intéressante, que ce soit pour écrire et publier des livres ou bien lire, rencontrer d’autres écrivains comme moi. La plateforme est vraiment intéressante. Et puis aussi, c’est une plateforme qui est très facile à utiliser. C’est très facile à utiliser. Il ne faut même pas plus d’une semaine pour pouvoir offrir toute l’application et pouvoir utiliser toutes les fonctionnalités. Aussi, la plateforme canadienne permet de… Offre aux lecteurs certaines opportunités de visibilité, de publication dans des maisons d’édition et aussi de faire de l’argent avec leurs écrits. Mais la plupart du temps, ce sont des histoires et des auteurs sélectionnés.

Le message ou les thèmes de mon livre

Quels sont les grands thèmes que tu explores dans tes histoires ?


Les plus grands thèmes que j’utilise dans mon essence sont l’amitié, la dépression, la solitude. Il y a aussi la façon dont la société nous programme, organise notre vie, nous définit, choisit qui on doit choisir, comment la société fait les choix à notre place, comment l’homme a redéfini l’humanité, comment l’homme a redéfini sa façon d’être, de vivre, ses choix, comment le libre arbitre est devenu une contrainte. Ce n’est plus un choix libre. Maintenant, on est obligé de faire des choix qu’on ne devait pas faire. On est obligé de faire des choses qu’on ne voulait pas. On est obligé de se muer dans le silence pour accepter certaines choses et faire comme si de rien n’était. Tandis qu’autrefois, ce n’était pas comme ça. On avait une liberté d’expression plus libre, plus ouverte avec le monde, avec nous-même et avec nos proches. Alors qu’aujourd’hui, on a l’impression que ce sont plus des robots qui sont dirigés par des joueurs de PlayStation. L’humanité est devenue stigmatisée. C’est comme si tout le monde était programmé et branché à un appareil, comme si tout le monde était devenu soudainement des robots et que l’humanité a été remplacée par des machines.

Pourquoi ces sujets te tiennent-ils particulièrement à cœur ?


C’est ce que je me dis, parce que je vois que de jour en jour, je constate que l’humanité s’oublie, les gens s’oublient, tout le monde s’oublie. Et même ceux qui prétendent ne pas s’oublier, qui ne sont pas dans le système, qui ne sont pas encastrés dans le système, font semblant. Tout le monde est dans le système. On fait partie d’une boucle, de cette chaîne qui nous impressionne, de cette illusion d’aller bien, que tout va bien, on se ment à soi-même en disant: « Je vais bien ». Tous les gens nous demandent comment on va, au moment à chaque jour, en disant: « On va bien, on n’a aucun souci ». On refuse de parler, on a peur de parler de ses problèmes, on a peur de demander de l’aide. On a peur de se confier aux autres et d’être blessé, parce que le monde est devenu tellement cruel que chaque fois qu’on se confie, on est trahi, on est blessé. Et quand on rencontre vraiment quelqu’un qui est prêt à nous écouter, à nous aider, à nous épauler, à nous soutenir, quelqu’un de vrai. On a tellement souffert des années auparavant, les expériences nous ont tellement traumatisées qu’on ne fait vraiment plus confiance aux autres, qu’on ne fait plus vraiment confiance à nous-mêmes. On ne sait plus qui on est. On ne sait plus en qui croire, que croire? Que faire? Que choisir? Où aller? Nous sommes comme perdus dans un brouillard essayant de rechercher un chemin que nous avons nous-même quitté.

Est-ce que tu cherches à transmettre un message précis à travers ton écriture ?


Dans la théologie que j’essaie de m’aider à faire comprendre aux hommes qui-qui-qui disent que leurs émotions sont-sont normales, sont naturelles, et qu’ils devraient arrêter de… qu’ils devraient arrêter de, de tout le temps se-se comparer aux femmes et dire qu’ils ne mentent pas sur leurs émotions, qu’ils n’ont pas de mention, tout ça. Je constate que les hommes de cette génération n’aiment pas se confier, que… qu’ils sont assez réservés et préfèrent garder tout pour eux. Ok. Comme mon personnage Ethan, je le mets, Ethan, mon personnage populaire, il joue le rôle de… De, il joue le rôle dans lequel je vois les hommes de cette génération. Ils préfèrent se tirer dans leurs, dans leurs émotions. Ils préfèrent ne pas parler et laisser leurs problèmes les ronger. Et en dehors de la société, ils paraissent normaux. Ils sont là comme des jeunes normaux, ils sourient, ils paraissent heureux, ils n’ont pas de problème. Et puis, et ils paraissent normaux, et en dedans d’eux, ils sont rongés. Ils n’ont pas quelqu’un à qui se confier, à qui parler vraiment. Et leur problème, on va dire qu’ils s’aggravent parce qu’ils tombent, ça peut leur conduire à la dépression. Ils peuvent aussi tomber, sombrer dans l’alcool, la drogue et faire de mauvaises rencontres en essayant de, d’oublier leur malheur et leurs problèmes. Mon personnage Ethan, il est à peu près comme ça. Ok. Il a son ami, son meilleur ami Hunter qui l’encourage toujours à se confier, à lui parler de ses problèmes et à arrêter de-de vouloir résoudre tous ses problèmes parce que, parce qu’il ne pourra jamais y arriver. Il ne pourra jamais arriver à résoudre ses problèmes tout seul, il se met dans le pétrin. Parfois, il se fait même enlever et parfois presque tuer. Et à chaque fois, son ami Hunter est toujours là pour recoller les morceaux et l’aider à remonter la pente et surmonter ce traumatisme. J’essaie, à travers mes œuvres, de prioriser, de prioriser l’amitié, l’expression, la-la libre expression, de prioriser l’ouverture de-de des hommes, de… de leur faire comprendre que-l’amitié était importante, que se confier à un homme, à une femme, à un ami. Se confier était important, parler de ce qui les ronge, leurs émotions, tout ça. Ils ont besoin de quelqu’un qui les écoute, ils ont besoin d’une voix qui voit ce que la vision des gens ne voit pas. Ils ont besoin de ça, selon moi. Je pense qu’ils ont besoin de ça.

Le message ou les thèmes de mon livre

L’actualité ou la réalité haïtienne influence-t-elle tes récits ? Si oui, comment ?


La réalité haïtienne et ma réalité aussi, je fais beaucoup de mes écrits dans le sens où je vis dans un pays chaotique, où le drame, le chaos et l’instabilité priment. OK ? Et aussi où on va : on peut dire que les gens prônent le désordre et l’instabilité. Du coup, du fait que j’écris, j’aime beaucoup les histoires assez dramatiques, que je n’aime pas les histoires qui parlent d’amour, de ce genre de choses. Je préfère écrire la plupart du temps, lorsque le pays va mal, on va dire. Pas que j’aime la situation dans laquelle je vis, mais parfois, en attendant certaines informations, en écoutant les nouvelles à la radio ou bien en lisant des articles publiés sur l’inactivité du gouvernement et des forces de l’ordre. Parfois, ça m’aide à écrire un chapitre dans lequel je bloquais ou bien à écrire un nouveau scénario, mais que je ne partage pas forcément avec les lecteurs. Aussi, à essayer d’imaginer ce que les gens ressentent quand ils sont faits prisonniers, capturés ou même tués. Parce que c’est vraiment traumatisant. J’essaie d’imaginer ce genre de choses, ça m’inspire pour écrire. Je ne partage pas ces textes parce que ça, c’est assez cru. Si c’est pour la plupart des gens, ça peut paraître très choquant. Et même voir insultant. Par exemple, les gens peuvent dire que j’adhère à ce genre de pratique, tandis qu’à travers mes écrits, je prône la non-violence. Mais sur la forme dans laquelle je mets mes idées, que j’exprime ma compréhension. Les gens peuvent mal interpréter ça. Du coup, je ne partage pas vraiment les textes que j’écris sur Haïti, que les textes haïtiens m’inspirent aussi. Je vais faire garder ça pour moi. J’intègre ces idées dans mes livres, mais de façon assez très… de façon très subtile.

Mon parcours en tant qu’auteur

Peux-tu nous raconter comment tu es venue à l’écriture ?


Je ne sais pas trop, à vrai dire, l’écriture était la seule forme d’amitié que j’ai réellement connu durant mes années de lycée, au collège aussi. Et je ne sortais pas vraiment hormis pour aller à l’école et les gens, les élèves m’invitaient rarement dans des activités, j’étais assez exclu du corps social. Alors je me suis plongé dans les livres et mes carnets, j’écrivais tout le temps, en cours, au lit, dans la douche avant le bain, le soir à la lueur des bougies et même en cachette. J’étais tellement devenu accro que mes parents vérifiaient si je dormais la nuit. Mes notes étaient en baisse et je sombrais silencieusement dans la dépression, la solitude, et j’étais devenu une personne à part, dans ma tête et dans mon monde. Puis j’ai décidé de sortir un peu de ma tête. Mauvaise idée. Alors je m’en tiens à écrire, l’université et les échanges avec quelques lecteurs… Parfois il est bon de rester dans sa zone de confort. Je crois que je ne pourrai jamais me passer de l’écriture.

As-tu des modèles littéraires ou des lectures fondatrices qui t’ont inspirée ?


Oui, Agatha Christie, Elisabeth George, Caroline Quinn et Enid Blyton. J’ai passé ma jeunesse à lire ces auteurs, je n’ai pas lu toutes leurs œuvres mais ces femmes ont marqué mon parcours, m’ont inspiré et m’ont poussé à écrire plus. A transmettre mes émotions à travers l’écriture, à faire ressentir les sentiments qui m’ont traversé tout au long du voyage à mes lecteurs. Sans oublier Simone de Beauvoir, avec son œuvre “Les malheurs de Sophie” qui à littéralement volé mon cœur. Ces cinq (05) femmes sont mes modèles et resteront pour moi les meilleures écrivaines que j’ai jamais lu.

Quelles ont été les grandes étapes ou difficultés de ton cheminement jusqu’à aujourd’hui ?


Il y en a pas mal, j’en ai surmonté certaines et d’autres non. Déjà que je fais tout avec mon téléphone. Je n’ai plus d’ordinateur portable, mes publications, écrire, les devoirs à la fac, les concours. Tout ça avec mon téléphone c’est épuisant et ça me limite dans mon travail. J’ai du mal pour les corrections dans les histoires, la mise du livre que j’écris est presque une cata. Et il me manque beaucoup de matériels d’écriture, de bureau pour bien travailler et tout ça.

Comment as-tu découvert Wattpad, et pourquoi avoir choisi cette plateforme pour publier ?

J’ai découvert Wattpad grâce à mon amie Thalia Prévot, une passionnée d’écriture comme moi. Même si elle a arrêté, moi, j’ai continué, et j’ai vite adopté Wattpad pour la simplicité et les rencontres avec des auteurs et lecteurs du monde entier. La plateforme permet de publier facilement ses histoires, chapitre par chapitre ou d’un coup, et d’interagir avec une vraie communauté. Grâce à Wattpad, j’ai touché de nouveaux lecteurs, gagné des abonnés, relevé des défis littéraires et profité d’une visibilité à l’international, malgré que la majorité des concours soient en anglais.

Mon lien avec mes lecteurs

Quel type de relation entretiens-tu avec tes lecteurs sur Wattpad ?


Je suis très proche de mes lecteurs et ouverte à tous leurs retours, qu’ils soient positifs ou parfois critiques : ça m’aide à m’améliorer ! Je sollicite leur avis pour réviser mes chapitres ou ajouter de nouvelles idées, surtout via mes channels Wattpad, mais aussi sur Instagram et Snapchat quand je partage mes liens.  Même si je publie moins souvent à cause des examens et des coupures d’électricité, je garde cette connexion grâce à des sondages où mes lecteurs me partagent leurs coups de cœur sur les personnages et les histoires.  Leurs encouragements et leur enthousiasme me motivent toujours à continuer!

As-tu déjà été surprise ou touchée par les retours que tu as reçus ?


Euh, oui. Pour la plupart de mes commentaires, commentaires que je reçois, je suis très touchée parce que j’adore la façon dont les lecteurs réagissent. Les lecteurs réagissent de façon très positive et aussi, je sens qu’ils aiment ce que j’écris. Je sens que le message que je veux faire passer à travers mes écrits est compris et aussi parfois respecté. La plupart des textes que je poste reçoivent des commentaires assez positifs, même si parfois, les personnes ne sont pas totalement d’accord avec les idées que je dégage, mais les commentaires sont vraiment, sont vraiment touchants.

Est-ce que leurs commentaires influencent tes choix narratifs ou la suite de tes projets ?


Oui, parfois, le commentaire influence mes écrits sur des listes et tout ça, parce que je tiens à ce que les lecteurs soient satisfaits. Même si moi aussi, j’écris, je veux qu’ils soient satisfaits de ce que j’écris. Je tiens à ce que les lecteurs aussi soient satisfaits, qu’ils comprennent ce qu’ils lisent, que le message est clair, que le message est passé, tout ça. J’aime ça.: Ok, je vais me concentrer pour que ce soit fait comme ça. Et aussi… Quand ils me disent ce qu’ils aiment, ce qu’ils n’aiment pas, les personnages qui préfèrent ça, j’essaie d’adapter en fonction des choix, de la façon dont je lise, parce que certaines personnes n’aiment pas lire des histoires longues, elles ont besoin de lire des histoires courtes. Pardon, des chapitres ! Des chapitres courts, des chapitres longs. J’essaie d’écrire des chapitres d’au moins mille à deux mille mots. Comme ça, tout le monde est satisfait, parce que tout le monde n’aime pas lire beaucoup de choses. Et aussi, la plateforme me dit parfois combien de temps ça va prendre à la personne pour lire un chapitre que je poste. Et du coup, je sais quoi enlever, quoi retirer, si le lecteur me dit qu’il n’aime pas telle ou telle chose, le déroulement, tout ça. Et pour la plupart de mes scènes aussi, j’aime quand la fin est assez inattendue, c’est ça. Parfois, je stoppe l’histoire au moment où ça devient le plus intéressant, parce que je vois que si je continue, je n’aurai plus de mots. Du coup, je demande à mes lecteurs si je dois continuer, je leur partage mon point de vue, je leur dis tout ce qu’il en est. Et grâce au sondage, je choisis de continuer ou pas une histoire. Et aussi, parfois, leurs idées me donnent de nouvelles idées de suite, de nouvelles histoires à écrire, à imaginer des scénarios, sans mettre beaucoup. C’est vraiment assez intéressant d’échanger de près avec les lecteurs.

Tant qu’écrivaine haïtienne, ressens-tu une attente particulière de la part de ton lectorat local ou diasporique ?

Ça j’aime bien, je partage mes œuvres et aussi principalement la plupart de mes lecteurs sont des Haïtiens pour la plupart. Certains sont de nationalité africaine, certains sont musulmans, certains sont musulmans, ok? Et je… j’attends que mon univers soit rempli même si ce que j’écris n’est pas facile, choquant et déroutant qui peut parfois aussi surprendre, mais j’attends une certaine convention de la part des Haïtiens. Je veux qu’ils sortent de leur coup de froid parce que le peuple haïtien vit dans une dynamique assez… On va dire dynamique, on va dire plutôt une… Leur esprit, leur compréhension de certaines choses est assez limité. Ils ont un esprit assez fermé sur certains sujets. Donc, je veux qu’à travers mes écrits, ils arrivent à comprendre certaines choses. Et principalement, si j’écris sur des amitiés garçon-garçon, certaines personnes me disent que j’écris des BL bien que je priorise les histoires LGBT. Alors que ce n’est pas du tout ça, même si j’ai dû créer quelques histoires là-dessus, mais des textes en parallèle que je mets dans une compilation qui est postée sur mon compte, mais je n’écris pas vraiment ce genre de choses. Je veux que les Haïtiens voient mon monde comme moi, je le vois. Je ne veux pas qu’ils imaginent autre chose que ce que moi, J’écris. Je veux aussi transmettre certaines valeurs oubliées. Je veux que certaines choses soient de plus en plus partagées, priorisées comme l’amitié. L’amitié aujourd’hui de : journaliers banalisés et réduits au matérialisme. Je ne veux pas ça. Je n’aime pas ça non plus. Et aussi, à travers mes écrits, mes drames, je priorise aussi les scènes dramatiques et les scènes amicales, tout ça. Mais je veux que les Haïtiens voient que l’amitié, c’est quelque chose d’important. Je veux qu’ils voient dans mes écrits quelque chose qu’ils ont oublié, qu’ils ont perdu. Cette union que nous avions dans le temps, dans le passé, je veux qu’ils se rappellent de ça. Je veux aussi que… Pas seulement les Haïtiens, mais tous ceux qui m’écoutent. Je vois que dans le monde d’aujourd’hui, l’amitié est banalisée, ridiculisée, et c’est quelque chose qui vraiment tue la société. La société haïtienne, la société mondiale aussi, toute la société, parce que l’amitié est devenue matérialiste. Si tu n’as pas ci, si tu n’as pas telle somme d’argent, tu n’es pas mon ami, si tu ne t’habilles pas de telle façon, ou bien si tu ne conduis pas telle voiture, si tu n’as pas telle chose. Maintenant, les amitiés sont sélectionnées, sont programmées. Je ne vois pas comment les jeunes de nos jours pourront vraiment grandir. Les jeunes de demain pourront vraiment grandir dans un univers où l’amitié est déjà présélectionnée et programmée.

Mes projets futurs

As-tu des projets littéraires en cours ou à venir ? Une publication papier en vue ?


Oui, j’en ai une. Mon premier et prochain livre sur lequel je travaille actuellement qui s’intitule : Un Vierge vous dîtes. C’est un projet qui me tient à cœur et j’ai opté pour l’auto édition pour mon premier livre. Tout est de moi de la couverture au sommaire. J’ai prévu une publication papier mais trouver des ME (Maisons d’édition) prêtes à signer un accord n’est pas choses facile.

Souhaites-tu explorer d’autres genres ou d’autres formats, comme la poésie, le scénario ou le roman graphique ?


Peut-être plus tard, le scénario oui. J’écris de la poésie en parallèle de mes livres mais pas trop. C’est plus des textes lyriques et j’en écris quand le cœur m’en dit. Je n’aime pas trop les romans, mais je pourrais tenter le coup tout en restant dans le style dramatique habituel.

As-tu envie de participer à des concours, des résidences, ou des événements littéraires ?


Bien-sûr, j’en rêve et les concours ne manquent pas. Mais j’ai les études, les crises politiques et je dois gérer plusieurs choses à la fois ce qui rend la participation à des concours et événements parfois difficiles pour moi d’y participer.

Où te vois-tu, en tant qu’écrivaine, dans cinq ans ?


Dans cinq ans, je serai une écrivaine totale, j’aurai le succès et ma plume traversera les frontières ! Je me vois déjà comme tel, mes écrits ont désormais atteint le continent Africain et je m’en réjouis, partager mes idées et faire connaître mon univers à mes frères me donne encore plus de courage et m’encourage aussi à continuer. Chaque retour, chaque commentaire me dit de continuer et de persévérer. J’écrirai un livre, qui sera bientôt un succès planétaire. Un tout nouvel univers, un style jamais créé et jamais imaginé auparavant. Cette œuvre sera le fruit d’années de dur labeur et la récompense à ma quête de connaissances. Dans cinq ans je serai comblé, plusieurs livres écrits et vendus partout, assis sur ma terrasse avec mes 100 chats devant ma machine à écrire et continuant de créer et de laisser mon imagination flotter sur les vagues tumultueuses de la mer de mes idées.

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Mon univers personnel

Si ton univers littéraire était une image ou une ambiance, à quoi ressemblerait-il ?


Festive, je dirais même horrifique. Beaucoup de gens aiment les choses qui choquent et le nouveau, mais moi je choquerait tellement qu’ils en seraient ébahi. Je mettrai des corps, des figures, des morts et des cadavres mutilés, des squelettes difformes et les rires macabres des criminels. Un festin de meurtre sanglants et sans borne.

Quelles sont les choses, les lieux, ou les personnes qui nourrissent ton imagination ?


J’en ai pas mal, comme ma série préférée Esprit Criminels, l’une de mes premières sources d’inspiration après Dieu, ma famille, et mon pays Haïti. L’environnement social dans lequel j’ai évolué, la situation du pays, l’université, certains de mes professeurs, mes croyances spirituelles, mon minou (Moufastouchie). Mon imagination s’inspire de beaucoup, de tout et de rien, de moments joyeux comme malheureux. Le malheur des autres et bien d’autres.

Que lis-tu en ce moment ? Un livre que tu recommanderais absolument ?


En ce moment je ne lis pas qu’un seul livre, et ce sont des œuvres de mes confrères et consœurs sur la plateforme Wattpad, des Haïtiens pour la plupart. J’aime lire plusieurs livres à la fois. C’est peut-être un peu déroutant pour certaines personnes mais moi ça ne pose aucun problème. Si je devais recommander un livre, ce serait toutes les listes de lecture qui se trouvent sur mon profil Wattpad (@ther6rry). Néanmoins j’ai un livre que j’ai lu récemment qui s’appelle : Histoire flippante, c’est sur Wattpad et c’est tellement intéressant, c’est une sorte de compilation, j’adore tous les chapitres et chaque histoire est captivante.

Quelle est la phrase ou la citation qui te suit partout dans ton parcours de vie ou d’écriture ?


« Never give up ». Parce que si j’avais abandonné mes cahiers, ma plume et mes idées, certains personnages ne connaîtraient pas mes chefs-d’œuvre. Si j’avais pas posté le premier chapitre je n’aurai pas la chance de raconter mon parcours. Alors cette phrase m’accompagne et me guide.

À travers ses récits, Neïssa Therry témoigne d’une volonté forte de raconter, de toucher et de grandir avec ses lecteurs. Sa sincérité et son engagement donnent espoir en une littérature jeune, vivante et audacieuse. Merci à elle pour ce partage généreux, et longue vie à sa plume !

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