Ce livre DES COMMUNAUTÉS TRADITIONNELLES AUX COMMUNAUTÉS URBAINES est de Samuel NELLE. Il a été publié en 1990 aux Éditions Média-cameroun. L’ouvrage didactique sur les communautés couvre 211 pages.
Compréhension générale du livre
Dans cet ouvrage, Samuel NELLE essaie à sa manière d’attirer le regard sur un fait. Il rappelle que depuis l’indépendance du Cameroun, on trouve dans le discours et la pratique politique, un souci constant. Celui de la sauvegarde des structures traditionnelles d’organisation de nos communautés de base.
Or, le contexte sociologique pour lequel ces structures avaient été élaborées a totalement changé. Alors qu’il n’était pas pratiquement des villes au Cameroun avant la colonisation. On assiste aujourd’hui à une urbanisation vertigineuse, caractérisée par un exode rural sans précédent et une implication massive des ruraux dans les villes.
Ces nouvelles donnes, doublées de la nécessité qu’impose l’intégration nationale, appellent désormais une autre approche dans la définition de nos communautés de base. Les idées exposées dans cet ouvrage proposent cette nouvelle approche. Elles tendent à donner aux structures communautaires des villes (communes d’arrondissement et communautés urbaines) un contenu idéologique. Ce qui fait d’elles les véritables cellules sociales où se nouent les solidarités élémentaires, au détriment des collectivités tribales coutumières.
Analyse profonde du livre de Sameul NELLE
Ce livre nous fait la révélation de ce que depuis l’indépendance, il n’y a jamais eu au Cameroun de conflit armé intertribal. Il n’y en aura probablement jamais. Cette situation résulte d’un pacte tacite intertribal qui existe au niveau de l’État.
En effet, c’est l’État qui répartit entre les collectivités tribales les positions de pouvoir et d’enrichissement selon une savante arithmétique. Mais la perpétuation de cette situation, si elle sauvegarde les intérêts de l’État, porte malheureusement les germes de la destruction du même État.
Ce n’est que l’éclosion d’une véritable nation camerounaise qui peut pérenniser l’existence de l’État républicain. Et l’éclosion de la nation camerounaise suppose une redéfinition de nos structures de base.
La Loi no 015 du 15 juillet 1987 qui crée les communautés urbaines pose les jalons d’une société nouvelle. Dans celle-ci, les collectivités de base sont les communes d’arrondissement et non les collectivités tribales coutumières.
La loi en réalité n’a fait que prendre à son compte la réalité sociologique caractérisée par de formidables bouleversements. Ces derniers sont dus aux vastes mouvements migratoires amorcés sous la colonisation et à l’émergence du phénomène urbain.
En voulant adapter l’organisation locale aux nouvelles données sociologiques, le législateur a posé un acte politique de première importance. Ceux qui avaient la responsabilité de l’application de ladite loi ont voulu en limiter la portée politique pour se contenter de ses aspects administratifs.
FRAGMENT DE TEXTE
[ Pour nous ce qui compte, c’est la tradition communautaire, car elle s’insère dans les habitudes sociales des camerounais.
C’est cette tradition communautaire qui doit permettre aux Camerounais de s’adapter au passage des communautés traditionnelles aux communautés urbaines modernes.
Ce point de vue permet de considérer les communautés urbaines comme le prolongement sous une autre forme des communautés multi tribales d’autrefois.
Dans ce contexte, les solidarités régionales intertribales d’avant la colonisation doivent se transformer en solidarité urbaines multi tribales.
C’est pourquoi dans les grandes villes, les collectivités modernes telles que les communes doivent se substituer aux collectivités coutumières en tant que collectivité de base.
Les communes formeraient alors les maillons de la chaîne de solidarité qui lierait entre elles toutes les collectivités d’une même communauté urbaine.
Les communautés urbaines joueraient alors pleinement leur rôle de structures naturalisantes. Elles confèrent à chaque citadin préalablement intégré dans une commune urbaine d’arrondissement, un statut de naturalisé qui en ferait l’équivalent de l’autochtone.
Le naturalisé s’attacherait alors autant que l’autochtone à sa communauté d’adoption qui formerait alors une ethnie urbaine. ]
Adaptation aux réalités africaines
Dans le cas de Nitoukou, cette commune du Cameroun, la lecture de cet ouvrage a suscité de vifs débats au sein du CRADHON*. En effet, les débats ont tourné autour du financement des ouvrages portant sur les dynamiques de changement observées dans la localité rurale. Comme on le constate, cette localité rurale est en train de muter vers une société moderne, républicaine, démocratique et multipartite.
Il revient donc à la mairie de Nitoukou, pôle de développement à consentir à financer les publications d’ouvrage. En faisant tout simplement appel aux concours financiers du Fonds Spécial d’Equipement et d’Intervention Intercommunale ( FEICOM ).
Le CRADHON est aujourd’hui en droit de se poser la question suivante : Quelle collectivité communale voulons-nous pour Nitoukou ? Une collectivité de villages coutumière ou bien une collectivité communale de plusieurs villages autour desquelles s’organisent les solidarités élémentaires ?
De toute façon, ce que réclame les forces progressistes de Nitoukou, c’est au demeurant une société démocratique et républicaine. Non comme le veulent les bien-pensants de la localité, une société non-democratique et quasi-totale.
NB : Les seuls ouvrages soutenus par la commune rurale de Nitoukou sont jusqu’à présent nos deux récents Plans Communaux de Développement. Ce qui est très en dessous de la moyenne.
EBAGNE BEKEMEN SÉVERIN
*Coordonnateur du Cercle de Réflexion et d’Action pour le Développement Holistique de Nitoukou, CRADHON,