Paru en anglais en 1958, sous le titre Things Fall Apart, ce roman fondateur marque le début d’une nouvelle voie pour la littérature africaine. Pour la première fois, l’auteur expose une vision de l’intérieur, loin des clichés et de la conception sauvage des auteurs blancs.

Okonkwo, valeureux chef de clan
Enfant, Okonkwo reprochait à son père sa lâcheté, qui ne laissera que des dettes. Lutteur émérite, ambitieux et courageux, il ne doit sa réussite qu’à lui-même. Il devient un riche producteur d’ignames et règne parfois violemment sur trois familles. Il est reconnu et respecté par les neuf villages d’Umuofia. C’est pour cela que le clan lui confie la garde d’Ikemefuna, un jeune garçon, rançon d’un crime commis par un village voisin.
Entre culture et traditions
Dans une langue orale assortie de proverbes africains, Chinua Achebe fait ressentir la culture ancestrale du pays, dans la première partie de son œuvre.
Chez les Ibos, on tient en grande estime l’art de la conversation, et les proverbes sont l’huile de palme avec laquelle on accommode les mots.
Quelle belle découverte des rythmes de vie et des traditions de ce pays ! L’auteur décrit la culture de l’igname, ses étapes et ce qu’elle représente. On vit au rythme des périodes de sécheresse et des pluies, des semailles à la récolte. Les fêtes, les interventions des prêtresses et des oracles, les invasions de sauterelles, les repas : tout y est décrit avec précision pour s’imprégner des modes de vie.
La vie d’un homme, de sa naissance à sa mort, est une succession de rites de transition qui le rapprochent de plus en plus de ses ancêtres.
Ikemefuna, l’infortune d’Okonkwo
Okonkwo apprécie le jeune Ikemefuna, bien plus viril que son propre fils Nwoye. Toutefois, le chef de clan devra faire un choix irréversible pour respecter les traditions. Cette décision sera le point de départ d’une série de contrariétés tant pour le chef de famille que pour l’avenir du clan. Il y aura tout d’abord la maladie de sa fille chérie, ogbanje, enfant malfaisant qui, après leur naissance, retournait dans le ventre de la mère. Puis viendra l’exil de toute la famille sur les terres maternelles à la suite d’un crime féminin (assassinat involontaire).
Du début de la colonisation
Pendant cet exil, les habitants d’Umuofia croisent avec stupeur et incompréhension les premiers Blancs sur des chevaux de fer. Le choc culturel est immense et l’incompréhension provoque des actes violents des deux côtés.
« Ce grand Dieu nous a envoyés vous demander de renoncer à vos erreurs et à vos faux dieux pour vous tourner vers Lui afin d’être sauvés quand vous mourrez ! »
Les évangélisateurs construisent une église. Mais les colons anglais organisent aussi la vie en installant un gouvernement, en construisant un tribunal, un hôpital et une école. Tout cela se fait sans que les dieux locaux ne les punissent s’ils entrent dans la forêt maudite ou sauvent les jumeaux. Ils n’ont donc pas de mal à convaincre certains locaux, brimés comme Nwoye par certaines traditions. Pourtant, ils ne peuvent que s’opposer à ceux qui entendent préserver leur façon d’être dans leur propre pays.
Un roman incontournable
Tout s’effondre est un grand roman sur la connaissance de la culture africaine et un témoignage puissant sur le choc de la colonisation. Chinua Achebe laisse ici un héritage culturel inestimable qui inspire sans aucun doute les auteurs de la nouvelle génération, comme Léonora Miano.
📘 Fiche technique
- Titre : Tout s’effondre
- Auteur : Chinua Achebe
- Nombre de pages : 224
- Archives : Jokebed Auriane ANIAMBOSSOU, Challenge de lecture #je_lis_chaque_jour 2024, édition spéciale FILAB