La 28ᵉ édition du Salon international du livre d’Alger (SILA) se tiendra du 29 octobre au 8 novembre 2025 au Palais des expositions des Pins Maritimes (SAFEX). Placée sous le thème « Le livre, rencontre des civilisations », elle accueillera 1 254 exposants algériens et internationaux, 240 000 titres et 565 stands, réunissant 250 écrivains issus de 49 pays. Le public aura ainsi accès à un panorama riche de la littérature et des cultures du monde.
Cette édition mettra à l’honneur la République islamique de Mauritanie et rendra un hommage particulier à Frantz Fanon, à l’occasion du centenaire de sa naissance. Les visiteurs pourront rencontrer de nombreux auteurs algériens, représentant la diversité linguistique du pays : arabe, français, anglais et tamazight — ainsi que, dans une moindre mesure, le darija, encore peu présent dans l’édition nationale.
Une programmation centrée sur l’histoire, l’identité et la mémoire
Le programme culturel du SILA 2025 repose sur quatre piliers fondamentaux :
- l’identité nationale et ses valeurs ;
- l’histoire libératrice du peuple algérien ;
- l’appartenance civilisationnelle africaine, méditerranéenne et arabe ;
- l’ouverture culturelle sur le monde et ses transformations.
Conférences, tables rondes et soirées poétiques exploreront des thématiques mêlant Histoire, Identité et Mémoire.
Le volet littéraire comprendra notamment :
- un colloque consacré à Rachid Boudjedra, célébrant 60 ans de production littéraire, le 30 octobre au pavillon Tassili ;
- une réflexion sur la lecture contemporaine de Abdelhamid Benhadouga ;
- des débats sur le roman et la pensée, la mémoire dans la littérature de la diaspora, et le narratif saharien.
Une conférence sur les jeunes éditeurs et la dynamisation du mouvement éditorial se tiendra le 6 novembre de 16h à 17h30 au pavillon Tassili, avec Rafik Taybi, Rafik Djelloul, Boudaoud Massinissa, Yacine Kaaouda, Khoula Houasnia et Yasser Abou Yahya Meziane pour modérateur.
Mémoire historique et héritage civilisationnel
- le 80ᵉ anniversaire des massacres du 8 mai 1945 ;
- le 70ᵉ anniversaire des attaques du Nord constantinois du 20 août 1955.
Le dimanche 2 novembre, deux sessions consacrées à l’État moderne de l’Émir Abdelkader se tiendront au pavillon Tassili, avec Boudjerra Bachir Mohamed, Moustapha Khiati, Djamel Yahiaoui pour la première, puis Abid Soltana, Aidir Hachi, Islam Amara (Égypte) et Abdelkader Djemaa pour la seconde, sous la modération d’Abdelkader Dahdouh.
Une conférence sur les gravures rupestres du Sud comme musée à ciel ouvert se déroulera le 7 novembre de 15h à 16h30, animée par Abdelaziz Boukna avec Slimane Hachi, Boudiaf Mohamed et Mohamed Belghoul. Une autre conférence portera sur l’identité nationale, de la Numidie à aujourd’hui. Un colloque international intitulé « L’Algérie dans la civilisation » est également prévu le 4 novembre, à l’hôtel El Aurassi.
Une manifestation majeure du monde du livre
Créé en 1996 par le ministère de la Culture, le SILA se tient chaque année au SAFEX et s’impose comme la plus importante manifestation culturelle du pays. Lors de sa dernière édition, il a enregistré plus de 4,3 millions de visiteurs, un record qui confirme son rôle central dans le paysage littéraire africain et international.
Les organisateurs rappellent la vocation du salon : favoriser le dialogue entre les langues, les cultures et les générations, loin des tensions politiques observées lors de précédentes éditions. Soutenu par le ministère de la Culture et des Arts, l’événement met en avant la production nationale, notamment les maisons d’édition émergentes et les publications en tamazight et arabe, tout en cherchant à renforcer les liens avec les éditeurs africains et arabes.
Les éditeurs français demeurent libres de participer, leur présence relevant cette année de considérations économiques et logistiques plutôt que politiques. Le SILA reste d’ailleurs l’un des rares grands salons du monde arabe à accueillir de nombreux exposants européens et africains dans un contexte régional tendu.
Le livre, au-dessus des calculs politiques
Les échanges et débats récents, notamment autour de la place des éditeurs étrangers et de la décolonisation du marché du livre, montrent que réduire le SILA à un affrontement idéologique serait une erreur. Le salon apparaît également comme un espace de souveraineté culturelle, où l’Algérie cherche à redéfinir ses partenariats sans se couper du monde francophone.
Le SILA 2025 pourrait ainsi marquer une édition de la maturité, rappelant que la littérature demeure avant tout un pont entre les civilisations, fidèle au thème qui guidera cette grande fête du livre.
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