La science en l’homme arrive la première, puis vient la liberté disait Victor Hugo dans son texte A qui la faute. Le livre défait en la pensée les liens que l’erreur en la vérité mêle. Le livre c’est le savoir, le droit, la vérité, la vertu, le devoir, le progrès et la raison dissipant tout délire. Dans les livres, le lecteur peut trouver toutes les pièces pour la construction de son être. Pour cela, il lui faut déceler parmi les nombreux ouvrages glissés en ces mains, ceux qui lui procurent objet de son désir. Quelles sont les différentes fonctionnalités de la lecture et comment faire son choix ?
La « lecture utile » (scolaire, professionnelle, religieuse…)
Même profane, la lecture peut rapidement devenir la voie de la sagesse et de la sacralité. Cette lecture permet à l’adolsecent de se bâtir une moralité et une personnalité qui transcende l’éducation classique reçue dans son entourage immédiat. Elle procure à la fois au lecteur la satisfaction de son besoin d’évasion, d’émotion, et de ses attentes éthicopratiques. C’est une lecture utile.
La lecture scolaire
La lecture utile ou éthique peut être scolaire, c’est-à-dire la lecture des œuvres lues dans le cadre d’un programme éducatif à l’école. Cette lecture utile ancre le texte dans le vécu permettant ainsi d’apprécier une œuvre sur la base de ses valeurs. Ces dernières puisées de l’expérience offre au lecteur des profits éthico pratiques.
C’est à travers cette lecture que le jeune esprit trouve les conseils utiles à son édification et puise de l’expérience des autres par procuration. Cette lecture est aussi un outil d’introspection. Ainsi, aux profits concrets qu’elle offre, s’ajoutent des attentes éthiques qui permettent de cultiver les émotions et l’identification par la voie vers la sagesse.
La lecture professionnelle
Légèrement différente de la lecture scolaire par son champ d’action, la lecture professionnelle est aussi une lecture utile. Elle consiste à approfondir les connaissances acquises dans le cadre d’un programme scolaire pour servir un objectif précis.
Par exemple, un professionnel de justice peut se documenter sur un pan donné du droit pour faire suite aux connaissances qui lui ont été transmises dans le cadre de sa formation académique. La lecture professionnelle se fait de manière continue par toute personne qui désire s’améliorer, se tenir informer et être à jour par rapport aux enseignements précédemment reçus.
La lecture religieuse
Cette lecture, à l’instar de celle scolaire et professionnelle, n’est pas axée sur la forme, mais sur la fonction. Certes dans les écrits sacrés, la bible en l’occurrence la forme de l’écriture peut faire l’objet d’une attention particulière, mais pour le fidèle-lecteur, cela n’attire pas en tant que tel son attention.
Le livre sous cet angle n’est plus une fin en soi mais un moyen pour trouver des trésors. Ce qui amènera Proust dans son essai Sur la lecture à écrire : L’initiatrice, dont les clefs magiques nous ouvrent au fond de nous-mêmes la porte des demeures où nous n’aurions pas su pénétrer. p.66.
La « lecture plaisir »
La lecture dite de plaisir ou esthétique implique une prise de distance envisageant le texte comme une forme pure, seule motivation de lire. Cette forme de lecture prend le livre comme fin et non comme un moyen. Elle est considérée comme une idole immobile, que le lecteur adore pour lui-même.
Pour Proust, cette lecture suscite les émotions et la participation nerveuse pour lui, n’est plus un poison, mais plutôt un remède. La lecture plaisir est comme une discipline curative qui réintroduit par des incitations répétées un esprit paresseux dans certains cas pathologiques, de dépression spirituelle surtout. Dans ces cas, la lecture plaisir peut se révéler analogue au traitement psychothérapeutique de certains neurasthéniques.
Le but visé par le lecteur dans le cadre de la lecture plaisir n’est pas de devenir sage, mais plutôt de se divertir. Toujours est-il que cette lecture plaisir n’empêche pas le lecteur de tirer des profits éthiques qui le rendent un peu plus sage.
La lecture futile
Elle est souvent considérée comme une perte de temps et se révèle dangereuse, caractérisée même par ses détracteurs comme : un poison, une vice, une décrépitude physique et morale. Il s’agit entre autre de la lecture des mauvais genres comme la poésie puis le roman comme le souligne ces détracteurs, dont Anne-Marie Chartier et Jean Hébrard en tête (Discours sur la lecture en 2000) ou de mauvais gens; les femmes, les enfants, le peuple ou les petits bourgeois en ce sens, Bouvard et Pécuchet sont de malheureux exemples.
La lecture dite futile a le désavantage de causer des maladies notamment nerveuses engageant le lecteur corps et âme. Dans ces lectures, les mots employés influe fortement sur la condition physique, comme l’a souligné Baudry, 2000 :
lisant, nous sommes tout à coup une substance sans chair, nous devenons sans nous en rendre compte des êtres faudrait-il dire spirituels, affectés ni par la faim ni par les intempéries, ni par les deuils, ni par l’amour, mais par les mots de faim et de tempête, de mort et d’amour.
La nouvelle façon de lire, fragmentée et pluridimensionnelle influencée par les modes d’appropriation télévisuels est la lecture zapping. C’est une lecture hypertextuelle qui est venue des CD-ROM et d’internet. Cette forme de lecture est classée dans la classe de lecture futile peu importe le cadre, car elle ne permet pas au cerveau de s’adapter à la lecture et de bien capter le message.
Comment bien choisir ses lectures ?
Bien faire ses choix de lecture, c’est de ne pas se laisser dominer par ses sensations. Bien lire, c’est suivre sa raison lors de sa lecture, refuser de sentir avant même de penser reprenant une expression de Rousseau dans les Confessions. Éviter de s’identifier aux personnages et refuser de confondre imaginaire et réalité.
Bien choisir ses lectures, c’est se refuser d’être ravi jusqu’à en perdre la raison. La lecture basée sur les émotions, l’identification et les sensations est celle dite futile, elle s’oppose à la lecture savante (utile), qui quant à elle appelle le lecteur à la distanciation et à l’analyse. Avoir lu assez de romans et vouloir en vivre un est un danger pour tout lecteur (Roberto de La Grive) parlant de la lecture plaisir.
Formidable