La poésie, c’est peut-être l’ambroisie de tous les genres littéraires. Images, sonorités s’entremêlent pour le plus grand bonheur des initiés, pas tout lecteur. Parce qu’il faut bien voir au-delà des vers, percer cet hermétisme pour avoir la sensibilité affectée. Tout le monde n’a pas cette capacité.

Elle n’est pas qu’émotions et sensations, elle est aussi une langue. «…la langue par excellence qui saisit l’homme par son humanité tout entière, idée pour l’esprit, sentiment pour l’âme, image pour l’imagination et musique pour l’oreille » comme l’a dit Alphonse de Lamartine dans Des destinées de la poésie.
Oxytocine… Iconoclaste, oui, peut-être – nous sommes, en tout cas, loin de ces recueils où chaque poème à un titre, où nous avons une vingtaine ou trentaine de poèmes parfois vides et dont le seul élément remarquable est la rime. ‘’ La poésie se définissant comme une présence forcée de rimes’’. Très harassant. Oxytocine n’est donc pas un recueil de poèmes, mais une seule poésie. Une poésie qui se distingue de par sa structure formelle, une allure pyramidale, une absence de majuscule à chaque début de vers et de ponctuations ; une poésie anadiplosique puisque chaque page est reliée :
« la démocratie construit une bastide sur les ruines de
Néron on y arrosera un poulailler d’enfants chaque
fois qu’on dormira dans le triangle
de Bermudes où tu chirurgicaliseras
le monde de ton bistouri
tendu » p.20
« tendu
aucune vraie poésie
n’accepte les pilons mous et moi
j’habite le pays du Lègba où j’adore piler le foutou
dans le ventre de l’oxytocine tuer tous les cafards… » p.21
Bien qu’abordant quelques volets politiques, satire quelque part, cette œuvre est principalement axée sur une thématique bien connue de tous, mais qui semble perdre son essence véritable : l’Amour. L’Amour sous ses différents dérivés : social, professionnel, personnel. C’est donc une analyse interne et externe du monde au milieu d’un érotisme, d’un chant à Eurydice…
« l’Amour
est informé
de tes poses névroses
des proses maladives des pauvres
présidents en manque d’oxytocine moi
je m’endors avec l’image des manches de ton sain
sang qui s’emballe dans le vent sanglé de tes sens » p.36
La poésie autrement, si on veut… L’hermétisme ne serait-il pas un casse-tête pour de jeunes lecteurs ? Même si l’autre a dit qu’il y a un plaisir à ne pas être compris. Et il y a là la beauté véritable de la littérature. Cette beauté c’est la diversité interprétative. La relativité. De cet hermétisme peuvent en découler de nombreuses interprétations, analyses, justes et logiques bien que différentes de la véritable pensée de l’auteur.
Article signé Nandi Nali Kimbata Michel