Il sonnait 1h du matin. À Akpaka, précisément à Kpondéhou, tout dort déjà à part quelques jeunes tourtereaux qui trainent encore sous les lampadaires solaires photovoltaïques installés par le gouvernement pour effrayer l’insécurité sociale. À pareille heure, l’air encore glacial, souffrait sur la ville apaisée et fait claquer les articulations des arbres installées de part et d’autre au cœur de la ville. Mais si la nuit est faite pour dormir, elle ne l’est que pour ceux qui ont sommeil. Et Léon n’a aucune envie de dormir, même pas la moindre. En tout cas, pas avant d’avoir suffisamment de preuve. Débout face à un géant table tout garni de papier et de photos liés les uns aux autres par des flèches tracées en couleur rouge foncée, le jeune journaliste essait d’établir une liaison. Léon Nougbodandan est un jeune journaliste très talentueux travaillant pour Osons Presse Info depuis bientôt trois ans. Il y a deux ans, il a fourni des informations pour donner un coup de main à la justice dans une affaire de meurtre. Le coupable fut appréhendé et condamné à 10 ans de prison ferme, sans aucune possibilité de libération conditionnelle pour meurtre aggravé. Cette affaire à rendu le jeune journaliste très populaire. Aujourd’hui, il se prépare à démanteler l’un des plus gros poisson qui est dans les viseurs de la CRIET depuis vingt ans. Pendant plus de vingt ans, Oba Igbo échappe à la justice pour faute de preuves. Il est le plus grand dealer de drogue et autres stupéfiants du Bénin. Il doit bien avoir une preuve quelque part, tout le monde se trompe, il faut juste que je cherche au bon endroit, se dit le jeune journaliste très concentré. Ça fait exactement 6 mois qu’il a pris pour cible Oba Igbo. Mais jusque-là, rien de concret si ce n’est quelques photos et vidéos compromettants certes, mais insuffisants pour une peine à la hauteur de son crime. Il lui reste alors beaucoup de pistes à exploiter. Un jour il revenait du sport quand une voiture se gara à côté de lui et lui fit un signe de phare. Lorsqu’il s’approcha, c’était le plus grand dealer de drogue.
-Alors le jeune journaliste aime aussi le sport ?
– Qu’est-ce que vous me voulez ?
-Je te renvoie la question Jeune homme. Ne fout pas ton nez dans mes affaires. Je sais ce que tu mijotes. Ça peut finir mal.
– C’est une menace ?
– Non. Un simple conseil de quelqu’un qui ne cherche pas d’embrouille.
-Je finirai par avoir une piste. Comptez sur moi. Je ne m’arrêterai que lorsque vous serez derrière les barreaux.
Sans répondre, Oba Igbo démarra sa voiture. Depuis ce jour, Léon en fait une affaire personnelle, un défit. Il cogitait encore quand son téléphone portable sonna. Le numéro est inconnu. Il hésita un moment mais finit par décrocher.
-Allô.
-Léon Nougbodandan, c’est ça ?
-C’est qui svp et où avez-vous eu ce numéro ?
-L’important n’est pas qui je suis mais ce que je veux vous offrir.
-Je vous écoute.
-Je sais que vous manquez cruellement de preuves sur Oba Igbo.
-Je ne sais pas de qui vous parlez monsieur
– Monsieur Léon, je suis prêt à vous aider, j’ai fait affaire avec lui et il me l’a fait à l’envers. Si vous voulez le choppez, c’est maintenant ou jamais.
– Supposons que j’accepte. Comment ça va se passer ?
– Demain, 22h, surveillez votre téléphone. Je vous appelle pour vous confirmer le point de rendez-vous. Surtout ne tentez rien que vous allez regretter.
Si ça craint tout ça, Léon est bien décidé à prendre le risque. Le lendemain, déjà à 21h, il est déjà prêt et impatient de retrouver son inconnu. À peine le téléphone vibra qu’il décrocha et se mit en route. Le lieu du rendez-vous est en plein cœur de la ville. Ce qui rassure le journaliste. Mais arriver sur les lieux, il y a du monde, mais personne qui lui paraît suspect. L’inconnu rappella.
-Rapprochez-vous de la poubelle à votre droite, vous voyez le papier blanc en haut ?
-Oui.
-Prenez-le et suivez les instructions.
-Mais à quoi vous jouez ?
L’inconnu raccrocha. Sur le papier en question, une nouvelle destination est indiquée. Tout porte à croire que l’individu ne veut pas prendre le risque de le lui indiquer par téléphone. Le jeune journaliste se rendit au lieu indiqué. Là une voiture l’attendait.
-Entrez monsieur Léon. Le patron m’a dit de vous amener.
-Il veut être sûr que vous êtes seul. Vous montez ou pas ?
Malgré la colère et la peur qui l’anime il monta dans le bagnol et on lui banda les yeux. Après 20 mn de route, l’engin s’immobilisa. Ils le firent descendre et lui enleva les voiles. Mais à la vue du patron, Léon s’exclama. Son visage lui est bien familié.
– Quoi ! Comment est-ce possible ? Vous voulez me tuer, c’est ça ? Vous n’avez aucune idée de la bêtise que vous voulez.
Ce matin, la circulation semble plus dense que d’habitude. Le vagon de véhicules et de taximan ne bouge que péniblement. Probablement un accident de circulation. Un attroupement d’hommes et de femmes se montre à l’horizon. En plein cœur de la route. Ce qui bloqua toute possibilité de circulation malgré la présence des forces de l’ordre. Dans le pont qui s’interpose au milieu de la route pour la subdiser en deux, se trouve un corps humain, debout, la tête entre une corde attachée au barre de fer servant de clôture au pont avec deux policiers prenant la photo de la victime. C’était le corps de Léon retrouvé sans vie.
Edmond BATOSSI. Étudiant inscrit en Droit à la Faculté de Droit et des Sciences Politiques ( FADESP-UAC) et en philosophie à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales ( FASHS-UAC).