Telle une lumière jetée dans les tréfonds du monde, la voix de la femme résonne de plus en plus en écho dans nos sociétés. Depuis des générations entières, sa voix a été mise en veilleuse et plus encore en ce XXIe siècle, le pari pour son émancipation est loin d’être gagné. La femme se lève, et monte sur son cheval de bataille avec son épée : celle d’être humain. Un être au même titre que le mâle, le masculin. La femme possède autant de capacités que l’homme et est capable d’assurer les plus grandes charges : que ce soit celle de la gouvernance, des postes de responsabilités et bien d’autres. D’ailleurs l’histoire en général, et en particulier celle de l’Afrique porte les marques de femmes qui ont su faire entendre leurs voix. Salomé Houénafa Kohougbla à travers sa pièce théâtrale Le sourire de Kungana, prend acte du défi qui attend la femme en général, et la femme béninoise en particulier. Publiée aux Éditions Béninlivres à Porto-Novo en 2025, Le sourire de Kungana aborde des thèmes pertinents et actuels au nombre desquels la redéfinition du statut de la femme béninoise en particulier et de la femme en général. Sur 64 pages, l’auteure fait tonner à travers sa voix, la voix de toutes les femmes africaines qui essuient le faix du patriarcat, de la sous-estimation, de l’indifférence et des discriminations.
Présentation de la couverture de l’œuvre et impressions
La pièce théâtrale Le sourire de Kungana se présente sur un fond cendre et blanc. La première de couverture nous présente en premier le titre de l’œuvre écrit en noir suivi d’une image captivante et révélatrice. Celle d’une jeune femme, une guerrière armée d’une lance. Elle tient la lance dans sa main gauche dont le poignet est entouré de bracelets en or. Elle a également un pagne noué sur la poitrine et un autre qui lui sert de cape. Son cou est également orné par deux colliers : des colliers en or dont le bas est sous une forme étoilée, et un collier à perles. L’expression de son visage dont le front est plissé témoigne d’une résolution, d’une farouche détermination. Juste en dessous de cette image, on voit l’identité de l’auteur à laquelle succède le nom de la maison d’édition. Sur un fond blanc, la quatrième de couverture nous présente d’abord un extrait de la préface de l’ouvrage et ensuite une petite image de l’auteure suivie d’une brève biobibliographie.
À partir de la couverture, le lecteur peut s’attendre à une histoire pleine de rebondissements et de puissances. Une histoire dont la femme en est le centre. L’image de la première de couverture présentant une guerrière permet de dire que l’intrigue tourne autour des luttes. Plus encore l’expression du visage de la guerrière dévoile une forme de révolte, une forme de soulèvement dont la femme en est le centre d’attention.
Résumé de la pièce théâtrale Le sourire de Kungana de Salomé Kohougbla
La scène se déroule dans un pays appelé Kungana. Il était dirigé par un président qui voyait son pouvoir comme éternel et qui, en dépit de cela, se donnait le luxe d’user de son pouvoir afin de collectionner toutes les femmes qu’il désire. Kimbata, une femme leader, après avoir plaidé maintes fois la cause du peuple auprès du président, se révolta contre la gouvernance de celui-ci et l’appela à la démission. Elle réunit son petit groupe composé de Taka et de Hannansé et les investit du devoir qui est le leur. Celui de faire preuve de courage telles les amazones du Danhomè afin de lutter pour leur émancipation. Après de gros efforts, Kimbata et son équipe finissent par atteindre leur but, celui de voir une femme diriger le Kungana.
Analyse et avis critique sur la pièce théâtrale Le sourire de Kungana de Salomé Kohougbla
Le sourire de Kungana est une œuvre historique et littéraire qui appelle à une redéfinition du statut de la femme dans les sociétés africaines. Celles-ci ont longtemps vu la femme comme un être condamné au mutisme. La femme a souvent été considérée comme cet être fragile qui n’a pas l’habileté de participer aux affaires de son pays. Pourtant, de nombreuses voix féminines se lèvent et tentent de siffler la fin des différentes discriminations dont elles sont victimes. Il ne s’agit pas uniquement de discriminations contre les femmes mais plutôt de tout ce qui ne concourt pas au progrès de l’humain. Comme l’écrivait le poète :
« La femme est l’avenir de l’homme ».
Ce qui tend à dire que le masculin ne peut évoluer si le féminin est toujours à terre.
La question de la discrimination de la femme est une question centrale qui pousse de nombreuses femmes mais aussi d’hommes à prendre acte et à crier que ce soit à travers leurs plumes, leurs actions ou leurs voix pour la reconnaissance du statut de la femme dans les sociétés. La vie de la femme africaine pousse les écrivains à s’interroger sur le statut éthico-social, religieux, politique, culturel et moral de cet être qu’on qualifie sans le savoir de ‘‘sexe faible’’. À cet effet, l’écrivaine et musicienne tchadienne Sobdibé Kemaye s’exclame à la page 82 de son roman Le sexe féminin, une fatalité ? :
« Ah ! Être femme, est-ce une fatalité ? Depuis ma naissance, je ne cesse de rencontrer des obstacles et des humiliations ; l’on cherche toujours à me rabaisser. On me dit souvent que tu es une fille, tu es faite pour la cuisine, tu dois te marier pour faire des enfants, tu es toujours inférieure à l’homme. Tu ne peux pas voler de tes propres ailes, sauf si un homme t’appuie. »
Face aux différentes épreuves auxquelles elles sont confrontées les femmes ne jettent pourtant pas l’éponge. Elles continuent au contraire de lutter, de se battre pour leur émancipation et pour l’émancipation de la race humaine toute entière. Salomé Kohougbla affirme à la page 22 de sa pièce théâtrale :
« Tant qu’il y aura un souffle de vie en nous, tant qu’il y aura une étincelle d’espoir dans nos cœurs, nous lutterons pour un avenir meilleur. »
À travers cette affirmation, l’auteure montre jusqu’à quel point les femmes sont décidées à lutter pour leur propre bien et le bien de tous. Il est important de notifier que les construits sociaux ont joué un rôle prépondérant dans la sous-estimation de la femme au point où celle-ci n’est plus capable à certains moments de son existence de croire en elle, de croire en ses capacités. Salomé nous apprend dans son œuvre qu’il est important que les femmes apprennent à transcender, à s’élever au-dessus des construits sociaux, des obstacles permanents qu’elles rencontrent, afin de laisser leur plein potentiel s’exprimer.
À travers la métaphore de l’araignée employée par le personnage Taka, Salomé montre le rôle de la femme dans la société. Elle écrit à la page 27 :
« L’araignée représente la connaissance et la féminité. Elle personnifie la femme, car elle tisse sa toile dans laquelle elle attire tout ce dont elle a besoin. L’araignée nous apprend que nous sommes responsables de nos avenirs et de nos destins. Elle nous encourage à regarder encore plus loin. »
Soulignons qu’en dépit de tous les qualificatifs que la société a attribués à la femme, celle-ci n’est pas moins forte que l’homme. Elle n’est pas non plus le sexe faible comme beaucoup le prétendent. À la page 28 de la pièce théâtrale Le sourire de Kungana, l’auteure écrit :
« La force ne réside pas uniquement dans les muscles ou dans la capacité à imposer sa volonté. La véritable force réside dans la capacité à rester debout malgré les tempêtes, à aimer malgré les blessures, à croire malgré les trahisons. »
À travers cette citation, l’auteure nous amène à reconsidérer la notion de force. Être fort, ce n’est pas seulement posséder des bras musclés, une forme physique impressionnante. Être fort, c’est aussi faire preuve de patience, de résilience, d’empathie et de persévérance.
L’œuvre Le sourire de Kungana se veut donc une invite à la remise en question de la société qui, à travers ses valeurs patriarcales, met la femme sous tutelle, la prive de la parole, du pouvoir et de l’autonomie. Le sourire de Kungana est une métaphore de l’espoir, de la victoire, du courage et de la détermination des femmes à se frayer un chemin dans une société dominée par les hommes.
Conclusion
La pièce Le sourire de Kungana de Salomé Houénafa Kohougbla est une œuvre engagée, féministe, mais aussi profondément humaniste. Elle interpelle autant les femmes que les hommes sur la nécessité de briser les chaînes de l’injustice, de la soumission et de la peur. Elle appelle au courage, à l’union et à la foi en un avenir meilleur, porté par les valeurs de justice, d’égalité et de solidarité.
Cette œuvre s’inscrit dans la continuité de la pensée des grands écrivains africains qui ont toujours milité pour une Afrique plus libre, plus juste, et surtout plus inclusive. Salomé Kohougbla donne à la femme africaine sa voix, sa force et sa place dans la société. Une pièce à lire, à méditer et à partager !
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