Le réalisme politique au Bénin et la spiritualité africaine : que dire Ferdinand S. Missenhoun ?
Le réalisme politique au Bénin et la spiritualité africaine : que dire Ferdinand S. Missenhoun ?

Le réalisme politique au Bénin et la spiritualité africaine : que dire Ferdinand S. Missenhoun ?

Chaque écrivain pose sa plume, peint et dépeint les problèmes de son temps. Cette mission, il le fait, avec, pour espoir d’en découdre avec ces maux. Seulement, voyez-vous, certains problèmes sont têtus et peuvent traverser le temps et l’espace et, par ricochet, survivent à l’ancre et à la plume. Bref, chaque génération d’écrivain fait du mieux qu’il peut. L’oscar du mal s’inscrit dans l’ossature littéraire de l’actuelle génération d’écrivain.

L’oscar du mal de Ferdinand S. Missenhoun

Il s’agit là d’un recueil de nouvelles écrit par l’écrivain béninois Ferdinand SOUROU MISSENHOUN, enseignant de français dans les lycées et collèges du Bénin. L’ouvrage L’oscar du mal est paru aux éditions CHRISTON en mai 2022. Ferdinand SOUROU MISSENHOUN, faut-il le rappeler, n’est pas apparu sur la scène littéraire avec L’oscar du mal. L’écrivain est aussi auteur de plusieurs autres ouvrages dont Orages politiques parus en 2016 aux éditions CHRISTON, Raison d’État aux éditions Parangon en 2021 et bien d’autres encore.

Composé de sept différentes nouvelles, L’oscar du mal est écrit dans un cadre géographique précis. C’est la République du Bénin qui est à l’honneur ! Rien d’étonnant, il faut balayer l’intérieur de sa chambre, avant de s’intéresser à la cour, dit-on. Sur seulement 84 pages, MISSENHOUN n’a ménagé aucun effort pour toiletter, avec satire, humour, tristesse, dénonciation et exhortation, le régime de la rupture. 

Des nouvelles telles qu’« À l’ombre d’un marre arrière » et « La règle du jeu » plongent le lecteur dans l’univers de la politique depuis l’avènement de la rupture au pouvoir. Oppositions calcinées, opinions publiques intimidées, la liberté d’expression bafouée et embrigadée, des personnalités publiques politiques contraintes à l’exil, les prisonniers politiques devenus de plus en plus criards. 

Ferdinand SOUROU MISSENHOUN vous livre sa version crue de la politique béninoise à l’ère de la rupture. Il invite le lecteur à prendre ses responsabilités face aux « discours à la négation » de ces affamés de pouvoir qui ne sont là que pour prendre leur part du gâteau comme l’ont fait leurs prédécesseurs. Parce que c’est « la règle du jeu », voyez-vous ? Chacun prend sa part. Le Bénin est un énorme gâteau !

Mais s’il est d’un truisme à crever les yeux que l’enseignant est très soucieux de la politique dans son pays et surtout du sort de la démocratie, il a posé sa plume sur plusieurs d’autres maladies « chroniques ». Ce sont notamment celles qui gangrènent la terre du brave résistant Kondo, l’homme requin. 

À travers des nouvelles comme « l’oscar du mal », les « Frasques de jouvence » et « Bizo ou le châtiment de la transgression » l’auteur brosse, avec toute sa force, la spiritualité béninoise. Il faut noter que celle-ci est prise entre escroquerie et méchanceté, ou les Bokonon et les Hounnon polluent les rues et où c’est devenu difficile, voire impossible de savoir vraiment qui est dans le vrai et qui ment. Est-ce que cela voudra dire que l’écrivain nie la force de la spiritualité africaine ? Je vous laisse faire votre propre opinion en allant à la quête de L’oscar du mal.

Dans ce recueil de nouvelles qui fait voyager le lecteur entre les réalités africaines, Ferdinand Sourou MISSENHOUN a opté pour un niveau de langue courant, avec des courtes phrases, précises, cohérentes et présentées dans un discours à la fois narratif et descriptif. Ce qui ne surprend guère. 

Car, tout porte à croire qu’il adresse ses messages à la jeunesse. Néanmoins, la vision de l’auteur sur la politique, bien que pointue, reste sa lecture des choses. Son discours à ce sujet a une tendance hégémonique susceptible d’endoctriner le lecteur qui n’est pas au cœur des réalités mises à nu dans le livre.

Dans tous les cas, vous ne serez pas déçu à la lecture de ce chef-d’œuvre dont cet article n’est qu’un reflet. Entrez en contact avec L’oscar du mal et nourrissez votre âme. Car comme le souligne si bien Victor HUGO, « Lire c’est boire et manger. L’esprit qui ne lit pas maigrit comme le corps qui ne mange pas. »

Écrit par : Edmond BATOSSI. Étudiant inscrit en philosophie à la Facultés des Sciences Humaines et Sociales FASHS et en droit à la Faculté du Droit et des Sciences Politiques FADESP à l’Université d’Abomey-Calavi.

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