LE COMMERCE DES ALLONGES : ALAIN MABANCKOU
LE COMMERCE DES ALLONGES : ALAIN MABANCKOU

LE COMMERCE DES ALLONGES : ALAIN MABANCKOU

On s’étonnera toujours devant le génie de l’écrivain. Il s’est fait d’une idée abstraite et presque utopique une réalité dont il est le seul à avoir les rênes. “Le commerce des allongés” un titre plutôt surprenant et à la fois risible. Pourquoi le commerce des allongées ? Alain Mabanckou ferait-il allusion aux morts ? Autant d’interrogations auxquelles Mabanckou a su répondre et pousse à aller découvrir. Sur 343 pages Alain a su capter l’attention du lecteur et même lui a fait une peur bleue. L’ouvrage a été édité aux éditions Seuil en 2022 et classé sous le genre science-fiction et cie.

LE COMMERCE DES ALLONGES : ALAIN MABANCKOU

Résumé de l’ouvrage ‘’le commerce des allongés’’ de Alain Mabanckou

Un jeune homme du nom de Liwa Ekimakingai se trouve brusquement dans un autre monde différent de celui qu’il connaissait. Et ce monde ce n’est que l’au-delà. Celui-ci travaillait précédemment comme serveur à l’hôtel Victory Palace et est âgé d’une vingtaine d’années. 

Liwa s’est rendu à une fête un jour avant son décès. Au cours de celle-ci, il rencontre une jeune fille du nom de Samantha. Cette dernière en réalité n’est qu’un esprit qui a pris l’enveloppe charnelle d’une jeune fille. Après quelques discussions, les deux jeunes gens ont développé rapidement une affinité au point que Liwa donna sa veste à Samantha.  

En effet, à la sortie de la fête, la température était tellement basse. Le jeune homme sentit alors que Samantha avait besoin de se couvrir pour ne pas prendre froid. Une fois arrivée à destination, Samantha demanda à Liwa de revenir quelques heures plus tard. Elle s’introduisit dans une maison qui n’est autre que celle d’augustin Biampandou le père de Samantha. 

Après quelques heures, voilà Liwa qui, bien habillé, se retrouve devant la maison d’augustin avec un bouquet de fleurs en main. Il ne savait pas que son arrivée était déjà prédit par la sorcière d’augustin Angelou et cette nuit serait aussi sa dernière nuit sur terre. 

Car augustin pour avoir plus de gloire a de son propre gré liquidé sa propre enfant Adeline (Samantha actuellement). Il a fait beaucoup d’autres sacrifices. Malgré les mises en garde de la sorcière qui la protège, Augustin en veut toujours plus. Liwa qui était venu rencontrer Samantha dans cette gigantesque maison se réveille dans un lieu macabre, obscur et qui donne la trouille. 

Mieux, il se retrouve dans un costume à la con avec des chaussures ridicules. C’est ainsi qu’il réalise qu’il était bel et bien mort et le lieu qui sera désormais son milieu de vie n’est que le cimetière le frais Lachaise. Liwa décida de se venger de celui qui l’a expédié dans l’autre monde sans demander son avis. 

Cela après le passage des grandes personnalités qui vivaient dans ce monde avant lui et après avoir fait des leçons de morale sur son statut. Comment va-t-il procéder du fait qu’il n’est qu’un esprit désormais ? Comment la cérémonie des funérailles de Liwa est-elle organisée ?

Analyse de l’oeuvre d’Alain Mabanckou

Quelle imagination ? Quelle fiction bien ficelée et peaufinée ? Alain Mabanckou a franchi une barrière que le commun des mortels se refuse de franchir. Avec sa touche particulière et son humour à l’accoutumée, il a su faire voyager dans un monde totalement effrayant, énigmatique et complexe. 

A base des fables africaines, il a créé un monde, que dis-je ? Une fiction qui convainc toute suite le lecteur peu informé de la véracité des dires de Alain Mabanckou. Son livre rend sceptique un lecteur avisé et bien informé sur le sujet.

D’abord, il commence par un début accrocheur. Il est à la fois triste et ridicule. Le réveil brutal d’un être humain dans un monde où tout est à l’envers. Cela exprime le soin que l’auteur a pris pour montrer aux lecteurs que le monde des vivants est différent de celui des morts. 

« Tu inspectes avec appréhension les parages. Le silence et le brouillard matinal…» p.22. Mais, l’auteur décrit un peu comment une cérémonie de funéraille se passe en Afrique. Tout le soin qu’on y met et les dépenses exorbitantes qui sont allouées à cela. Mieux, il démontre la compassion et la solidarité envers une personne éplorée. « Te voici au milieu du bas dancing jolie soir…» p.35.

Pour ne pas laisser le lecteur ignorant, il raconte un peu le rôle des femmes pleureuses. Elles sont payées pour jouer à cette comédie même si le défunt n’est pas de leur famille. « Tu revois le deuxième jour de tes funérailles…» p.99.

Ensuite, au fil des pages l’auteur a voulu parler d’une habitude ou du moins d’une attitude qui jusque-là est plus pratiquée par les occidentaux : l’homosexualité. En mettant cet état de chose dans son ouvrage, Mabanckou veut produire un effet sur le lecteur.

Il veut en même temps montrer qu’en ce XXIème siècle, ce n’est plus un tabou ou une absurdité. Mieux, c’est une norme. Une norme qui n’est plus mise en valeur par l’occident seul mais par tout le monde entier donc en Afrique aussi. « Mais si votre femme était blanche ….» p.168.

Mieux, il montre que les classes sociales qui existent dans le monde des vivants existent aussi dans l’au-delà. Surtout, qu’ils tiennent à ce que chacun respecte la place à lui attribuée ou le rang qu’il mérite.

Enfin, il décrit l’attitude et l’univers dans lequel peut vivre un homme qui est accro et avide du pouvoir. Surtout si celui-ci est dans le cercle politique, il fait tout pour atteindre le haut niveau de l’échelle politique. Mais, il consent à toutes sortes de sacrifices pour arriver à ses fins. 

Ces sacrifices qui ne sont que ceux de ses propres membres de famille. Mieux, il démontre que ses hommes défient même la loi de la  nature. Au même moment, il fait voir que ces actes ont des conséquences graves sur ceux qui s’y adonnent. Surtout dans un contexte africain où le mysticisme ou la pratique malencontreuse des savoirs endogènes est couronnée de fâcheuses représailles. 

« Augustin Biapamdou aurait pu accepter d’entrer…» p.315 et « Il ronfle, tu devines sa corpulence massive sous ses grosses…» p.338.

Avis critique de l’oeuvre

Une œuvre de fiction a toujours ce côté d’exagérer toutes sortes de choses. Ici, Mabanckou en a abusé jusqu’à l’extrême mais cette exagération a permis de plonger le lecteur dans le livre. Mieux, il a permis d’avoir une idée sur la vie après la mort.

Car la question pour beaucoup est quand on meurt où va-t-on ? Qu’est ce qui se passe une fois le rideau fermé ? Alors avec une imagination méticuleuse, il donne sa perception de la chose, même si le figure de style utilisée est l’hyperbole. Aussi il a le mérite d’utiliser l’abstrait pour en fait une réalité incroyable et palpitante. 

Cependant, le dénouement de l’intrigue peut laisser le lecteur sur sa soif. Car, dans l’imagination humaine, comment un esprit peut arriver à prendre un objet physique et mieux à en faire usage. Au-delà, le niveau de langue est acceptable et compréhensible pour tous.

Mais, ce livre doit être réservé à un certain nombre d’individus. Un lectorat qui sera capable de lire sans avoir à faire des cauchemars donc à une cible un peu mature. Le vocabulaire est appréciable et le rythme est fluide et limpide.

Une brève description de la première de couverture de l’œuvre

La vue de la page de couverture frappe en même temps à l’œil. Nous voyons un cimetière avec des hauts arbres à l’intérieur et tout cela avec une couleur bleue nuit. Sur cette couleur, nous voyons des tombes et parmi celles-ci, il y a une qui est ouverte et à côté un jeune homme ce qui va sans dire que c’est Liwa. 

Il est dans un costume ridicule qui empeste quand même le luxe. Tout juste à gauche, nous  avons le nom de l’auteur en jaune et le titre de l’œuvre en blanc. Ces deux écrits sont encadrés du haut par  »fiction & cie ». En bas de cette couverture, nous avons le nom de la maison d’édition.

Tout cela montre l’univers dans lequel l’auteur veut nous plonger. Un univers obscur, à la fois trouble et énigmatique. Mieux, toutes ces tombes montrent  le mystère de la mort  qui est inconnu à l’homme.

Thierry HOUNYE

Thierry HOUNYE chroniqueur à L’ivre Du Livre. Il est philosophe de formation à l’UAC ( Université d’Abomey-Calavi).

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