Deux Balles : Gérard Lecas
Deux Balles : Gérard Lecas

Deux Balles : Gérard Lecas

Survivre, c’est le but que poursuit l’homme tout au long de son existence. Et s’il est une chose que l’humain ne peut fuir, c’est la réalité. Elle finit tôt ou tard par le rattraper. C’est ce que nous explique Gérard Lecas dans son roman Deux Balles, publié aux Éditions Jigal en 2020. Sur 215 pages, l’auteur nous raconte l’histoire d’un caporal-chef français qui décide de retourner à la vie civile. Si l’homme est un être de liberté, alors cette même liberté constitue pour lui comme le dit l’autre un véritable fardeau. Comment choisir quand le futur paraît incertain ?

PRÉSENTATION DE LA COUVERTURE DE L’OEUVRE ET IMPRESSIONS

Le roman Deux Balles de Gérard Lecas s’offre sur une couverture noire et marron. La première de couverture dévoile l’identité de l’auteur écrit en blanc sur un fond noir dans l’angle droit du haut de couverture. Juste après, s’aperçoit le titre de l’œuvre en couleur marron. Bien avant le titre de l’œuvre, au côté gauche, on voit l’image de deux balles de pistolet dont l’une est droite et l’autre oblique. 

Enfin au bas de cette première de couverture dans l’angle droit, on lit le nom de la collection dont provient l’ouvrage. La quatrième de couverture nous présente un résumé de l’œuvre en cinq petits paragraphes bien espacés. Dans l’angle droit de la page, une petite image de l’auteur est encadrée juste après la catégorie du roman. 

À partir de la couverture de l’œuvre et surtout grâce au titre, le lecteur peut déjà découvrir le genre de roman dont il s’agit : un roman-policier. L’image de la première de couverture qui présente des balles confirme davantage le genre de l’ouvrage. Le lecteur peut même réussir à établir un lien entre le titre et l’image de la première de couverture. Il peut s’attendre à une intrigue du genre roman noir ornée de toutes les caractéristiques propre à cette catégorie d’œuvre. 

RÉSUMÉ DU ROMAN DEUX BALLES DE GÉRARD LECAS. 

Le caporal-chef Vincent Castillo et son frère d’arme Willy étaient sur front lorsque ce dernier fut gravement blessé. Ils rejoignent donc Marseille pour un retour à la vie civile. Parti depuis plusieurs années, Vincent eut du mal à reconnaître la maison de son père. Ce dernier était propriétaire d’un hôtel qui abritait depuis peu des exilés afghans, français, arabes et même africains en quête de tranquillité. 

Ce retour fut brutal pour Vincent qui s’occupait à présent de son frère d’arme Willy qui était condamné à passer le restant de ses jours dans une chaise roulante. Vincent fut embauché par son frère Denis, propriétaire d’un grand restaurant. C’est à l’hôtel de son père que Vincent rencontre Hamid, un autre frère d’arme avec lequel il a combattu. 

Entre le travail au restaurant de son frère Dénis et les coups de mains qu’il donnait à son frère Jordan, Vincent commençait à s’habituer peu à peu à la vie civile. Il monta avec Willy une idée d’entreprise. Vincent accompagnait son ami Willy aux séances de rééducation jusqu’au jour où celui-ci se suicida. 

Hamid hébergeait Leila, une femme afghan et son fils, Ashmat dans son appartement, chose que Vincent découvrit et voulu en savoir davantage. C’est ainsi que le destin de ces quatre personnages se noua ( Vincent, Hamid, la jeune femme afghane et son fils). Vincent finit par découvrit que son frère Dénis vendait les organes des exilés qui se réfugiaient dans l’hôtel de son père. 

Il s’opposa à cette pratique peu orthodoxe de son frère et s’interposa lorsque celui-ci voulut emmener Ashmat se faire opérer. C’est ainsi que les vérités éclatèrent. Vincent comprit que l’homme qu’il appelait son père n’était pas son véritable père et donc ses frères non plus. Il décida alors de partir de la ville avec son ami Hamid suivi de l’Afghane et de son fils. 

C’est dans ce périple que Hamid trouvera la mort lors d’une intercation avec les demi-frères de Vincent qui tenaient à récupérer la jeune afghane et son fils. 

ANALYSE ET AVIS SUR L’OEUVRE

Dans ce roman, Gérard Lecas plonge dans le parcours plein de traumatismes des militaires nous montrant que l’après-guerre demeure une rude épreuve pour les militaires. À travers le parcours de Vincent Castillo, l’auteur nous montre tous les dégâts de l’après-guerre. 

A- LE TRAUMATISME DE L’APRÈS-GUERRE

Gérard Lecas explique que les événements qui surviennent dans la vie des soldats changent définitivement le cours de leur vie. Ceux-ci dans une certaine mesure sont condamnés à faire face à la dure réalité, celle-là qui leur fait prendre conscience qu’ils ne seront plus jamais comme avant. Cette prise de conscience bien qu’elle soit difficile crée dans l’esprit des rescapés de guerre une forme de cycle interminable dans lequel ils revivent les plus grands drames de guerre. 

Et finalement comme nous le montre l’auteur, ils se rendent compte de la nullité de tous leurs parcours. On peut lire cette attitude fataliste dans les propos de Willy le camarade de Vincent qui s’est retrouvé estropié : « Putain, tout ça pour en arriver là. » p.13. Pour reprendre contact avec la vie sociale, Willy et son ami Vincent avaient pensé créer à deux un restaurant. 

L’auteur montre à travers ce projet, que bien que l’après-guerre ne soit pas une période facile, les soldats doivent reprendre goût à la vie et faire germer de nouveaux projets qui leur permettront de s’épanouir. C’est ce qu’illustre ces propos du personnage de Vincent à la page 17 de l’œuvre : « Ça ne change rien, tout ça. Moi je suis partant, pour tout ce qu’on avait prévu, pour tous nos projets…». 

B- L’IMPORTANCE DE REPRENDRE SA VIE EN MAIN ET DE S’ENTOURER DE BONNES PERSONNES

Gérard Lecas après avoir montré dans son œuvre les différents traumatismes que traversent ceux qui reviennent de guerre, démontre en quoi il est important pour eux de continuer de s’activer afin de ne pas se morfondre et s’apitoyer sur leur sort. 

À travers le personnage de Vincent qui a demandé à se retirer de l’armée, l’auteur montre qu’il est important que le soldat décide après les traumatismes de reprendre sa vie en mains. Mieux encore de faire un bilan de sa vie afin de choisir ce qu’il aura à faire ensuite. L’auteur nous montre Vincent qui accepte de travailler dans le bar de son frère afin de mobiliser les ressources pour mettre à pied ses projets : 

« Je vais monter une affaire avec Willy, un copain de l’armée.» p.58. 

Ce personnage, qui est d’ailleurs le personnage principal à décider de reprendre en mains sa vie. Willy, son compagnon d’arme décide lui aussi de suivre une séance de rééducation. À travers ces différentes décisions,  Gérard Lecas démontre l’importance de toujours se relever après les chutes. 

C- LA FRAGILITÉ DES RELATIONS AU COURS DE LA PÉRIODE POST-CONFLICTUELLE 

Pendant la période des conflits et des guerres entre nations, la corde des relations humaines devient raide et menace souvent de se briser. Ainsi les personnages principaux n’ont pas été à l’abri de cette évidence. On voit que bien que le retour de Vincent soit une source de joie pour ses proches, ce retour à la maison à conduit à de nombreux problèmes. 

Dans l’œuvre, nous voyons Vincent qui après son retour demande des nouvelles de sa mère mais aucun de ses frères ne veut lui expliquer ce qui s’était réellement passé durant la période où il a été au front. Les liaisons de son ami Willy ne se sont pas non plus améliorées. En effet celui-ci s’est trouvé incapable d’éviter une rupture imminente avec sa fiancée compte tenu de son état physiologique. Il affirme lors d’une discussion avec Vincent : 

« C’est un nerf qui a été détruit et…les femmes, c’est fini pour moi.» p.140. 

Le personnage de Vincent a essuyé de nombreux rejets de la part de ses frères. Quelque temps après son retour, l’atmosphère familiale qui n’était pas vraiment agréable s’est définitivement empoisonnée. Un petit conflit surgit entre Vincent et ses frères. Celui qui le traumatisa pendant longtemps est celui qui l’opposait à son frère Jordan. Les dernières paroles de ce dernier restaient gravées dans sa mémoire : 

« Et puis d’ailleurs, t’es pas mon frère ! T’es pas mon frère ! J’en ai rien à foutre de toi ! » p.156. 

On lit dans les propos que Jordan en veut énormément à Vincent puisque celui-ci selon lui a abandonné sa famille tout comme leurs mères. Dans la suite des événements, Vincent finit par apprendre la vérité sur sa mère et cela lui permit de reconsidérer le lien qu’il entretenait avec ses frères. Ces derniers qui n’étaient pas réellement ses frères. 

La surprise de Vincent n’était pas sur le point de finir puisque celui qu’il considérait comme son père, lui révéla qu’il n’était pas le véritable. Et donc qu’il est un bâtard. On voit que l’auteur cherche à montrer à travers tous ces événements la difficulté de maintenir les liens après une longue absence et après de longs et tumultueux périples. 

Il est possible de lire alors la rage dans les propos de Gilbert, le père adoptif de Vincent : « Depuis que tu es né, bordel ! Lâche-t-il enfin d’une voix qui dérape dans le strident. Depuis le foutu jour de ta naissance ! Parce que t’es bien sorti du ventre de ta mère mais t’es pas sorti de mes couilles ! » p.189.

D-  LA VENTE D’ORGANES DES EXILÉS : UNE RÉALITÉ DONT NOUS PARLE GÉRARD LECAS

Au cours de la période conflictuelle, les afghans se sont réfugiés à Marseille dans l’hôtel de Gilbert le père adoptif de Vincent. Et dans cet hôtel donc, Denis le demi-frère de Vincent s’adonne au commerce d’organes. Ce dernier fait croire à ses victimes qu’ils auront droit au visa pour l’étranger. 

Gérard Lecas illustre dans cette œuvre les risques que courent les exilés et tous ceux qui sont en quête d’un mieux-être ailleurs. Il faut dire qu’il invite les uns et les autres à faire preuve de vigilance. On voit la surprise de Vincent lorsque Hamid lui apprend que Denis a pris le petit Ashmat pour vendre un de ses organes : 

« Ce n’est pas pour un rein, Vincent. » […] « C’est… Je ne sais pas et je crois que Denis ne sait pas non plus. Un autre organe.» p. 180. 

E- STYLE DE L’AUTEUR

Le roman Deux Balles de Gérard Lecas est une œuvre faisant partie de la catégorie des romans noirs ou encore policiers. L’œuvre est subdivisée en trente-quatre chapitres. Bien avant le début du premier chapitre, l’auteur nous décrit le champ de bataille en Afghanistan. Grâce à ce début, le lecteur se sent plus en phase avec l’œuvre et se retrouve au fil des dénouements de l’intrigue. 

Avec des descriptions saisissantes des champs de batailles, de la violence et une construction réussie des personnages, Gérard Lecas fait vivre au lecteur les moments de drames comme les moments de joies. Notons que l’œuvre est écrite dans un langage courant et est accessible à tous. 

L’utilisation du registre familier et l’emploi des termes de l’argot français, (mômes, fichu, trucs, putain, bordel…) permet au lecteur de se retrouver plus facilement dans la lecture. Cependant l’usage de ces terminologies peut parfois porter atteinte aux mœurs.

IV- BREF APERÇU SUR L’AUTEUR

Gérard Lecas est né le 12 janvier 1951 à Paris. Il est un écrivain de roman policier, un traducteur et un scénariste français. Il est auteur des oeuvres comme: 

L’Ennemi public n°2 (1981),Paris, Gallimard, Série noire no 1875, 1982

Le Seigneur de Makéni (1986),Paris, Gallimard, Série noire no 2050, 1986

Overdrive (1988), Paris, Gallimard, Série noire no 2114, 1988

Le Syndrome du volcan (1993), Paris, Gallimard, Série noire no 2311, 1993 et bien d’autres.

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