Le secteur du livre au Bénin, bien que dynamique par endroits, reste encore largement dominé par l’informel et confronté à de nombreux défis structurels. Voici dix données essentielles pour mieux en cerner les contours, issues notamment du rapport de l’UNESCO sur l’état du livre en Afrique, de la Bibliothèque nationale du Bénin, et d’une étude de William Codjo réalisée pour l’Institut français du Bénin.

1. 48 maisons d’édition, Un paysage éditorial en construction
En 2023, le Bénin comptait 48 maisons d’édition, selon les données de l’UNESCO. Parmi elles, Éditions LAHA, Éditions Flamboyant et Éditions Ruisseaux d’Afrique jouent un rôle important dans le développement de l’édition scolaire nationale. Le secteur est dominé par l’informel à plus de 75 %, avec un chiffre d’affaires d’un milliard de francs CFA généré par les imprimeries locales, selon l’“Étude diagnostique sur la chaîne du livre au Bénin”.
2. 125 titres édités entre 2021 et 2023, Une production encore limitée
Entre 2021 et 2023, 125 titres ont été édités sur la base des demandes d’ISBN auprès de la Bibliothèque nationale du Bénin. Les livres scolaires représentent 78 % des titres édités, contre 13 % pour la littérature générale. Le marché des manuels scolaires et universitaires est largement dominé par les éditeurs français et fragilisé par la piraterie.
3. 10 librairies répertoriées, Un réseau de librairies très réduit
Le pays compte 10 librairies (dont 7 physiques et 3 numériques), selon la récente étude de l’UNESCO. Deux grands réseaux de distribution du livre ont été identifiés, concentrés à Cotonou et Porto-Novo.
4. 34 bibliothèques publiques, Un accès aux bibliothèques encore faible
On dénombre 34 bibliothèques publiques, soit une moyenne d’1 bibliothèque pour 414.700 habitants. Parmi elles : 21 centres de lecture publique (dont un réseau de 10 bibliothèques publiques) et 2 bibliothèques départementales. 11 bibliothèques privées complètent l’offre publique.
5. 500 emplois générés, Un secteur générateur d’emplois
Le secteur du livre au Bénin génère environ 500 emplois répartis à tous les niveaux de la chaîne du livre. Ces professionnels travaillent au sein des entreprises privées, dans les maisons d’édition, les bibliothèques, les librairies ou encore dans les services publics liés au livre, notamment la Bibliothèque nationale.
6. 5 festivals et salons littéraires, Une vie littéraire animée
Le pays héberge 5 festivals et salons littéraires à travers son territoire. Des événements comme le FILAB, le Festival du livre béninois de jeunesse (FELIBEJ) de l’Association SeLiBej) ou d’autres qui viennent compléter le Salon national du livre. À ceux-ci s’ajoutent des initiatives privées comme le concours Miss Littérature.
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7. Plus de 2 milliards FCFA d’investissements publics, Une politique publique d’investissement et d’exonération
Le livre béninois est exonéré de la TVA. Plusieurs investissements publics ont été réalisés pour soutenir le secteur :
- 1.272.018.220 FCFA (2.019.047 USD) pour la Bibliothèque nationale ;
- 159.000.000 FCFA (252.372 USD) pour la Direction nationale de la Culture ;
- 850.000.000 FCFA (1.349.162 USD) pour un projet de modernisation des bibliothèques et centres de lecture publics ;
- Le FDAC (Fonds de développement des arts et de la culture) dispose d’un budget de 1.945.644 USD, finançant jusqu’à 70 % des projets liés à l’art et à l’édition.
Des appels d’offres publics sont aussi lancés par la Bibliothèque nationale pour l’acquisition d’ouvrages destinés aux bibliothèques publiques. Les lauréats du Grand Prix Littéraire du Bénin (GPLB) bénéficient également de subventions directes.
8. Un déficit commercial important, Une balance commerciale déséquilibrée
En 2023, le Bénin a importé pour 3.562.540 USD de livres, contre seulement 36.360 USD d’exportation, révélant un important déficit dans les échanges.
9. 5 grandes associations professionnelles, Une structuration professionnelle en cours
Cinq grandes associations professionnelles militent activement pour la promotion du secteur :
- Association des écrivains et gens de lettres du Bénin (AEGLB), créée en 1997 ;
- Grande Fédération des Associations d’écrivains et acteurs de la chaîne du livre (GRAFAECL), créée en 2017 ;
- Association professionnelle des éditeurs de livres du Bénin (APEL-Bénin) ;
- Association des libraires professionnels du Bénin (ALPB), créée en 2019 ;
- L’Association des documentalistes, archivistes et bibliothécaires du Bénin (ADADB-Bénin)
Ces structures collaborent étroitement avec les institutions publiques telles que le ministère du Tourisme, de la Culture et des Arts, l’Agence de développement des arts et de la culture (ADAC), la Direction nationale de la Culture (DNC), mais aussi les ministères de l’éducation à tous les niveaux, la Direction de l’Inspection Pédagogique, de l’Innovation et de la Qualité (DIPIQ), le Bureau béninois du droit d’auteur et des droits voisins (BUBEDRA) et la Bibliothèque nationale.
10. 14,1 millions d’habitants et 47 % d’alphabétisation, Une population en transition
Selon les données de la Banque mondiale, la population béninoise est estimée à 14,1 millions en 2024, avec un taux d’alphabétisation de 47 %. La production livresque est éditée à 90 % en français, contre 10 % en langues locales ou régionales (fongbé, dendi, baatonu…). Le Plan sectoriel de l’éducation (PSE) prévoit une hausse du taux d’alphabétisation de 43,1 % en 2015 à 59,9 % d’ici 2030.
📌 Bonus – Quelques repères historiques
Le secteur du livre au Bénin commence véritablement sa structuration après les indépendances de 1960. La loi n° 2005-30 de 2006 modernise les droits d’auteurs. Parmi les figures de référence de la littérature béninoise figurent Paul Hazoumé (Doguicimi, 1938), Félix Couchoro et Florent Couao-Zotti. Les Éditions du Flamboyant (créées en 1989) ont été pionnières, tout comme les Éditions Ruisseaux d’Afrique, spécialisées dans la littérature jeunesse.
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