Rosa Louise McCaulay naît le 4 février 1913 à Tuskegee en Alabama (États-Unis). Elle grandit à l’époque des lois dites « Jim Crow », par lesquelles, à partir de 1877 dans les États du Sud, les Blancs ont imposé aux Afro-Américains un régime de ségrégation raciale sévère. En Alabama, le Ku Klux Klan (KKK), organisation suprémaciste blanche, est particulièrement implanté, et ses actions racistes et violentes sont courantes. Enfant, la jeune Rosa voit ainsi son grand-père surveiller leur maison avec un fusil de chasse tandis que des membres du KKK défilent dans les rues. Rosa Parks est une militante des droits civiques américains, figure emblématique du mouvement contre la ségrégation dans le Sud des États-Unis. Elle est l’autrice du livre Une vie de liutte contre la ségrégation raciale paru chez Libertalia en 2018.
Issue d’un milieu ouvrier, elle travaille en tant que couturière, aide-soignante et secrétaire. Elle épouse en 1932 Raymond Parks, un militant de la cause des droits civiques et membre de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), principale association militante pour les droits civiques des Afro-Américains, qui la pousse à finir ses études à l’Alabama State Teachers College for Negroes.
Dans les années 1930, elle s’intéresse à l’activité du Parti communiste, seul parti anti-ségrégationniste à cette époque, mais n’en devient pas membre. En décembre 1943, elle s’engage dans la section de la NAACP de Montgomery (la capitale de l’Alabama), dont elle est élue secrétaire.
Dans le cadre de cette fonction, elle documente la violence raciale en Alabama : en 1944, elle enquête sur le viol en réunion par plusieurs hommes blancs d’une jeune femme noire nommée Recy Taylor. Malgré leurs aveux, les auteurs sont acquittés par la justice de l’État d’Alabama…
Mais c’est par son geste de désobéissance civile que Rosa Parks rentre dans l’Histoire, le 1er décembre 1955, lorsqu’elle s’assoit à l’avant du bus qui la ramène de son travail. Cette section est en effet réservée aux Blancs, et d’autres femmes, cette année-là, ont déjà été condamnées pour avoir refusé de céder leur place à un passager ou une passagère blanche, comme l’adolescente Claudette Colvin quelques mois plus tôt, que Rosa Parks connaît et a soutenue au nom de la NAACP.
Interpelée et condamnée, la militante fait appel en contestant la légalité de la loi de ségrégation raciale de l’Alabama. Trois jours plus tard, un mouvement de boycott de la compagnie de bus est organisé pour la soutenir, à l’initiative des églises noires de la région guidées par un jeune pasteur alors inconnu, Martin Luther King. Le boycott dura 381 jours, jusqu’à ce que la Cour suprême des États-Unis déclare inconstitutionnelle la ségrégation dans tous les transports publics américains.
Rosa Parks devient une figure de proue du mouvement des droits civiques américain, mais son exposition médiatique lui vaut menaces et pressions en Alabama. Elle est licenciée de son emploi ; son mari, par contre, choisit de démissionner, jugeant inconcevable de travailler dans un lieu où le nom de son épouse ne doit pas être appelé.
Il s’oppose également aux leaders locaux des droits civiques sur la stratégie de lutte. Le couple finit par se décider à quitter le Sud et s’installe à Détroit, dans le Nord, où Rosa travaillera pendant près de 20 ans comme assistante parlementaire d’un élu démocrate du Michigan à la Chambre des représentants.
Longtemps présentée dans l’histoire des droits civiques comme une femme âgée et simple couturière — le New York Times la présentant même comme « la matriarche accidentelle du mouvement des droits civiques » — Rosa Parks a toujours rappelé qu’elle était au contraire une militante engagée depuis longtemps et âgée seulement de 42 ans en décembre 1955.
Comme elle l’explique dans son autobiographie My Story (1992) : « Les gens racontent que j’ai refusé de céder mon siège parce que j’étais fatiguée, mais ce n’est pas vrai. »
Je n’étais pas fatiguée physiquement, ou pas plus que d’habitude à la fin d’une journée de travail. Je n’étais pas vieille, même si certains donnent de moi l’image d’une personne âgée. J’avais 42 ans. Non, la seule fatigue que j’avais était celle de céder.
Isolée à Détroit, sans enfant et veuve depuis 1977, Rosa Parks a continué à s’engager pour l’égalité et les droits humains jusqu’à la fin de sa vie, malgré de nombreux problèmes de santé, financiers (elle a manqué plusieurs fois d’être expulsée de son domicile) et une attaque à main armée dont elle a été victime chez elle en 1994.
C’est cette vie de plus de soixante ans de combats d’une femme debout que détaille la biographie de référence établie par Jeanne Theoharis en 2015, intitulée The Rebellious Life of Mrs. Rosa Parks.
Cette inoubliable battante rend l’âme à l’âge de 92 ans, le 24 octobre 2005, chez elle.
Œuvre : Mon histoire, Une vie de lutte contre la ségrégation raciale
Auteur : Rosa Parks, auteure afro-américaine
Éditions : Libertalia, 2018
Nombre de pages : 136 pages
Jokebed Auriane ANIAMBOSSOU