(Réflexion sur la violence des rapports Europe/Afrique, nature/civilisation)
« Il n’avait pas le droit de s’obstiner dans une insensibilité, une indifférence monstrueuses alors qu’elle souffrait à cause de lui comme elle n’avait jamais su qu’on fût capable de souffrir. » pp 237. Empathie, télépathie et sauvagerie. Au coeur d’une partie où le rythme d’une poésie agréable de la faune exhale les sens mondains, Joseph Kessel, auteur du roman « Le lion » entrevoit l’extase humaine et l’amour que l’on éprouve aux choses les plus viles auxquelles l’on s’y accroche.
Il le fait à travers l’aventure d’une jeune fille abandonnée quasiment seule au cœur d’une jungle. Du pouvoir que l’on pouvait posséder par le simple fait d’un contact franc avec la nature. Une lecture approfondie de la note liminaire de cette œuvre “Le lion” parue aux éditions Gallimard en 1958 donne un à-peu près une idée de son contenu quoique fictif.
Il brosse un aspect imagé de la vie de l’auteur, ou mieux de son expérience de la vie faunique. Récit tragique à construction dramatique, l’auteur se penche sur les rapports Europe/Afrique ainsi que celui de la nature/civilisation. Il laisse le lecteur découvrir les durs rapports civilisationnels entre les deux continents liés par un triste passé. Le narrateur occidentaux ainsi que les responsables du parc royal, les braconniers et quelques employés africains mettent bien en rapport sa perception.
Près de la hutte au sein du parc royal qui l’avait accueilli, vivait la tribu du singe. Fille de Bylli et de Sybil, responsables du parc royal, Patricia d’un caractère hors du commun est le personnage principal de l’œuvre. L’éducation de la fille en fonction des aspirations de ses géniteurs est un véritable casse-tête. La simple raison de ce fait, est son attachement au roi de la forêt « King » le lion, enfant adoptif de Patricia.
Elle l’aimait, l’adulait et même la préférait à un être humain. La relation qu’elle entretenait avec la bête sauvage était d’une certaine noblesse. Plus fidèle à elle, n’en trouvait que cette bête. Contre les humains, Patricia protégeait la bête et contre les bêtes King protégeait la fille. Les deux éprouvèrent l’un pour l’autre une affection qu’aucun n’éprouvait aux êtres dont il partageait la descendance.
Patricia au delà de toute supériorité de l’homme blanc à l’homme noir, éprouva un sentiment d’amour à un nègre de la tribune des Masaï. Le plus beau morane de la tribune, dont la barbarie est d’une dimension exponentielle. Le dilemme, avant d’être un homme, il fallait tuer un lion. Demander en mariage, Sybil, sa mère, répliqua d’une vigueur intense avant d’être ramenée à la raison par son cher mari Bullit John.
Si pour la mère, sa fille ne devrait en aucun cas épouser un sauvage, pour le père ce fut un honneur de savoir que les Masaï proposent pour époux à sa fille le plus beau Morane de la tribune. Le plus terrible problème ne sera par ailleurs ni le père encore moins la mère mais King. King, l’autre partie de Pat.
Il faudrait absolument que King disparaisse afin de prétendre à une aventure ou un projet quelconque avec la jeune fille. Conformément à sa coutume et bravant la règle majeure, Oriounga se résout à exterminer King. Seul, il s’arma et alla sauver l’honneur.
En réalité les masaï et la race léonine traînent une haine légendaire. Laisser sa conquête à un ennemi est un affront redoutable. Quoi qu’advienne, il fallait, arracher à Patricia ce qu’elle avait de plus chère et la détourner vers des réalités humaines. Le combat engagé, Oriounga se dominait par King qui l’aurait exterminé au grand plaisir de Patricia et face à l’impuissance du visiteur (L’étranger) et des rangers.
« À la bête la plus noble, le devoir est de préférer un homme vil » 223. Malgré ces nombreuses promesses à sa fille à propos de la tuerie des bêtes sauvages, sa haine pour les noirs, Bullit demeura un homme raisonnable et comprit bien cette dimension de l’adage. Deux balles lui avaient suffi pour exterminer King.
Tout un rêve brisé. Il avait eu le choix entre les envies de sa fille ou mieux ses folies que l’humanisme. L’être humain est le faîte de la création. Il existe une fin aux jeux les plus beaux, mais aussi à l’être le plus précieux.
Patricia en voudra à ses parents (la mère lui contraignait à une vie dont elle n’avait aucune envie, et voilà que le père l’arracha ce qu’elle prétend avoir de plus cher) et Oriounga se réjouira d’avoir réalisé ses rêves. Elle décidera la suite de sa vie auprès de l’étranger. Parce qu’ayant été détourné, de ce qui le reliait au parc royal.
Gervais DASSI
Références
Œuvre : Le lion (243) ; Auteur : Joseph Kessel ; Editions : Gallimard (1958)
Livre émouvant et pleines d’émotions
Beau travail chef
Merci pour l’effort que vous faites. Aujourd’hui beaucoup de jeunes ne vont plus à la bibliothèque aux détriment de l’Internet. Celà ne nous écoeura point s’ils l’utilisaient a bon escient. Ceci pour vous exhorter dans votre bonne marche car tout n’est pas perdu. Certains brebis égarés peuvent être sauvé par votre démarche. Essayez de joindre le PDf des romans qu’on puisse avoir l’intégralité. Merci
Merci pour votre commentaire, nous travaillons à cela.
C’est émouvant. Merci monsieur Gervais pour ce voyage littéraire.