Le livre JOUISSANCE ET PENSÉE est un essai sur la ploutomanie et la mentalité digesto-festive écrit par Joseph NDZOMO-MOLÉ. Édité chez les Éditions du Carrefour en 2007, cet ouvrage de 315 pages propose une réforme des mentalités mais aussi un retour à la pensée et à la morale. C’est une véritable analyse critique mais également conceptuelle des raisons.
Pour l’auteur de cet ouvrage, quand on vit au Cameroun, il est difficile de ne pas se sentir interpellé par le catastrophique renversement de l’échelle des valeurs dans notre société. Il semble important de noter qu’au moment où l’auteur de cet ouvrage écrit ce livre, la crise des valeurs est en passe d’atteindre un seuil critique au Cameroun.
Comment en est-on arrivé là ? Le discours sur le développement et la lutte contre la pauvreté n’ont-ils pas trop complaisamment et aveuglément mis l’accent sur la simple idée de l’enrichissement trop rapidement confondue avec celle de développement ?
Pour cela, Joseph NDZOMO-MOLÉ décrit admirablement bien la mort d’un État vampirisé, cannibalisé et mangé de l’intérieur par ses propres enfants. Des enfants jouisseurs et festoyeurs qui seraient devenus des présidents de la République, des députés, des maires, des conseillers régionaux, des membres du gouvernement, des magistrats et toutes les catégories de fonctionnaires ou d’agents d’Etat, solitaires ou réunis en corps de service .
Fort à propos, Joseph NDZOMO-MOLÉ rappelle les manières par lesquelles se produit la dissolution de l’État :
- premièrement quand le prince n’administre plus l’État selon les lois et qu’il usurpe le pouvoir souverain.
- deuxièmement, quand les membres du gouvernement usurpent séparément le pouvoir qu’ils ne doivent exercer en corps … alors on aura, pense l’auteur, autant de princes que de magistrats.
Une nomination d’un fils comme ministre du gouvernement, ministre plénipotentiaire, directeur général d’entreprises publiques ou para-publiques, délégué départemental, proviseur… député, maire, conseiller régional, est perçue par les ressortissants de Nitoukou comme étant le lieu où la chèvre broute où elle est attachée. Ou encore, un fils du village est allé à la chasse, et il a attrapé un gros gibier, il revient le partager avec les frères.
Gros gibier, voilà le terme par lequel on continue à désigner une fonction importante occupée par certains citoyens au Cameroun plus précisément à Nitoukou.
Face à ces formes de délinquance et de déviance, face à ces sous-produits de la corruption qui rendent les ressortissants de ces contrées allergiques à la pensée, les contraint à être dominé par l’éthique du banquet et par l’anomie, et où désormais à Nitoukou seuls les riches ont pignon sur rue et voix au chapitre il est important d’initier une réforme des mentalités, un retour à la pensée et à la morale .
EBAGNE BEKEMEN SÉVERIN