Initialement suspendu en raison d’un contexte jugé « défavorable », l’ouvrage collectif Face à l’obscurantisme woke paraîtra finalement le 30 avril aux Presses universitaires de France (PUF). Ce revirement, confirmé par une lettre adressée aux contributeurs et relayé par Libération, marque la fin d’une polémique qui a enflammé les débats sur la censure et la liberté académique.

Un ouvrage suspendu, puis maintenu
Dirigé par les universitaires Xavier-Laurent Salvador, Pierre Vermeren et Emmanuelle Hénin, l’ouvrage entend analyser et critiquer l’expansion du « wokisme » dans les institutions universitaires et culturelles françaises. Prévu initialement pour une sortie le 9 avril, le livre avait vu sa publication suspendue en mars, provoquant l’indignation de plusieurs auteurs qui y ont vu une tentative de musellement du débat intellectuel.
Un livre sous le feu des critiques
Depuis son annonce, Face à l’obscurantisme woke fait l’objet de vives critiques. Ses détracteurs l’accusent de défendre une posture conservatrice sous couvert de débats académiques, et de participer à une rhétorique hostile aux mouvements progressistes. L’ouvrage est également mis en cause pour les liens supposés de certains de ses auteurs avec l’Observatoire de l’éthique universitaire (anciennement Observatoire du décolonialisme), une organisation critiquée pour son financement par le milliardaire catholique Pierre-Édouard Stérin.
Face à ces accusations, Paul Garapon, éditeur aux PUF, a formellement démenti tout financement de l’ouvrage par l’Observatoire : « L’Observatoire de l’éthique universitaire n’a jamais, au grand jamais, aidé à l’édition de notre ouvrage par quelque subvention que ce soit. »
Un enjeu politique et intellectuel
L’affaire a pris une tournure plus large lorsque l’historien Patrick Boucheron, lors d’une conférence, a publiquement critiqué le livre, l’accusant de contribuer à « un amalgame mortifère » entre université et extrême droite. Il s’est indigné de voir un tel titre au catalogue des PUF, une maison d’édition réputée pour son exigence scientifique.
Cette controverse met en lumière une fracture intellectuelle grandissante en France autour du « wokisme » et de son impact sur les institutions académiques. Pour certains, il s’agit d’une nécessaire prise de conscience des dérives du militantisme identitaire. Pour d’autres, ce type de publication alimente un discours de diabolisation et de crispation politique.
Une publication qui s’annonce explosive
Alors que la date de sortie approche, Face à l’obscurantisme woke s’annonce comme un ouvrage clivant, qui continuera d’alimenter les débats sur la liberté académique et les limites du politiquement correct. Son succès ou son rejet par le public sera un indicateur du climat intellectuel en France face à ces enjeux sociétaux majeurs.