Le livre Errances dans nos sables mouvants est une production littéraire écrite par Colbert Tatchegnon Dossa. Il s’étend sur 140 pages et plonge le lecteur dans les méandres des sociétés africaines en mettant un accent particulier sur la condition de vie des enseignants vacataires. Le livre a été édité par les Editions Plurielles en 2017. Trouvez dans cette chronique livre, un aperçu de cette œuvre autofictionnelle.
Résumé du livre errances dans nos sables mouvants de Colbert Dossa
Le livre Errances dans nos sables mouvants de Colbert Dosa est composé de dix (10) récits répartis en deux parties égales. Si dans la première partie « les funambules de la famille » l’auteur restreint son observation aux maux qui minent les vacataires et de surcroît l’éducation, dans la seconde il s’ouvre à la société, aux faits sociaux quotidiens.
Les tares du systèmes éducatif
Le titre de cette partie à ce mérite «Les relents de nos sueurs d’aisselles ». Bien qu’il décrit des situations à la limite pathétique en bon écrivain, il sait emporter le lecteur par quelques bribes d’humour. Déjà, les titres des récits font parfois rire et laisse susciter des interrogations « si jamais ça s’abîme » du premier récit de la deuxième partie en témoigne.
Sous quels cieux ou par quelle théorie mathématique 3X4000 pourrait-il donner 13.000 ? serait-il la littéralité de l’auteur qui l’empêche de mieux résoudre ses opérations élémentaires. Eh bien ! non. Lecteur rassure toi ce n’est pas une erreur. Au pays du narrateur c’est possible. Et la plume de C. T. D le relate si bien à travers ce récit.
La corruption, la gabegie et les manigances dans Errances dans nos sables mouvants Colbert Dossa
Les cinq (05) premières fictions montrent clairement les dérives, la gabegie, la corruption, les manigances au sein desquelles baignent son pays. Et comment cela rend caduque les conditions de vie et de travail du vacataire. Si dans la première, on voit les tractations fait par le narrateur pour participer à un concours d’État au profit de l’enseignement, les bassesses administratives, dans la deuxième « une question de dynamisme » il essaiera de dévoiler comment au sein du bas peuple se prépare la grande corruption au sommet de l’État.
Si pour des petits posts il faut jouer sur ses relations dans un favoritisme doublé de cynisme qu’en sera-t-il quand la mise sera grande ? À la suite des deux premiers récits, l’auteur s’emploie en troisième lieu à dénoncer le comportement malsain des vacataires entre eux dont l’exemplarité devrait en principe servir aux enfants dont ils ont la charge.
L’amplification des souffrances par les personnes de la même corporation
Il évoque par ailleurs les dispositions de la hiérarchie à l’égard des proches responsables qui sont du genre à amplifier la souffrance de leur collège. À Allah ce qui est à Allah, dans ce récit c’est tout un autre thème ou maux qui se dégage de son analyse. Outre la lenteur et la lourdeur administrative qu’il a essayé de peindre dans la majorité des récits il en ressort deux autre aspects : quelques aînés qui par le coup de la vie se voit subir ce qu’il on eu à faire subir aux autres par le passé et les mauvais traitement à l’égard des enseignants malgré leur souffrance et expérience qui sont du genre à humilier.
C’est ce qu’il essaie de montrer dans ce récit lorsqu’il décrit le comportement de Seysath, un vacataire à la perception face à un agent, jeune fille du service qui d’ailleurs fut doublement son élève à l’école coranique, ensuite au collège p. 80. D’autres tares de la société sont exposées dans cette partie. Des parents qui orientent mal leur enfant. En les aidant à arranger leur programme pour suivre des telenovelas. C’est avec ferveur et audace que l’auteur plonge dans la découverte de ses maux les uns aussi graves que les autres. La fonction enseignante, celle qui doit refléter une noblesse se trouve assujettie à la bassesse de par le lucre ou mieux la suivie de l’enseignant.
Les tares de la société urbaine
Il n’y a pas que dans l’enseignement qu’on observe les bassesses morales quoique il en est grandement responsable. Dans la seconde partie « le relents de nos sueurs d’aisselles » c’est les tares de la société surtout urbaine qui y sont dévoilés. Comment peut-on comprendre, qu’on exige à un propriétaire de ne pas abîmer sa propriété juste parce que l’on veut l’insurper.
C’est l’histoire d’un garçon qui se procure une moto de marque wave 110, moto prisée par les jeunes. Un jour dans ses sorties nocturnes; il fut agressé, et poursuivi par des hors la loi, qui psalmodiait en le poursuivant jusqu’à son portail : « si jamais ça s’abîme ». Dans « gâteau à bonus » il raconte l’histoire d’un petit vendeur ambulant qui un jour surprend de par sa générosité. Pour un gâteau de 100f acheté il est un bonus, chose bizarre et étonnante pour un enfant de son âge. Quand l’acheteur s’est rendu compte de ce qui lui est arrivé, il a failli carrément perdre sa vie par vindicte populaire.
Analyse du livre Errance dans nos sables mouvants de Colbert Dossa
Sous les tropiques mieux qu’ailleurs on distingue une hiérarchisation assez singulière des classes sociales. Les souverains, ils constituent la classe dirigeante; le peuple, duquel dérive la classe dirigeante et le bas peuple qui subit tout et meurt dans le silence et l’indifférence. Parmi ces derniers figurent ceux qui œuvrent inlassablement au développement de la nation qui sont, des fantômes oubliés. Les enseignants dans leur globalité font partie de cette catégorie.
Dans son livre auto fictionnel, Colbert Tatchegnon Dossa (C. T. D) se veut le porte voix de cette couche de la société et singulièrement des enseignants « vacataires ». Le terme a évolué avec le temps laissant intact à la limite reculant le statut de ceux-ci. Il aborde un thème tout nouveau qui « regarde » et qui concerne toutes les composantes de la société. Et met les acteurs de l’éducation nationale face aux défis et aux tares de leur corporation.
Il a décrit comme on ne l’a jamais fait auparavant, en fin connaisseur du système éducatif, ce qui est le quotidien d’un vacataire. Sans doute, pour avoir été en autre écoliers, élèves, étudiants, parents d’élèves… Pour avoir été au contact de ces soldats de la craie on feint de comprendre et/ou connaître la situation. Mais dit la connaître jusqu’à la peindre telle que C. T. D l’a fait signifie être de la corporation et bien au delà, un observateur permanent.
Avis sur le livre errances dans nos sables mouvants de Colbert Dossa
Les récits du livre errance dans nos sables mouvants de Colbert Dossa sont émouvants, courts et plaisants. Ils sont racontés à travers un style humoristique et comique. L’auteur à su, en bon maître de l’art, peindre les maux de la société : » Erreur humaine, châtiment animal» ; « un senghor en puissance » et la « la nuit c’est la nuit » sont autant de récits à lire absolument.
En somme Colbert T. Dossa à fait un travail remarquable. En vrai connaisseur et observateur des réalités de son temps, il a su emporter le lecteur à travers un thème nouveau et bien choisi. Un thème qu’il s’applique à vider. Pour être enseignant et avoir été de la catégorie des vacataires, on se rend compte qu’il maîtrise bien son sujet comme un étudiant en train de faire son devoir de dissertation.
Une voix qui s’élève et qui tente d’éclairer la voie. Loin d’être hermétique, l’auteur adopte un style courant qui facilite la compréhension. Il met à nue un système qui cependant n’a pas perdu toutes ses lettres de noblesse. Si l’auteur faisait preuve d’un style légèrement fermé, poétique ou voilé de sortes à sous-entendre ce qu’il pense, ce ne serait qu’à son avantage. Au-delà de tout, c’est une œuvre utile qui mérite d’être connue surtout des gouvernants et de tous les acteurs du système éducatif. Une œuvre qui mérite d’être lue au-delà de nos frontières. Livre disponible pour mieux enrichir vos bibliothèques.
Gervais Dassi
Références Œuvre : Errances dans nos sables mouvants (140) ; Auteur: Colbert Tatchegnon Dossa ; Editions : Plurielles Année : 2017
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