À l’occasion de la 9e édition de la Grande Rentrée Littéraire de Kinshasa 2025, nous avons eu le privilège d’échanger avec Félicien NGALAMULUME, un auteur qui fait la fierté du Kasaï-Central. Invité à ce rendez-vous incontournable de la culture congolaise, il y présente deux ouvrages : une pièce de théâtre intitulée « Elle surprend son père » et un recueil de poèmes, « Être indispensable ». Dans ses écrits, il célèbre la femme avec des thèmes qui cadrent à l’intitulé de l’événement : « Voix de femmes, échos de résilience ». Lisons son entretien et plongeons nos cœurs dans ses réflexions sur son parcours, ses œuvres et sa vision pour l’avenir de la littérature congo.

LDL: Félicien NGALAMULUME, vous prenez part cette année à la 9e édition de la Grande Rentrée Littéraire de Kinshasa avec deux œuvres. Que représente pour vous cette invitation à cet événement désormais incontournable du paysage culturel congolais ?
FN : Parler du livre ? Écrire ? C’est un rêve qui date de ma plus petite enfance. Je suis en fait passionné du livre. C’est tout ce que je voudrais avoir comme préoccupation durant ma vie sous les cieux. Participer à ce grand événement est d’abord une fierté pour ma province. Ceci prouve à suffisance combien notre littérature, celle du Kasaï-Central, est en train de prendre un grand essor. Pour moi, c’est un joie mêlée d’émotion. J’y pensais hier. Je le vis aujourd’hui. C’est un grand énorme plaisir, parfois difficile à exprimer. C’est aussi un grand exploit réalisé par l’Association des Jeunes Écrivains du Congo, AJECO Kasaï-Central. Je suis content.
LDL : Quelles thématiques majeures abordez-vous dans les deux ouvrages que vous présentez, et pourquoi pensez-vous qu’elles résonnent particulièrement dans le contexte actuel ?
FN : Dans mes deux livres « Elle surprend son père » (pièce de théâtre) et « Être indispensable » (recueil de poèmes), je parle de la femme et à la femme. Je vante de prime abord cet être que moi considère indispensable dans toutes les sociétés monde. Dieu n’a-t-il pas dit « Il n’est pas bon que l’homme soit seul » ? Sans la femme, à mon avis, pas de vie. Sur ce, je décrie tous les stéréotypes que se font les gens de ma communauté.
Il est aussi question, dans ces deux œuvres, d’inviter la femme à jouer pleinement son rôle qui est indéniable. Elle doit cultiver la paix et contribuer au développement communautaire.
LDL : En tant qu’auteur congolais, comment percevez-vous la singularité de la Grande Rentrée Littéraire par rapport à d’autres événements littéraires en Afrique francophone ?
FN : C’est vrai qu’en Afrique plusieurs autres événements culturels sont organisés pour célébrer le livre, mais la Grande Rentrée Littéraire de Kinshasa est particulière. Organisée par le grand pays de l’Afrique Centrale et dans la première ville francophone du monde, je trouve que c’est un événement inédit.
LDL : Le thème de cette édition est « Voix de femmes, échos de résilience ». En quoi vos œuvres ou votre parcours personnel s’inscrivent-ils dans cette réflexion sur la résilience ?
FN : A 100 %, le thème de cette édition de la rentrée littéraire rencontre l’objectif poursuivi par NGALAMULUME Balufu dans ses deux œuvres précitées. La femme actuelle est en train de prouver à la femme du monde qu’elle n’est pas ce prétendu être faible. C’est quelqu’un capable de faire face à d’énormes difficultés, capable de les surmonter et booster le progrès intégral.
LDL : La Grande Rentrée favorise les échanges intergénérationnels et interdisciplinaires. Quel dialogue souhaitez-vous établir avec les lecteurs et les autres écrivains, notamment les jeunes auteurs ?
FN : C’est aussi la spécialité au cours de cet événement. On célèbre le livre de plusieurs façons : vernissage, slam, tebati, atelier d’écriture. C’est une occasion propice pour parler de notre littérature et voir comment la faire rayonner.
LDL : Le public congolais, notamment les jeunes, reste parfois distant de la lecture. Que faites-vous, en tant qu’écrivain, pour rapprocher vos textes du lecteur local ?
FN : J’entreprends des matinées de lecture, des conférences, des émissions radiophoniques et télévisées, les échanges en ligne, certains concours spéciaux pour la promotion de mes œuvres. En réalité, il y a beaucoup à faire.
LDL : En dehors de vos ouvrages, quel regard portez-vous sur la dynamique éditoriale actuelle en RDC ? Quels progrès et défis identifiez-vous ?
FN : Les efforts que fournissent les auteurs congolais et quelques éditeurs sont à féliciter. Mais le mécénat n’est pas jusque là la culture des congolais. Les gouvernants n’attribuent pas beaucoup d’importance au secteur du livre. C’est comme moi, par exemple, je participe à un grand événement au nom de la province, mais je n’ai bénéficié d’aucun appui des autorités provinciales malheureusement. Malgré cela, les écrivains congolais doivent consentir beaucoup de sacrifices pour relever ce défi.
LDL : Plusieurs activités sont prévues : dictée nationale, ateliers d’écriture, cafés littéraires… Selon vous, en quoi ces initiatives renforcent-elles le lien entre littérature et société ?
FN : Évidemment oui, ce sont des activités qui contribuent énormément à la promotion de la littérature. On y ajoute aussi l’examen de dissertation française et toutes les leçons d’expression écrite dispensées dans nos écoles.
LDL : En tant que participant à cet événement, quelles attentes avez-vous vis-à-vis de cette édition ? Et quel impact espérez-vous que vos œuvres aient sur les lecteurs ?
FN : Je voudrais que ça soit un lieu de découverte avec les collègues Écrivains qui sont venus de plusieurs provinces de la RDC et de plusieurs autres pays, comme la Belgique, le Congo Brazzaville…
Qu’une attention particulière soit accordée à la lutte contre la guerre qui se vit à l’Est de notre pays. Que tous les échanges nous permettent de rallumer les lampions de notre littérature.
LDL : Enfin, quel message souhaitez-vous adresser à celles et ceux qui viendront vous lire, vous écouter ou débattre avec vous à la Grande Rentrée Littéraire 2025 ?
FN : A tous ceux qui vont me rencontrer et m’écouter à cette Grande Rentrée Littéraire, je demande de s’inspirer de mes livres qui promeuvent le mérite de la femme. Qu’ils deviennent tous des personnes genrées et qu’ils soient des partisans d’une société où règne l’équité de genre et l’égalité de chance. Qu’ils viennent payer mes livres. Quelques exemplaires sont disponibles. J’ai hâte de les rencontrer.
Fiston Axel ILUNGA Kabasele, L’ivre du livre-RDC
C’est beau à lire.
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